Les prédateurs
61 pages
Français

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Les prédateurs , livre ebook

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Description

Les Prédateurs sont le fruit de la passion des auteurs pour tout ce qui touche à la vie de nos sociétés dites développées, mais qui ont une fâcheuse tendance à dérailler, comme l'a de nouveau montré la crise économique et financière récente.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2010
Nombre de lectures 298
EAN13 9782336279688
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0424€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Lucernaire – L’Harmattan
Directeurs de collection :
Philippe Person et Denis Rolland
Cette collection publie les œuvres programmées au théâtre du Lucernaire.
Déjà parus
Marie-Élisabeth CORNET, Laurent DUBOST, Samuel LÉGITIMUS, Attila, reine des Belges ou l’Odyssée d’une mère, 2010.
Martine THINIERES, Les Mauvaises , 2010.
Alexandre DUMAS, Cie de l’Ange d’Or, Les Mohicans de Paris (adaptation pour le théâtre de Patrick Chevalier), 2010.
Laurence FEVRIER, Suzanne. Une femme remarquable , 2009.
Nic MAZODIER, méli-mélo-drames , 2009.
Vincent COLIN (adaptation du roman de Franz KAFKA), Amerika, 2009.
Hervé DEVOLDER, Jupe courte et conséquences , 2008.
Jacques HADJADJE, Adèle a ses raisons , 2007.
Les prédateurs

Patrick Chevalier
Ismaïl Safwan
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296124684
EAN : 9782296124684
Sommaire
Lucernaire – L’Harmattan Page de titre Page de Copyright Epigraphe Préface PERSONNAGES 1. Le prédateur (1) 2. L’amateur d’art (1) 3. L’ingénieur “Quant” 4. Ted Noway 5. L’escroc 6. Le prédateur (2) 7. L’amateur d’art (2) 8. Le trader 9. Milton Freakman 10. Le prédateur (3) 11. L’amateur d’art (3) 12. Épilogue
Nous devons beaucoup à de très utiles contributions d’experts en science économique. Nous les avons lus avec attention. Leur pensée peut se retrouver ici ou là dans cet essai théâtral, qu’ils en soient chaleureusement remerciés. Notre reconnaissance ira en particulier à Naomi Klein, Joseph Stiglitz, Daniel Cohen, Bernard Maris, Philippe Labarde, Jean Montaldo, Jordan Belfort, ainsi qu’aux journalistes du Monde et du Monde Diplomatique qui ont à leur manière contribué à enrichir le discours et les traits de nos personnages, tous fictifs, bien entendu !
Patrick Chevalier, Ismaïl Safwan
Préface
Les joies du cynisme
Philippe Choulet 1
«Oui, j’étais votre parasite; je parle maintenant la langue du nihilisme.» (Dostoïevski, Les Possédés )

Ne vous y fiez pas, ne vous réjouissez pas trop vite : « la pièce qu’ils vont avoir le plaisir de jouer devant vous » n’en est pas une, ou si peu… Elle est juste un décalque de la réalité, elle est faite de morceaux prélevés sur les processus réels, de moments extraits du continuum financier, du mouvement perpétuel spéculatif et capitalistique qui nous occupe (« nous occupe » : au sens militaire du terme…).

C’est une rareté, de voir des auteurs de théâtre jouer les prédateurs à leur tour, afin de mimer les conduites des s a igneurs qui nous dominent. D’habitude, l’auteur de théâtre brode, invente, caricature, grossit, réduit — on pense à Grand’peur et Misère du III e Reich , de Brecht — pour composer une « illusion comique », afin d’introduire le spectateur dans un autre réel, dans un autre jeu, dans une autre mise en scène, et même pour plaire et divertir, malgré la tragédie, la cruauté, le côté affreux de la chose… Pour la caricature du Capital, on a un modèle télévisuel, Les Guignols de l’info … Mais ici le degré d’idéalisation est réduit au plus sec : parce que la réalité dépasse la fiction, elle en tient lieu, nonobstant le fait qu’il s’agit, tout de même, de théâtre. Nos auteurs ne font que re-produire, citer, répéter le discours, le geste, la posture.

« A quoi bon, alors », dira-t-on ? Le théâtre a-t-il encore un sens s’il n’est qu’une reproduction du discours dominant ? Il n’y a qu’à lire les journaux (à condition de voir dans la Presse un reflet fidèle de la réalité…). Et ça sert à quoi, de lire les journaux, si c’est pour se rendre encore plus insensible, à force d’habitude et de répétition. Mais là est l’illusion, et là est la ruse, justement : la « réalité » que le théâtre s’efforce de restituer ici est déjà de la fiction, déjà une construction mentale, un récit, des « histoires ». C’est même déjà du théâtre, et quel ! Le plus cruel, le plus vain, le plus ridicule des théâtres de la cruauté (et, hélas, le ridicule ne tue plus…). Mais surtout, cette pièce pratique la citation, et cette répétition interroge notre insensibilité nouvelle, notre dureté de cœur, notre mentalité bien cuite, notre cuistrerie revenue de tout.

Voilà l’intérêt de cette pièce : elle dit la dimension schizophrénique (c’est sûrement une insulte pour les schizos, pardon…), ou simplement abstraite de la réalité dominante de l’argent, de la finance (« la finance, ce mot d’esclave », disait Rousseau), de la spéculation (quel curieux mot, qui dit en même temps la perversité du jeu et la contemplation sublime des Idées…), de la mathématique (enfin, d’une technique mathématique, dont les matrices engendrent des monstres, rançon du sommeil de la raison comme pensée des principes premiers, des valeurs fondamentales et des fins dernières de l’humanité…), et, plus matériellement, elle dit aussi l’exploitation des hommes par les hommes, des végétaux et des animaux par les hommes et la destruction systématique des ressources naturelles (« après moi le déluge »…). Le Capital a toujours été «machine à pressurer », comme un percolateur.

La pièce dit. Elle prononce, elle parle, elle nomme, elle montre, elle répète, elle expose, jusqu’à l’obscénité. C’est sans attrait, sans fioriture, sans ornement, pas de vers (sauf ceux de la pourriture d’un monde), juste de la prose, et encore, c’est la prose de l’immonde. Ou d’un pseudo-monde, qui ne trompe plus guère le sien. Et si l’on entend bien, de prose, il en est aussi question, pour les Grecs… mais on va m’accuser d’avoir mauvais esprit.

Cet émondage du poétique, c’est sans doute exactement et seulement ce que « mérite » le cynisme de la prédation. L’idéaliser par l’ironie ou l’humour, par la distance et la construction savante de la fable, c’est déjà le rendre acceptable, c’est en faire un spectacle, c’est jouer son jeu — le capitalisme récupère tout, absolument tout. La duplication que constitue cette pièce réduit la marge de jeu : pas facile à récupérer, le miroir manque de puissance de déformation. Pour la séduction, on repassera. La sidération agit : pareil montage est bien réel — même un Dieu, même la Nature n’auraient pu l’inventer. L’appétit humain, si.

Nous disions plus haut qu’il fallait de l’estomac et du courage pour oser cet exposé de la violence financière. Il en faut, car comme y insistent les auteurs, il y a un absent, c’est le sujet de l’empathie. Il n’y a plus qu’un plateau de la balance : le « bon », la victime, l’opposant, le résistant, tous ceux-là ont disparu. Les proies sont hors champ : même Madame Canales à qui Ted Noway veut vendre son crédit (

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