Pas pressée
107 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
107 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Qu’est-ce qu’on fait quand on n’arrive plus à se faire un sourire sincère en se regardant dans le miroir? Jolen, elle, décide de changer de job et de retrouver son ancien appart et ses colocs adorés. Tout le kit de premiers soins. Sauf que, même avec ses meilleurs running shoes dans les pieds et malgré ses deux médailles pour des demi-marathons, elle n’arrive pas à semer les malaises qui la rattrapent. Pause. Reprendre son souffle. Regarder l’inquiétude en face. Apprendre à se tenir solidement sur ses pattes, seule.
T’as envie de bouger, de voir du monde, l’avenir t’appartient même si c’est mardi. Tu te sens olé olé, t’acceptes une invitation à souper. Tu reviens à la maison super tôt parce que t’haïs tout le monde. Tu bois trois bières. T’es la seule à répondre à un inbox de Joseph Bolduc. Il te dit qu’il a besoin de toi, pis tu réponds vite parce que toi aussi, t’as besoin de quelqu’un. Tu te pitches tête première là-dedans, enfin quelqu’un à cajoler, à chérir, à pétrir. Enfin ton projet à toi. Finalement Joseph s’envole, tu te retrouves encore toute seule toute petite. Faut que tu trouves un autre projet. Ça fait chier.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 12 mars 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782764437650
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

De la même auteure
Sauf que j’ai rien dit , Québec Amérique, coll. Latitudes, 2017. Nouvelle édition, coll. Littérature d’Amérique, 2019.


Projet dirigé par Marie-Noëlle Gagnon, éditrice

Conception graphique et mise en pages : Nathalie Caron
Révision linguistique : Élyse-Andrée Héroux
Illustration en couverture : Maude Arès
Conversion en ePub : Marylène Plante-Germain

Québec Amérique
7240, rue Saint-Hubert
Montréal (Québec) Canada H2R 2N1
Téléphone : 514 499-3000, télécopieur : 514 499-3010

Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada.
Nous remercions le Conseil des arts du Canada de son soutien. L’an dernier, le Conseil a investi 157 millions de dollars pour mettre de l’art dans la vie des Canadiennes et des Canadiens de tout le pays.
Nous tenons également à remercier la SODEC pour son appui financier. Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC.



Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Pinsonneault, Lily, auteur
Pas pressée / Lily Pinsonneault.
(Littérature d’Amérique)
ISBN 978-2-7644-3763-6 (Version imprimée)
ISBN 978-2-7644-3764-3 (PDF)
ISBN 978-2-7644-3765-0 (ePub)
I. Titre. II. Collection : Collection Littérature d’Amérique.
PS8631.I595P37 2019 C843’.6 C2018-943021-4 PS9631.I595P37 2019

Dépôt légal, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2019
Dépôt légal, Bibliothèque et Archives du Canada, 2019

Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés

© Éditions Québec Amérique inc., 2019.
quebec-amerique.com




Merci Raph, maman, papa, JP, Lisa, Olivia et Rose. Toute la famille de cœur aussi. Je suis toujours surprise quand je lève les yeux et que je réalise que vous êtes encore là.
Puissent être flattées toutes les joues qui ont besoin d’être flattées.

Intérioriser novembre
Tout en moi était gris comme pendant une ride de taxi de fin de soirée quand t’as pas eu le party que tu voulais, que le chauffeur pèse trop sur le break à ton goût pis qu’il veut pas que tu baisses la fenêtre pour t’aérer les idées et le motton d’amertume que tu rotes comme une lady, le petit doigt levé. 3 h 12. Nuit régulière d’un mercredi ordinaire. Je me virais pis revirais de bord, j’avais le non-sommeil agité. Entre deux 180, je fixais le plafond, les bras en croix. J’avais l’impression que mes yeux étaient formés de deux paupières pompettes super lâches qui se faisaient aller sur deux grosses pupilles noires hyper high.
Y’avait pourtant pas d’affaire de pleine lune ou ben de rétrogradation de Mercure qui aurait pu justifier que j’aie le cœur qui me saute dans le nerf optique. J’avais essayé de m’endormir la tête au pied du lit, mais ça avait juste fait que je badtrippais encore plus. Je voulais pas lever le capot de mon portable parce que j’avais commencé à avoir peur de la lumière bleue des écrans, la nuit. Il paraît que tu regardes cette lumière-là une fois pis deux minutes après tu reçois une cassette de la petite fille dans Le Cercle qui te prédit que tu vas faire de l’insomnie pendant trois éternités.
J’ai décidé de me la jouer rien à perdre et je me suis levée pour marcher un peu dans l’appart. Casser le mood. Je me convainquais que je finirais sûrement par m’endormir mais juste un peu plus tard. Mon cadran était setté pour 7 h, si je revenais me coucher vers 4 h, ça me ferait genre deux cycles complets de sommeil ; pas si pire, au point où j’en étais. Avec Relaxing Sleeping Stress Relief and Meditation Music pis de la mélatonine, je me suis dit que ça devrait finir par le faire.
Des compromis avec moi-même, j’en faisais souvent de ce temps-là. Ma tête partait quelque part où j’étais pas vraiment bienvenue pis je devenais spectatrice de ce qui se passait partout en moi. Je jouais pus avec mon imagination, elle jouait avec moi, allait loin loin dans des vieux sentiments pis les mélangeait avec des histoires que je pensais avoir oubliées. Jamais des anecdotes super graves, mais je réussissais toujours à les twister à mon désavantage, pour me maudire, me dégoûter. Plein de petites affaires pas rapport qui me donnaient mal au ventre en pleine nuit. Ça m’était déjà arrivé deux-trois fois de me réveiller en sursaut en me demandant si j’avais stationné mon char du bon côté de la rue. Des bogues de cerveau de même, c’est legit que ça arrive quand t’as la paniquette facile pis une voiture. L’affaire c’est que j’avais vendu mon auto au moins trois ans avant. Je me le répétais pour essayer de me rendormir, mais quand la raideur me prenait au corps, c’était pas mal impossible de me calmer. J’avais pris l’habitude de sortir de ma chambre, faire le tour de l’appartement, partir de l’eau pour une tisane. La levée du corps était rough sur le moral, mais je réussissais à me convaincre que dormir trois bonnes heures, c’était mieux qu’une nuit complètement ratée. Je buvais rarement la tisane, mais ça m’aidait à briser mon fil de pensées de marde.
Cette nuit-là, je savais que mon auto inexistante était bien stationnée, mais j’arrivais quand même pas à dormir parce que j’arrêtais pas de me repasser la même scène de mon adolescence en boucle dans la tête. J’ai quinze ans, c’est un vendredi soir d’hiver, on vient de finir de souper chez une amie de ma meilleure amie Anouk dans un rang de campagne. J’ai bu trois ou quatre bières, quelque chose de relax. Pas une beuverie, mais je suis plus que pompette, c’est plus que parfait, ça me détend la pudeur pis le lundi à l’école je vais pouvoir conter mon party du vendredi. Cool. Je bois dans des bocks de bar, je me sens vieille, j’ai mis du Clamato dans mes bières pour que ça goûte moins dégueulasse. Vers 21 h 30, ma best, une autre fille et moi on s’en va terminer la soirée ailleurs. J’ai honnêtement aucune idée d’où on s’en allait, je me rappelle juste que je suis couchée sur la banquette arrière de son char, accotée sur une pile de couvertes. Anouk est plus vieille, sûrement dix-sept ou dix-huit, dans ce temps-là, de quoi de même. J’y crie par la tête : « Je suis amoureuse, tellement amoureuse de lui ! Pourquoi il est jamais là ? »
Dix ans plus tard, je réussissais à trouver facilement trois cent quarante façons différentes de me détester dans ce petit souvenir qui refaisait surface. Je me disais que déjà à l’époque, je m’étais patenté une histoire niaiseuse dans laquelle je faisais ma niaiseuse. Niaiseuse un jour niaiseuse toujours. Ça passe pas avec une petite Advil, ce genre d’accablement – la mère d’Anouk nous prescrivait souvent des Advil pour à peu près tous nos maux. Mal de tête, mal de ventre, fatigue…
Anouk garde son calme, les deux mains sur le volant. La fille à côté d’elle est moins patiente, elle lui lance des regards remplis de sous-entendus, mais ma fidèle Anouk lui renvoie pas ses wannabe insides faque je me dis que je peux encore me laisser aller le gorgoton à chialer d’amour ; je suis pas encore allée trop loin.
— Je l’aime assez, là, il est tellement tellement drôle. Tellement tellement beau ! Y’est-tu cave de jamais être là ! Jamais là, estique de Fred, han ! Jamais là pour moi !
Elle craque. M’interrompt dans mon monologue.
— Ça te tente pas d’y dire à lui, ces affaires-là ?
— Oh my God oui, je pourrais peut-être l’appeler ? Tu penses-tu que je pourrais l’appeler ? Ti-Nouk ?
— Ben que tu me le dises à moi, ça change pas grand-chose.
— Appelle-le, toi ! Tu le connais mieux que moi !
— Tu dis que tu l’aimes, tu dois ben le connaître !
— Ah ! Tu veux jamais m’aider ! Le monde entier est contre moi !
— De toute façon, y’est trop tard, on peut pas appeler chez le monde à c’t’heure-là. Tu l’appelleras demain pour y dire que tu l’aimes. Ça fait six mois que tu l’aimes, tu vas l’aimer encore demain. Ça m’inquiète pas.
— Mais je l’aime !
— Je sais.
— Pourquoi tu l’appelles pas, toi ? Tu pourrais y dire que je l’aime.
— C’est à toi de faire ça, ça aura pas vraiment le même impact si c’est moi qui y dis. Pis on appelle pas chez le monde à c’t’heure-là !
— Mais je l’aime !
— Je sais !
Je riais en même temps que je chialais, la tête en bulles et le cœur sûrement triste. Comme j’avais l’habitude de toujours penser à Fred même à jeun, c’est ben sûr qu’une fois cocktail j’arrivais pas à me gargariser avec d’autres sujets de conversation. Même si c’en avait pas l’air, je savais au fond de moi que j’exagérais ma démonstration d’amour. Si seulement on pouvait changer un tout petit peu dans la vie, ou évoluer au moins s’il vous plaît, quelque chose qui ressemble à ça… Ça a l’air que non. Une fois quinze ans toujours quinze ans, en train de me patenter une peine d’amour dans l’espace-temps.
La seule différence quand j’avais quinze ans, c’est qu’au moins à cette époque, j’avais pas de cellulaire. Le gars savait probablement pas que son prénom me roulait dans la bouche non-stop depuis six mois et je pouvais pas lui signifier mon existence en allant liker les photos Instagram de lui pis ses amis sur leurs scooters. Oh ouache, j’essaie d’imaginer ce que du monde de seize ans mettent comme photos sur Instagram aujourd’hui pis ça sonne aussi original qu’un proverbe positif dans un cadre chez l’ostéo. Je me trouve tellement chanceuse d’avoir rien eu dans ma jeune jeunesse qui aurait pu me permettre de contacter qui je voulais quand je voulais. Je connais personne qui a grandi avec un cell dans les mains, mais le mal doit être fait et grave. Voyons donc, qu’est-ce que je dis là ! Que j’apprenne donc à me gérer pis que je laisse les autres tranquilles.
Peut-être que je voulais vraiment qu’Anouk appelle Fred, mais c’était surtout un jeu pour moi, il me semble. J’aurais pu sacrer la paix à Anouk avec mes niaiseries ou, au moins, lui rendre la pareille de temps en temps. Je me disais que je l’avais jamais méritée, qu’elle avait toujours plus donné que

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents