Sur les pavés, le sang
211 pages
Français

Sur les pavés, le sang , livre ebook

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211 pages
Français

Description

L'amour acharné pour une soeur défunte, le redoutable caprice d'une amante esseulée, l'enterrement clandestin d'un chien euthanasié, un accidenté de la route aux mains d'une force occulte : telle est, entre autres, la matière de ces dix récits. Boulevards, impasses, quais et ruelles de la ville de Bourges tracent sur le papier une carte du crime où courent des hommes et des femmes, pantins de leurs faiblesses.

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Publié par
Date de parution 17 février 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782140143090
Langue Français
Poids de l'ouvrage 10 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Florent  Liau
Sur les pavés, le sang Nouvelles
Sur les pavés, le sang
Écritures Collection fondée par Maguy Albet et dirigée par Jérôme Martin Patuzzi (Claudia),La rive interdite, 2020. Kayser (Arlette),Arcole. Récit d’une défaite, 2020. Blondet (Nina),Les murmurants, 2020. Muller (Jérémie),À chacun son tour, 2020. Marcuola (Roland),Guido, 2019. Di Tillio Lacruz,Rouge déconcertant, 2019. Moissinac (Christine),Par monts et par cœur, 2019. Macé (Pierre),Requiem pour deux divas, 2019. Sadoul (Gérard),Juste Ninon, 2019. Bracco (Pierre-Paul),Jamais toujours l’amour, 2019. Courau-Poignant (Christelle),Souad, 2019. Chiaramonti (Claude),Mer croisée, 2019. Leenhardt (Pierre),Un amour de frère, 2019. Nadal (Ange),Les beaux jours, 2019. Balzamont (Marie-Line),Monsieur Volage ou la mélancolie de l’homme à femmes, 2019. * ** Ces quinze derniers titres de la collection sont classés par ordre chronologique en commençant par le plus récent. La liste complète des parutions, avec une courte présentation du contenu des ouvrages, peut être consultée sur le site www.editions-harmattan.fr
Florent Liau Sur les pavés, le sang Nouvelles
Du même auteur Pas plus d’importance que ça(nouvelles), 2008.
C’est encore loin, la mort ? (nouvelles), en collaboration avec Nicolas Liau, 2016.
© L’Harmattan, 2020 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr
ISBN : 978-2-343-19684-8 EAN : 9782343196848
Lentement, sourdement, des vêpres sonnent Dans la grand’ paix de cette vague ville ; Des arbres gris sur la place frissonnent, Comme inquiets de ces vêpres qui sonnent. Inquiétante est cette heure tranquille. Louis Le Cardonnel, « Ville morte », 1904
CORPS ÉTRANGER  Comme si toutes ces années passées au trou n’avaient pas suffi, je suis allée m’enfermer dans la cabine des toilettes. Pied calé, jambe tendue, derrière la porte. Avec ça et le verrou, je prétendais résister à la poussée du C.R.S. le plus entraîné.  J’aurais réussi à m’éclipser en douce s’il n’avait pas fallu perdre du temps à enjamber les valises en fourbi de mon voisin de banquette. Le porte-bagages, nom de Dieu, ça vous dit quelque chose ? Du coup, la fille en uniformene l’appellerai pas autrement je  m’a détectée au premier mouvement. J’ai senti son regard s’appliquer contre ma nuque, comme un fer retiré du feu, à la recherche de mon visage. Elle allait croire à un manège, maintenant. L’astuce consacrée du repli aux toilettes pour se soustraire au contrôle des billets. Mais, je l’avais payé, moi, mon trajet. Me planquer n’avait aucun rapport avec une fraude.  Dans la cabine, coup d’œil automatique autour de moi. Un piège à rats. Deux mètres de long, deux mètres de large. Des chiottes couleur inox ; un lavabo minuscule où l’on n’aurait pas fait tremper deux petites culottes ; pompe à savon morveuse ; dévidoir à papier WC de travers. Un miroir. Le tout recouvert d’une pellicule de lumière fade tombée d’un néon qui donnait ce qu’il pouvait. Le même simili-soleil que dans mon carré, là-bas, en taule, tiédissant les huit années de ma
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vie coincées dans l’étau des murs. Compressées comme un César. L’unique trophée de ma carrière.  Mon gosse, je vous assure, il chialait à longueur de journée. Comme si ça pouvait remédier aux difficultés de la vie de se plaindre à tire-larigot. Et aussi fort. On aurait dit qu’il m’accusait de ne jamais rien faire correctement. Qu’il s’agisse de son confort dans mes bras, dans son lit, de la chaleur de son biberon… Même Bruno, son père, se rendait compte que ça ressemblait à des reproches sans fin. Mais il la bouclait, lui, au contraire de son rejeton. Il ne se risquait pas à un avis qui l’aurait impliqué. Pas même un geste. Rien. Zéro. À se contenter de dévisager ce môme comme une énigme qu’il ne se donnait même pas la peine de déchiffrer. C’est ce qui lui a porté chance, d’ailleurs, au moment du procès, où il n’a été entendu qu’en tant que simple témoin. Si l’on entend par « témoin » un type qui se contente de regarder les autres en baver avec un gosse incompréhensible, en brandissant l’excuse de faire les trois-huit pour aspirer continuellement au repos, un type qui se borne à faire bloc, mais pas le bloc qui vous soutient, non, le bloc qui ne bouge pas, qui s’abstient soigneusement d’avoir un geste qu’on retiendrait plus tard contre lui, alors oui, le terme était on ne peut plus approprié.  Le train a dû franchir une zone d’aiguillage ; on l’a senti trembler comme un lave-linge à l’essorage. Sans le secours de ces poignées, vissées au-dessus des cabinets, je me serais retrouvée les fers en l’air. ? a demandé une voix de femme, Il y a quelqu’un de l’autre côté de la porte, après un tambourinage pressé.
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