L'acquisition du langage

Jérémi Sauvage

Description

L'objectif de ce livre est avant tout théorique et épistémologique et constitue la première étape d'un vaste projet de réflexion : « épistémologiser » l'acquisition du langage par l'enfant. Considérer l'objet d'étude acquisition du langage sous l'angle d'une dynamique d'évolution, invite à proposer une approche complexe et dynamique d'un objet de recherche par essence complexe.

Sujets

• Linguistique

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 05 septembre 2015
• Nombre de lectures: 26
• EAN13: 9782806107992
• Langue: Français

Extrait

Couverture
4e de couverture
Sciences du langage : Carrefours et points de vue
Collection dirigée par Irène Fenoglio (CNRS, Paris, ITEM/Ens d’Ulm)
et Giuseppe d’Attavi (CNRS/Ebs)
La collection « Sciences du langage : Carrefours et points de vue » accueille tout ouvrage offrant au lecteur une confrontation entre divers points de vue sur une même question ou notion, un même auteur, une même œuvre dans le domaine de la linguistique et des sciences du langage. Elle s’adresse aux spécialistes (étudiants, enseignants, chercheurs) comme à tout lecteur curieux de la façon dont différentes approches permettent, par la discussion, une avancée des connaissances sur le langage et les faits de langue.
Parutions les plus récentes :
5) Catherine DELARUE-BRETON, Expérience scolaire et expérience culturelle. De l’usage du paradoxe en éducation , 2012.
6) Élisabeth RICHARD et Claire DOQUET, Les représentations de l’oral chez Lagarce. Continuité, discontinuité, reprise , 2012.
7) Catherine BORÉ et Eduardo CALIL, L’école, l’écriture et la création. Études franco-brésiliennes, 2013.
8) Claudine NORMAND et Estanislao SOFIA, Espaces théoriques du langage. Des parallèles floues, 2013.
9) Laura CALABRESE, L’événement en discours. Presse et mémoire sociale , 2013.
10) Cecilia GUNNARSSON-LARGY et Emmanuèle AURIAC-SLUSARCZYK (dir.), Écriture et réécritures chez les élèves. Un seul corpus, divers genres discursifs et méthodologies d’analyse, 2013.
11) Anne-Gaëlle TOUTAIN, La rupture saussurienne. L’espace du langage , 2014.
12) Christophe LEBLAY et Gilles CAPOROSSI, Temps de l’écriture. Enregistrements et représentations , 2014.
13) Valentina CHEPIGA et Estanislao SOFIA (dir.), Archives et manuscrits de linguistes , 2014.
14) Régis MISSIRE (dir.), Approches sémantiques de l’oral , 2014.
15) Duss ABLALI, Sémir BADIR et Dominique DUCARD (eds), En tous genres. Normes, textes, médiations, 2015.
Titre
L’acquisition du langage
Un système complexe





Jérémi Sauvage
Copyright

Mise en page : Vincent Abitane – www.studio-prepresse.com

D/2015/4910/23 EAN Epub : 978-2-806-12049-6

© ACADEMIA–L’HARMATTAN S.A.
Grand’Place, 29
B-1348 Louvain-la-neuve

Tous droits de reproduction, d’adaptation ou de traduction, par quelque procédé que ce soit, réservés pour tous pays sans l’autorisation de l’éditeur ou de ses ayants droit.

www.editions-academia.be
Remerciements
Je souhaiterais remercier très sincèrement les collègues sans qui ce livre n’aurait pas vu le jour. Merci à Régine Delamotte-Legrand pour m’avoir mis le pied à l’étrier, à Laurent Gosselin, qui m’a invité il y a quinze ans à persister dans cette voie, à Jean-Paul Bronckart qui suit mon travail et le critique de manière constructive depuis une vingtaine d’années, à Ecaterina Bulea pour avoir osé établir une analogie forte entre Saussure et la Thermodynamique, à Wolfgang Wildget pour les échanges à propos de syntaxe et mathématiques, à Aziz Alaoui et Cyrille Bertelle qui ont pris de leur temps pour m’aider à comprendre les approches mathématiques de l’évolution des systèmes complexes en sciences sociales, à Christelle Dodane et Alessandra Del Ré pour les discussions et les séminaires en France et au Brésil autour de la thématique générale de cet ouvrage, à Jean-Marie Prieur pour sa relecture éclairée des passages épistémologiques, à Jean-Louis Chiss pour son soutien et ses conseils, à Nathalie Auger pour tout cela et tout le reste.
Citation

« La nécessité de penser ensemble, dans leur complémentarité, dans leur concurrence et dans leur antagonisme, les notions d’ordre et de désordre nous posent très exactement le problème de penser la complexité de la réalité physique, biologique et humaine. Mais pour cela, à mon sens, il est nécessaire de concevoir un nouveau regard, comme l’a très bien dit Heinz von Froester. Il nous faut regarder la façon dont nous concevons l’ordre, regarder la façon dont nous concevons le désordre, et nous regarder nous-mêmes regardant le monde, c’est-à-dire nous inclure dans notre vision du monde. »

Edgar MORIN, La complexité humaine , 1994, p. 301.
Introduction
« Pour convaincre les sceptiques, il faudra prouver le bien-fondé épistémologique d’une linguistique dynamique et non-linéaire. La TCC [Théorie du chaos et de la complexité] pourrait nous permettre de dévoiler des zones de chaos derrière l’apparence d’ordre dans nos systèmes linguistiques, et peut-être qu’au centre de ce chaos, on découvrira, comme le suggère Douglas Hofstader, un ordre caché. »

Jean-MARC DEWAELE, « L’apport de la théorie du chaos et de la complexité à la linguistique », 2001, p. 8.

Ce livre est la première étape d’une réflexion amorcée il y a une quinzaine d’années et la formulation d’un projet scientifique à venir. Elle est avant tout théorique et épistémologique. On ne s’attendra donc pas à des résultats quantitatifs. Cet aspect sera traité dans le futur, lorsque les diverses observations et expérimentations seront menées au sein d’un programme de recherche interdisciplinaire. Les quelques résultats présentés ici à titre illustratif ont un statut de « pré-études », nécessaires à l’élaboration de la réflexion générale développée.
L’objectif principal est donc d’ordre théorique. Il s’agit de proposer une prise en compte différente de l’acquisition du langage, non pas seulement comme une succession de moments de parole observables chez les jeunes enfants en développement, mais plutôt sous l’angle d’une dynamique d’évolution. Il n’est donc pas question d’opposer les cadres théoriques existants pour tenter d’expliquer comment les enfants apprennent à parler mais bien d’essayer d’articuler ces cadres théoriques, chacun étant susceptible d’alimenter la réflexion globale d’une approche plus complexe. Pour ce faire, j’ai souhaité montrer les intérêts et les adéquations d’une perspective s’inscrivant à la fois dans ce qu’il est coutumier d’appeler aujourd’hui la Théorie de la complexité et du chaos et l’inscription théorique de mes travaux depuis près d’une vingtaine d’années, l’Interactionnisme social. On aura peine à imaginer que réfléchir à une approche complexe dans une autre perspective (néo-nativiste, connexionnisme…) serait tout à fait intéressant. Une approche sociale et interactionniste, en s’appuyant notamment sur les théories de l’action, permet une articulation aisée avec les notions de perturbation, entropie, rétroaction, bifurcation, en mathématiques, c’est-à-dire en adéquation avec l’idée d’un bien-fondé d’une linguistique dynamique et non-linéaire. Mais le présent ouvrage n’est pas un manuel et n’a pas fonction de rendre compte de manière détaillée de l’ensemble des approches théoriques existant en acquisition du langage. Il s’agit d’un livre programmatique proposant des pistes d’études et de recherches pour le futur.
Travailler sur les dynamiques de l’acquisition du langage permet donc de dépasser certaines oppositions théoriques et épistémologiques et permet de rapprocher et de lier différents courants scientifiques. Pour ce faire, le présent livre est composé de trois parties.
La première fait l’objet d’un retour sur l’histoire de la psycholinguistique développementale et des questionnements subséquents. Ainsi, le chapitre I « Acquisition du langage et état des lieux » a pour objectif de retracer l’histoire des études et des observations du langage des enfants pour mieux comprendre les grands courants théoriques du XX e siècle. Cette historicité est pour nous essentielle à la compréhension et au dépassement d’un état de l’art en ce début de XXI e siècle. Le chapitre II aborde des « Questions méthodologiques et épistémologiques » notamment liées au domaine de l’acquisition du langage, en particulier au sujet des corpus et des méthodologies de recueil et d’analyse des données. Au terme de cette première partie, nous formulerons une évidence selon laquelle une rupture épistémologique est nécessaire afin de tenter de donner des répo