Brèves histoires d ours et autres bêtes en Slovénie
95 pages
Français

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Brèves histoires d'ours et autres bêtes en Slovénie , livre ebook

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95 pages
Français

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Description

En Slovénie, au coeur des Alpes dinariques, sous les ombrages de la hêtraie, une vie exubérante fourmille. Ici l'ours en est le roi. L'approche au petit matin, un affût crépusculaire dans l'attente de la lune, c'est dans ces instants uniques que l'auteur invite le lecteur à le suivre. Trente histoires courtes pour résumer cette passion intime avec l'ours qui, en Europe, reste un emblème du monde sauvage face à une modernité galopante et destructrice.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 février 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782336754116
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
Philippe D ORÉ








Brèves histoires d’ours et autres bêtes en Slovénie
Copyright














Photo de couverture
Arnaud Darondeau

Dessins
Grégory Patek










© L’Harmattan, 2016
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris
www.harmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-343-08279-0
Dédicace


À mes grands-parents, Georgette et Joseph, qui étaient curieux d’histoires d’ours.
Exergue


« Le salut du monde passe par l’état sauvage ! »
Henri David Thoreau
« Une forêt sans ours n’est pas une vraie forêt ! »
Robert Hainard
Préambule
Amis lecteurs, les aventures slovènes que vous allez découvrir dans ce recueil de nouvelles sont avant tout une histoire de partage.
Partage singulier ! Vingt-cinq ans d’amitié soudée par une passion commune pour la nature authentique et la rencontre des bêtes qui la peuplent.
Avouons-le, ces histoires n’auraient pu être vécues si j’avais été seul.
L’émulation qui donne des ailes à un groupe d’amis décuple l’envie d’aller plus loin dans la découverte, donne du courage et de la volonté au plus timoré, enrichit l’horizon du plus solitaire des naturalistes amateurs. L’envie de parcourir – en compagnie d’une joyeuse bande – de nouveaux paysages dans leur diversité naturelle, m’a fait vivre des moments inoubliables par des nuits de pleine lune ou perché sur un hêtre dans l’attente de la grosse bête.
C’est pourquoi ce recueil est à la fois une ode à l’amitié et une ode à la belle forêt.
Plus forts ensemble aussi, confrontés aux us et coutumes au cœur des forêts de Slovénie, là où règne un monde d’hommes « rugueux » et où l’intégration passe par le comptoir d’un petit bar perdu, accroché au flanc de la montagne aux ours… Sachez, amis curieux du monde sylvestre de ces contrées reculées des Balkans, qu’il faut parfois avoir le sens de l’adaptation en sacrifiant aux traditions. Pour celui qui n’apprécie pas particulièrement les breuvages fortement alcoolisés, la situation peut-être parfois périlleuse. Entre deux balbutiements d’anglais, alors que les verres se suivent en une file interminable sur le zinc, on se doit d’être philosophe car il faut subir un rite : le passage initiatique imposé par des autochtones facétieux et moqueurs.
Ce n’est qu’après la dernière lampée, celle qui vous achève dans l’hilarité générale, que votre intronisation sera gravée dans les têtes montagnardes. Le Slovène est d’un abord rude et peu démonstratif dans cette partie solitaire du pays mais, passez cette épreuve sans sourciller, vous serez reconnu et toléré !
Voilà pourquoi, en ces circonstances délicates, les amis sont un fidèle soutien. Chacun faisant face à son devoir avec courage. Qu’ils en soient ici remerciés.
Tout au long de ces rencontres naturalistes, ils seront bien sûr les protagonistes incontournables à la suite de l’ours et son cortège. Il est donc temps d’en faire la présentation :
Bernard, naturaliste photographe. Bibi, naturaliste photographe.
Blueberry, guide naturaliste. Christian, ingénieur forestier, botaniste, naturaliste.
Grégory, ingénieur environnement et naturaliste. Jérôme, naturaliste dilettante.
Une mention particulière pour Gregor, notre ami slovène qui, du haut de ses 1 m 98, trône derrière le bar de son hôtel à Kurešček.
Là-haut, nichés à 833 mètres d’altitude, nous avons passé des heures entières à parler d’ours, de forêt et des traditions de cette région perdue à l’abri des montagnes. À la croisée des spiritualités qui s’entrechoquent, lieu de passage obligé d’une diversité de gens du « cru » et d’ailleurs, nous y avons vécu les plus agréables veillées qui soient. Des pèlerins à la dévotion de la Vierge, un policier naturaliste, des disciples de saint-Hubert adeptes de la bière Zlata Rog, un postier chasseur de loirs, un retraité séducteur et amoureux de fitness ou des promeneurs endimanchés : tout ce petit monde se côtoie sur les hauteurs, accompagné du chant aigre du Cassenoix moucheté perché sur son épicéa habituel.
On prie ou on parle fort selon ce vers quoi tend son esprit. Les idées font débats, les oppositions sont vives, chacun défend bec et ongles sa pensée pour finalement se retrouver devant une bière jusqu’à pas d’heure. Après une nuit d’un court sommeil, on se lève avant l’aube pour repartir dans la fraîcheur brumeuse du petit matin, la tête parfois douloureuse mais l’envie chevillée au corps d’une nouvelle quête, prêt pour une journée dans l’espoir de la rencontre, celle qui laissera dans l’esprit une marque indélébile.
Tout un monde se retrouve dans ces montagnes faites d’hommes et de bêtes dont il est long et laborieux de pénétrer les arcanes.
Chez Gregor, on peut toucher du doigt la véritable essence qui constitue la matière première de ce petit pays qu’est la Slovénie.
C’est aussi cela, un voyage chez les ours des Alpes dinariques !
Avant-propos
Là-bas, dans la Transylvanie profonde, nous cheminons sur une piste défoncée, dans un véhicule tout terrain russe, hors d’âge et poussif. Une vieille paysanne, à notre passage, se signe en crachant par terre comme si nous incarnions le diable. Nous sommes au cœur d’une région sauvage et oubliée.
Au plus profond de la forêt, dans une clairière spécialement ouverte à cet effet, un mirador clos, supporté par quatre troncs équarris, est installé en lisière à trois mètres de hauteur. À l’intérieur, un poêle, un lit rustique, une table et des chaises servent d’ameublement sommaire. Comme dans tous les affûts à ours, des vitres coulissantes nous laissent une vue imprenable sur la clairière. En son centre, une cage en fer, avec des barreaux d’une belle épaisseur, contient les restes décomposés d’un mouton qui dégage un fumet que l’ours ne peut que sentir.
Dans l’attente de l’animal, à l’abri des Carpates roumaines lugubres où peu d’Occidentaux se sont jusqu’alors rendus, une sensation de joie mêlée d’incrédulité nous habite. En effet, ici même, Ceausescu, grand amateur de chasse à l’ours, venait parfois faire « un carton » sans risque.
Après deux heures de patience, nous l’avons donc vu à notre tour, le nez collé sur la vitre. C’était un jeune mâle, de trois ans environ, au pelage sombre. Il n’est resté que quelques minutes autour de l’appât, puis s’en est retourné dans les limbes forestiers. Il semblait nous dire : « Eh les gars, il faudra faire des efforts plus conséquents, une belle observation ça se mérite ! »
Nous étions des naturalistes heureux et avec notre vieux garde Aurel, il était inconcevable de ne pas fêter cela avec la Svica, une eau-de-vie locale, à base de prunes et marc de café.
Les vapeurs d’alcool aidant, Aurel nous raconta son histoire :
Un soir de printemps, le dictateur danubien arrive au mirador de notre garde accompagné de deux agents de la Securitate.
– À quelle heure arrive l’ours ?
– À 20 h 30 environ, camarade président !
19 h 30, tout le monde s’installe dans l’affût. Ceausescu s’étend sur le lit installé à son intention et somnole. Les deux canailles costumées surveillent non pas l’arrivée de l’ours, mais le garde qui sent l’atmosphère de plus en plus pesante.
Ceausescu ouvre un œil à 20 h 30.
– Alors ? Il n’est pas là ?
Le pauvre Aurel reste interdit et ne sait que répondre.
Soudain le choc, une violente claque tombe sur la joue du vieux bonhomme.
Un des sbires vient de lui adresser un premier avertissement. Ceausescu, sans un mot, s’installe à la fenêtre encore fermée, Aurel se sent de plus en plus inquiet. L’ours est régulier mais qui peut être certain de sa venue ce soir ?
Vingt minutes plus tard, un bel adulte sort des épicéas. Un coup de feu claque dans le crépuscule naissant. L’animal expire et notre garde respire !
Un tir peu glorieux que vantait la propagande

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