Sentence à vie
77 pages
Français

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Description

Jake, brillant informaticien, se retrouve en prison après avoir commis un acte criminel dont la sentence est la peine capitale.
A cours de son incarcération, il fraternisera avec d’autres détenus, en particulier avec Benny et ses proches. L’obtention de privilèges inhabituels les conduira à découvrir le triste sort qui leur est réservé.
N’acceptant pas cette éventualité, l’évasion deviendra la seule solution envisageable.
En dépit des embûches survenues au cours de l’évasion, Jake deviendra le seul appui de Charlie, le fils de Benny. Il devra faire face à un dilemme qui le plongera au plus profond de sa conscience afin de prendre la bonne décision.
Il se rendra compte que malgré lui, seul le destin aura le dernier mot.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 25 septembre 2018
Nombre de lectures 11
EAN13 9782897263607
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le 23 octobre 2038
CHAPITRE UN
JUGEMENT
« L’audience est ouverte. » D’une voix grave, les p aroles du juge retentissent dans la salle de cour. Le son du marteau résonne au même mo ment sur le bloc de bois, rendant cet instant encore plus pénible. De vieilles portes en chêne massif s’ouvrent. Me vo ilà maintenant dans l’arène où je recevrai le verdict final. Deux colosses, des offic iers de la cour, se tiennent à mes côtés. C’est comme s’ils craignent que je puisse m’évader. Des menottes aux poignets et aux chevilles reliées par des chaînes se rejoignent sur ma taille. J’arpente péniblement le corridor menant à la salle d’audience. Il règne un tel silence qu’on peut entendre voler une mouche. Me monte au n ez cette odeur âcre d’une vieille église. Seul le bruit des chaînes qui accompagne ch acun de mes pas me fait penser à la marche d’une âme perdue, tel un esprit malsain dans une maison hantée. « Comment en suis-je arrivé là, moi qui n’ai jamais voulu de mal à personne? » L’atmosphère déjà lourde, cette pluie du 23 octobre 2038 ne vient qu’assombrir davantage cette pénible journée. J’ai peine à m’y r etrouver. Je ressens une sensation de brûlement au creux du ventre, tandis que les extrém ités de mon corps sont glacées. Mon rythme cardiaque est si rapide et si fort qu’il n’y a aucun besoin d’appareil pour quantifier ma tachycardie. Tous les yeux dans la salle me scrutent, me dévisag ent sans même connaître le verdict final. J’ai déjà l’impression qu’ils me con damnent à la chaise électrique depuis le début. De toute façon, les carottes sont cuites. Pe u importe ce que je dirai ou tenterai de prouver, rien n’y changera. Nous sommes maintenant à la conclusion du procès. Évidemment, le procureur et mon avocat vont échange r quelque peu sur le résumé de cette affaire. Le verdict sera prononcé par les mem bres du jury. Selon la décision, je connaîtrai la sentence qui en découlera. Curieusement – et j’en suis surpri –, mon chemineme nt intellectuel au cours de ce procès semble créer un effet d’apaisement, voire un e certaine immunité contre toute décision en voie de survenir. — S’il plaît à la cour, j’aimerais, Monsieur le Jug e, faire un résumé de la situation survenue en date du 13 août 2038, prie d’un ton mon otone l’avocat Kellerman. — Procédez, procédez maître Kellerman, répond énerg iquement le juge Cross. Je me demande comment mon avocat arrive à comprendr e le marmonnage du juge Robert Cross. Il ne semble même pas intéressé à cet te cause. Son visage dégage une froideur incroyable. Aucune émotion ne transparaît de son regard vide. — Je vous remercie, Monsieur le Juge. De son air hautain, mon avocat semble au-dessus de ses affaires. Cependant, au cours des interrogatoires précédents, maître Keller man m’a toujours paru confus. Même s’il tente de démontrer qu’il est très protocolaire et particulièrement rigoureux, j’ai peine à croire qu’il saura me disculper, ses décisions tard ant toujours à venir. Oh oui ! Il est honnête, mais il est un peu naïf pour un avocat. Maître Kellerman semble prendre une grande inspiration avant d’amorcer sa plaidoirie. — Comme je le mentionnais un peu plus tôt, mon clie nt, monsieur Jake Turnbull, ne possède aucun antécédent de nature judiciaire. Il e st un homme de bonne famille. Il a toujours été honnête, sans histoire. Il possède un bon niveau d`éducation et a su trouver un excellent emploi en tant qu’ingénieur en informa tique.
Pour des raisons que je qualifie de « mauvais choix », il a orchestré le cambriolage d’une institution financière par des moyens électro niques. Aucune planification de violence n’était prévue le jour du décès de l’agent de sécurité de la banque. Son complice, monsieur Edrick Pratt, abattu cette même journée, je vous le rappelle, était, quant à lui, un homme violent physiquement. Tout se passait bien selon le plan de monsieur Turn bull, jusqu’à ce que le caissier ait eu des doutes au moment de signer la transaction. C ’est alors que monsieur Pratt a été emporté dans un élan de panique. Il est certain que ce gaillard de vingt ans, sans trop d’expérience, très nerveux et inquiet de nature, s’ est vu pris dans la souricière. Au même instant, la grande vigilance du gardien de sécurité lui a permis de comprendre la situation dangereuse. Les faits subséquents, Monsieur le Juge et les memb res du jury, vous les connaissez bien. Le mélange explosif d’un individu violent, la nervosité et la panique ne pouvaient pas faire autrement que d’aboutir à un acte malheur eux et irréversible d’agression au couteau contre le gardien de sécurité. Bien que mon client, monsieur Turnbull, ait voulu e mpêcher cette agression, le gardien de sécurité est décédé des suites de ses blessures. Les témoins, dans tout ce brouhaha, ont cru à la th èse de la complicité de meurtre au lieu d’une tentative de la part de monsieur Turnbul l de faire avorter ce méfait. Il va de soi que le principal témoin, monsieur Edri ck Pratt, est aussi décédé conséquemment à l’altercation entre lui et mon clie nt. L’arme blanche a pénétré l’abdomen pour sectionner l’un des gros vaisseaux s anguins au moment de la chute. Même si cet imbécile de Pratt avait survécu à ses b lessures, je ne pourrais même pas me porter garant de sa franchise. Sa seule défense : me faire porter tout le blâme. Que Dieu ait son âme, ce pauvre crétin. Sans trop de conviction, tout en regardant sa montr e, le juge Cross mentionne à l’auditoire : — Maintenant que les faits ont été exposés, il ne r este plus pour les membres du jury qu’à nous faire part de leur verdict sur l’affaire Turnbull. Le ton monotone de cet individu ne me rassure guère plus. Malgré l’ampleur de l’enjeu, jque coûte. La torture a assez duré.’en suis maintenant rendu à vouloir en finir coûte Graciez-moi, accusez-moi, je ne veux plus supporter davantage cette injure à ma personne. De toute évidence, les évènements qui se sont produits sont bien connus. C’en est trop, j’abdique. — La séance est levée. Retour en cour, en fin de jo urnée! Le marteau retentit sur le bloc avec autant de puis sance et de détermination qu’il en avait été au début du procès. Je me livre encore en spectacle en me retirant de la salle d’audience. Nous voilà maintenant à ce qui semble être la fin, ou peut-être le début, d’un calvaire que je devrai vivre pour je ne sais combien de temp s. Je ressens encore l’impression que ma physiologie me trahit. On peut compter mes p ulsations cardiaques uniquement en regardant mes carotides se distendre à un rythme au-delà de cent à la minute. Au fait, je ne sais même plus qu’elle est la valeur normale. Je suis dépassé par les évènements. Mon système est si déséquilibré que ma bouche et ma gorge sont asséchées. J’ai l’impression d’être très déshydraté et que la sueur ne peut transsuder de mon corps. Bref, j’ai la trouille de ce que j’anticipe. Je sui s envahi d’un mélange de peur et de honte. Avant de parler, le juge me regarde avec un certain dédain. — Accusé, veuillez vous lever afin que les membres du jury nous fassent part de leur verdict. Je me lève avec peine de peur de laisser paraître l e grelottement de mon corps par le cliquetis des maillons de mes chaînes.
Au moment où le représentant des membres du jury en treprend son discours, j’ai l’impression de regarder un ancien film muet. Je pe rçois des mouvements visibles de la bouche, sans qu’aucun son ne soit audible. La sensa tion de chaleur que j’avais dans le ventre s’est maintenant propagée à la tête. Est-ce cette même sensation qui nous traverse lorsqu’on est sur le point de tourner de l ’œil, de s’évanouir comme un être faible au moindre évènement intense ? Non ! De la hauteur de mon mètre soixante-dix-sept et de mes cent kilos, je ne leur donnerai pas le plais ir ni la satisfaction de me voir fléchir devant les accusations qui me sont portées. Je dois garder toute ma tête et me ressaisir! Cette autopsychanalyse factuelle m’a néanmoins perm is de reprendre mes sens. Possiblement, car j’ai pu détourner mon esprit de c ette situation stressante. Enfin, peu importe le résultat final, j’ai au moins réussi à g arder toute ma tête et mon sang-froid. Je peux à nouveau entendre la voix et écouter ce que l e jury me réserve. Le représentant des jurés n’ose me regarder. Tout en se levant, il fixe bêtement son bout de papier froissé, humidifié par la sueur. — Monsieur l’honorable juge Cross, après discussion , les membres du jury sont arrivés à la décision unanime de culpabilité à tous les che fs d’accusation qui pèsent contre monsieur Jake Turnbull. Cette pénible décision du jury m’envahit au point o ù je suis déchiré par l’atroce douleur surajoutée d’une colère sans merci. Je n’ai que du mépris pour ces individus qui semblent m’avoir déjà accusé depuis si longtemps. A vant même que mon incompétent d’avocat, qui se donne des airs d’une sommité jurid ique, daigne montrer un certain niveau de défense, j’avais la certitude que je n’al lais pas m’en tirer. Pendant le discours du juré, le mono sourcil qui su rplombe les épaisses lunettes du juge Cross produit en moi une fureur envers le roua ge judiciaire. Grognements, marmonnements entremêlés d’une respiration rauque m e rappellent les difficultés respiratoires d’un certain bouledogue aux prises av ec une insuffisance respiratoire, qui était voisin de chez moi lorsque j’étais enfant. Au jourd’hui, peu importe le comportement 1 de ce molossoïde , cela ne change rien à ce qui m’attend dans le fut ur. Je dois écouter la sentence qu’il me propose. Enfin, ordonner ma se ntence serait plus juste. Le juge Cross s’empresse de prendre la parole comme s’il avait peur que le jury change d’avis. — Accusé Turnbull, en vertu des lois qui me sont co nférées, je vous déclare coupable à l’unanimité sur tous les chefs d’accusation. Vous êtes donc condamné à une sentence à mort, et ce, sans appel. D’ici à votre exécution, vous devrez demeurer dans un milieu carcéral à sécurité maximale. La séance est levée! Je me rappellerai toujours ce coup de maillet tenan t lieu de point final non révocable. Tout à coup, plus un son perceptible dans la salle. Cette sensation contradictoire qui m’envahit est difficile à saisir. Bien que le verdi ct et la sentence m’ahurissent, je ressens toutefois un certain soulagement. Je n’ai maintenan t plus de crainte créée par l’angoisse. C’est chose du passé. Il me reste maintenant à gére r, à subir ce qui découlera de cette décision. Mais quel sera mon avenir dans ce milieu, cette fos se aux lions? 1. Molossoïde : en zootechnie, race de chien au museau écrasé, avec des babines pendantes, au crâne très développé et au corps trapu.
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