Maman noire et invisible
79 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Maman noire et invisible , livre ebook

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79 pages
Français

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Description

L’intégration des femmes noires, et par extension, des mamans noires, dans la société est un échec cuisant en France.

Elles sont très peu présentes dans l’espace public français : au cinéma, dans les magazines et en politique. On peut les compter sur les doigts de la main. Connaissez-vous plusieurs comédiennes noires, des livres dont les héros sont noirs ? Dès lors, comment élever un enfant dans un environnement où la « diversité » est loin d’être une priorité ?
Ce livre est un début de réponse. Les réponses aux questions que les femmes noires peuvent se poser pendant leur grossesse, ainsi qu’à l’arrivée de bébé : comment prendre soin des vergetures sur sa peau noire ? Comment s’occuper de soi quand on est enceinte ? Peut-on se défriser les cheveux lorsqu’on attend un bébé ? Est-ce le moment de passer au big chop ? Et bien d’autres choses encore !
Comment faire pour que son enfant noir célèbre au mieux ses différences ?
La France est le pays européen où les noirs sont les plus nombreux et, pourtant, une partie de cette population reste invisible : les femmes, les mamans.
Il est temps de changer les choses, non ?

Ce livre-témoignage sur l'intégration est aussi une réflexion sur l’utilité d’aborder le racisme avec sa progéniture.

EXTRAIT

Est-ce qu’on a plus de difficultés, de problèmes quand on s’inscrit dans une maternité et que l’on est une femme non blanche en France ? Pour ma part, je dirais que non, mais tout dépend de la situation de la future mère : sans-papiers, jeune mineure, primoarrivante, malade, migrante…
J’ai tendance à croire que j’aurais été perçue différemment si j’avais été femme de ménage avec un accent prononcé et voilée, de surcroit.
En fait, comme pour toutes les interactions que nous sommes amenées à avoir, que ce soit à l’école, dans le monde du travail, avec les institutions étatiques, ou avec la boulangère du coin de la rue, nous pouvons être l’objet de microagressions, de racisme pur et simple, ou plus largement d’un racisme systémique.

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

Un témoignage superbement livré, je ne suis pas forcément adepte du genre littéraire mais quand le sujet est important et aussi bien écrit on ne peut qu'apprécier. Je recommande cette lecture à toutes les femmes, vous allez vous reconnaître toutes dans ce récit. - May Lee, Blog The love book

Un livre qui a le mérite de soulever un problème ignoré et méconnu sous le ton de l’humour l’auteur fait passer des messages et donne des conseils utiles. Que vous soyez noire, blanche, asiatique, musulmane , athée, catholique, juive ça vous parlera forcément. Utile. - Blog Rêvez livres

À PROPOS DE L'AUTEUR

Diariatou Kebe, la trentaine, est une jeune maman et blogueuse active.

Informations

Publié par
Date de parution 25 avril 2017
Nombre de lectures 12
EAN13 9782390091394
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0027€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© La Boîte à Pandore
Bruxelles – Paris
http ://www.laboiteapandore.fr
La Boîte à Pandore est sur Facebook. Venez dialoguer avec nos auteurs, visionner leurs vidéos et partager vos impressions de lecture.
ISBN : 978-2-39009-139-4 – EAN : 9782390091394
Toute reproduction ou adaptation d’un extrait quelconque de ce livre par quelque procédé que ce soit, et notamment par photocopie ou microfilm, est interdite sans autorisation écrite de l’éditeur.


Diariatou Kebe
Maman noire et invisible


À mon père, à ma mère et à ma mère,
À BS et MS,
À mes sœurs, à mes frères,
À mes neveux et nièces,
À ma famille tout entière,
À ceux qui nous ont quittés, que la Terre leur soit légère.


Tu seras un Homme mon fils, Un homme noir, Pas un black, Pas un nègre, Pas un négro, Pas un renoi, Tu seras fort, beau et puissant, Tu seras intelligent, descendant d’une longue lignée, Tu seras la continuité de nos traditions familiale, de nos cultures, Ta couleur de peau sera un frein pour certains, Un obstacle pour d’autres, Ne chavire pas, sois juste toi, Tu n’auras pas à être fier de ta peau, sois juste toi, Tu seras celui que tu as décidé d’être et non pas, Celui que l’on veut que tu sois, Trace-toi même ton chemin, Tu ne seras pas moins Africain qu’un autre, Tu ne seras pas moins Français qu’un autre, Tu seras un citoyen, un républicain.
Tu seras, je l’espère, un homme sage.
Tu seras un homme avant tout avec ses qualités et ses défauts,
Tu seras mon fils.


Introduction
« La France a, en ce début du XXI e siècle, un rendez-vous majeur avec elle-même, avec ses idéaux. Le sort qu’elle fait à ses minorités sera l’un des grands révélateurs de sa capacité à se montrer à la hauteur de l’enjeu, et il est de taille, car il s’agit de savoir si la France est, si elle peut vraiment être, le territoire de la liberté, de la fraternité, de l’égalité. »
Léonora Miano, écrivaine
Je voulais écrire le livre que j’aurais aimé lire quand je suis tombée enceinte.
Celui qui aurait pris en compte mes particularités en tant que femme noire : mes cheveux, ma peau, mon corps, mon bébé noir et français. Je pensais bêtement qu’après plus d’une centaine d’années de présence en France, les livres sur la grossesse et la maternité (à défaut des magazines et des médias) seraient inclusifs. Un exemple tout bête : comment s’occuper des vergetures quand on a la peau foncée ? J’avoue n’avoir rien trouvé...
Peut-être ai-je mal cherché, je ne sais pas. J’ai été très frustrée, déçue, et triste aussi.
Le constat est sans appel : les femmes noires sont invisibles en France. Pouvez-vous citer plus de cinq actrices noires ? Connaissez-vous plusieurs journalistes, auteurs femmes et noires, ou mêmes de présentatrices télé ? En plus d’être sous-représentées partout, nous faisons l’objet de clichés racistes offensants, dégradants et discriminants.
Nous ne nous voyons nulle part. Nous n’existons pas.
On m’a souvent dit que la grossesse et la maternité étaient des événements qui se vivaient de la même façon, que l’on soit une femme noire ou une femme blanche ; élever un enfant aussi, et cela j’en conviens, je n’ai aucun doute là-dessus. Mais je me suis posé énormément de questions pendant cette période, et depuis la naissance de mon fils, je ne cesse de m’en poser encore : que ce soit autour de la construction de son identité, de son développement personnel, mais aussi sur moi-même et ma capacité à élever mon fils dans un monde blanc.
Je n’y avais jamais pensé. Avant de tomber enceinte, à aucun moment je ne me suis demandé comment j’allais faire. Le racisme, la xénophobie, l’islamophobie envers moi ? J’ai grandi dedans, je l’ai vécu et je le vis toujours aujourd’hui : qu’importe après tout, on n’y peut rien. Et un lundi d’octobre 2010, vers midi, la sage-femme a posé sur moi ce petit bout de vie qui a fait basculer mon monde. À travers moi, il est le fruit d’une histoire bien plus grande que celle qui nous a réunis, nous, ses parents. Il est la continuité, il est lui et il est noir aussi.
Je suis maman, responsable du devenir de mon petit bout d’homme, responsable matériellement (et qu’est-ce que ça coûte !), mais aussi et surtout, responsable des valeurs que je lui transmets.
Alors voilà, il va arriver un moment où je devrai expliquer à mon fils pourquoi il va galérer à l’école, pour trouver du travail, un appart, ou pourquoi il va subir des contrôles au faciès.
Comme la plupart des personnes noires de son entourage en somme.
Depuis quelque temps, le climat ne cesse malheureusement de se dégrader. C’est un racisme décomplexé de la part de nos dirigeants, des médias, qui donnent envie de vomir tant leur façon de traiter les sujets qui fâchent est clairement orientée.
La France est mon pays : je suis noire et je le vis très bien, merci. La France est également le pays de personnes aux origines aussi diverses que variées, et qui le vivent très bien.
Nul besoin de nous parler d’intégration, ou d’assimilation : j’aime ce pays comme j’aime le pays de mes origines. Aucune incompatibilité. Je suis un mix de deux cultures qui sont toutes les deux importantes à mes yeux, je ne cherche pas à rejeter ou à privilégier l’une ou l’autre, les deux sont conciliables.
Je n’ai pas envie que mon fils soit vu et traité comme un citoyen de seconde zone.
C’est le racisme dont mon fils pourrait faire l’objet qui me fait très peur. Je ne pourrais pas lui éviter les peines, les frustrations de la vie, mais la question du racisme et des discriminations reste à mes yeux quelque chose d’inévitable et cela me peine. Nous sommes au XXI e siècle et certes, toutes les luttes pour plus d’égalité ont fait avancer les choses, mais la parole de celui qui vit le racisme est bien trop souvent remise en question.
Comment vais-je l’aider à réagir face à ce type de comportement ? Avant d’arriver à cette interrogation, je me suis demandé comment on pouvait élever un enfant en lui inculquant la haine de l’autre. Ces gens qui déroulent allègrement leurs thèses ouvertement racistes, islamophobes voire xénophobes, leur « rentrez chez vous », ont peut-être – voire sûrement – des enfants, n’est-ce pas ? Je pense que c’est ce qui m’effraie le plus, parce que si moi je transmets mes valeurs, quelles sont celles qu’ils transmettent, eux, à leur descendance ?
J’ai grandi avec des personnes d’origine et de confession différentes : Ivoiriens, Maliens, Marocains, Algériens, Vietnamiens, Chinois, musulmans, chrétiens, juifs, bouddhistes, etc.
Pour moi, la diversité est une force.
J’ai appris, j’ai partagé, j’ai aimé être en contact avec des gens différents. Cela m’a aidé à briser mes propres idées reçues, mais aussi à être celle que je suis aujourd’hui.
Je ne veux pas que mon fils et mes nièces subissent une quelconque discrimination du fait de leur couleur de peau ou de leur sexe, mais j’aurai beau prier pour que cela n’arrive pas, cela arrivera, je le sais. Être rejeté de la sorte, je vous jure que ça fait mal, très mal. C’est pourquoi je veux leur apprendre à démonter intelligemment un discours raciste, je veux leur apprendre à recouper des sources et montrer les faits, rien que les faits. Je veux qu’ils soient capables de prendre du recul pour mieux rebondir. Je veux qu’ils soient FORTS et qu’ils puissent avoir autant que possible l’aide dont ils pourraient avoir besoin pour surmonter les difficultés.
S’il est évident que l’apprentissage de l’égalité homme/femme doit commencer à l’école, je crois que parler de tolérance, de diversité, de race (même si le mot n’est plus inscrit dans la constitution et que, biologiquement, il n’existe qu’une seule race, la race humaine, je parle ici de racisation dans le sens où, sociologiquement, le groupe auquel j’appartiens subi des discriminations du fait de critères socialement construits), parler du respect de l’autre quelle que soit sa couleur de peau, son origine, devrait également faire partie de cet apprentissage. Évidemment, les choses ont évolué et les cours d’éducation civique introduisent petit à petit des sujets tels que la discrimination et l’égalité, mais cet enseigne

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