Voici un texte inédit de l'auteur du célèbre roman Les soleils des Indépendances, un texte qui porte la verve et la finesse de l'écriture de ce grand romancier. Le diseur de vérité est à ce jour l'unique pièce théâtrale écrite par Ahmadou Kourouma.
Ahmadou Kourouma est né à Boundiali au nord de la Côte d’Ivoire, en 1927. Il a fait ses études primaires et secondaires en Côte d’Ivoire et au Mali où, à la suite d’une contestation d’étudiants, il perd son sursis et est mobilisé. Il est sommé de participer en 1950 aux opérations de maintien de l’ordre en Côte d’Ivoire et est envoyé, à la suite de son refus d’obtempérer, en Indochine, dans le corps des tirailleurs sénégalais où il restera de 1951 à 1954. De 1956 à 1960 Kourouma fait des études universitaires à Paris et à Lyon où il obtient le diplôme d’actuaire de l’université de Lyon.
Il a exercé son emploi d’actuaire en France et en Côte d’Ivoire. En Côte d’Ivoire, le gouvernement invente un complot. Il est impliqué, emprisonné puis relâché et expulsé en Algérie. Ses amis sont retenus et affreusement torturés. Il écrit pour les défendre. Ces écrits donneront Les Soleils des indépendances, son premier roman, qui obtient trois prix : le prix de la francité au Canada ; le prix de la Fondation Maillé Latour Landry de l’Académie Française et un prix de l’Académie royale Belge. Il rentre d’Algérie pour la Côte d’Ivoire en 1974 . Le pays est soumis au parti unique, à l’arbitraire et aux mensonges. Kourouma écrit une pièce de théâtre intituléeLe Diseur de vérité. Cette pièce lui vaut un nouvel exil. Ce sera cette fois pour 20 ans.
De 1975 à 1983, il est directeur général de l’Institut international des assurances de Yaoundé et chargé de la formation des cadres des industries d’assurances des pays africains francophones. De 1984 à 1993, il est directeur général de la CICARE, compagnie de réassurance dont le siège est à Lomé au Togo. Pendant son séjour au Cameroun et au Togo, Kourouma a pensé qu’on parlait des grands crimes contre l’humanité -comme le stalinisme, l’hitlérisme - presque jamais de la colonisation. Il écrit son deuxième roman sur les crimes de la colonisation pour suppléer à ce manque ;Monnè, outrages et défisobtient trois prix . En France le prix des Nouveaux droits de l’homme, en Suisse le prix spécial du Conseil international des radios, télévisions d’expression française (CIRTEF) et en Afrique le Grand prix de l’Afrique noire. La guerre froide a fait de l’Afrique le paradis des dictatures les plus ubuesques et les plus sanguinaires. Kourouma les évoque dans le romanEn attendant le vote des bêtes sauvages. Ce livre présente également la confrérie traditionnelle des chasseurs africains.
En retraite à Abidjan, en Côte d’Ivoire, depuis 1994, Kourouma est marié et père de quatre enfants.
«e pas mettre quelque chose dans tous les sacs taillés par l’esprit . »