Séliko, ou Le petit nègre suivi de Les habitants des Landes
186 pages
Français

Séliko, ou Le petit nègre suivi de Les habitants des Landes , livre ebook

186 pages
Français

Description

Avec Les Habitants des Landes (1811) et Séliko, ou Le Petit Nègre (1824), les auteurs Vanderburch et Sewrin mettent en évidence la participation de la métropole au commerce triangulaire et à la traite des Noirs qui relient l'Afrique, la France et ses colonies d'Amérique. En soulignant l'altérité et la marginalité de leurs personnages noirs, les deux dramaturges trouvent aussi le moyen de dénoncer l'inégalité des races et soulignent l'humanité des Noirs.

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Date de parution 01 juin 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782140092466
Langue Français
Poids de l'ouvrage 20 Mo

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Extrait

auteurs proliIques joués sur des scènes secondaires, mettent en
haine injustiIée, ils soulignent aussi l’humanité des Noirs. Ces
Noirs pose toujours problème.
« La jeunesse est la eur de toute une nation ; c’est dans la eur qu’il faut
« Sur cent lecteurs qui me font l’honneur de me lire aujourd’hui, pas un ne
Émile Vanderburch
SÉLIKO,OuLE PETIT NÈGRE suivi deCharles Sewrin LES HABITANTS DES LANDES accompagnésde documents inédits
AuTREMENTPMÊseMntEaStion de Barbara T. Cooper
SÉLIKO, ou LE PETIT NÈGRE suivi de LES HABITANTS DES LANDES
COLLECTIONAUTREMENT MÊMES conçue et dirigée par Roger Little Professeur émérite de Trinity College Dublin, Chevalier dans l’ordre national du mérite, Prix de l’Académiefrançaise, Grand Prix de la Francophonie en Irlande etc. Cette collection présente en réédition des textes introuvables en dehors des bibliothèques spécialisées, tombés dans le domaine public et qui traitent, dans des écrits de tous genres normalement rédigés par un écrivain blanc, des Noirs ou, plus généralement, de l’Autre. Exceptionnellement, avec le gracieux accord des ayants droit, elle accueille des textes protégés par copyright, voire inédits. Des textes étrangers traduits en français ne sont évidemment pas exclus. Il s’agit donc de mettre à la disposition du public un volet plutôt négligé du discours postcolonial (au sens large de ce terme : celui qui recouvre la période depuis l’installation des établisse-ments d’outre-mer). Le choix des textesse fait d’abord selon les qualités intrinsèques et historiques de l’ouvrage, mais tient compte aussi de l’importance à lui accorder dans la perspective contem-poraine. Chaque volume est présenté par un spécialiste qui, tout en privilégiant une optique libérale, met en valeur l’intérêt historique, sociologique, psychologique et littéraire du texte. « Tout se passe dedans, les autres, c’est notre dedans extérieur,les autres, c’est la prolongation de notre intérieur.»Sony Labou TansiTitres parus et en préparation : voir en fin de volume
Émile VanderburchSÉLIKO, ou LE PETIT NÈGREsuivi de Charles Sewrin LES HABITANTS DES LANDES accompagnés de documents inédits Présentation de Barbara T. Cooper
En couverture : Brunet, rôle de Tremblin dansLes Habitants des Landes. Collection particulière
© L’Harmattan, 20185-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-15007-9 EAN : 9782343150079
INTRODUCTION par Barbara T. Cooper
Choix d’écrits du même auteure Nouvelles antillaises du XIX siècle : une anthologie,présentation de Barbara T. Cooper, avec la collaboration de Roger Little,Paris : L’Harmattan, «Autrement Mêmes », 2017Robinson Crusoé,texte établi, annoté et présenté par Barbara T. Cooper, in:Théâtre complet de René-Charles Guilbert de Pixerécourt Mélodrames (1792-1835), s.l.d. Roxane Martin, Paris : Éditions Classiques-Garnier, « Bibliothèque du Théâtre français », 2016, t. III, p. 413-586 Le Marché de Saint-Pierre, mélodrame en cinq actes de Benjamin Antier et Alexis de Comberousse, suivi de nombreux documents inédits, présentation de Barbara T. Cooper, avec la collaboration de Roger Little, Paris: L’Harmattan,« Autrement Mêmes », 2016 Le Planteur, opéra-comique en deux actes, de Henri de Saint-Georges et Hippolyte Monpou, précédé d’un extrait du Voyage aux États-Unis, ou Tableau de la société américaine, de Harriet Martineau et de L’Inventaire du planteur d’Émile Souvestre et suivi de nombreux documents inédits, présentation de Barbara T. Cooper, Paris: L’Har-mattan, « Autrement Mêmes », 2015 Le Tremblement de terre de laMartinique, d’Adolphe Dennery, suivi de documents inédits, présentation de Barbara T. Cooper, Paris : L’Harmattan,« Autrement Mêmes », 2014 Sélico,ou les Nègres généreux [pièce inédite], texte établi, annoté et introduit par Barbara T. Cooper, inThéâtre complet de René-Charles Guilbert de Pixerécourt : Mélodrames (1792-1835), s.l.d. Roxane Martin, Paris : Classiques Garnier, 2013, t. I, p. 97-171 Le Tremblement de terre de la Martinique, deCharles Lafont et Charles Desnoyer, suivi de documents inédits, présentation de Barbara T. Cooper, Paris: L’Harmattan, « Autrement Mêmes », 2012 La Traite des Noirs, de Charles Desnoyer et Jules-Édouard Alboize du Pujol, suivi de documents inédits, présentation de Barbara T. Cooper, Paris: L’Harmattan, « Autrement Mêmes », 2008 Cora, ou l’Esclavage, de Jules Barbier, suivi de documents inédits, présentation de Barbara T. Cooper, « Autrement Mêmes », Paris : L’Harmattan, 2006
INTRODUCTIONEn jetant un coup d’œil sur nos théâtres, on ne peut s’empêcher d’être frappé des caractères et des circonstances toutes différentes qui distinguent les grands des petits. Dans les premiers où tout est, comme on dit, régulier, les auteurs sont froids et stériles, les acteurs froids et empruntés, le public froid et dégoûté. Dans les seconds des auteurs féconds et qui s’amusent de leur art, composent, pour des acteurs pleins de verve et de naturel, des ouvrages variés qu’applaudit un publictoujours 1 nombreux et toujours ému . Les pièces rééditées dans ce volumeLes Habitants des Landesde Charles-Augustin Bassompierre,ditSewrin (Théâtre des Variétés, 21 oct. 1811) etSéliko, ou Le Petit Nègre de Louis-ÉmileVanderburch (Théâtre de M. Comte, 19 août 1824) connaissent un franc succès auprès de ce « public toujours nombreux et toujours ému » qui fréquente les petits théâtres parisiens au début e 2 du XIX siècle . En écrivant les ouvrages présentés ici, Sewrin et Vanderburch, grands pourvoyeurs de pièces destinées au Boule-vard, ne se soucient guère de composer des intrigues distinguées 3 par des subtilités poétiques . Les acteurs qui incarnent leurs 1 e  Y., « Variétés. Revue des théâtres »,Tablettes universelles, 49 livr. (8 nov. 1823), p. 185. 2 Voir notre Bibliographie sélective pour toute information sur l’édition de ces deux pièces en un acte. Voir les textes de Lepeintre et Vander-Burch fils, cités dans notre Bibliographie, pour des renseignements biobibliographiques sur les deux auteurs. Voir aussi des Notices sur Sewrin et Vanderburch dans notre Annexe 1, p. 91-95infra. 3 Le succès n’est pas toujours au rendez-vous quand on s’écarte des attentes du public. On lit dans leNain jauneRevue des théâtres. Petits Théâtres », 15 (« déc. 1814, p. xi-xii), «Rustaut, ou la Roxelane de Chatou, qu’on a joué avant-hier au théâtre des Variétés, est une pièce du genre niais. […] M.Sewrin, en transportant ce sujet sur le théâtre des Variétés, a oublié que la gaîté était une condition nécessaire pour y réussir. […] Le public, fatigué de n’entendre que des niaiseries, s’est fâché au dénouement; la jolie figure de mademoiselle
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personnages ne cherchent pas non plus à faire preuve de préciosité artistique devant des spectateurs attirés par la musique et le e spectacle plus que par le texte. Les lecteurs du XXI siècle, quant à eux, privésde l’attrait de la musique et de l’immédiateté du spectacle par un intervalle de deux cents ans, n’ont plus que le texte pour les intéresser. Mais, commeLise Schreier l’abien très montré dans son introduction auxGens de couleur dans trois e vaudevilles du XIXsiècle,la représentation des gens d’ascendance africaine dans de telles œuvres témoigne de la place qu’occupent e les Noirs dans l’imagination des Français duet sufXIX siècle t 1 largement à justier leur réédition .Le cadre de l’action des deux pièces que nous reproduisons ici est, à ce propos, un élément primordial qui mérite de retenir notre attention. Bordeaux, un cadre géographique « parlant » Les Habitants des Landes, commeSéliko, ont pour décor les environs de Bordeaux, ville portuaire qui participe, au même titre que Nantes, au commerce triangulaireentre l’Afrique, la France et 2 ses colonies d’Amérique.L’action desHabitantsse passe dans les «les landes de Bordeaux, entre St-Séver et Tartas», c’est-à-dire à mi-chemin entre Dax et Mont-de-Marsan.C’est«dans une maison de plaisance aux portes de Bordeaux» que se déroulel’action de Séliko. Aussi Sewrin et Vanderburch vont-ils proter de la situa-tion géographique et de la vocation commerciale et militaire de Pauline, et le jeu comique de Brunet, n’ont pu imposer silence à quelques sifflets obstinés, qui nous ont paru tout à fait dans les intérêts de l’auteur; ils se sont opposés à ce qu’on proclamât son nom». 1 «Qui s’intéresse aux gens de couleur et à la perception que l’on a d’eux pendant la période coloniale gagne donc à prêter attention à ce théâtre ». Lise Schreier, e Gens de couleur dans trois vaudevilles du XIX siècle, Paris: L’Harmattan, 2017, p.X. 2 Voir Louis Bergès,Terres d’esclaves : histoires de la traite : Afrique, Aquitaine, Amérique, Bordeaux ; Danielle Pétrissans-Cavaillès,: Elytis, 2009 Sur les traces de la traite des noirs à Bordeaux, Paris: L’Harmattan, 2004; Éric e e Saugera,Bordeaux, port négrier(XVII -XIX siècles:), nouvelle éd., Paris Karthala, 2002,passim et « Pour une histoire de la traite française sous le o Consulat et l’Empire»,Revue française d’histoire d’outre-mer282-, t. 76, n 283 (1989), p. 203-229 ; et [Zachary Macaulay,]Memoranda respecting the French slave trade in 1820[…], London: Ellerton and Henderson, 1820, p. 22, 40 entre autres titres signalés dans notre Bibliographie.
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Bordeaux pour légitimer la présence des personnages noirs dans leurs pièces. Pour Sewrin, les Landes représentent un lieu exotique, loin de 1 Paris, où se rencontrent des gens de différents milieux et cultures . Comme Mme de St-Léon l’explique aux paysans landaisqui lui viennent en aide quand sa voiture verse sur une mauvaise route, «Je reviens d’Amérique. Il y a deux jours que j’ai débarqué à Bayonne, et l’impatience de voir mon ls, qui est à Bordeaux, m’a fait prendre cette route, qu’on m’avait indiquée comme la plus 2 courte » (sc. 7). Le lien ainsi établi entre Bordeaux et les colonies d’Amérique explique la présence dans ces lieux de Zoé, négresse appartenant à Mme de St-Léon, qui accompagne sa maîtresse en 3 France . Cette femme noire reste néanmoins un objet de curiosité pour certains. À la scène 8, par exemple, Clareine, lalled’un métayer landais, demande à son père, dans un patois « paysan » de pure convention. CLAREINE.À propos, mon père, queuq’ c’est donc que c’te demoiselle qui était la tout à l’heure, qui a une gure si noire ? BOUCAUT. Ah ! ah !c’est une négresse.CLAREINE. Négresse !Dans queu pays que ça vient donc ça, mon père ? BOUCAUT. Oh ! ça vient de là-bas, là-bas, bien loin. CLAREINE.All’ est ben drôle, toujours…Mais si j’étais seule avec elle, i m’semble que j’aurais peur.BOUCAUT.Peur… Que t’es enfant! 1 Certes Joseph Lavallée et Jacques Grasset Saint-Sauveur ont décrit les habitants e de cette région dans leurs livres de voyage datant du tournant du XIX siècle. D’autres, comme Étienne de Jouy (en 1818) et Victor Gaillard (1841), y reviendront encore. Voir notre Bibliographie pour ces auteurs et les titres de leurs ouvrages. Il y a dans le livre de Lavallée une gravure représentant une partie de la ville de Tartas. Chez Grasset Saint-Sauveur on trouve des images de Landais se déplaçant sur échasses et tenant des bâtons. 2 C’est sans doute un reflet de l’actualité. Voir «»,Empire français. Routes Gazette de France: « (2 juillet 1811), p. 3 Bayonne et l’Espagne ont été rapprochés de Paris de 18 heures par la chaussée faite dans les sables des landes entre Bordeaux et Bayonne ». 3  Mme de St-Léon parlera un peu plus loin dans cette scène de « Domingue, [s]on domestique », à qui elle a donné des ordres, mais qu’on ne voit jamais sur scène. Mme de St-Léon mentionnera Domingue encore à la scène 19, mais on ne le verra toujours pas. Depuis au moinsPaul et Virginiede Bernardin de Saint-Pierre (1788), le nom Domingue désigne un homme d’ascendance africaine.
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