Philippe Gilbert n'aura donc pas réalisé la (double) passe de trois en 2012, après ses succès de 2010 et 2011 dans l'Amstel Gold Race et son triptyque ardennais de la saison dernière. La faute en partie à Enrico Gasparotto, qui s'est imposé le 15 avril au sprint en haut du Cauberg devant Jelle Vanendert et Peter Sagan. Une victoire qui semblait surprendre pas mal d'observateurs, y compris les rédacteurs du site officiel de l'épreuve, qualifiant l'Italien de "surprenant vainqueur". C'était oublier un peu vite les performances du coureur Astana sur les classiques du printemps, et notamment sur l'Amstel, où il avait déjà terminé sur le podium en 2010. Et bien calé dans la roue de Philippe Gilbert qui avait voulu dynamiter le peloton dans la dernière ascension sans avoir néanmoins la forme explosive de l'édition précédente, Gasparotto a attendu le bon moment pour sauter Vanendert et Sagan, qui n'était pas non plus dans la grande forme qu'il allait ensuite démontrer sur le Tour de Californie, puis sur la Grande Boucle. Gasparotto expliquait après la course avoir changé de braquet au bon moment : "J'ai vu que tout le monde attaquait la dernière ascension avec un très petit développement.
J'en ai choisi un plus grand et ajouté des dents en vue de l'arrivée. Ça m'a donné juste le petit plus de puissance nécessaire pour gagner". Inscrit désormais pour l'éternité parmi les vainqueurs des grandes classiques du calendrier, Gasparotto pouvait savourer et enchaîner ensuite par des belles performances sur les deux autres ardennaises (3ème à Liège trois jours plus tard, et 11ème dans la Flèche Wallonne). Le natif de Sacile, qui avait déjà surpris l'Italie du cyclisme en devenant champion national dès sa première saison professionnelle (2005), a donc d'ores et déjà rempli son objectif, comme il nous l'a confié : "Pour sûr, cette saison a été positive. Gagner une classique comme l'Amstel et arriver troisième à Liège sont des résultats très importants que j'attendais beaucoup. C'était une grande joie de gagner l'Amstel, les classiques ardennaises sont les courses qui me conviennent le mieux et les résultats obtenus le confirment. La troisième place (de 2010) et la victoire cette année ne sont pas fortuites ! Ce sont les courses sur lesquelles je voulais être à mon meilleur niveau et ce fut le cas, l'objectif de ma saison est à coup sûr atteint !" Bien sûr, il aurait sans doute aimé confirmer ensuite par un second maillot de champion d'Italie.