Confessions d un steward
179 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Confessions d'un steward , livre ebook

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179 pages
Français

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Description

La face cachée du « low cost ».

Tout le monde ne rêve pas d’être hôtesse de l’air. Mais lui, il y a toujours pensé. Un avion est une salle de spectacle : lubies des passagers, délires des commandants de bord qui se prennent parfois pour les rois du monde, équipages qui tentent de gérer au mieux les rotations de vol, les passagers incontrôlables, sans oublier… le nettoyage de l’avion. Oui, David Edelstein est steward sur une compagnie low cost. D’une plume trempée dans le vitriol, il raconte avec humour son quotidien ainsi que la réalité de ce système de gestion de l’aérien qui s’étendra bientôt à Air France et à toutes les compagnies aériennes aux prises avec une conjoncture économique en crise. Mesdames et Messieurs, veuillez attacher votre ceinture de sécurité et découvrez la face cachée du « low cost ». Et bien évidemment, toute ressemblance avec des compagnies aériennes n’est pas... fortuite.

Plongez dans le témoignage d'un steward, et découvrez un portrait du monde aérien dressé avec humour.

EXTRAIT

-Ah les demoiselles ont de la chance ! s’écrie le pilote.
-Je ne pense pas. Je suis basée à Londres Gatwick. Alors que je me rendais à l’aéroport pour un simple aller-retour vers La Rochelle, ils m’ont informée que je serais sur le vol vers Lyon. Lorsque je suis arrivée dans la salle des équipages, nous étions cinq au lieu de quatre sur le vol. Nous étions tous étonnés. Ils nous ont ensuite appelé pour demander à l’un d’entre nous de se porter volontaire pour une « mise en place » vers Lyon. Comme j’étais la seule à avoir des habits de rechange, l’équipage m’a désignés, se plaint une collègue.

Informations

Publié par
Date de parution 25 avril 2018
Nombre de lectures 35
EAN13 9782390091684
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0040€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© La Boîte à Pandore
Bruxelles – Paris
http ://www.laboiteapandore.fr
La Boîte à Pandore est sur Facebook. Venez dialoguer avec nos auteurs, visionner leurs vidéos et partager vos impressions de lecture.
ISBN : 978-2-39009-168-4 – EAN : 9782390091684
Toute reproduction ou adaptation d’un extrait quelconque de ce livre par quelque procédé que ce soit, et notamment par photocopie ou microfilm, est interdite sans autorisation écrite de l’éditeur.


David Edelstein
Confessions d’un steward


Bienvenue à bord
Je poursuis ma carrière dans le transport aérien. Je l’ai débutée chez CarrottAir, je suis ensuite parti quelques années chez Air Mirage au Moyen-Orient, à bord du plus gros avion des airs, pour finalement revenir chez CarrottAir, en France. J’aime CarrottAir et j’aime mon métier: steward, hôtesse de l’air, PNC, désormais chef de cabine. J’aime toujours autant prendre l’avion tous les matins. J’aime cette ambiance, cette odeur, ces passagers.
« Mesdames et Messieurs, nous avons retrouvé un cerveau dans la salle d’embarquement, celui ou celle qui l’a oublié, merci de quitter l’appareil sur le champ ! ». Les passagers applaudissent et rient aux éclats.
« Mesdames et Messieurs, tous les appareils électroniques, y compris les téléphones portables doivent être éteints pour le décollage ; même s’ils sont en mode avion, ils doivent être complètement éteints ».
Je dois négocier avec une bonne dizaine de clients pour qu’enfin ils daignent éteindre leurs précieux outils de communication. D’autres cachent leur joujou dans leur poche, et le ressortent aussitôt, dès que je m’éloigne. Or, je me rends vers le fond de la cabine, alors que je dois m’asseoir à l’avant. Les passagers ne remarquent pas que je rebrousse chemin et je les surprends tous. Un jour, je perdrai patience et j’écraserai un iPhone sur la tête d’un passager. Il sera alors temps que je prenne ma retraite. J’aurai de beaux souvenirs à raconter.
J’aime mon métier. J’aime cette ambiance particulière au transport aérien, cette solidarité qui existe entre les employés de toutes les compagnies aériennes. J’aime mes collègues aussi : ces débats à l’arrière de la cabine autour de savoir si Britney Spears est trop grosse ou non, cette formidable liberté de parler de sexe. J’aime voir les hétérosexuels se transformer peu à peu en homosexuels, les commandants de bord continuer de croire qu’ils sont les rois du monde parce qu’ils règlent la note de tout l’équipage au bar de l’hôtel. J’aime également cette énorme facilité que nous avons pour voyager : mes parents se préparent des semaines avant leur départ, je peux préparer ma valise pour un trekking de trois semaines au Népal deux heures avant de me rendre à l’aéroport. J’aurai d’ailleurs pris la décision de partir au Népal trois heures avant de décoller pour Katmandou.
Je profite de la vie, je ne travaille qu’un jour sur trois. Je profite d’un excellent salaire, trois fois le revenu minimum. La retraite se touche après trente ans de travail seulement. J’ai du temps. Du temps pour entreprendre, pour apprendre, pour écrire, pour rire.
J’ai intégré CarrottAir et je poursuis gentiment ma carrière dans l’aérien. J’aime l’ambiance de travail détendue. J’ai réussi à gravir les échelons très rapidement : je suis devenu chef de cabine. Désormais, je dois gérer la bonne coordination entre les hôtesses, les pilotes, les agents d’escales, les passagers, les femmes de ménage et les réceptionnistes des hôtels. Un défi ? Non ! De bonnes occasions de rire ! Tellement qu’un producteur m’a proposé de monter un « one-man-show ». J’imagine le spectacle : « Jean-Pierre, l’hôtesse de l’air ». Un spectacle haut en couleurs, avec des chorégraphies, des danses, des costumes, des effets de lumières, des vidéos rigolotes et surtout un escalier posé sur la scène d’où descendrait Jean-Pierre, une bouteille de champagne à la main, le regard hautain, un nœud rouge autour de la taille, entonnant : « Toute ma vie, j’ai rêvé d’être une hôtesse de l’air, toute ma vie j’ai rêvé de voir le bas d’en haut. Toute ma vie, j’ai rêvé d’être une hôtesse de l’air, toute ma vie j’ai rêvé d’avoir les fesses en l’air ! ».
Un avion, c’est aussi une salle de spectacle. En attendant, voici mon témoignage, mon métier, mon quotidien comme vous ne les avez jamais vus. Voici mes souvenirs!


Joyeux Halloween !
Il y a des travaux de voirie en face de chez moi. Les employés de la direction départementale de l’Equipement (la DDE), habillés en orange vif comme les prisonniers de Guantanamo, ont lancé leurs marteaux-piqueurs dès sept heures du matin, ce qui a le chic d’énerver tout le voisinage. Je gare ma voiture et comme je suis sur les rotules après avoir fait mes quatre vols du matin, j’oublie d’enlever mon uniforme avant de me rendre à la boulangerie voisine pour acheter une baguette. Garder son uniforme lorsque l’on doit affronter la foule est une faute de « bleu ». Dans l’avion, je représente l’autorité, j’ai une légitimité toute faite. Hors du tube métallique, je suis un guignol mal fagoté, à la merci des frustrations de passagers qui m’imputent tous les maux du transport aérien : le vol était en retard, un bagage a été cassé, il y a eu des turbulences pendant le trajet, le café n’est pas bon dans les avions. Qu’ils aient voyagé dans un avion de ma compagnie ou non, ils s’en fichent. Je suis steward, je travaille dans les avions, c’est-à-dire dans le transport aérien, donc je suis responsable de la grève des contrôleurs aériens, de la pluie et du beau temps. J’entre dans la boulangerie. Il y a un monde fou. On me remarque grâce à ma grande parka de couleur orange vif. Le nom de ma compagnie est écrit en grand sur les manches, le dos et l’avant de cette veste en plastique. Les clients me dévisagent, hébétés par l’immondice que je porte sur mes épaules. Heureusement, ils ne peuvent apercevoir le jean baggy et la chemise gris-orange que je porte. Alors que j’étais le dernier arrivé dans la boulangerie, tous les clients reculent, me libérant le passage dans le but ultime de me dévisager encore plus. J’entends leurs chuchotements. Quelle spécialité française de critiquer les tenues vestimentaires de leurs concitoyens ! Je garde mon calme, j’ai perdu toutes mes forces : je suis exténué. J’attends derrière une vieille dame. Elle a du mal à trouver une pièce de deux euros qu’elle confond, étonnamment, avec les centimes. Elle prend son temps car à son âge, du temps, on en a plus qu’il n’en faut. Elle profite également de ce moment où elle reçoit, enfin, toute l’attention qu’elle demande. Elle papote et se plaint bruyamment des travaux de voirie. Je semble être le seul à trépigner, les dizaines de clients qui attendent ont l’esprit occupé par mon parka très moche. Quand la vielle se retourne enfin, elle reste figée, me dévisageant de la tête aux pieds :
« C’est donc vous qui faites tant de bruit avec vos travaux ? »
« Désolé, Madame. Non ce n’est pas moi. »
« Comment ça, ce n’est pas vous ! Vous êtes habillé en orange. Vous travaillez pour la DDE, non ? »
« Non Madame. Je travaille pour une compagnie aérienne, je suis steward. »
« Vous, steward ? Avec ça, sur le dos ? Les stewards sont élégants et certainement pas habillés en clowns comme vous. J’espère que vous aurez bientôt fini avec vos travaux car le bruit me tape sérieusement sur les nerfs ! » Et la vieille sort du magasin, fière d’avoir mis les points sur les « I » à l’impertinent que je dois être à ses yeux.
Je reste bouche bée, le public rit aux éclats. Je m’engonce dans ma parka surdimensionnée et je prends la poudre d’escampette.


Welcome !
Ce matin, ma chef de cabine semble froide. Elle ne décoche pas un sourire et garde un visage fermé. Je soupçonne une sciatique. Elle est de mauvaise humeur alors que je suis de très bonne humeur. Nous voyageons à destination de Palma de Majorque. L’avion est plein à craquer de touristes allemands. Ils sont également d’humeur festive. Je dois détendre ma chef de cabine à tout prix, la faire rire. Ça tombe bien, ce matin je n’avais comme sous-vêtement propre que mon caleçon zèbre. Elle saisit l’interphone pour saluer nos passagers en trois langues : français, anglais et allemand. Je saisis une boite métallique où nous rangeons nos ustensiles, et je me tiens dessous, à l’arrière de la cabine. La chef de cabine me dévisage, se demandant quelle bêtise je m’apprête à faire. J’ai une réputation à tenir : celle de guignol de service. Alors que le ton de sa voix ferait s’endormir un mort, les passagers ont les yeux rivés sur leur magazine ou scrutent l’horizon. J’en profite pour baisser mon panta

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