L homme ou le travail à toutes fins utiles
150 pages
Français

L'homme ou le travail à toutes fins utiles , livre ebook

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150 pages
Français

Description

Le dossier de ce trimestre porte sur le travail ou ce qu'il en reste. Le travail est un espace clos, il ouvre et ferme dans l'espace restreint qu'il occupe. Il mute par ce qui, d'une certaine manière, le construit et le façonne : l'éducation, l'école, l'enseignement supérieur, la formation professionnelle… Dès lors : que reste-t-il de l'homme ou du travail à sauver ? Allons-nous inexorablement vers la fin du travail ? Et, au fait, à quoi sert le travail et en avons-nous encore besoin ?

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Publié par
Date de parution 01 janvier 2015
Nombre de lectures 57
EAN13 9782336366593
Langue Français
Poids de l'ouvrage 6 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

PS
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N ° 3 3 - J a n v i e r 2 0 1 5
Dossier coordonné par Patrick Macquaire « L’homme ou le travail à toutes fins utiles ? »
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N°33 – janvier 2015
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Comité scientifique
Michel Autès (Lille), Georges Balandier (Paris), Cai Hua (Pékin), Boris Cyrulnik (La Seyne sur Mer), Christine Delory-Momberger (Paris-13), Pierre-André Dupuis (Nancy), Jean Duvignaud (1921-2007), Paul Fustier (Lyon), Remi Hess (Paris-8), Françoise Hurstel (Strasbourg), Martine Lani-Bayle (Nantes), François Laplantine (Lyon-2), Cosimo Marco Mazzoni (Sienne), Guy Ménard (Montréal), Jean Oury (1924-2014), André Rauch (Strasbourg), Claude Rivière (Paris-V), Christoph Wulf (Berlin).
Comité de rédaction
Rédacteur en chef :Thierry Goguel d’Allondans
Directeur de publication :Xavier Pryen
Président de l’Association des amis de la revue :Jean-François Gomez
Comité de rédaction :Roger Dadoun, Sylvestre Ganter (Pin Sylvestre), Philippe Hameau, David Le Breton, Yolande Touati, Renaud Tschudy
Collaborateurs :Yan Godart, Pascal Hintermeyer, Jocelyn Lachance, Nancy Midol
Corrections ortho- et typographiques :Isabelle Le Quinio
Couverture et mise en pages :L’Harmattan
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SOMMAIRE
ÉDITORIALConducteur ou isolant ? hierry Goguel d’Allondans .........................................................7
SI TU T’IMAGINES…Péguy mis en pièces Roger Dadoun............................................................................11
ENTRETIEN AVEC…Jean FERREUX .............................................25
LA CHRONIQUEde David Le Breton Le travail comme tripalium......................................................29....
LE DOSSIER DU TRIMESTRE : « L’HOMME OU LE TRAVAIL À TOUTES FINS UTILES ? »Sous la direction de Patrick Macquaire .......................................33
Ouverture. L'Homme éloigné de l'emploi Patrick Macquaire ......................................................................34
Bref aperçu sur les travaux forcés Éric Fougère ...............................................................................43
Travail scolaire et enfants d’ouvriers Jean-François Gomez..................................................................50
Le départ à la retraite : une rupture à penser Daniel Lecompte........................................................................58
La marchandise a gagné Salvatore Maugeri.......................................................................65
Se former, une idée du travail. Travailler, une idée de la formation Claude Rouyer ...........................................................................72
Le travail pour quoi faire ? Jean-Marc Metin ........................................................................79
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La retraite aux ambeaux Bruno Montpied ........................................................................85
HORS CHAMPSDanse et handicap. Pour une poétique de la rencontre Anamaria Fernandes & Benoît Le Bouteiller ..............................91
INITIATIQUESMilitantismes sahariens sur le web : le projet Minweb Marina Lafay & Fanny Georges..................................................97
ÉCHO DU TERRAINOblats… à Robert Castel Marie-Odile Supligeau .............................................................105
LU & VU......................................................................................113
LE BILLETde l’Association des amis deCultures & Sociétés..........139
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Conducteur ou isolant ?
Thierry Goguel d’Allondans
L’anthropologue Maurice Godelier, lors d’un colloque où l’avait invité Armand Touati (« Différences dans la civilisation », Cannes, juillet 2001), s’était insurgé contre cette idée, à ses yeux un peu simpliste, qui consisterait à expliquer tous les maux de nos sociétés de l’hyperconsommation par un individualisme effréné du sujet moderne ; ce serait imputer au seul individu à la fois la cause et ses effets. Pour lui, il s’agirait plutôt d’analyser, finement, des sociétés qui, de plus en plus, isolent l’individu et, du coup, de mesurer les enjeux sociétaux d’un accroissement des solitudes, particulièrement chez les plus précaires d’entre nous (vieux, pauvres, migrants, handicapés, étrangers…). Ces solitudes, plus nombreuses et multiformes, seront l’enjeu majeur du travail social de demain matin. Il est vrai que, dans bon nombre de sociétés coutumières, la marge de manœuvre de l’individu est extrêmement réduite, très exactement à l’aune d’un ordre établi et, dans celui-ci, d’une place socialement attribuée. Paradoxalement, cet ordonnancement du Monde est incroyablement rassurant, voire anesthésiant, comme ont pu l’être des sociétés pourtant totalitaires. Et c’est un autre paradoxe, et non des 1 moindres, que d’entrevoir l’angoisse (La fatigue d'être soi) générée chez l’individu postmoderne par ses libertés si chèrement acquises. Dans une société qui repose sur des traditions immuables, tout peut être dans Tout, et chacun participe alors à cette cosmogonie. Il n’est, généralement, nul
1. Aaî Ehébég a ubîÈ oîs îés quî Èoqué, çhaçu, çés quésîos :Le culte de la performance(1991),L’îndîvîdu încertaîn(1995) éLa fatîgue d'être soî(1998).
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besoin d’évoquer les sociabilités ou les solidarités, elles sont intrinsèques au clan, au groupe. Dans nos sociétés de la modernité avancée, au fil des siècles, les us et coutumes communément partagés se sont érodés (cf.les syncrétismes et les évolutions de la sphère privée) ; les hiérarchies, elles, se sont organisées et, de même, les économies – les profits allant, inexorablement et de plus en plus, à un petit nombre au détriment des masses laborieuses. Si l’on veut parler d’individualisme, il se caractériserait alors par le fait que nous passons les uns à côté des autres, foules d’anonymes empressés et aveugles, sans nous connaître, sans nous reconnaître. Parfois, sur des chemins forestiers ou de montagnes, nous retrouvons, par un retour à la nature et au sauvage, un semblant d’humanité en saluant, exceptionnellement, d’autres passants, car nous nous reconnaissons, un tout petit peu, en eux. À quoi et à qui sommes nous encore liés ? Qu’est-ce qui nous lie ou nous délie ? Sur quoi ou sur qui pouvons-nous compter pour mener une existence « vivable » ? Dans quels espaces et quels temps pouvons-nous, même fugacement, nous retrouver, nous apprécier, nous aimer ? Et, pour filer une métaphore électrique : qu’est-ce qui fait conducteur ? Qu’est-ce qui fait isolant ? Ce serait un peu provocateur d’évoquer « travail, famille, patrie » quand on sait ce que ce slogan a nourri, jusqu’à aujourd’hui, comme dérives et idées nauséabondes. Et pourtant, c’est bien là qu’il y a dialectiques : qu’est-ce qui fait travail ? Qu’est-ce qui fait famille ? Qu’est-ce qui fait patrie ? Comment tout cela s’enchevêtre-t-il ou non ? Mais aussi : quel est mon travail ? Quelle est ma famille ? Quelle est ma patrie ? Ou encore : quel travail, quelle famille, quelle patrie me fait, me construit, me réalise ? Ou au contraire : quel travail, quelle famille, quelle patrie me plombe, me lamine, m’anéantit ? Nous avons déjà disputé de la famille (dansCultures & Sociétésn° 3 et dans bien des dossiers de manière transverse) ; il faudrait maintenant un dossier sur la patrie ou peut-être plutôt sur la nation (avis aux amateurs). Pour ce trimestre, la controverse portera sur le travail ou, si l’on en croit bien des contributeurs réunis par Patrick Macquaire, ce qu’il en reste. Dès lors, le travail est-il un conducteur
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ou un isolant ? Notre rapport à la retraite, évoqué par Daniel Lecompte, Bruno Montpied et Jean Ferreux, laisserait penser que le travail est un espace clos sur lui-même, il ouvre et ferme dans l’espace restreint qu’il occupe. Il n’y a pas – ou peu – d’enchevêtrements. Après l’un, le déluge ! Mais le travail mute aussi par ce qui, d’une certaine manière, le construit et le façonne : l’éducation, l’école, l’enseignement supérieur, la formation professionnelle… Or ces outils de transmission ont, eux aussi, connu, tout au long de notre histoire, de profondes mutations, comme l’évoquent Éric Fougère, Jean-François Gomez et Claude Rouyer. Une question centrale traverse ces propos : qu’en est-il aujourd’hui des principes de l’alternance ? Il ne s’agit pas là de simples stages pour découvrir, voire apprendre, ce qu’est un métier, mais de ce mouvement, de cette co-construction entre espaces de connaissances théoriques et espaces de connaissances pratiques, de cette transmission d’un métier, de ce processus subtil (initiatique) de professionnalisation ? Devant la « chalandisation » généralisée, Patrick Macquaire, Salvatore Maugeri et Jean-Marc Metin osent les questions qui fâchent : que reste-t-il, de l’homme ou du travail, à sauver ? Allons-nous inexorablement vers la fin du travail ? Et, au fait, à quoi sert le travail et en avons-nous encore besoin ? Nous le voyons tous les jours, les grands débats de société tournent autour de ces questions : réformes des retraites, complexifications du code du travail, aménagements du temps de travail, renégociations de l’assurance chômage (tous les deux ans), négociations sur les conditions de travail, les conventions collectives, les salaires minimums et interprofessionnels, etc. Et l’on peut avoir, là aussi, l’impression de mondes clos, avec leurs régimes spéciaux, ignorants les voisins plus ou moins fortunés qu’eux quand ils ne les méprisent. DansL’Obsn° 2607 du 23 au 29 octobre 2014, notre premier ministre, Manuel Valls, souhaite « en finir avec la gauche passéiste ». Ceci le regarde et nous intéresse peu, mais il précise en fustigeant cette gauche qui, selon lui, « s’attache à un passé révolu et nostalgique, hantée par le surmoi marxiste et par le souvenir des Trente Glorieuses ». Foin de nostalgie, mais fâché, il me revient ce postulat de notre maître et ami Jean Oury
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