Rénover la gouvernance économique et sociale de la France
210 pages
Français

Rénover la gouvernance économique et sociale de la France , livre ebook

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210 pages
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Description

Après trente ans d'inefficacité dominés par l'Etat providence, les prélèvements obligatoires, l'endettement public, les dépenses sociales et la redistribution, il est temps de redonner à la croissance la priorité et les moyens qu'elle mérite. La France a besoin d'un nouveau modèle économique et social orienté selon ses convictions et ses positions vis-à-vis de l'Union européenne, et qui tienne compte de la réalité que constitue l'internationalisation des entreprises et des groupes...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2007
Nombre de lectures 229
EAN13 9782296175242
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

PREMIERE PARTIE
DES FILS DIRECTEURS
I . EN QUELQUES MOTS
Comptant de moins en moins sur la croissance pour surmonter le chômage, objectif devenu prioritaire dès les années 1980, les gouvernants ont adopté des moyens spécifiques pour en limiter l’emprise et créer de nouveaux emplois : préretraites, retraite à 60 ans, réduction de la durée hebdomadaire du travail, allongement des études, emplois aidés… Avec des succès fluctuants, très limités et temporaires jusqu’à présent. « L’allège-ment des charges », pourtant si nécessaire à la compétitivité, est venu tardivement.
Par ailleurs, la croissance étant génératrice d’inégalités, comme personne n’a plus le droit de l’ignorer, un objectif social-démocrate européen de réduction des inégalités a été marié à celui de croissance en perte de vitesse. Il est venu s’ajouter et se mêler aux objectifs sociaux existants, en élargir le champ et en modifier la signification, les cibles ainsi que les moyens. Une grande attention leur a été apportée, et les résultats obtenus ont été positifs en termes d’augmentation des niveaux de vie des catégories de population aux revenus les plus modestes, en matière de réduction de la pauvreté et plus largement de réduction des écarts de revenus, voire même de patrimoines. L’Etat providence a fortement accru la pression fiscale, les dépenses sociales et culturelles et a œuvré au nivellement presque sans discontinuer, surtout au détriment des classes moyennes. Notre système de prélèvements-redistribution est devenu de plus en plus insatiable et performant en la matière.
A côté de la profession de foi selon laquelle prendre à ceux qui sont déclarés riches pour donner aux pauvres et à ceux qui le sont moins rétablit la justice sociale bafouée par les inégalités, les Robin desBois de la redistribution ontvoulu donner une justification économique à cet acte « solidaire ». Ainsi a été diffusée l’affirmation selon laquelle plus les revenus sont élevés plus la propension à consommer est faible et plus le tauxd’épargne est fort. En déplaçant des revenus du haut de l’échelle des revenus vers le bas, on diminue le tauxd’épargne. Ce faisant, on augmente la propension à consommer des ménages et on stimule ainsi la croissance. Car le modèle français stipule depuis plus de trente ans que la dépense intérieure entraîne la production et la croissance en faisant tourner la machine économique plusvite. Nousverrons que la redistribution à haute dose, même combinée avec l’augmentation moyenne des revenus des ménages, n’a pas entraîné de baisse du tauxd’épargne depuis une quinzaine d’années. Voilà un sérieux coup porté à la justification économique de la redistribution, à laquelle il ne reste que ses habits idéologiques et politiques. La question n’est pas neutre, car, si la plupart des citoyens approuvent sans réserve la lutte contre lavraie pauvreté, les avis sont partagés quand il s’agit d’étendre sans assezde restrictions et de précautions le champ des bénéficiaires des aides et de prélever toujours plus. Les équilibres budgétaires imposent aussi leurs limites.
C’est en suivant la logique précédente que les gouvernants successifs, constatant peut-être que les investissements des entreprises et des ménages faiblissaient par rapport au PIB, ont poussé plus haut les prélèvements obligatoires (PO) et l’en-dettement public, pour dépenser plus. Malgré la hausse du tauxdes PO, l’endettement public résultant des déficits accumulés (santé, retraites…) a dépassé les 65% du PIB, pendant que croissait aussi la dette des entreprises et que montait plus encore celle des ménages. Toujours pour accroître davantage la consommation, la gestion du système des retraites par répartition a consisté à redistribuer tout de suite les cotisations collectées, sans constituer les réserves appropriées. Aujourd’hui, la dette « implicite » contractée envers les personnes, retraitées ou non, qui ont cotisé est estimée par l’INSEE entre 480% et 320% du PIB.
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Ces endettements colossaux et les injections corres-pondantes de ressources dans l’économie n’ont pas engendré la croissancevigoureuse qui était escomptée. Au contraire, la croissance a molli. Alors que les dépenses publiques ont couru plus vite que le PIB, le moteur de la consommation des ménages, bridé par les prélèvements obligatoires sur les revenus et les pouvoirs d’achat, a manqué de puissance. Force est de constater un coût global élevé et l’inefficacité économique de la dépense pendant cette longue période. Une inefficacité que l’on peut trouver dans l’orientation de la dépense ainsi que dans la qualité discutable de celle-ci dans un certain nombre de domaines comme, par exemple, l’urbanisme et le logement ou l’adaptation de l’éducation aux besoins de l’économie. Je ne parlerai pas ici des défauts écologiques de notre développement, de ses agressions de l’environnement et des graves menaces sur la planète, tant discutées actuellement, que notre modèle contribue à nourrir. Il faut changer résolument de cap, bien évidemment. Sinon, il sera bientôt peu utile de parler des questions économiques et sociales, dans les termes actuels, du moins.
La médiocrité des résultats au regard des ressources mobilisées est également due au poids des prélèvements sur les coûts et sur la compétitivà tortité des entreprises. Notre modèle, considéré, au moins jusqu’en 2000, comme quasiment autocentré et à l’abri des perturbations extérieures avec un secteur tertiaire abrité largement dominant, a connu des changements accélérés avec l’Europe et la mondialisation. Une concurrence accrue touche aujourd’hui les transports, les services auxentreprises et le commerce. Un facteur inquiétant est la part croissante prise par les importations dans la satisfaction de la demande intérieure en produits agricoles et industriels. La spécialisation des exportations les rend fragiles et elles ne suivent plus le rythme des importations. Le déficit commercial grandit. A-t-on trop poussé au gigantisme et à la percée dans les hautes technologies qui recherchent de grands espaces, en délaissant les PME et les marchés intérieurs ?
Dans ce contexte, les privatisations ont réduit l’emprise de l’Etat et son influence sur l’économie. Puis, avec les règles
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imposées par l’Union européenne (UE) et l’Organisation mondiale du commerce (OMC), nous assistons, impuissants, à l’inter-nationalisation de nos marchés et de nos entreprises. Les liens de celles-ci avec l’économie française ont changé et se sont distendus. Pourquoi investir en France des fonds propres ou des capitaux empruntés ici lorsqu’on peut trouver ailleurs des marchés en expansion plusvive et des promesses de bénéfices plus alléchantes ? Pourquoi ne pas délocaliser si les coûts de main-d’œuvre sont incomparablement plus faibles et si les bonus fiscaux sont au rendez-vLa France est attractious ? ve, se répète-t-on, comme pour se rassurer. Peut-être, mais les investissements directs étrangers (IDE) en France des dixdernières années sont nettement inférieurs auxIDE français à l’étranger.
Ces observations sont d’ailleurs révélatrices de l’état d’esprit qui règne auxaffaires. Il faut attirer des grands groupes investisseurs étrangers et se réjouir que des fonds de pension détiennent 40% ou plus du capital des sociétés du CAC 40. Qui a longtemps fait fi de la participation, a laissé la bourse rebuter le plus grand nombre et rester le royaume de spécialistes, quand ce n’est d’initiés ? Qui a tardé à réaliser que la capitalisationviendrait inévitablement compléter la fragile répartition et qu’il était sain d’encourager l’épargne parce qu’elle irait financer les entreprises, directement ouvia les banques et les assurances ?
L’abandon de la souveraineté monétaire, avec l’adoption d’un euro que l’on avoulu fort et stable, et le passage sous le contrôle de l’UE de notre politique budgétaire marquent une rupture profonde et ont évidemment des implications fortes. Finis les déficits publics géants et l’accroissement indéfini de la dette publique officielle. La discipline est difficile à respecter et donne lieu à des contestations, d’opposants de gauche surtout. Il est interdit de se laisser aller à la griserie de l’inflation classique, comme on avait pu le faire, pour profiter de l’effet de richesse suscité par les hausses nominales des revenus afin de stimuler la demande, en minant la compétitivité et en obligeant à dévaluer.
La politique budgétaire étant très encadrée, la tendance de la part des sociétés financières et non financières ainsi que des
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