Par-delà les tempêtes
83 pages
Français

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Par-delà les tempêtes , livre ebook

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Description

L’auteur raconte le drame de la destruction du Cambodge mais aussi, et surtout, les immenses efforts de reconstruction.

Comment tout reconstruire quand tout a disparu ? Prendre en main son destin et avancer ?
Un exemple qui vaut pour tout un chacun.

Un témoignage édifiant, une source d’inspiration pour toutes les jeunes générations.

EXTRAIT

Le 30 mars 1975, je quitte Phnom Penh. Les Khmers rouges encerclent la ville qu'ils pilonnent de roquettes depuis des semaines. Leur victoire sur les forces harassées de Lon Nol est imminente, je le sens, je le sais. Mais mon départ n'est pas une fuite. J'ai vingt-deux ans, je suis étudiant et je pars en France pour y parfaire ma formation de pharmacien.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Quelques jours après le 7 janvier 1979, Hay Ly Eang, exilé en France, apprend que sa famille, restée au Cambodge, a été massacrée par les Khmers rouges. Quand il peut rentrer dans son pays, en 1991, il a quarante ans et une idée en tête : agir pour empêcher à tout jamais le retour d’un régime génocidaire. Pour lui, c’est en créant des entreprises innovantes, socialement responsables, et en œuvrant pour le développement rural que le pays pourra guérir des maux qui ont engendré l’horreur.
Fondateur du laboratoire pharmaceutique PPM et de l’entreprise de produits agricoles Confirel, Hay Ly Eang raconte, dans son livre Par-delà les tempêtes, son parcours d’entrepreneur humaniste, passionné, et qui vibre d’espoir pour un Cambodge à l’âme enfin pacifiée.


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 31 janvier 2018
Nombre de lectures 1
EAN13 9782350744872
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

A la mémoire de mes deux sœurs, de tous ceux de ma famille et de tous mes compatriotes victimes du régime de Pol Pot
AVANT-PROPOS
Hay Ly Eang appartient à la génération de Cambodgiens qui ont, dans les années 1970, tout perdu lors du génocide khmer rouge, famille, biens, village. Mieux connu sous le nom de Dr Hay, il est également de ceux qui ont décidé de retrousser leurs manches et de reconstruire leur pays plutôt que de demeurer en marge de l’Histoire.
Ce pharmacien exilé en France a donc, dès qu’il a pu le faire, regagné son pays pour s’y transformer en entrepreneur. Tout en montant une fabrique de médicaments dans la banlieue de Phnom Penh, il s’est investi dans la production agricole.
Il a commencé avec le sucre de palme avec l’objectif que ce produit, extrait de l’arbre symbole de l’identité khmère, contribue à renforcer les faibles revenus des paysans pauvres en trouvant une place sur le marché international. Puis il a participé à la relance du fameux poivre de Kampot, dont la production s’était évaporée pendant les ravages provoqués par les guerres de la deuxième moitié du XX e siècle. Il a aussi amorcé, sur les hauts-plateaux du nord-est cambodgien, la production du cacaoyer qui se fait à l’abri de rangées de bananiers pour protéger du soleil cet arbuste tropical.
Alors que le Cambodge se remet lentement – et parfois mal – des tourmentes subies pendant des décennies, le Dr Hay est l’un de ceux qui offrent un message d’espoir : le pays peut survivre aux tempêtes encaissées. Il ne s’agit pas de réformes radicales et encore moins de révolution. Le Dr Hay propose de se glisser dans un cadre de vie familier, intelligible. Pour aider une société sinistrée, son exemple s’appuie sur une bonne dose d’efforts, de réalisme et de sagesse. Le récit d’une expérience qui ne laisse pas indifférent.
Jean-Claude Pomonti Prix Albert-Londres 1973
PROLOGUE
Le 30 mars 1975, je quitte Phnom Penh. Les Khmers rouges encerclent la ville qu’ils pilonnent de roquettes depuis des semaines. Leur victoire sur les forces harassées de Lon Nol est imminente, je le sens, je le sais. Mais mon départ n’est pas une fuite. J’ai vingt-deux ans, je suis étudiant et je pars en France pour y parfaire ma formation de pharmacien.
Un nouveau pouvoir va s’installer au Cambodge, les bombes cesseront de meurtrir le pays et la vie finira par reprendre un cours apaisé après tant d’années de chaos et de souffrances. C’est ce que je crois, ce 30 mars 1975, il y a quarante ans de cela, alors que la Caravelle décolle de l’aéroport de Pochentong et que je laisse en bas, derrière moi, mes parents, mes oncles, mes tantes, mes sœurs, mes beaux-frères, mes neveux, mes nièces, mes amis d’enfance, mes camarades d’études, mes professeurs.
Je voudrais pouvoir les nommer tous, ceux-là que j’ai quittés ce jour-là et que les hommes de Pol Pot ont assassinés, fait mourir de faim, de maladie ou d’épuisement durant leur règne atroce et sanguinaire sur la terre du peuple d’Angkor.
Moi, le destin m’a mis dans un avion quelques jours avant le début de l’impensable.
Je suis resté vivant, mais avec la douleur de la disparition de tous ces êtres aimés tapie dans mon âme.
Je suis resté vivant, mais avec la douleur d’avoir vu mon pays anéanti par certains de ses propres enfants.
Je suis resté vivant, mais avec le désir impérieux d’agir pour que le Cambodge ne puisse plus jamais connaître une autre calamité génocidaire.
Et j’ai compris en étudiant notre histoire nationale que nos malheurs et nos conflits destructeurs prennent leurs racines dans le sous-développement chronique de nos campagnes cambodgiennes dont les habitants sont bien souvent méprisés par les élites urbaines. J’ai observé que le faible niveau d’éducation d’une population pauvre a constitué un terreau idéal pour les tyrannies de toute obédience. J’ai noté que nos querelles intestines séculaires, attisées par les ingérences et convoitises étrangères, ne pouvaient être vaincues autrement que par la valorisation de nos richesses nationales, par nous-mêmes, dans un esprit de partage.
Dès que j’ai pu revenir au Cambodge, au début des années 1990, j’ai été stupéfait par la désolation que plus de vingt années de guerre y avaient engendrée. Mais j’avais un dessein en tête, mûri en exil alors que mes affaires en France dans le secteur pharmaceutique prospéraient. Celui de créer des entreprises explorant un chemin nouveau dans notre pays, qui produiraient à la fois de la richesse matérielle et de l’harmonie sociale, des profits et en même temps de la concorde et de la fierté nationale. C’était comme proposer un modèle pour guérir le Cambodge de ses maux.
Je me suis d’abord jeté dans l’arène pour construire Pharma Product Manufacturing (PPM), devenu au fil des années le plus important laboratoire pharmaceutique du Cambodge, qui exporte aujourd’hui plus de la moitié de sa production, notamment en Afrique. Avec la relance de Kinal, le premier médicament fabriqué dans notre pays à l’aube des années 1960, avant que les années de guerre anéantissent l’industrie pharmaceutique, j’ai voulu refermer les blessures injustes infligées à notre peuple. Et dire ceci : il y a eu du bonheur sur notre terre cambodgienne et il y en aura encore si nous travaillons ensemble pour cela.
Puis, j’ai créé Confirel. « Tu es fou, Hay ! » Combien de fois me l’a-t-on dit aux débuts de cette aventure. Fou, sûrement pas. Est fou celui qui ne voit pas la richesse potentielle des ressources de nos campagnes et ne s’indigne pas de la pauvreté de celles et ceux qui y vivent. Avec de la recherche, de l’innovation, de l’imagination, nous avons commencé par valoriser le jus du palmier à sucre, l’arbre emblématique du paysage cambodgien, dont les exploitants étaient considérés jusque-là par leurs propres compatriotes comme des traîne-misère ignorants, juste bons à produire du mauvais sucre et de l’alcool frelaté. Aujourd’hui, nos produits dérivés du palmier à sucre séduisent les gourmets du monde entier et les grimpeurs qui récoltent le jus à trente mètres de hauteur vivent mieux. Avec la même philosophie appliquée à d’autres produits de la terre, Confirel se développe et plus personne ne me traite de fou. On m’invite même dans les colloques internationaux pour en parler.
Le bonheur du Cambodge et celui de ses paysans sont liés pour l’éternité comme les eaux du Mékong et du Tonlé Sap s’unissant dans la confluence des Quatre-Bras pour offrir à Phnom Penh l’une des plus belles preuves d’amour que la nature a donné à une ville. Voilà mon idée.
Pour bâtir le Cambodge dont je rêve, à jamais à l’abri du chaos, il m’arrive de penser qu’il suffirait d’une centaine d’entrepreneurs inspirés par ces valeurs auxquelles je crois, même si le chemin reste semé d’embûches. Mais dans les désordres d’un pays en reconstruction s’épanouissent plus facilement les affairistes pressés, les opportunistes qui n’ont que faire de l’intérêt collectif et pour qui la nature comme les hommes doivent s’effacer et se soumettre quand passe le dieu dollar.
Le danger guette encore.
Enfant, j’étais indépendant d’esprit. Je le suis resté. Et je n’écris pas ce livre aujourd’hui pour me présenter comme un modèle aux yeux de mes enfants ou de quiconque. Chacun doit tracer son sillon comme je l’ai fait.
Dans leur folie paranoïaque, les extrémistes polpotistes ont commis un crime impardonnable que le Cambodge paie encore aujourd’hui. Ils ont liquidé les intellectuels, cherché à effacer toute trace de savoir, de science, de culture. Notre tradition orale rend encore plus difficile la constitution et l’enrichissement d’une mémoire collective dont tous les peuples ont besoin.
J’écris ce livre pour contribuer à cette belle encyclopédie vivante que nous incarnons tous ensemble, et pour dire : voilà quel a été mon chemin pour participer à la renaissance du Cambodge, voilà ce que le citoyen du monde que je suis a fait pour le bien commun.
Je noircis ces pages pour que les jeunes Cambodgiens trouvent matière à enrichir leur réflexion sur notre pays, ce qu’il a été et celui qu’ils veulent construire.
Enfin, ce livre veut dire à ceux et celles que j’ai laissés derrière moi le 30 mars 1975 pour ne plus les revoir : je ne vous ai jamais oubliés.
1 - CHI HÈ
Le Cambodge moderne et moi, nous avons fait nos premi

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