Notes sur le vélo et la bicyclette
86 pages
Français

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Notes sur le vélo et la bicyclette , livre ebook

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Description

La pratique de la bicyclette relève-t-elle quelque chose de notre monde ? C'est un peu sous cet angle que ce livre souhaite aborder cette thématique originale à travers des notes et des écrits, dont certains trouvent leur origine à partir de 2005, avec l'arrivée des vélos de location à Lyon. L'éthnologue nous livre ici un recueil de ses réflexions qu'il accompagne de récits autobiographiques et de textes inédits, dont un traduit en anglais afin d'ouvrir le dialogue à l'international. Si le vélo se distingue de la bicyclette, c'est qu'à travers son éloge ou l'histoire de la bicyclette pliante comme machine de stratégie militaire, l'engin est porteur de valeurs et de messages.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 27 novembre 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782336887050
Langue Français
Poids de l'ouvrage 6 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Logiques sociales


Logiques sociales
Série : Études Culturelles
Dirigée par Bruno Péquignot
Le champ des pratiques culturelles est devenu un enjeu essentiel de la vie sociale. Depuis de nombreuses années se sont développées des recherches importantes sur les agents sociaux et les institutions, comme sur les politiques qui définissent ce champ. Le monde anglo-saxon utilise pour les désigner l’expression cultural studies . Cette série publie des recherches et des études réalisées par des praticiens comme par des chercheurs dans l’esprit général de la collection.
Dernières parutions
Stève PUIG, Littérature urbaine et mémoire postcoloniale , 2019.
Gabriel SEGRÉ, Frédéric CHARLES, Sociologie des pratiques musicales des collégiens et lycéens à l’ère numérique , 2016.
Kheira BELHADJ-ZIANE, Le rap underground, un mythe actuel de la culture populaire, 2014.
Louis BASCO (dir.), Construire son identité culturelle , 2014.
Jean-Louis FAVRE, Une histoire populaire du 13 e arrondissement de Paris. « Mieux vivre ensemble » , 2013.
Marisol FACUSE, Le monde de la compagnie Jolie Môme. Pour une sociologie du théâtre militant , 2013.
Ji Eun Min, La réception de la comédie musicale de langue française en Corée. Echanges culturels dans une économie mondialisée , 2013.
Nadine BOUDOU, Les imaginaires cinématographiques de la menace. Émergence du héros postmoderne , 2013.
Laetitia SIBAUD, Les musiciens de variété à l’épreuve de l’intermittence. Des précarités maitrisées ?, 2013.
Christian APPRILL, Aurélien DJAKOUANE et Maud NICOLAS-DANIEL, L’enseignement des danses non réglementées en France. Le cas des danses du monde et des danses traditionnelles , 2013.
Titre


Noël J OUENNE







Notes sur le vélo et la bicyclette
Regard ethnologique sur une pratique culturelle
Copyright


Du même auteur
Et la dentelle ? L’industrie d’une ville : Calais , photographies de Micheal Kenna, Paris, Marval, 2002
Dans l’atelier. Guide des savoirs et des techniques de la dentelle , photographies de Florian Kleinefenn, Calais, Musée des Beaux-Arts et de la Dentelle, 2003
Calais Lace, photographs by Michael Kenna , Tucson, AZ, Nazraeli Press, 2003
La vie collective des habitants du Corbusier , Paris, L’Harmattan, 2005
Dans l’ombre du Corbusier. Ethnologie d’un habitat collectif ordinaire , Paris, L’Harmattan, 2007
L’expérience corbuséenne d’un habitat collectif sous contrôle , postface de Noël Jouenne et Mohammed Zendjebil, Paris, L’Harmattan, 2017








© L’Harmattan, 2019 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.editions-harmattan.fr
EAN Epub : 978-2-336-88705-0
Dedicace

Avec toute mon amitié à Hélène et Daniel Terrolle
I. En guise d’introduction
« Le lien qui unit le cycliste à sa bicyclette est un lien d’amour » écrit Marc Augé (Augé, 2008, p. 68). C’est peut-être ce lien qui m’a incité à vouloir travailler sur cet objet si courant que personne, à l’époque, n’y prêtait attention. Ce sujet hors des sentiers nobles de la recherche n’était, en 2005, pas perçu comme un sujet sérieux. Contraint d’exister dans le champ des transports et de la mobilité, il s’est peu à peu affranchi, et comme jadis les SDF ou les romans policiers et la science-fiction, la bicyclette appartient désormais à la recherche. Merci à Marc Augé d’y avoir contribué 1 .
1. Problème d’épistémologie et de méthode
Emile Durkheim prône la recherche des prénotions comme étape élémentaire de la construction de l’objet en sciences sociales. Toute la sociologie va suivre cette indispensable démarche afin de trouver un recul nécessaire à l’objectivation des éléments de l’enquête. Concernant notre objet je me suis donc demandé comment aborder la question du vélo lorsque l’on part avec un a priori positif comme : le vélo c’est bien.
« Il faut écarter systématiquement toutes les prénotions » nous dit Emile Durkheim, dans Les règles de la méthode sociologique . « Il faut donc que le sociologue, soit au moment où il détermine l’objet de ses recherches, soit dans le cours de ses démonstrations, s’interdise résolument l’emploi de ces concepts qui se sont formés en dehors de la science et pour des besoins qui n’ont rien de scientifique. Il faut qu’il s’affranchisse de ces fausses évidences qui dominent l’esprit du vulgaire, qu’il secoue, une fois pour toutes, le joug de ces catégories empiriques qu’une longue accoutumance finit souvent par rendre tyranniques. Tout au moins, si, parfois, la nécessité l’oblige à y recourir, qu’il le fasse en ayant conscience de leur peu de valeur, afin de ne pas les appeler à jouer dans la doctrine un rôle dont elles ne sont pas dignes. » (Durkheim, 1983, p. 60).
Concernant l’objet bicyclette, c’est deux cents ans d’idées reçues qui nous accompagnent. Comme l’écrivent Didier Tronchet et bien d’autres, le vélo est porteur « d’un fort capital de sympathie » (Tronchet, 2014, p. 131). Son changement de statut social au cours du temps, l’évolution des pratiques auxquelles il est lié, la question du genre et de l’âge auxquels il est associé. L’objet ne renvoie pas à une seule catégorie, à un seul contexte, à un seul temps, mais à une multitude de catégories, de lieux et de temps qui chacun évoquent une pratique et un discours différents. Pour être proche, l’objet n’en est pas moins singulier. Qu’y a-t-il de commun entre deux utilisateurs de bicyclette ? Tout et rien : l’un des utilisateurs peut être d’une classe sociale très différente de l’autre. L’un peut être propriétaire, l’autre locataire. Tous deux peuvent avoir des raisons très différentes dans leur usage et leur pratique du cycle, du loisir au travail, du sport à la détente, de la nécessité au luxe. L’âge et le sexe peuvent aussi entrer en ligne de compte. Toutes ces raisons vont concourir au choix du modèle qui de loin aura des ressemblances, mais de près indiquera par toutes sortes de détails qu’il n’est pas le même objet.
S’agit-il d’une idéologie, et comment être neutre, seul face au monde, qui voit dans la bicyclette le développement d’un marché économique florissant, l’accroissement des ventes, l’anéantissement de la pollution. Le marketing urbain gangrène notre perception du véritable usage et des pratiques (Reigner, 2013). Dorénavant, la bicyclette est l’objet qui contribuera à assainir la planète. Elle « devient ainsi le symbole d’un avenir écologique pour la ville de demain et d’une utopie urbaine qui réconcilierait la société avec elle-même » (Augé, 2008, p. 41). Penser à la douceur de son mode de déplacement, par exemple, c’est oublier le phénomène de la transpiration et la sueur qui résultent d’un effort constant bien plus pénible que n’en produit le conducteur d’une voiture. C’est oublier également les différences sociologiques qui pourtant montrent le cycliste comme jeune, vieux et pauvre (Reigner, 2013). « C’est toute la fonction du marketing urbain que de gommer [les différences sociologiques] au profit d’une image positive, d’une bonne image des modes doux, et plus largement d’une bonne image de la ville » (Reigner, 2013, p. 75). A Toulouse, j’ai remonté la rue de la Gloire dans les deux sens, pour voir si j’en étais capable. Cette pente d’une déclivité de trente mètres sur 1,2 km fait transpirer. Elle est la hantise des livreurs à vélo. Le « mode doux » ne s’applique pas à cette pratique cycliste 2 , et le terme est plutôt mal choisi, convenons-en. Dans un magasin de vêtements de sport, alors que je cherchais un sous-vêtement capable d’absorber la sueur, le vendeur me dit qu’on doit parler aujourd’hui de « vélo musculaire », pour le distinguer des vélos électriques. Pourquoi cette distinction et pourquoi serait-ce à la bicyclette de devoir s’accommoder d’un terme qui renvoie au corps alors qu’à son origine, le vélocipède fait déjà référence au principe de la marche. Eric Fottorino va même plus loin, pour lui « le vélo est un mode d’écriture de l’existence » (Fottorino, 2007, p. 17). Pour cet auteur, le cycliste a un sens, des valeurs,

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