La lecture à portée de main
Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage
Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage
Description
Sujets
Informations
Publié par | Publishroom |
Date de parution | 05 octobre 2017 |
Nombre de lectures | 0 |
EAN13 | 9791023607185 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 2 Mo |
Informations légales : prix de location à la page 0,0020€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
La dissuasion nucléaire en feuilleton
Feuilleton 1
Poker en mer de Chine
Ce récit est une fiction. Toute ressemblance avec des personnages existants ou avec des évènements s’étant produits ou à venir serait une pure coïncidence.
Mardi 6 février, 1 heure 06 heure locale. Quelque part en mer de Chine.
Le froid est glacial, la nuit d’encre et la mer déchaînée. Depuis son poste de contrôle, le Commandant de La Rieuse , une frégate de surveillance de la marine nationale française, contemple avec consternation un spectacle auquel rien ne le préparait. Son bâtiment est en perdition et il ne peut rien y faire.
Son second, encore trempé par la saucée qu’il vient d’essuyer sur le pont avant, lui, a du mal à surmonter la panique qui le gagne.
– La salle des machines est inondée et les moteurs sont HS. Nous coulons, s’écrie-t-il. Vous devez donner l’ordre d’évacuation.
– Faites-le, lui intime le Commandant qui n’a pas besoin qu’on lui rappelle la situation désespérée dans laquelle ils se trouvent.
Puis, se tournant vers les autres officiers qui l’entourent, il ajoute :
– Informez l’amirauté et lancez un nouvel appel de détresse. Quelqu’un l’entendra peut-être.
Ce foutu sous-marin. Comment pouvait-on imaginer qu’il viendrait nous éperonner droit devant, s’indigne le second qui a déjà enfilé son gilet de sauvetage. Nous l’avions repéré et nous l’avions d’abord identifié comme un bâtiment chinois, songe le Commandant, qui s’assure que ses hommes ont bien compris ses ordres et se prépare à rester le dernier à bord. Quand nous avons compris qu’il était nord-coréen, il était trop tard. Tout cela n’a pas de sens.
19 heures 35. Paris, rue de l’Élysée, annexe du Palais, cellule diplomatique de la présidence, bureau du Conseiller aux affaires stratégiques.
« Si je devais raconter cette journée, j’écrirais : rien à signaler, ce qui n’est pas si fréquent », s’avise Cédric Girardot, en passant négligemment le dos de sa main droite sur son bureau vide du moindre dossier. Costume bleu, chemise blanche et cravate légèrement relâchée, M. le Conseiller stratégique du Président aime à soigner les détails qui conviennent à son image de brillant quadragénaire qui traite des affaires du monde avec décontraction.
À sa sortie de l’ENA, fort d’un excellent classement, alors qu’il aurait pu choisir l’Inspection des Finances ou le Conseil d’État, il a préféré la voie diplomatique. Mais plutôt que de s’enterrer dans un poste à l’étranger, il s’est vite imposé dans l’administration centrale et dans les réseaux d’influence de la capitale. Voilà comment on devient influent conseiller d’un jeune Président qui se voit déjà maître du monde, sans rien connaître ou presque des aléas de la politique internationale.
Cédric Girardot endosse son pardessus, lorsque sa secrétaire ouvre discrètement la porte de son bureau.
– Ah, vous êtes encore là. Le Chef d’État-major de la marine est en ligne.
– Demandez-lui de me rappeler demain, je suis attendu à une réception à l’ambassade de Chine.
– Il dit que c’est de la plus extrême urgence.
– C’est ce que disent les militaires lorsqu’ils ont fait une connerie et veulent se couvrir. Bon, passez-le-moi.
– Il va vous joindre immédiatement sur votre ligne sécurisée.
En reprenant place derrière son bureau, M. le Conseiller ne peut s’empêcher de vérifier la bonne tenue de cette mèche faussement rebelle dont il est si fier. Soudain, il se souvient qu’il ne connaît rien de cet amiral récemment nommé à ce poste, pas même son nom qu’il a négligé de mémoriser.