D enfant victime à adulte abuseur
115 pages
Français

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D'enfant victime à adulte abuseur , livre ebook

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Description

Le témoignage rarissime d'un agresseur sexuel.

Ce document témoignage est inédit. Il est rarissime que l’on donne la parole à un agresseur sexuel. Nicolas Henri est un cas particulier, ce qui n’enlève rien ni à sa responsabilité ni à l’horreur de son acte. Il a en effet accepté la totalité de sa peine sans aller en appel, a indemnisé ses victimes en acceptant une clause de réévaluation des indemnités, qu’il a versées. Et il s’est battu en prison pour accéder à une prise en charge thérapeutique promise par l’administration carcérale et qui traînait à venir. Il a écrit ce journal en prison et l’on y lit son cheminement de pensée, sa prise de conscience de la gravité de ses actes et l’évolution de sa responsabilité tout au long de sa peine, et plus particulièrement dès son suivi en thérapie. Il nous a semblé important de pouvoir lire et appréhender le phénomène de l’agression sexuelle sur mineur dans sa globalité, sans se voiler la face. Il est utile de comprendre les mécanismes, mettre en perspective les moyens thérapeutiques et de punition pour faire diminuer les agressions de ce type. La mise en perspective des actes de Nicolas Henri et de son processus de pensée est éclairée par l’intervention de Serge Corneille, psychologue, spécialiste de la prise en charge des abuseurs sexuels.
Naturellement, aucun écrit contraire à la loi n’a été autorisé dans ce livre.

Découvrez un ouvrage qui cherche à appréhender le phénomène de l’agression sexuelle sur mineur dans sa globalité, sans se voiler la face.

EXTRAIT

Dimanche 1er février. Si j’avais encore des doutes sur la religion de Didier qui participe depuis quelques semaines à l’équipe du journal, désormais c’est clair, c’est un Témoin de Jehovah pur jus. Hier, durant la partie de Scrabble tout a été prétexte à une évangélisation forcenée. Au point de casser les pieds à Roger pourtant féru de religiosité. Moi, ça m’amuse. Je porte sur les religions un regard désabusé. Dieu n’existe que dans notre imagination. C’est nous qui l’avons créé et non l’inverse. Ce postulat étant admis, le discours de Didier frise le ridicule avec sa prédiction de la mort prochaine de la Grande Prostituée (l’Église catholique), l’avènement imminent d’un gouvernement mondial sous l’égide de l’ONU et, cerise sur le gâteau, la fin du monde actuel. Ceci dit, Didier a une façon très persuasive de répéter sans cesse les mêmes balivernes et de citer Saint Mathieu, le Deutéronome ou je ne sais quel passage du Livre. Il dispose d’une quinzaine de versions de la Bible. Inutile de vouloir le bluffer en matière d’exégèse.

Informations

Publié par
Date de parution 25 avril 2018
Nombre de lectures 14
EAN13 9782390091653
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0040€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© La Boîte à Pandore
Paris
http://www.laboiteapandore.fr
La Boîte à Pandore est sur Facebook. Venez dialoguer avec nos auteurs, visionner leurs vidéos et partager vos impressions de lecture.
ISBN : 978-2-39009-165-3 – EAN : 9782390091653
Toute reproduction ou adaptation d’un extrait quelconque de ce livre par quelque procédé que ce soit, et notamment par photocopie ou microfilm, est interdite sans autorisation écrite de l’éditeur.


nicolas henri
D’enfant victime à adulte abuseur
Itinéraire d’un prisonnier


Du même auteur
Bleu Car aïbes, roman, Cylibris, Prix du roman gay, 2004
H&O Poche, 2008
La nuit de Mortefagne, roman, H&O, 2006
Le Prince de Kazarkhan, roman, H&O, 2007
Les garçons d’Acapulco, roman, H&O, 2011


À Manfred et Maria...


« Car il ne suffit pas de devenir un autre : il faut avoir le courage de devenir soi »
Philippe Besson, Retour parmi les hommes


Préface
N’éprouvez-vous pas de difficultés à préfacer un livre écrit par u ne personne qui a commis des abus sexuels ?
Votre question appelle des commentaires à plusieurs niveaux.
D’une part, vous avez désiré m’interviewer en tant que psychologue au sujet de la délinquance sexuelle et je vous ai répondu. Que l’auteur de cet ouvrage soit victime ou auteur de délits sexuels, voire les deux, ne change en rien les réponses que je peux vous apporter. Comprenez que je suis psychologue, je ne suis pas critique littéraire. A ce titre, je n’ai aucun avis sur les qualités littéraires de ce livre tout comme je ne légitime à aucun instant les infractions, crimes ou délits à caractère sexuel que l’auteur a pu commettre ou subir.
La délinquance sexuelle est un phénomène largement médiatisé qui, habituellement, donne lieu à des commentaires passionnels, émotifs, moralisateurs ou idéologiques. Personnellement, cela ne me pose aucune difficulté de donner l’occasion au grand public d’avoir accès à des informations d’un autre ordre, en l’occurrence, des données à caractère scientifique.
D’autre part, à ma connaissance, l’auteur de ce livre a été sanctionné pour ses délits d’une peine de privation de liberté qu’il a exécutée. Par contre, il n’a jamais été condamné à une peine de privation de sa liberté d’expression. Il me semblerait pour le moins déplacé qu’un psychologue se substitue à la justice. Il y a, dans ce domaine, comme dans toute situation incestueuse, suffisamment de confusions de rôles me semble-t-il. Il est fréquent en matière de délinquance sexuelle, de voir des journalistes se confondre avec des juges, des psychologues se prendre pour des avocats, des avocats s’instituer experts, des victimes remplacer le procureur, des juges devenir des conseillers moraux. Il ne me semble pas que de telles confusions soient favorables à une gestion efficace d’une problématique aussi complexe.
Enfin, je perçois dans votre interrogation, une question à peine dissimulée. Permettre à un délinquant sexuel d’éditer son témoignage, n’est-ce pas là une façon de le récompenser de ses crimes ? Encore une fois, il n’appartient pas au psychologue que je suis de soutenir, de condamner ou, moins encore, d’assumer vos responsabilités éditoriales. Tout ce que je peux vous dire, c’est que je suis favorable à toute démarche qui permet de favoriser la réinsertion psychosociale d’un délinquant sexuel ou autre, dans la mesure où ces démarches vont augmenter le bien-être du délinquant tout en diminuant son risque de récidive. Quitte à me répéter, il est illusoire d’imaginer que l’on puisse amener une personne à respecter ses obligations tout en la privant de la jouissance de ses droits.


Des fenêtres. Des barreaux...
Des fenêtres. Des barreaux. Derrière cette fenêtre, un espace crado. Au -delà, un mur de briques sombres surmonté de barbelés.
Et dire que je me sens libre !
Mon corps est en prison. C’est clair, c’est l’évidence, c’est physique.
Mais mon esprit suit les pigeons qui s’envolent de l’espace crado en faisant le bruit d’un volet qu’on ouvre.
Qu’on ouvre !
Tout a commencé ce matin. La poste. Deux ou trois courses comme d’habitude: le boucher, le boulanger, le marchand de journaux... Le retour suivi par une Peugeot bleue. Les flics qui sont dans la cour. Surprise totale.
– C’est si grave ?
Pas besoin de réponse. J’ai compris. Cela faisait des mois, des années que cela me pendait au nez. Eh bien, ça ne pend plus ! C’est tombé.
– Nous avons saisi votre ordinateur. Il contenait des trucs dégueulasses...
Je le croyais clean. Mais, l’informatique étant ce qu’elle est, j’ai dû oublier une bricole quelque part. Une grosse bricole capable d’ameuter un, deux, trois... cinq flics.
C’est presque trop d’honneur. La suite, je la connaissais pour l’avoir déjà vécue.
Se montrer correct, poli, coopérant. D’ailleurs, je sais ce qu’ils cherchent et ce qu’ils cherchent n’est pas caché. Ils trouvent très vite ce qu’ils veulent. Des images, des photos. Des garçons. Encore des garçons. Toujours des garçons. Le reste, tout le reste, ne les intéresse pas.
En une bonne heure, ils auront fouillé tout, mis à nu une intimité complètement illusoire.
Soyons justes. Tout s’est passé correctement. Entre gens de bonne compagnie.
Je passe les détails.
– Veuillez nous suivre...
Suivre est une façon de parler. Je suis embarqué. Je crois encore que ce sera comme la première fois, il y a presque dix ans : un simple interrogatoire...
Mais non.
La police judiciaire de Malmedy n’a d’autre mission que de m’emmener chez le juge à Verviers où la décision de m’arrêter a été prise tôt ce matin. Clic. Clic. Les menottes qui se referment sur les poignets.
– Vous croyez vraiment que je vais me sauver ?
– C’est la procédure !
Le respect humain, ils n’en ont rien à foutre. L’important c’est la procédure. Nous quittons Malmedy sirènes hurlantes et gyrophare allumé. Tu parles d’un bandit ! Ça recommence au centre de Verviers. La juge Herbier – elle s’appelle Anne-Laure – m’attend.
Rien qu’à son sourire un rien gourmand, je comprends que c’est cuit. Ce soir, je finirai Chaussée de Heusy.
La prison de Verviers est située à quelques encablures du Palais de Justice. Bâtie à flanc de coteau, on y accède par une rampe en zigzag. Vues d’en bas, ses hautes murailles lui donnent l’aspect d’une forteresse moyenâgeuse. Vétuste – elle date de la fin du XIX e siècle – elle nécessiterait de sérieux et coûteux liftings. Mais c’est bien le cadet de mes soucis alors que, après avoir franchi la première enceinte, j’entre dans l’aile administrative du bâtiment principal.
J’y arrive. Empreintes digitales. Photos.
– On va te voir dans toute la Belgique !
C’est Mourad, le jeune flic maghrébin qui essaie à chaque fois que c’est possible de me foutre les jetons. Il vient du Maroc. Je ne suis jamais allé au Maroc.
– Et j’espère bien que vous n’y mettrez jamais les pieds...
Il n’a pas de mots assez durs pour cracher son mépris des pédés. Entre deux absences du commissaire durant l’interrogatoire, il essayait visiblement de me donner la pétoche. Râpé pour l’instant. Dernière estocade quand je dois le quitter à l’entrée de la prison.
– C’est l’heure des douches, tu vas pouvoir aller te faire sodomiser...
J’encaisse en silence.
J’aurais pu lui répondre que oui, s’il y avait dans les douches un mec avec sa jolie gueule de jeune beur, cela ne m’aurait peut-être pas déplu.
Je me trompe peut-être. Je me trompe sans doute. Mais l’homophobie de Mourad cache peut-être un pédé refoulé. Je n’ai pas été au Maroc, c’est vrai. Mais si j’y vais un jour, si j’y avais été, je suis sûr que tôt ou tard, j’aurais été abordé par une petite gouape dans le genre de Mourad.
– Vous êtes seul ? C’est la première fois que vous venez à Marrakech?
Au bout de quelques minutes, il m’aurait proposé une fille. Devant mon refus, un mec.
– Un mec ? Pourquoi pas ?
Et peut-être aurions-nous terminé la visite de Marrakech au plumard ?
Mais Mourad n’est pas à Marrakech. Il travaille à Malmedy. Il a un salaire mensuel garanti et il ne se prostitue pas. Et il n’aime pas les pédés. Et tient à le faire savoir.
Exit Mourad !
Au bout du couloir, il y a des grilles, des portes qui ne s’ouvrent que si la précédente est verrouillée. Nous contournons le cœur névralgique de l’étage d’où l’on peut surveiller les trois ailes de l’établissement. Le quartier protégé, enfin. Un gardien cordial, correct – oserais-je dire : aimable ? – pour m’accueillir. Changer de pantalon, de chemise.
– Vous pouvez garder votre montre...
Je dois vider le portefeuille, en faire l’inventaire.

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