Qatar(isme) ?
136 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

136 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

En moins d'une quinzaine d'années, le Qatar s'est propulsé au rang d'acteur de poids et s'est tissé une place dans le concert des nations. Quel système lui a permis de se rendre aussi compétitif, attractif et qui lui vaut d'être un phénomène médiatique ? Le Cheikh Hamad Ben Khalifa Al Tami a mis en place une stratégie atypique qui combine les ingrédients de plusieurs recettes de rentabilité.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2013
Nombre de lectures 33
EAN13 9782336665580
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
Soraya DJERMOUN
Emmanuel HERSANT

Préface de Denis BAUCHARD






QATAR(ISME) ?

Essai d’analyse du mode de fonctionnement d’un système
Copyright

© L’HARMATTAN, 2013
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

EAN Epub : 978-2-336-66558-0
Préface
Le Qatar fascine à bien des points de vue. Modeste Émirat né au XIX e siècle avec la bénédiction britannique, il a été pendant longtemps un des plus pauvres de la côte des Pirates, vivant essentiellement de la pêche perlière et de la contrebande dans une région stratégique, à la jonction du Moyen-Orient, de l’Asie centrale et du sous-continent indien. Dans les années 1990, la découverte du pétrole devait apporter une première prospérité. Mais c’est la mise en valeur du gigantesque réservoir de gaz off-shore qu’il partage avec l’Iran, qui allait lui donner, depuis une dizaine d’années des moyens financiers sans commune mesure avec ceux que cet Émirat entreprenant possédait auparavant.
Doha, modeste port de pêche, est devenu une métropole de gratte-ciels dont la construction a été réalisée par les plus grands architectes internationaux. Elle se présente comme un lieu de rencontres internationales incontournable, qu’il s’agisse de grandes conférences mondiales dans le cadre des Nations Unies, de colloques internationaux sur les sujets les plus divers, d’événements sportifs à caractère régional, voire mondial comme la coupe du monde de football prévue en 2022.
Les ambitions de l’Émirat se sont en effet déployées tous azimuts. Par un heureux hasard de la rotation alphabétique, la présidence du conseil des ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe est assurée par le Qatar au début de l’année 2011. Il profite de sa position pour jouer la carte du printemps arabe : caution donnée par la Ligue pour intervenir militairement en Libye, vote de sanctions contre la Syrie et suspension de sa participation à l’organisation ; appui politique et financier apporté aux nouveaux gouvernements tunisiens et égyptiens. Mais cet activisme ne va pas sans contradictions. Se voulant amis de tous, il abrite le commandement américain pour le Moyen-Orient – le Centcom – tout en laissant la chaîne satellitaire Al Jazeera critiquer la politique américaine, parfois de façon véhémente. Il a de bons contacts avec Israël tout en affichant son appui politique et ou financier à des mouvements comme le Hamas qui veulent « détruire l’État d’Israël ». Il devient terre d’asile de tous les proscrits qui ont fui les régimes autoritaires, y compris ceux appartenant à des mouvements radicaux.
La politique culturelle du Qatar est également très active. La Qatar Foundation entend créer, à travers Education City, un pôle d’excellence dans le domaine de la connaissance, en nouant des partenariats avec de prestigieuses universités ou établissements d’enseignement supérieur étrangers, susceptibles d’attirer des étudiants du monde entier. Elle a aussi pour vocation de créer des musées de classe internationale, pour l’art islamique ou occidental. Al-Jazeera, créée dès 1996, a bâti un réseau de chaînes satellitaires diffusant en arabe et en anglais : elle touche près de 50 millions de téléspectateurs, dans les pays arabes et au-delà. La chaîne devient de plus en plus un outil au service de la diplomatie qatarie.
Le Qatar développe, grâce à une nébuleuse de fonds souverains, une stratégie de prise de participation spectaculaire dans de grandes sociétés multinationales ou dans des investissements sensibles à bien des points de vue, comme le grand magasin Harrod’s à Londres ou le club de football Paris-Saint Germain à Paris, suscitant parfois des réactions teintées de nationalisme. « Le Qatar s’achète la France » titrait récemment un magazine économique.
L’activisme diplomatique de ce micro-état de deux cents milles qataris et la volonté de jouer dans la cour des Grands ne manquent pas d’agacer un nombre de plus en plus grand de pays arabes, à commencer par son puissant voisin, l’Arabie saoudite, depuis toujours méfiante à l’égard d’un voisin qui conteste son leadership au sein du Conseil de Coopération du Golfe. Les relations avec l’Iran, l’autre puissance régionale, traditionnellement bonnes, se sont gravement détériorées depuis que le Qatar soutient délibérément les opposants au régime de Bachar al-Assad avec lequel il a une alliance stratégique. À la suite d’un incident diplomatique violent, les relations avec la Russie sont au plus mal et les ambassadeurs ont été rappelés. Quant aux pays occidentaux, beaucoup commencent à s’interroger sur les ambiguïtés et les contradictions d’un pays qui, en voulant avoir de bonnes relations avec tout le monde, risque de mécontenter tous ses amis.
Quelles sont les motivations de l’Émirat ? Quels sont ses objectifs ? Quels sont les leviers utilisés pour les atteindre ? A-t-il les moyens de ses ambitions ? Quel jugement peut-on porter sur son action multiforme ? Le Qatar constitue-t-il un « modèle » ? Quels risques prend-il ? Autant de questions auxquelles les auteurs de cet ouvrage se proposent de répondre. L’approche est originale : le Qatar, estiment-ils, est en train de troquer « son rôle d’État contre celui de multinationale ». Propriété personnelle d’une famille, qui en est en quelque sorte son actionnaire unique, cette « entreprise » déploierait une « business strategy » comparable à celle des grands groupes multinationaux. Les auteurs apportent à ces questionnements des réponses pertinentes. Ils contribuent à mieux faire connaître ce nouveau venu sur la scène internationale dont l’activisme commence à troubler les opinions publiques comme les gouvernements. Les interrogations sont de plus en plus évidentes sur le jeu de cet acteur qui entend se placer comme un interlocuteur incontournable. Ce livre vient bien à son heure.

Denis BAUCHARD
Conseiller à l’IFRI
Introduction
On a souvent commenté l’insolente richesse naturelle des pétromonarchies du Golfe mettant leur essor sur le compte d’un hasard géologique. On a pu constater avec les Émirats Arabes Unis qu’une dynamique différente pouvait émerger du Machrek. Le Qatar est l’illustration la plus récente de cette tendance dont il s’empare et devient le symbole.
L’alternative proposée par le petit Émirat se veut globale. Si on observe une lente avancée démocratique, il est néanmoins devenu l’exemple d’une émergence arabe de la réussite économique et surtout médiatique. En plus de gagner des parts de marchés financières colossales, il entre dans l’échiquier diplomatique mondial par la grande porte. Grâce à une connivence avec les puissances traditionnelles, le Qatar a su bâtir plus qu’une organisation, un système qui produit de la richesse et du pouvoir au-delà des atouts naturels de départ.
Nous avons donc entrepris de comprendre le bilan du management qatari. Ce diagnostic nous a amenés à décrypter les tenants et les aboutissants de notre objet de réflexion afin de mettre à jour le mécanisme sous-jacent que semble dégager l’esquisse d’un modèle atypique. La problématique que nous allons donc traiter relève d’une topographie comportementale sur le Qatar à savoir, si ce dernier a tendance à troquer son rôle d’État contre celui d’une multinationale ? Une telle configuration est-elle une évolution naturelle de la fonction des États ou bien une création artificielle transposable à d’autres entités ?
Dans la perspective de tenter de répondre à toutes ces interrogations, nous allons commencer par analyser les facteurs clés de succès et les enjeux de l’Émirat afin de cerner la stratégie de celui-ci. Nous décrypterons également ses leviers et ferons ressortir leurs spécificités. Ensuite nous emprunterons une piste avec pour objectif de déterminer dans quelle mesure la gestion qatarie est la rencontre entre les composantes des deux fonctions. En dernière étape, nous nous pencherons sur les limites d’une telle conception.
Le Qatar, succès contemporain
À l’heure actuelle, le Qatar s’affiche comme l’objet de convoitises des médias qui rappellent son rôle prépondérant en ces temps de crises. Présent dans la médiation de plusieurs conflits contemporains, investisseur dan

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents