Croque-notes
84 pages
Français

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Description

Le parcours d'un musicien passionné, au fil de ses accomplissements artistiques et de ses rencontres.

Après une enfance de « titi » parisien, à peine sorti d’une adolescence peu commune qu’il nous raconte avec sa gouaille coutumière, Jacques poursuit ses études de piano. Il joue au Vieux Colombier, où il croise Sidney Bechet, Claude Luter et Georges Brassens ; il partage les nuits de Saint-Germain-des-Prés avec Juliette Gréco, Boris Vian et Vadim.

Grâce à son ami Georges Friboulet, alors directeur technique du Conservatoire de Paris, il peaufine son art musical en suivant les cours de contrepoint et d’orchestration. Aux Éditions Raoul Breton il est le pianiste répétiteur d’Aznavour, Bécaud, J.J. Debout, Charles Trenet et Nicole Croisille.

Plus tard, aux Trois Baudets, il intègre l’équipe de Jacques Canetti. Il assure aussi le clavier au Club des Champs-Elysées, à L’Ascot, puis à La Calavados où, en alternance avec Joe Turner, pendant plus de deux ans il anime au piano les soirées réputées de ce restaurant.

Jacques et la musique, c’est une histoire d’amour.

Une autobiographie entraînante, pleine d’humour et de tendresse, portée par un musicien amoureux des mots.

EXTRAIT

Durant tout le parcours, ma mère maudit les pavés, les rails de l’ancien tramway et la conduite brutale du chauffeur qui n’a aucune envie que « l’heureux événement » se produise dans sa voiture. Eugénie, en bonne fille de Haute Corse dont les origines ne se renient jamais, ne cesse d’implorer le ciel, Santa Madonna, pour qu’il la délivre au plus vite de mon encombrante présence.
La clinique, nous y sommes. Prise en charge immédiate de la future maman. Tout est prêt, sauf moi ! Je dois me complaire dans ce cocon où, pendant des mois, j’ai pris mes petites habitudes.
Ce n’est qu’à seize heures trente que je me décide à soulager ma mère de mes trois kilos quatre cent et d’entrer dans la vie en poussant, d’une voix de castrat, ma première chanson.
L’histoire ne gardera de cette journée que la venue au monde, à quelques pas de là d’une magnifique fillette prénommée « Brigitte » qui restera « BB » en devenant la célèbre et ensorcelante vedette de cinéma, connue du monde entier. Bonjour, Brigitte Bardot et merci de m’avoir attendu. Nous avons tous les deux un bon bout de chemin à faire, mais déjà, quelque chose me dit que nous ne prendrons pas le même train.

Informations

Publié par
Date de parution 12 juillet 2016
Nombre de lectures 2
EAN13 9791023601978
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0020€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Jacques Lévêque
Croque-Notes



Préface
Depuis plus de cinquante ans, Jacques Lévêque m’étonne. Pourtant, si j’admettais l’adage anglais qui prétend que : « A good boss must be unpredictable », je comprendrais pourquoi cet homme n’a jamais tenté une carrière de chef d’entreprise Outre-Manche. Il y aurait été jugé trop « prévisible » pour être un dirigeant. Mais cela ne concernerait qu’un certain Jacques Lévêque pour tout le monde, discret, rangé, ne dérangeant personne, fondu dans l’anonymat du 15 e arrondissement, à deux pas de l’administration des « Objets trouvés ».
Cependant, depuis plus d’un demi-siècle, une rare et précieuse amitié nous lie, Jacques et moi. Nous nous connaissons vraiment, comme personne ne nous connaît. Au-delà d’une complicité que l’on nous prête volontiers, c’est d’une communion qu’il conviendrait de parler. Dans Les Écritures, on nous apprend que les Apôtres ont souvent été séparés. Jacques et moi avons vécu parfois des lustres sans nous voir. Précieuses séparations qui ont fait naître toutes nos retrouvailles. La première fois que je l’ai perdu, je l’avais laissé au seuil d’un hôtel de passe près de la République, pâlot boutonneux juvénile complètement paumé. Je l’ai retrouvé, battant, bronzé, enthousiaste et revenant d’Afrique où de nombreuses personnalités avaient pu apprécier sa virtuosité de pianiste. Là-bas, certains avaient tenté de rajouter aux cordes de son piano celle d’un « Hoteler-Manager » auxquelles il n’avait pu s’attacher. Alors qu’au temps béni de la « photo stop » nous traquions ensemble le passant parisien pour lui tirer le portrait, Jacques disparut une fois encore. Lorsque je le redécouvris près de la Bastille, il revenait de la Guyane française où, Dieu merci, il était parti volontaire afin de tâter de l’agriculture locale. Ce jour-là, entre deux plats du jour que sa gracieuse et jeune épouse déposait devant les clients, il me racontait comment il était devenu patron restaurateur dans le 11 e arrondissement. En 1993, je le dénichais à Montreuil. Avec sa permission, je déposais chez lui quelques documents inutiles pour la poursuite du voyage que nous entamions, mon épouse et moi. Parmi ces papiers, un cahier, fruit plus ou moins mûr de mes instants de spleen. Nous nous envolâmes pour les Caraïbes, et bien sûr, un mois plus tard, lors de notre retour Jacques et sa femme nous accueillirent. Chez eux, j’écoutais, médusé, trois de mes poèmes devenus, par le talent de Jacques, trois superbes mélodies. L’année suivante nous déposions à la SACEM nos premières chansons que Jacques rajoutait à ses précédentes compositions.
Aujourd’hui Jacques m’a surpris. Qu’il ait encore osé n’est étonnant que pour les autres. Ce qui me surprend, c’est qu’il ait osé se départir un peu de sa modestie, de son humilité et qu’il ait choisi cette fois-ci non pas la musique mais l’écriture pour nous faire partager les chemins empruntés lors de son improbable parcours. Surpris et ébloui. Les mille et une petites et parfois stupéfiantes aventures que Jacques nous raconte avec un rare talent de conteur tout au long de ses CROQUE-NOTES sont bourrées d’humour et de tendresse. Dans un Paris aujourd’hui disparu, il nous entraîne dans cette ambiance d’après guerre où la soif de vivre, de revivre faisait naître et se croiser des gens qui, de nos jours, n’auraient jamais pu exister.
Son livre est drôle, émouvant et sincère.
Du vrai Jacques Lévêque.
– Georges Colombe
AUTODIDACTE
Qui s’est instruit par lui-même ( Petit Larousse )
Cette histoire est la mienne. Partant, je m’attribue le droit, parmi la foultitude 1 des événements, relatés, de n’y avoir pas toujours respecté la chronologie, la syntaxe, ni même l’exactitude absolue des événements.
– J. L


1 . Mot absent des dictionnaires, mais toutefois cité dans celui des synonymes chez Le Robert (merci Robert). Comme tant d’autres absents, ce mot me plait particulièrement.


Avant-Propos
Ma modestie dût-elle en souffrir, je dois avouer posséder un point commun avec certaines célébrités telles que Van Gogh, Vlaminck, le Douanier Rousseau, Jean Giono, Thomas Edison pour ne citer qu’eux. Comme elles, je me suis instruit par moi-même, avec plus ou moins de réussite. Les dictionnaires nous qualifient d’autodidactes. Dans la musique mon domaine, ils sont légion. Django Reinhardt a inventé son propre système d’accords pour la guitare. C’est en observant les autres musiciens – Fats Waller ou le talentueux Art Tatum – que Errol Garner a créé son propre style lequel ne répond à aucun critère musical académique, et aujourd’hui encore, laisse pantois tous les puristes de l’harmonie. Cette liberté d’apprendre sans contrainte, de découvrir soi-même, jour après jour, le pourquoi et le comment des choses, c’est ce que j’ai fait en essayant d’écrire ce livre. Il est vrai qu’il est plus facile de faire de la musique sans en avoir étudié les bases, que d’écrire sans se soumettre aux exigences de la syntaxe et de la grammaire.
Je veux remercier ici mon fidèle ami et complice l’écrivain poète Georges Colombe, pour lequel j’ai accroché quelques notes sur quelques-unes de ses poésies. Elles brûlaient d’envie de devenir des chansons. Les conseils de Georges ont souvent contribué à l’élaboration de ce livre.
– Jacques Lévêque


Chapitre I
J’arrive…
Chantait Brel
Au petit matin du 28 septembre 1934, un pâle soleil tente timidement d’éclairer le ciel de Paris. Pour les premiers parisiens qui se hâtent vers le métro, il est encore trop tôt pour présager du temps que cette journée d’automne débutante leur réserve. D’ailleurs, les inquiétudes météorologiques ne sont pas de mise aujourd’hui. La crise sociale et ses conséquences économiques qui perdurent depuis trois ans préoccupent bien davantage le quotidien de tous les Français. Le chômage a décuplé depuis 1931. Les salaires sont revus à la baisse. « La vie chère » est le sujet d’amertume avoué du Président Gaston Doumergue. Il en a cependant beaucoup d’autres. Toute la classe politique française est éclaboussée par de nombreux scandales financiers, plus sordides les uns que les autres et celui du Crédit Municipale de Bayonne n’est pas le moindre. Il vient d’entraîner la chute du ministère Chautemps. Le réveil de l’extrême droite, les sanglantes émeutes de février et le mystérieux décès du conseiller Prince, magistrat lié à la toute récente et peu reluisante « affaire Stavisky » sont autant de sujets d’inquiétude et de mal vivre pour une population désenchantée et méfiante.
C’est ce matin-là que ma mère choisit, pour annoncer à mon père paniqué, que les premières douleurs qu’elle ressent sont, indubitablement, les prémices de ma très prochaine apparition dans ce monde de misère.
Le modeste logement que Marcel et Eugénie partagent est niché sous les toits d’un immeuble vieillot du quartier des Halles. Dans le confort élémentaire qu’offre cette maison, aucun ascenseur n’a été prévu. C’est donc quatre à quatre que mon père dévale les six étages et se poste au coin des rues Étienne Marcel et Montorgueil pour tenter d’arrêter le premier taxi qui aurait le bon sens d’emprunter l’une de celle-ci à cet instant-là. Le temps d’expliquer au chauffeur l’urgence de la situation, de remonter les six étages à la vitesse « grand V », voici Marcel entourant sa femme de mille précautions pour l’aider à descendre ces satanées volées de marches et prendre place dans la voiture.
Chauffeur, à la clinique Cognac Jay dans le quinzième arrondissement !
Durant tout le parcours, ma mère maudit les pavés, les rails de l’ancien tramway et la conduite brutale du chauffeur qui n’a aucune envie que « l’heureux événement » se produise dans sa voiture. Eugénie, en bonne fille de Haute Corse dont les origines ne se renient jamais, ne cesse d’implorer le ciel, Santa Madonna , pour qu’il la délivre au plus vite de mon encombrante présence.
La clinique, nous y sommes. Prise en charge immédiate de la future maman. Tout est prêt, sauf moi ! Je dois me complaire dans ce cocon où, pen

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