Veux-tu une nouvelle maman?
116 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Veux-tu une nouvelle maman? , livre ebook

116 pages
Français

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Description

Qui a dit que le destin était immuable ?

Nastia, petite fille châtain aux yeux noisette, est née dans la pauvreté de l’ère post-soviétique, en Russie. Elle y a vécu les sept premières années de son enfance, dans la peur, la misère et la violence, sous l’autorité d’une mère alcoolique et tyrannique.
L’histoire familiale et personnelle d’Adeline l’a très tôt amenée à envisager l’adoption, avec la difficulté supplémentaire d’entamer ces démarches en tant que célibataire. Sans capituler, elle a bataillé contre les préjugés et l’Administration pour gagner ce pari presque insensé d’adopter seule. Adeline rencontre alors Nastia. L’aventure de l’adoption entre ces deux êtres que tout aurait dû séparer commence alors.
Ce récit, elles l’ont écrit à deux, en alternance. Nastia, devenue aujourd’hui une belle jeune femme, raconte sa vie misérable à Saint-Pétersbourg, la découverte de sa mère adoptive, de l’amour et de la tendresse, dans son nouveau pays, la France.
Adeline évoque, elle, son parcours du combattant, la rencontre avec sa fille, son séjour en Russie, le bonheur de devenir mère et la souffrance de devoir accepter les révélations sur le passé cruel de Nastia.
Sous la plume de ce duo mère-fille, nous revivons le parcours intérieur accompli, mais aussi les multiples péripéties de ce qu’est l’adoption.

Un récit aux descriptions colorées, brutales et sensibles, des témoignages dramatiques, drôles, émouvants et tendres. Car Adeline et Nastia sont bien devenues « mère et fille ».

EXTRAIT

La neige. Une lumière. La nuit. Lumière verte carcérale. Le vieux réverbère de l’époque industrielle me surplombe. Les flocons tombent raides devant mes yeux dans une danse macabre, cisaillant le bleu de la nuit. Je me sens terriblement petite face à cette femme qui me regarde sans cesse. Je ne la vois pas très bien, les traits de son visage sont dévorés par la pénombre. Et qui est cet homme qui l’accompagne ? Il me fait peur...
La peur avance en moi au pas de charge, les tripes en pagaille, la bouche sèche, un goût amer sur la langue. Soudain, je sens une main qui saisit la mienne. C’est la première et l’unique fois qu’elle me prit la main. Le froid m’envahit. Des aiguilles de glace se multiplient dans mes chairs et me gèlent jusqu’à l’échine. Un froid d’éternité qui laissera son empreinte dans mon corps pour plusieurs années. Je comprends, il faut traverser la route, ombres glissantes dans les ténèbres, ruptures successives des trottoirs, nuit énigmatique. Ce passage, bien sûr, je n’en avais pas encore conscience, était la passerelle qui m’entraînait dans un autre monde, loin des murs protecteurs de l’orphelinat.

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

Un livre émouvant tant par le passé de Nastia et la volonté d'Adeline que par leur résolution d'être ensemble. - Blog The Love Book

À PROPOS DE L'AUTEUR

Nastia, devenue Hazel, se destine aux métiers de l’enseignement. Elle termine son Master 2 de Lettres Modernes à l’Université Sorbonne-Nouvelle.
Adeline Fortin est née en 1960. Après des études de décoratrice et graphiste, elle travaille actuellement comme fonctionnaire au Ministère des Finances.

Informations

Publié par
Date de parution 07 mars 2017
Nombre de lectures 11
EAN13 9782390091332
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0032€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Hazel et Adeline Fortin
Veux-tu une nouvelle maman ?
Mère-fille, histoire d'une adoption


À la mémoire de mon grand-père Georges.
Pour Chantal, Colette et Garance.


Ce livre est l’histoire d’une aventure humaine, celle de l’adoption. Mère-fille, nous avons témoigné à deux voix. Cet ouvrage met en perspective, au fil des chapitres, nos deux points de vue, nos deux ressentis face à des évènements vécus ensemble, et s’enrichit de cet échange.


CHAPITRE 1 Russie, mon enfance misérable
La neige. Une lumière. La nuit. Lumière verte carcérale. Le vieux réverbère de l’époque industrielle me surplombe. Les flocons tombent raides devant mes yeux dans une danse macabre, cisaillant le bleu de la nuit. Je me sens terriblement petite face à cette femme qui me regarde sans cesse. Je ne la vois pas très bien, les traits de son visage sont dévorés par la pénombre. Et qui est cet homme qui l’accompagne ? Il me fait peur...
La peur avance en moi au pas de charge, les tripes en pagaille, la bouche sèche, un goût amer sur la langue. Soudain, je sens une main qui saisit la mienne. C’est la première et l’unique fois qu’elle me prit la main. Le froid m’envahit. Des aiguilles de glace se multiplient dans mes chairs et me gèlent jusqu’à l’échine. Un froid d’éternité qui laissera son empreinte dans mon corps pour plusieurs années. Je comprends, il faut traverser la route, ombres glissantes dans les ténèbres, ruptures successives des trottoirs, nuit énigmatique. Ce passage, bien sûr, je n’en avais pas encore conscience, était la passerelle qui m’entraînait dans un autre monde, loin des murs protecteurs de l’orphelinat.
Sans témoin de ma petite enfance, je livre ici les éléments que les institutions administratives soviétiques ont consignés dans leur registre.
L’enfant Volkova Nastia Tarassovna née le 22 septembre 1990 à Leningrad de mère célibataire, Rina, et de père inconnu a été déposée en institution de l’âge de trois mois à trois ans à l’orphelinat n° 5 de l’arrondissement de Primorski.
Comment décrire Rina Volkova, ma mère biologique, cette femme de sinistre mémoire ? Sa vie dissolue et miséreuse avait sculpté une décennie de plus sur les traits de son visage.
C’était une femme d’une vingtaine d’années, grande et maigre. Sa tête était entourée d’une tignasse blonde décolorée laissant échapper jusqu’à la naissance de son cou quelques mèches raides couleur queue de vache. Son nez large en pied de marmite faisait saillie sur son visage. Une bouche vulgaire formée de lèvres proéminentes dont jamais n’émanait un mot tendre ou une parole gracieuse. Sa peau était recouverte la plupart du temps d’un fond de teint de mauvaise qualité qui dissimulait difficilement son épiderme tavelé, criblé de gros points noirs. Un grand front bombé cachait des yeux marron joliment dessinés et profondément enfoncés dans leur orbite. Son regard n’était jamais épris de bonté ni de douce indulgence comme celui d’une mère, il reflétait surtout la bêtise et la méchanceté. Et quand il s’attachait un moment sur moi, il était animé alors d’une dureté perçante.
Le plus souvent, elle était vêtue d’un blouson en jean noir ou bleu marine clouté, avec des épaulettes, trop grand pour elle, ce qui lui donnait une carrure qu’elle ne maîtrisait pas. Des manches de ses blousons s’échappaient de grandes mains sèches et nerveuses spécialement profilées pour donner des claques cuisantes. Une particularité cependant, l’annulaire de sa main gauche était amputé de deux phalanges, stigmate d’un règlement de compte infligé par la mafia en représailles d’un contrat non respecté.
Un pantalon moulant d’un noir délavé et des chaussures de sport blanches bas de gamme devenues gris pâle à force d’être portées finissaient de l’habiller.
Que dire de sa voix ? À vingt-cinq ans, elle avait déjà une voix de rogomme liée à l’abus d’alcool et de tabac. Cette voix rude venait accentuer la brutalité et la grossièreté générale de son caractère.
Quant à sa démarche, elle était fréquemment droite et rigide comme celle d’un soldat qui défile ou parfois encore, elle marchait comme une rebelle, les mains enfoncées dans ses poches tout en roulant des mécaniques. Pour moi, c’était le comble du ridicule.
Les rares fois où je l’ai vue rire ou même sourire, c’était sous l’emprise de quelque drogue ou alcool. Ses sourires n’étaient jamais pour moi.
Deux ans après ma naissance, Rina se maria avec Dorik, de deux ans son aîné. Dorik troqua très vite son rôle d’époux pour celui de proxénète et de tortionnaire.
Les traits fins, il était plutôt bel homme. Grand, athlétique, cheveux châtains – une allure de caïd. Son regard était impressionnant, ses yeux métalliques d’un bleu très clair me fixaient impitoyablement et je restais pétrifiée.
Ce qui m’a le plus frappée chez lui ce sont ses mains ! Des mains larges et musculeuses dont l’usage premier était d’asséner des coups secs et violents. En bourreau exemplaire, il ne se départait jamais de sa ceinture et ne renonçait jamais à en user et abuser sur mon corps dénudé.
Notre logement se réduisait à une chambre dans un appartement collectif. À l’entrée, un beau palier dont le sol était recouvert d’un magnifique tapis oriental à dominante rouge. À droite, contre le mur, un splendide téléphone orange à cadran (vestige des années 70 !) trônait sur une table basse en formica. À droite de cette table se situait la salle de bain, une pièce minuscule. Il y avait tout juste la place d’y mettre une baignoire et un lavabo. Pourtant, il faut savoir que ce logement collectif abritait quatre familles soit une douzaine de personnes !
À gauche de l’entrée, un petit couloir étroit menait à une immense cuisine peinte en vert foncé. Chaque coin de la pièce était attribué à une famille. Ce lieu comportait donc quatre cuisinières, quatre frigidaires et quatre tables de travail. Le nôtre se situait au fond de la pièce, à droite, juste à côté de la fenêtre. Le long d’un mur étaient accrochés des râteliers d’où pendaient des lames de couteaux longues et pointues. Ces objets, pour moi immenses, me terrorisaient.
Dans le corridor qui menait aux cuisines se trouvait une pièce exigüe encastrée dans le mur, c’était les toilettes. Ce lieu était sombre et sans fenêtre, et lorsque les adultes étaient assis sur la cuvette, leurs genoux frôlaient la porte. Des morceaux de papier journal découpés faisaient office de papier toilette. Leur découpage était une tâche qui m’était attribuée.
Un peu plus loin se trouvait l’espace réservé à notre « famille ». Il se réduisait à une seule pièce, la chambre. Elle était non cloisonnée et multifonctionnelle. Elle pouvait être tour à tour un salon, une salle à manger et une chambre à coucher.
La porte était imposante, alourdie par les nombreux verrous dont elle était sertie. J’avais interdiction de la toucher et les verrous fermés étaient de toute façon inaccessibles à ma petite taille.
Une grande fenêtre y faisait face et baignait cette pièce d’une large lumière. Clarté qui disparut quand les vitres de la fenêtre furent brisées par des copains ivres mort de Rina. En effet, pour signaler leur présence dans la rue, ils avaient pour habitude idiote d’envoyer des cailloux contre la vitre. Et cette fois le caillou trop gros et lancé trop fort fut fatal.
Sans doute par manque de moyens, mais surtout par peur de venir chez nous, le vitrier ne passa jamais. On substitua alors à ces vitres manquantes une lourde couverture noire qui occulta la lumière. En se penchant par la fenêtre, on pouvait voir l’amoncellement de toutes les poubelles des résidents de l’immeuble qui, par temps chaud, empestaient la poiscaille. En levant les yeux, on distinguait à une dizaine de mètres les nombreux faisceaux de rails qui, si on les suivait du regard, allaient mourir vers la gare de triage au bout de notre rue.
Le mobilier minimaliste de la chambre était constitué d’un lit gigogne, d’un lit deux places, d’une armoire et d’une grande table ronde qui occupait une bonne moitié de l’espace disponible.
Le plafond était maculé de nombreuses taches de moisissures toutes plus origina

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