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Description
Sujets
Informations
Publié par | L'Harmattan |
Date de parution | 01 novembre 2009 |
Nombre de lectures | 315 |
EAN13 | 9782296684706 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
La Bataille Navale
Du même auteur
L’Illustre Génération , Paris, Éditions L’Harmattan, 2003, trad. de Fabrice Schurmans.
Titre original de l’ouvrage en portugais : A Batalha Naval
(Lisboa INCM, Teatro Completo , vol. I, 1997)
© Jaime Salazar Sampaio
© L’Harmattan, 2009
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-10003-9
EAN : 9782296100039
Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Jaime Salazar S AMPAIO
La Bataille Navale
Traduction du portugais (revue par l’auteur),
notes et dossier
de Fabrice S CHURMANS
Publié avec l’aide de la Société Portugaise des Auteurs
L’Harmattan
Théâtre des 5 Continents
Collection dirigée par Kazem Shahryari
et Robert Poudérou
Dernières parutions
227 – Thierry MICHAËLIAN, La manipulation , 2009.
226 – Jacques MONDOLONI, L’étoffe des femmes , 2009.
225 – Pierre CASSARD, Raguse an 01, 2009.
224 – Hugues BERNARD, Nouvel arrivage , 2009.
223 – Benjamin OPPERT, Entre père et maire , 2009.
222 – Essindi MINDJA, Le Mvet : La Guerre du fer , 2009.
221 – Nazly SADEGHI, Spenta , 2009.
220 – Danielle DUMAS, Ce héros au sourire si doux , 2009.
219 – Mohamed BOUNOUARA, La Machine à aigrir , 2009.
218 – Thais COUSIGNE, Pêle-mêle de sentiments , 2008.
217 – Nicolas NERCAM (textes réunis par), Théâtre bengali moderne , Quatre pièces de Dinabandhu Mitra, Rabindranath Tagore, Badal Sircar et Utpal Dutta , 2008.
216 – Jean-Luc JEENER, La tragédie de Gilles de Rais. Pièce en 18 tableaux , 2008.
215 – Henri Michel BOCCARA, Trois pièces closes , 2008.
214 – Carlotta CLERICI, Le Grand Fleuve. Comédie de mœurs en quatre saisons , 2008.
213 – Clément DILI PALAI, Foyer de tensions , 2008.
212 – Solo NIARÉ, La Tirelire de maman , 2008.
211 – Pierre GROU, Les tribulations de Scapin , 2008.
210 – Solo NIARÉ, Le Temps d’un mensonge , 2008.
209 – Jean-Pierre TOUBLAN et Zémanel, Le Graal du cochon. Tragédie porcine , 2008.
208 – Gérald GRUHN, (La Belle et la Bête) Chapitre 1704, 2008.
207 – Bruno GALLISA, Le bruit du silence , 2008.
206 – Nordine MEGHASLI, Une valise dans la tête , 2007.
205 – Thérèse Aouad BASBOUS, Comme un oiseau sur son vélo , 2007.
204 – Celeste Florian et R. Alexandre de l’Ambre, Neige d’été , 2007.
203 – Charles BELINGA B’ENO, Le Pacte, 2007.
PERSONNAGES
João, 40-45 ans
José, 40-45 ans
Conceição, un peu plus de 20 ans
Raul (fiancé de Conceiç ã o ), près de 30 ans
ACTE PREMIER
Le décor représente la partie d’une île où est établi un campement rudimentaire. Il y a des caisses de tailles différentes disséminées sur la scène. Deux personnages (Jo ã o et José) âgés d’environ 40-45 ans. Ils sont tous les deux en bras de chemise, la mise négligée. Jo ã o est à moitié couché, les jambes étendues et cachées par une couverture. José est assis sur une caisse, à une certaine distance de Jo ã o. Chacun a un carnet de notes et un crayon. Ils jouent à la « Bataille Navale. » Jo ã o annonce les tirs et prend note des résultats rapidement. José, au contraire, fait des pauses considérables avant d’annoncer un tir. On doit donner l’impression que la partie a déjà commencé avant le lever de rideau. Lumière intense indiquant le début d’un après-midi lumineux.
Jo ã o (jouant rapidement , avec une espèce de rage contenue)
Rien. 2A, 3B, 4C.
José
Rien ! (Longue pause .) 6H… 3H… 1D…
João
Rien…
José (l’interrompant)
Rien ?…
João
Rien de rien. (Toujours rapide .) 2B, 3C, 4D.
José
Quoi ?
João (répétant la suite plus lentement)
2B, 3C, 4D.
José
… Rien… (Longue pause. On dirait qu’il va annoncer une nouvelle suite , il change d’idée, reposant le crayon .) Tu sais ces derniers temps… Je me suis mis à penser…
João ( coupant )
Joue !
José
J’ai pensé qu’au lieu de jouer à la « Bataille Navale », nous pourrions faire autre chose…
João (indiquant la couverture qui lui couvre les jambes)
Pour les sports violents, ne compte pas sur moi… (L’incitant à reprendre le jeu .) Allez !…
José ( continuant son idée)
Je veux dire : nous pourrions faire quelque chose… par exemple… pour l’Humanité…
João ( ironique)
Sur une île déserte ?… ( Subitement sérieux.) Joue mon vieux, c’est ton tour…
José (ton absent)
5A… 6A… (Longueb pause.)
João (impatient)
5A, 6A… et quoi ?
José (posant résolument le crayon)
Nous sommes des hommes. Un beau jour, nous mourrons. Entre-temps, nous pourrions faire quelque chose pour l’Humanité…
João (Jetant le crayon par terre)
Voilà ! T’as tout gâché ! Jeu interrompu, jeu foutu !
José (inspiré)
On ouvrirait cette porte-là. (Il indique vaguement le fond.) On sortirait dans la rue… on arriverait Place de la République et on crierait…
João (l’interrompant, ironique)
Vive la République !… C’est ça ?
José
Ce serait un début…
João
Ça oui… On arriverait sur la place, on crierait : « Vive la République ! », et on se ferait arrêter… Qu’est-ce que ton Humanité y gagnerait, José ?
José
Toujours quelque chose…
João
Et nous, mon petit José ?…
José (avec fierté)
On jouerait à la « Bataille Navale » en prison… mais on gagnerait aussi…
João
Un mois de cachot ! Merci bien. (José va protester , mais Jo ã o ne lui en laisse pas le temps.) Dis-moi : si on finit en fin de compte par jouer à la « Bataille Navale » en taule, ce ne serait pas mieux de continuer notre partie… ici même… tranquillement… sans plus d’embêtements ? José va de nouveau protester , cependant moins vigoureusement qu’il y a peu , mais il est une nouvelle fois interrompu par Jo ã o qui dit sèchement :) Laisse-moi voir mon crayon, s’il te plaît.
(José se lève, l’air absent. Il ramasse le crayon de Jo ã o, le lui rend et retourne s’asseoir à sa place.)
João (reprenant le jeu)
5A, 6A… et quoi ?
José (entre les dents , ton distrait)
7A.
João (inscrivant le tir de José)
5A, 6A, 7A. Rien !
José ( absent )
Rien ? (S’animant progressivement.) Et cependant… il suffirait d’ouvrir cette porte-là…
João
Merde !
José
… On ouvrirait cette porte-là, on traverserait la rue, on arriverait à une place…
João
Encore une fois ?
José
« Vive la République », on crierait. Et l’Humanité…
João (irrite)
L’Humanité n’est pas la République, tu mets tout dans le même sac !
José (après un moment de réflexion)
Alors qui est l’Humanité ?
João
Ça c’est ton truc… C’est toi qui connais ces choses-là…
José (se levant, de nouveau excité)
On est arrivés à une place où il y avait beaucoup d’hommes…
João (moqueur)
Et pas de femmes ?
José (convaincu)
Des hommes et des femmes, João… Des hommes et des femmes…
João ( toujours ironique)
Peut-être que c’était un bal…
José
Il y avait des hommes. Il y avait des femmes… Et les gens disaient…
João ( chantonnant sur le ton de la brimade)
Vive la République-e-e-e-e !
José
Mais sérieusement… ( Impétueux .) Tout était sérieux !…
João ( haussant les épaules)
Tu sais quoi ?… J’ai faim.
José ( continuant, comme s’il n’avait pas entendu)
Dans les yeux des hommes… dans les yeux des femmes…
João ( coupant )
Quelle heure il