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Description
Informations
Publié par | Jourdan |
Date de parution | 25 avril 2018 |
Nombre de lectures | 0 |
EAN13 | 9782390093084 |
Langue | Français |
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Extrait
© Éditions Jourdan
Bruxelles - Paris
http ://www.editionsjourdan.com
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ISBN : 978-2-39009-308-4 – EAN : 9782390093084
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INTRODUCTION
À la mort de Louis XIV, survenue le 1 er septembre 1715, la France est surendettée, le peuple ploie sous les impôts et la misère est grande. Comme le futur Louis XV est alors âgé de cinq ans, c’est le duc du Maine, bâtard légitime, qui est désigné pour la garde et la tutelle de l’enfant. Philippe d’Orléans, adulte de la famille la plus proche du roi (il est le neveu de Louis XIV), obtient de faire casser le testament qui le prive de prérogatives qu’il juge dues à sa naissance. Grâce aux parlementaires, qui le soutiennent et à qui il va octroyer des pouvoirs accrus, il est nommé Régent du royaume jusqu’en février 1723. Sous son règne, les ministres sont remplacés par un conseil de quinze membres, dans lequel la haute noblesse participe à la vie politique. L’abbé Guillaume Dubois, son ancien précepteur, devenu archevêque et ministre, est nommé conseiller personnel du Régent et exerce sur lui une influence croissante, qui n’est pas du goût de tout le monde. Plusieurs changements s’opèrent, dont le plus important est sans doute l’abandon de l’alliance avec l’Espagne (une déclaration de guerre a en effet lieu le 2 janvier 1719) au profit de l’Angleterre et de Vienne. Le Palais Royal, près du Louvre, devient le lieu de résidence du Régent. La vie frivole, les dîners et les orgies qui s’y déroulent le font détester du peuple. Sa fille, Marie-Louise-Élisabeth d’Orléans, duchesse de Berry, mène grand train au palais du Luxembourg (ce qui lui vaudra le surnom de Vénus du Luxembourg), laissant libre cours à ses voracités alimentaire et sexuelle. Surnommée Joufflotte, en raison de ses formes plantureuses, elle accumule les amants après la mort de son époux, Charles de France, duc de Berry, en 1714, et scandalise la cour par sa soif d’honneur et de gloire, ainsi que par ses coucheries et ses grossesses répétées (elle accouche plusieurs fois d’enfants mort-nés). On lui prête même une relation incestueuse avec son père. En 1716, elle épouse en secret le lieutenant de sa garde, le comte Armand de Riom. Le 20 juillet 1719, alors qu’elle n’est âgée que de vingt-trois ans (elle était née le 20 août 1695 à Versailles), elle décède au château de la Muette (près du bois de Boulogne), fatiguée par sa vie dissolue et par un accouchement difficile. À cause de ses grossesses scandaleuses, dont une serait, selon la rumeur, due à son père, l’Église refuse de lui accorder l’extrême-onction.
Les calamités, qu’elles soient naturelles ou dues à l’homme, s’accumulent au fil des années. En janvier 1716, la Seine est prise par les glaces entre le Pont Neuf et le Pont Royal, puis une partie du quai des Orfèvres s’effondre. La même année, la santé délicate du Dauphin fait envisager à la Cour sa mort prochaine. En janvier 1719, une bourrasque arrache une partie du toit des Tuileries ; les lanternes des rues sont, pour la plupart, brisées. En février, un ouragan arrache les plombs des toitures de Paris et de graves incendies se déclarent un peu partout dans la ville. Le 25 mai 1720, la peste arrive à Marseille. Ce jour-là, le Grand-Saint-Antoine , un bateau en provenance du Levant (Syrie), accoste dans le port. La cargaison, composée d’étoffes et de balles de coton destinées à la foire de Beaucaire, est infectée par la maladie, qui faisait déjà des dégâts en Orient. Malgré les précautions sanitaires, la peste s’étend dans la ville et fait entre trente et quarante mille victimes sur une population de quatre-vingts à quatre-vingt-dix mille habitants. L’épidémie se répand ensuite en Provence, où elle fait encore entre quatre-vingt-dix mille et cent vingt mille victimes sur une population d’environ quatre cent mille habitants. C’est à cette époque que le mur de la peste est érigé dans les monts de Vaucluse pour isoler les régions atteintes par la maladie et éviter donc de contaminer tout le pays. En ces temps troublés, cette épidémie est vue comme un signe de la colère de Dieu, ce qui accroît l’anxiété collective.
Les caisses de l’État sont vides et le Régent pense avoir trouvé le moyen efficace de les remplir grâce à l’idée d’un Écossais du nom de John Law de Lauriston (1671-1729). Cet économiste, qui était également aventurier, propose à la France un nouveau système : l’État doit devenir banquier pour émettre du papier-monnaie ; Law est donc l’inventeur du billet de banque que nous utilisons encore aujourd’hui. L’argent ne doit plus être considéré comme une richesse en soi, mais comme un moyen d’échange de biens. Law crée, en 1717, une compagnie commerciale par actions qui devient, en 1719, la compagnie des Indes. Elle a le monopole du commerce colonial, favorisant la spéculation sur les richesses du Nouveau Monde. Deux mines d’or ont d’ailleurs été découvertes en Louisiane à cette même époque. Sa banque générale, située rue Vivienne et devenue banque royale, fusionne avec la compagnie des Indes en 1720. Des financiers, des particuliers ainsi que des escrocs alléchés par une publicité exagérée se ruent pour changer les pièces d’or et d’argent contre des billets et, avec ceux-ci, achètent des actions du Mississippi qui vont passer de cinq cents livres à près de vingt mille livres en quelques mois. La rue Quincampoix, située entre les rues Saint-Denis et Saint-Martin, devient une véritable bourse des valeurs où changeurs et agioteurs sont à l’œuvre. Une foule énorme s’y presse chaque jour et, pour les voleurs à la tire et les pickpockets, c’est une véritable aubaine. Tous ces nouveaux riches, hormis l’argent et les actions qu’ils portent sur eux, ont également fait l’acquisition d’objets luxueux : des montres, des tabatières et d’autres biens en or susceptibles d’étaler leurs richesses aux yeux de tous. Pour les malandrins, ils constituent surtout des victimes de vols faciles et fournies « sur un plateau doré ». Certains d’entre eux sont même assassinés et leurs corps retrouvés dans la Seine. Toutes ces affaires persuadent le public et le peuple qu’il existe une vaste organisation criminelle, dirigée par quelques hommes, et à laquelle se rallient de près ou de loin tous les escrocs de la capitale. Le 26 mars 1720, le comte de Horn, bien qu’apparenté à toutes les familles royales d’Europe et cousin du Régent, est roué comme un vulgaire délinquant pour avoir assassiné au couteau, avec l’aide d’un complice, un boursicoteur. Le Régent se montre, à cette occasion, intraitable, car il convient de faire un exemple pour montrer l’intégrité du pouvoir. Alors qu’il aurait dû être décapité, sort réservé à tous les aristocrates ayant commis des crimes, le comte sera traité comme un moins que rien.
La pègre parisienne, composée de beaucoup de voleurs, est organisée et structurée. Les voleurs, qui n’ont aucune compétence particulière en matière de larcin, sont les rôdeurs de nuit. Leurs activités consistent en agressions à main armée, effractions, cambriolages par escalades pour pénétrer dans des appartements en étage, vols dans des carrosses, dans des cabarets ou sur les particuliers à qui on ôte facilement l’épée… On trouve ensuite des individus plus habiles qui utilisent leur savoir et leur maîtrise pour fabriquer de fausses clés ou détourner l’attention d’un vendeur, afin de lui dérober des marchandises de luxe… Tout en haut de la pyramide des voleurs se trouvent les pickpockets qui détroussent habilement les promeneurs de leurs objets de valeur : tabatières en or, portefeuilles… Le Cartouchien Antoine Descroix, dit Tête de Mouton, raconte dans un interrogatoire qu’ils se retrouvent parfois la nuit au nombre de soixante sur les boulevards et qu’« après avoir conféré ensemble, chacun prenoit son party, trois ou quatre ensemble sans rien dire aux autres de ce qu’ils vouloient faire, que chacun songe a son talent particulier, que celuy qui vole par les fenêtres ne va pas avec ceux qui volent av