Terre Ultime
81 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Terre Ultime , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
81 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Ce livre est une porte, un passage vers un monde qui nous plonge plus de 500 ans après la fin de notre ère dans un univers quasi-entièrement virtuel, sous le joug d’un totalitarisme doux, mais néanmoins absolu.
L’héroïne, Sahar, veut comprendre les origines de ce régime mortifère afin d’en libérer l’humanité. Dans ce but, elle explore les réserves du Louvre qui abritent des œuvres et des documents du vingt et unième siècle, période identifiée comme celle du basculement. Ces sous-sols obscurs vont la conduire au-delà de l’imaginable et la confronter aux limites de la réalité tangible, lui faisant explorer la nature même de la conscience. À la fois roman d’anticipation, thriller et conte fantastique, ce récit nous interroge sur nos propres valeurs et les conséquences potentiellement terrifiantes de la désinvolture citoyenne et de l’usage perverti de la réalité numérique.
 La nuit enveloppait désormais toute la montagne et je n’y voyais plus rien. J’étais guidée, littéralement conduite à travers ce dédale de cailloux et de roches, de racines et d’herbes. L’appel de la pierre était devenu mon seul objectif et, peu à peu, il prenait une tonalité plus intime, une attirance profonde. Je marchais sans doute déjà depuis des heures avant que n’advienne le choc. Je me rappelle l’effroi quand, soudain, j’eus la conscience du vide sous mes pieds. Juste le temps d’un réflexe vain pour éviter la chute pourtant inéluctable. Puis, l’abîme et le néant. Comme le glissement brutal que l’on ressent parfois en s’endormant. Une chute sans fin. Seul perçait le sentiment d’un espace immense dans lequel je m’abîmais. J’étais semblable à la pierre qui choit, lourde, irrésistiblement attirée par le sol. Je n’étais plus que gravité et chute. Puis enfin… plus rien. Juste l’inconscience. Combien de temps étais-je restée dans ces limbes mystérieux ? Impossible à dire. Mais au bout de cette durée indéterminée, je me remettais à penser à nouveau. Comme une machine qu’on rallume après l’avoir mise hors tension. Je me rappelle une sensation de fraîcheur, une odeur minérale, sans doute celle de la pierre, mais aussi une chaleur qui enveloppait ma main gauche. Enfin, toutes mes forces se sont mobilisées pour ouvrir les yeux. Mes paupières pesaient des tonnes. Il me fallut un effort absolument titanesque pour les entrouvrir. Tout était flou, étouffé par un voile épais. Je mis plusieurs minutes pour distinguer ce qui était en face de moi. Et… ce fut le choc !          

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782379790713
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0014€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Anne Norman
Terre Ultime
ISBN 9782379790713
© Anne Norman
Juillet 2019


Du même auteur
Li et les Sphères
CFC éditions , 2017
Waterloo’s Memorial
BEAI, 2017
Made in Wood
Mardaga, 2014


Avertissement
Ce livre est une fiction, toutefois tous les éléments d’ordre scientifique, ceux liés à la nature de la conscience, au transhumanisme, à la physique quantique , à l’alimentation… se basent sur des faits et découvertes véritables et vérifiables.
L’histoire, quant à elle, est authentique élucubration de l’auteur qui espère vous emmener au-delà du voile des apparences.
À Abdellah et nos deux perles, Nahil et Alya


Première Partie


Humana
Les événements qui se préparent projettent toujours des ombres pour les annoncer.
Proverbe Pachtoune


-1-
Périmètre de sauvegarde – Paris
An 559 de l’Humana
C ela faisait de longues minutes que je tâtonnais dans ce couloir interminable. Le froid s’était incrusté dans mes veines et mon sang circulait au ralenti. Les ombres défilaient au rythme d’une remontée qui semblait ne jamais devoir cesser.
Je me trouvais à peu près trois niveaux au-dessous de la section égyptienne où, au même instant, s’agglutinaient des centaines de curieux fascinés par le « secret des pyramides ». Titre mille fois ressassé, mais dont le pouvoir attractif était toujours aussi puissant. Les trésors mis à jour par les archéologues n’avaient pourtant rien d’un chapelet de breloques hollywoodiennes. Ces objets arrachés à leur désert étaient certes fascinants, mais davantage par leur beauté et leur grâce qu’en raison d’une quelconque intrigue historique. La terre d’Égypte, déjà maintes fois déflorée, était désormais exsangue. Après des siècles de pénombre et de silence, ces reliques d’un autre âge étaient jetées en pâture aux yeux avides des touristes qui déferlaient devant elles.
Toutefois, en cet instant, la présence des visiteurs me rassurait plutôt. Isolée dans les sous-sols, l’angoisse s’estompait un peu à l’idée de cette foule au-dessus de ma tête. Loin des spots et des grincements de semelles, je remontais les boyaux démesurés des réserves muséales. Il y avait à peine suffisamment de lumière pour que les jeux d’ombres inquiétantes se dévoilent à mon esprit aux aguets.
Des rayonnages démesurés s’alignaient à perte de vue. Le conservateur m’avait donné quelques indications pour accéder aux compartiments où étaient stockées les créations des vingtième et vingt-et-unième siècles. L’entrée des réserves se situant à l’aube des âges historiques, il était normal que le trajet fût si long. Je progressais dans les couloirs du temps, ne percevant que les ombres de l’histoire. La présence de ces milliers d’œuvres et d’objets était d’une densité presque suffocante, comme si les âmes de ceux qui les avaient créés m’agrippaient au passage. Le plus impressionnant étaient certainement les regards bidimensionnels que je croisais, rendus un instant perceptibles par la lueur vacillante du stylo infrarouge que m’avait procuré le service technique du musée. Son intensité était très faible afin de préserver des œuvres maintenues dans l’obscurité depuis des centaines d’années, parfois même plus.
Les mains engourdies par le froid, la jointure des doigts blanchie par la crispation, je me concentrais sur mon objectif. J’accélérais le pas avant de m’arrêter quelques instants devant une œuvre dont l’image m’était familière. Il s’agissait d’un Puvis de Chavannes, un artiste sur lequel j’avais eu l’occasion d’écrire plusieurs articles à la fin de mes études. J’avais enfin atteint le dix-neuvième siècle. Plus que quelques décennies à franchir ! À peine une centaine de mètres avant d’arriver à la période que j’avais choisie comme point central de mes recherches, mais surtout comme issue au monde mortifère dans lequel l’humanité croupissait depuis des siècles.
Je désirais percer les mystères des créations de cette époque énigmatique, dépeinte par beaucoup comme un hybride de génie et de barbarie extrême. J’étais convaincue que la clé de l’âme humaine était cachée dans ces années qui devaient marquer le début d’une ère nouvelle. Celle d’une réalité dans laquelle, près de 600 ans plus tard, nous nous disloquions chaque jour davantage.


-2-
L es études sur la période précédant l’établissement de l’Humana 1 , du moins sur les œuvres qu’elle avait engendrées, étaient délicates en raison des nombreuses disparitions dont elle avait souffert. Seules les premières décennies avaient été partiellement épargnées. Cette époque, qui avait fait éclater les frontières de la création, avait subi les affres que connaît toute expérimentation, et les deux derniers siècles de l’ère de la Croix constituaient un cas d’école.
Intuitivement, j’étais persuadée que tout y était en germe. Il me fallait identifier le chaînon, la clé qui permettrait de comprendre, d’établir le lien direct avec ce qui était apparu par la suite. Celui entre l’abstraction et la virtualité, entre la réalité tangible et la dimension numérique dans laquelle l’humanité avait accepté de vivre. Cette période constituait notre genèse, la couveuse de notre civilisation. L’Humana en gestation s’était abreuvée à ses mamelles. Mais de quelle substance l’avaient-elles nourrie ? Quelle était la nature de la sève qui chaque jour la rendait plus puissante ?
Ces décennies avaient constitué un tournant capital dans l’histoire de l’homme. Malgré les nombreux hiatus, j’en avais l’intime conviction. Il ne me restait plus qu’à asseoir ma thèse et établir le lien. Le travail était excitant, mais d’une ampleur titanesque. Ce premier jour dans les réserves du musée me laissait entrevoir la folie de la tâche que je m’étais assignée.
La première étape de mon travail consistait à mettre de l’ordre dans le département affecté à cette époque. Les accords que j’avais signés avec le musée étaient sans équivoque sur ce point. C’était la condition à laquelle j’avais accès aux archives certainement les plus riches du monde depuis que les États Nations avaient été supprimés au profit de leur distinction fonctionnelle. La France avait été choisie pour abriter les œuvres produites au cours des siècles antérieurs à l’Humana. Elle était devenue un gigantesque musée et le Louvre, le principal réceptacle des créations humaines. Cette première incursion dans les réserves devait me permettre d’évaluer le travail de dépouillement. J’avais le cœur serré par l’émotion, mais aussi par une certaine angoisse à l’idée que peut-être trop peu d’éléments aient été conservés.
À quelques mètres du siècle qui devait clôturer le deuxième millénaire de l’ère de la Croix, l’angoisse resserra davantage ses griffes. J’avais pourtant rêvé de cet instant durant la quasi-totalité de mon existence. L’exaltation que j’avais si souvent imaginée avait cédé le pas à une irrépressible envie de fuir. Ces murs semblaient abriter un secret bien trop lourd à porter. Un instinct profond me hurlait de ne pas aller plus loin comme si, une fois franchi le seuil de cette salle, ma vie ne serait jamais plus la même. Ce qui, pourtant, était mon objectif.
Mon esprit cherchait une échappatoire, une porte de sortie rationnelle. Je dirigeai la lampe vers mon poignet où la montre affichait 17 h 53. Le musée allait fermer. La plupart des visiteurs devaient certainement regagner la sortie. Je remis donc au lendemain la poursuite de ma visite. Parvenue à l’accueil, je fis un petit signe de la main au gardien posté dans le hall et franchis avec soulagement le portique du Louvre.
Dehors, l’air était léger, les touristes arpentaient les rues. La ville grouillait de monde et j’étais rassurée par ce déferlement vital. Peu à peu, mes pas effaçaient le sentiment de frayeur ressenti quelques instants plus tôt. Je me rassurai définitivement en mettant ce trouble sur le compte de la fatigue et de l’émotion. Je décidai de regagner mon hôtel en faisant un crochet par le Jardin Botanique pour y puiser une tranquillité nécessaire à mon équilibre, bien plus fragile que je ne l’avais présumé. Un bain et une nuit de sommeil achevèrent de colmater les premières brèches. Du moins en apparence.
La nuit était sereine et le matelas d’air confortable. Dès qu’il s’accordait à la température du corps, c’était un véritable délice. Dépouill&

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents