Le socialisme et le paysan cambodgien
192 pages
Français

Le socialisme et le paysan cambodgien , livre ebook

-

192 pages
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Publié par
Date de parution 01 janvier 1997
Nombre de lectures 283
EAN13 9782296345140
Langue Français
Poids de l'ouvrage 6 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LEPAYSAN CAMBODGIEN
ET
LESOCIALISME
La politique agricole
de la République Populaire du Kampuchea
et de l'Etat du CambodgeCollection Recherches Asiatiques
dirigée par Alain Forest
Déjà parus
Monique CHEMILLIER-GENDREAU, La souveraineté sur les
archipels Paracels et Spratleys, 1996.
Henri LOCARD, Le "Petit livre Rouge" de Pol Pot ou les paroles
de l'Angkar, 1996.
Henri STERN, L'Inde des familles. Le Rajasthan: des royaumes
.à l'Etat, 1996.
Gabriel DEFERT, L'Indonésie et la Nouvelle-Guinée occidentale,
1996.
Frédéric DURAND, Littérature et bandes dessinées fantastiques
sur le monde malais. 1996 .
Luc LACROZE, Les grands pionniers du Mékong. Une
cinquan-taine d'années d'aventures (1884-1935), 1996.
Pierre-Bernard LAFONT, Initiation à la péninsule indochinoise,
1996 (en colI. avec le Centre d'Histoire et Civilisations de la
Péninsule Indochinoise).
Catherine DESPEUX et Frédéric OBRINGER (dir.), La maladie
dans la Chine médievale- La toux, 1997
Marie-Odile GÉRAUD, Regards sur les Hmong de Guyane
française, 1997.
Jean DEUVE, Guérilla au Laos, 1997.
Gérard HEUZÉ, Entre émeutes et mafias. L'Inde dans la
mondialisation, 1997.
Bernard HOURS, Monique SELIM, Essai d'anthropologie
politique sur le Laos contemporain, 1997.
Seong Chang CHEONG, Idéologie et système en Corée du Nord,
1997.
Michel BODIN, Soldats d'Indochine - 1945-1954, 1997.
Lionel PAUL, La Question tamoule à Sri Lanka, 1977-1994,
1997.
@L'Harmattan.1997
ISBN: 2-7384-5653-7Viviane FRINGS
LE PAYSAN CAMBODGIEN
ET
LE SOCIALISME
La politique agricole
de la République Populaire du Kampuchea
et de l'Etat du Cambodge
Préface de David Chandler
Editions L'Harmattan L'Harmattan INC
5-7, rue de l'Ecole-Polytechnique 55, rue Sairit Jacques
75005 Paris Montréal (Qc) - Canada H2YPréface
Le protectorat vietnamien sur le Cambodge, connu à l'époque sous le
nom de République populaire du Kampuchea (RPK), dura de janvier 1979
jusqu'au retrait des troupes vietnamiennes en septembre 1989. Le régime
survécu plus longtemps que la République khmère et que le Kampuchea
démocratique, et seulement 5 ans de moins que le gouvernement de Sihanouk
entre son abdication et le coup d'Etat de 1970.
Malgré sa longue durée, cette période a reçu peu d'attention érudite.
Il en est de même pour les phénomènes associés de socialisme dans la RPK et
de réactions paysannes aux politiques socialistes. L'étude superbement
argumentée de Mme Frings-Hessami qui adresse ces questions et comble ces
lacunes, est par conséquent particulièrement bienvenue.
Lorsque les Vietnamiens chassèrent du pouvoir Pol Pot et le régime
du Kampuchea démocratique au début de 1979, ils étaient avides d'installer
un régime stable et amical à Phnom Penh et d'étendre au Cambodge le
socialisme selon les lignes de leur propre expérience et de l'expérience du
Laos. Les problèmes auxquels ils étaient confrontés au Cambodge étaient
énormes. Le pays était prostré après les années désastreuses de l'époque de
Pol Pot, durant lesquelles sa population avait souffert une sévère attaque de
socialisme à outrance... Le Kampuchea démocratique avait pris pour modèle
la Chine maoïste et tiré une grande partie de sa ferveur de notions racistes qui
basaient les politiques intérieures et extérieures du Cambodge sur I'hostilité
au Vietnam.
Un autre obstacle auquel le Vietnam devait faire face était la
persistance de la désapprobation des grandes puissances, menées par la Chine et les
Etats-Unis, à l'égard de l'invasion vietnamienne du Cambodge. Cette
désapprobation fut exprimée clairement à l'Assemblée générale de l'ONU et
empêcha la RPK d'occuper le siège du Cambodge à l'ONU (lequel continua
d'être occupé par les Khmers rouges). Ceci prévint l'assistance de l'ONU
d'affluer dans le pays.
Dans ces circonstances peu prometteuses, les Vietnamiens et le
régime novice cambodgien (RPK) cherchèrent à imposer un socialisme à
visage humain au Cambodge sans provoquer la fuite ou la résistance de la
population. Avec des ressources financières peu abondantes, ils se heurtèrent
à une résistance paysanne considérable, et durent se débrouiller avec une
7infrastructure dévastée et une main-d'œuvre décimée. La manière selon
laquelle leur programme collectivisateur dans les campagnes fut ajusté pour
répondre aux circonstances locales, qui avec le temps conspirèrent à le faire
échouer, est l'histoire passionnante relatée par Mme Frings-Hessami. Avec
comme base son mémoire pour le Master' s of Arts à l'Université du Kent
(1991), l'auteur a bénéficié de son enquête ultérieure sur le terrain au
Cambodge, de sa lecture étendue de sources khmères, et d'interviews et de
consultations très variés. Sa méthode de travail est impeccable; son style est
calme et sûr de soi; et ses conclusions contribuent grandement à éclairer
l'histoire de la période. C'est une étude absorbante et nuancée, et une pièce de
valeur ajoutée à la collection (malheureusement plutôt réduite) de travaux
objectifs qui traitent du passé récent du Cambodge.
Pour ces raisons, c'est un honneur pour moi de présenter le livre de
Mme Frings-Hessami aux lecteurs francophones.
David Chandler
Professeur d'histoire, Melbourne, AustralieINTRODUCTION
Au cours du vingtième siècle, nombre d'intellectuels soucieux
d'améliorer la condition des peuples et d'accélérer le développement économique de
leur pays, ont élaboré des plans théoriques de transformation et
sociale. Nombre d'entre eux ont été séduits par les idées communistes. Ils ont
soutenu moralement et pris part à des révolutions menées au nom de ces idées.
Mais ils ont rarement demandé l'avis des personnes concernées, paysans et
ouvriers au nom desquels ils combattaient. Percevant le bien-être du peuple en
termes uniquement économiques et considérant qu'ils savaient mieux que les
intéressés ce qui était bon pour eux, ils ne se sont pas préoccupés des facteurs
socioculturels qui liaient les peuples à certaines pratiques et institutions
traditionnelles. Bien souvent, ils ont négligé le coût humain des transformations
qu'ils prônaient, la fin justifiant les moyens.
Le Cambodge des années 1960 offtait un terrain peu propice aux
idées révolutionnaires. L'industrie était peu développée et le prolétariat pour
ainsi dire inexistant. La majeure partie de la population vivait dans les
campagnes et tirait ses ressources de l'agriculture. Les paysans étaient pauvres, mais
ne connaissaient pas la famine. Le problème majeur n'était pas la répartition
des terres, mais l'endettement des paysans auprès des commerçants chinois
qui leur achetaient leurs récoltes à bas prix et pratiquaient le prêt à des taux
usuraires. La plupart des agriculteurs possédaient les terres qu'ils cultivaient,
on comptait peu de grands propriétaires et peu de paysans sans terre.
L'agriculture cambodgienne était peu performante parce qu'elle était soumise aux
aléas climatiques, en particulier à un régime des pluies irrégulier. Des
réformes et des améliorations techniques étaient souhaitables, mais le Cambodge
n'avait nul besoin et n'était nullement prêt à une réforme agraire radicale. Le
Cambodge n'était pas, ainsi que beaucoup d'intellectuels de tout bord,
cambodgiens et étrangers, l'ont cru un pays riche sous-exploité par des paysans
9paresseux et inorganisés. Les sols étaient généralement pauvres et les
pratiques traditionnelles adaptées à une économie de subsistance, fruits de
l'expérience paysanne et visant à minimiser les risques.
Révolution paysanne plus que révolution communiste\ quoique les
dirigeants du Kampuchea démocratique se soient réclamés du communisme,
l'expérience khmère rouge peut être rejetée comme aberrante d'un point de vue
marxiste. Le traitement du prolétariat évacué vers les campagnes en même
temps que le reste de la population de Phnom Penh et soumis au traitement
peu enviable du "peuple nouveau,,2 en est une claire illustration.

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