L oeil et le théâtre
258 pages
Français

L'oeil et le théâtre , livre ebook

258 pages
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Description

Le présent ouvrage réunit des contributions de chercheurs d'horizons variés, permettant de croiser les approches des études visuelles et celles des études théâtrales.

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Informations

Publié par
Date de parution 08 septembre 2017
Nombre de lectures 22
EAN13 9782806109088
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’œil et le théâtre e La question du regard au tournant des XIX et e XX siècles sur les scènes européennesÉtudes théâtrales et études visuelles – Approches croisées
Florence Baillet Patrick Désile Ulrike Haß Alexander Jackob Nic Leonhardt Pierre Longuenesse Mireille Losco-Lena Sophie Lucet Ariane Martinez Anne Pellois Romain Piana Kati Röttger Arnaud Rykner Stéphane Tralongo
Sous la direction deFlorence Baillet, Mireille Losco-Lenaet Arnaud Rykner
ÉTUDES THÉÂTRALES
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Centre d’études théâtrales Université catholique de Louvain
Études théâtrales
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La revue est publiée avec le concours de la Fédération Wallonie-Bruxelles-Service du Théâtre et de la Fondation universitaire de Belgique
La publication de ce volume a reçu le soutien de l’IRET, du CEREG, de l’ENSATT, de PASSAGES XX-XXI et de la Région Ile-de-France.
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PASS AGES XX-XXI
Rédactrice en chef : Véronique Lemaire
Directeur scientique : Jonathan Châtel
Comité de rédaction : Jean-Louis Besson, Jonathan Châtel, Michel Desmarets, Ariane Joachimowicz, Véronique Lemaire, Daniel Lesage, Catherine Naugrette, Pierre Piret, Jean-Pierre Sarrazac, Emmanuel Wallon
Comité scientique : Knut Ove Arntzen (Université de Bergen), Georges Banu (professeur émérite de l’Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3 et de l’Université catholique de Louvain), Carles Batlle (Institut du théâtre et Université Autonome de Barcelone), Joseph Danan (Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3), Helga Finter (Université Justus-Liebig de Giessen), Jean Flo-rence (professeur émérite de l’Université catholique de Louvain)
ÉtudesthÉâtralesest une publication du Centre d’études théâtrales (Faculté de Philosophie, Arts et lettres) de l’Université catholique de Louvain Prix de l’abonnement 2016 (2 numéros) Belgique et France : 35 € (particuliers) Export : 42 € Prix de ce numéro : 25,50 €
Adresse : Centre d’études théâtrales, Place de l’Hocaille, 4 1348 Louvain-la-Neuve – Belgique Rédaction : veronique.lemaire@uclouvain.be
Diffusion : www.editions-harmattan.fr
L’œil et le théâtre La question du regard au tournant e e des XIX et XX siècles sur les scènes européennes Études théâtrales et études visuelles – Approches croisées
Sous la direction de Florence Baillet, Mireille Losco-Lena et Arnaud Rykner
Remerciements
Cet ouvrage est issu d’un colloque international qui a été organisé dans le cadre du CEREG (Centre d’études et de recherches sur l’espace germanophone – Équipe d’ac-cueil 4223) et de l’IRET (Institut de recherches en études théâtrales – Équipe d’ac-cueil 3959) de l’Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3, ainsi que de l’ENSATT (École Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre) et de Passages XX-XXI (Équipe d’accueil 4160) de l’Université Lumière Lyon 2, avec en outre le soutien de la région Ile-de-France. Cette manifestation scientiîque s’est tenue du 9 au 11 avril 2015 à la Maison Heinrich Heine de la Cité internationale universitaire, au Théâtre de l’Odéon et à l’Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3. Nous tenons à remercier toutes les institutions sus-mentionnées, de même que les interprètes, Christa Vahsen, Colette Laplace et Birgit Schramme, qui ont assuré la traduction en simultané du colloque, et Sarah Neelsen qui a assuré la traduction de trois contributions du présent ouvrage. Tous nos remerciements vont également à la revue Études théâtrales de l’Université catholique de Louvain, qui accueille cette publication.
ISSN : 0778-8738
© Academia-L’Harmattan s.a. Grand’Place, 29 B-1348 Louvain-la-Neuve
ISBN : 978-2-8061-0351-2
Tous droits de reproduction, d’adaptation ou de traduction, par quelque procédé que ce soit, réservés pour tous pays sans l’autorisation de l’éditeur ou de ses ayants droit.
www.editions-academia.be
Sommaire
Florence Baillet, Mireille Losco-Lena, Arnaud Rykner Introduction
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I. Nouveaux dispositifs et nouvelles modalités du regard e au XIX siècle
Ulrike Haß ................................................................................... 17 Sortie du panoptique – Déploiement de l’opsis17et crise de la visibilité
Stéphane Tralongo ....................................................................... 28 Des passages aux cinémas Le music-hall comme espace de mobilité 28
Nic Leonhardt.............................................................................. 41 Entrer dans l’image par le regard : stéréoscopie et théâtre 41
II. Le regard intériorisé : rêve, apparition, fantasmagorie
Arnaud Rykner............................................................................. 55 Traversées du regard : toiles métalliques, rideaux de gaze, rayons X et autres écrans n-de-siècle 55
Longuenesse Pierre ..................................................................... 79 Le « regard aveugle » dans le théâtre de W. B. Yeats 79
Sophie Lucet ................................................................................ 94 Les Fantômes de la Révolution, ou les leurres du grand spectacle 94
III. Le regard « corporalisé » : affect, symptôme et retour du refoulé
Kati Röttger.................................................................................113 Pathogenèse du regard et genèse du pathos dans le mélodrame e du XIX siècle 113
Florence Baillet.......................................................................... 135 Velours, peau et peluche : le toucher des yeux en scène à la ne du XIX siècle 135
Mireille Losco-Lena................................................................... 147 L’œil clinique de la mise en scène moderne 147
Anne Pellois ............................................................................... 159 Donner à voir le fond de l’âme : les fonctions de l’œil dans la pratique du jeu de l’acteur à la ne du XIX siècle 159
IV. Congurations et recongurations du regard :exhibition, jeu avec les limites, montage dynamique
Patrick Désile............................................................................. 177 Pornographies Un nouveau régime de visibilité, 1893-1913 177
Romain Piana ............................................................................ 189 « Paris-voyeur » : les dispositifs spectaculaires érotiques dans la revue 189
Ariane Martinez ..........................................................................211 Dérouter le regard : les frères Hanlon ou l’art de l’explosion 211
Alexander Jackob ....................................................................... 227 L’Atlas Mnémosyned’Aby Warburg et l’héritage du regard du spectateur de théâtre 227
V. Bibliographie sélective
Bibliographie sélective
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Florence Baillet, Mireille Losco-Lena, Arnaud Rykner
Introduction
« pouLssée du regard » : une profusion de visualités se déploie sur les scènes, avec un e e ethÉâtreautournantdesXIXetXXsIèclesse caractérise par une 1 goût prononcé pour les effets spectaculaires, dans les pièces représentées comme dans les spectacles, lesquels relèvent par ailleurs d’une grande variété de formes 2 (revues, opérettes, féeries, pantomimes, cirque, etc. ). Ce phénomène s’observe à l’échelle européenne, notamment dans les grandes villes et en particulier dans les 3 capitales, Paris, Londres, Berlin, Vienne, entre autres , qui se caractérisent par une effervescence du « voir », au sein des théâtres tout comme dans l’environnement de ces derniers, si l’on songe, par exemple, aux vitrines des grands magasins de plus en plus nombreux, aux journaux illustrés ou encore aux Expositions universelles. L’année 1895, qui consacre l’avènement à la fois de l’image-mouvement, avec l’émergence du cinéma, et celui de l’imagerie médicale, grâce à la découverte des 4 rayons X par Röntgen , paraît à cet égard emblématique de telles évolutions, même e 5 si ces dernières afeurent déjà dès le début duXIXsiècle .
e e Analyser le tournant des XIX et XX siècles sur les scènes européennes
Plutôt que de relever simplement, ainsi que nous venons de l’esquisser, les diffé-rentes manifestations d’une accentuation croissante de la dimension visuelle sur les scènes européennes, le présent ouvrage se propose de déplacer la perspective : nous souhaitons considérer que la « poussée du regard » qui affecte le théâtre européen e e e au XIX siècle, et dont le tournant des XIX et XX siècles constitue un climax, se manifeste non seulement par l’hypertrophie du visuel, par un changement quan-titatif relatif au nombre des images et au développement du spectaculaire, mais aussi par des mutations qualitatives et par l’émergence d’autres façons de regarder. Autrement dit, « non seulement les gens voient plus qu’avant, mais ils voient égale-6 ment d’une autre manière ou bien l’on voit leur vision d’une autre manière » . Dans e L’Art de l’observateur – Vision et modernité au XIX siècle, ouvrage qui fait désormais partie des « classiques » des études visuelles, Jonathan Crary montre ainsi com-e ment, au cours du XIX siècle, la vision change de paradigme : elle n’aurait plus rien d’une contemplation désincarnée, elle ne serait plus conçue à la manière d’un
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« système optique neutre se contentant de transmettre des impressions » mais s’an-crerait désormais dans la subjectivité physique de l’observateur, nécessitant la prise 7 en compte de sa « densité charnelle » . On se demandera alors dans quelle mesure e de nouvelles modalités du regard émergent au XIX siècle, dont l’art théâtral – dans ce qu’il donne à voir ou non sur la scène, dans la manière dont il noue le dicible et le visible – constitue un lieu privilégié à la fois de développement, d’observation et de questionnement.
e e Les scènes au tournant des XIX et XX siècles se caractérisent en outre par des phénomènes de contagion et d’hybridation qui sont à appréhender non seulement dans le cadre des arts du spectacle mais plus généralement en les resituant au sein de la culture visuelle de l’époque. On peut songer, par exemple, aux gestes hystériques e qui établissent des ponts, à la n duXIX siècle, entre sciences médicales et spectacles vivants : surgissent alors, dans les pantomimes et sur les scènes des cafés-concerts, puis au cinéma, dans les premiers lms burlesques, « un nouveau répertoire de mou-vement, gestes et grimaces », une gestuelle en zigzag, gure de la dislocation et du démembrement, qui ne sont pas sans rappeler les mouvements gesticulatoires des 8 femmes hystériques dans l’amphithéâtre de la Salpêtrière. An d’analyser de pareilles contaminations et interactions entre différentes expériences du regard, il paraît par conséquent nécessaire de (ré)insérer l’art théâtral dans le contexte de cette même culture visuelle des grandes villes européennes, en la prenant en compte dans sa glo-balité et son hétérogénéité, y compris dans ses formes dites « populaires » ou encore 9 dans ses manifestations ne relevant pasa prioridu domaine artistique .
Le théâtre, qui explore des formes multiples de sensorialité, est ainsi à relier à une histoire culturelle de la perception : il s’agit de souligner les possibles variations de cette dernière, selon les époques et les cultures, au lieu de l’appréhender comme 10 une donnée d’emblée constituée . Mettre de la sorte l’accent sur le sensible permet alors d’aborder autrement l’art théâtral, sans chercher avant tout à lui assigner une signication, et d’en reconsidérer des aspects longtemps négligés, voire parfois mé-prisés dans la mesure où ils relèvent d’une dimension sensorielle souvent assimilée, notamment dans le cas de la vue, à une pure consommation de spectacles par un e spectateur jugé dès lors plus ou moins décervelé. À la n ducelui-ci aXIX siècle, en effet été fréquemment réduit, en particulier par la critique de l’époque et parfois 11 jusqu’à aujourd’hui, à quelque « œil vide, exorbité, déculturé, ahuri » , là où une dimension sensible est à l’œuvre, qui est aussi à prendre en compte.
Le présent volume se propose par conséquent de faire fructier les échanges entre études théâtrales et études visuelles, tout en adoptant de surcroît une posture réexive permettant d’interroger, sur le plan théorique, leurs apports et leurs posi-e e tionnements respectifs. Le tournant des XIX et XX siècles nous paraît constituer à cet égard un moment privilégié dans la profusion des visualités scéniques, dans l’apparition de nouvelles images ainsi que dans la prise de conscience des potentiels expérientiels qu’offre la relation de l’œil au champ du visible – et de l’invisible. Un l e pourra d’ailleurs, sur certains points, être tiré du XIX siècle jusqu’aux arts du spec-tacle immédiatement contemporains : dans quelle mesure les pratiques scéniques d’aujourd’hui, particulièrement habitées par la question visuelle, démultipliant les images sur la scène et interrogeant le regard du spectateur (y compris par le biais
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de dispositifs immersifs), se font-elles les héritières de cette « poussée du regard » survenue il y a maintenant plus d’un siècle ? Cette question, qui est ici abordée de façon essentiellement incidente, mériterait d’être prolongée ultérieurement, dans une optique théorique similaire.
Études visuelles et études théâtrales
Les études visuelles, qui se sont développées tout particulièrement depuis la e n duse sont de fait déjà penchées sur le regard dans ses différentesXX siècle, dimensions, offrant des pistes et des matériaux qui méritent d’être croisés avec les approches des études théâtrales, an de pratiquer un décloisonnement productif. Il est vrai que, dans l’histoire des disciplines intellectuelles et des champs de recherche universitaires (qui sont loin de coïncider avec l’histoire des œuvres proprement dites), études théâtrales et études visuelles ont toutes deux le privilège d’une rela-tive jeunesse. En ce qui concerne les études théâtrales, il peut être utile de rappeler qu’en France, elles ne commencent à se constituer en champ disciplinaire reconnu 12 qu’à partir de la toute n des années 1950, quand Jacques Scherer crée, au sein de la Sorbonne, l’Institut d’Études théâtrales, qui sera la première Unité de Formation et de Recherche (UFR) de la future université Paris III Sorbonne Nouvelle, au mo-ment de la division de l’université de Paris en treize entités distinctes, en 1970. Mais au-delà de cette histoire institutionnelle, il faut surtout rappeler que, si la discipline s’est constituée en se séparant des études littéraires, elle n’en a pas moins commencé par récupérer l’héritage global de la linguistique dans l’élaboration des sciences hu-maines. Même quand le théâtre est enn pris en compte dans sa spécicité et avec la dimension particulière que lui confère la représentation scénique, il est d’abord pensé à partir d’un modèle textuel, en ces années d’expansion du structuralisme – ce qui n’est pas le moindre des paradoxes pour l’étude d’un art qui va au même mo-ment revendiquer la n du texto-centrisme. Cela explique en partie, au moins dans le contexte français, que les études théâtrales se soient d’abord nourries d’un corpus théorique qui a pris nalement assez peu en compte les caractéristiques propres au theatron. D’un côté Roland Barthes a rappelé très justement que le théâtre était « le 13 lieu d’où l’on voit » ; de l’autre les grands théoriciens de la discipline ont insisté 14 particulièrement sur ce que la sémiologie théâtrale devait au modèle linguistique . Certes, la « théâtrologie », dans son ensemble, a été évidemment très tôt sensible aux conditions matérielles de la représentation, qu’il s’agisse de la mise en scène proprement dite, de la scénographie et des éclairages ou du jeu d’acteur. Mais une certaine approche des régimes de visibilité dans lesquels s’inscrivait la représenta-tion théâtrale n’en a pas moins été d’abord largement sacriée, exactement au même 15 titre que le furent les divers régimes d’écoute pourtant intrinsèques à cet art . De la même façon et selon un processus nalement parallèle, si l’éclosion dessound studiescontribue à l’évolution contemporaine de l’intérêt pour le sonore au théâtre, l’arri-vée desvisual studiesdans le champ des études universitaires, d’abord américaines et allemandes, offre de réelles opportunités de renouveler l’étude du théâtre, à la fois à partir de sa « visibilité » propre, irréductible à une simple « lisibilité », et à partir de la nouvelle démarche que proposent les études visuelles. Il y aurait en effet des spécicités de la dimension visuelle – une sorte de logique de l’image – qui, si l’on
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