Cognitique
146 pages
Français

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Description

Que la connaissance soit spontanée, construite, conservée, transmise, valorisée, au plan pratique il faut la gérer. La machine informatique joue un rôle primordial, sans lequel la connaissance ne serait pas exploitée avec les performances qu'on connaît actuellement. C'est de cette relation de l'Homme à cette machine à penser et à aider à penser qu'il est question dans cet ouvrage. On y aborde également les moyens de la cognitique, nouvelle "sciences du traitement automatique de la connaissance", et la pénétration de l'esprit par la technologie.

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2005
Nombre de lectures 78
EAN13 9782336256603
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Collection Cognition et Formation
dirigée par Georges Lerbet et Jean-Claude Sallaberry
Les situations de formation sont complexes. Elles s’appuient sur des processus cognitifs eux aussi complexes.
Appréhender ces situations et ces processus signifie que les sujets (chercheurs, formateurs, “apprenants”...), leurs milieux et leurs relations sont considérés comme des systèmes autonomes en interactions. Cela conduit à mettre l’accent sur une nouvelle pragmatique éducative développée au fil des volumes de la collection.
www.librairieharmattan.com e-mail : harmattanl@wanadoo.fr
© L’Harmattan, 2005
9782747591355
EAN : 9782747591355
Cognitique
Science et pratique des relations à la machine à penser

Bernard Claverie
Sommaire
Collection Cognition et Formation Page de Copyright Page de titre INTRODUCTION Chapitre I - CONNAISSANCE ET COGNITION Chapitre II - MACHINES ET MACHINISME Chapitre III - AUTOMATIQUE ET AUTOMATION Chapitre IV - INFORMATIQUE ET INFORMATION Chapitre V - COGNITIQUE ET CONNAISSANCE Chapitre VI - POSITIONS ET PARADIGMES EN COGNITIQUE CONCLUSION BIBLIOGRAPHE DANS LA MÊME COLLECTION
INTRODUCTION
En 1962, le génial Philippe Dreyfus enrichissait le langage de notre quotidien en nommant Informatique ce que faisait avec l’ordinateur la société qu’il venait de créer 1 . Il initiait ainsi les nouvelles technologies de l’information et baptisait la grande discipline scientifique et technologique de la fin du siècle. C’est sur les mots information et automatique qu’il a forgé le néologisme : informatique . Elle est « science et technique du traitement automatique de l’information ». Le mot a été adopté en 1967 par l’Académie Française et le Larousse lui admet deux définitions complémentaires, désignant d’une part la dimension théorique d’une « science du traitement automatique et rationnel de l’information en tant que support des connaissances et des communications », et de l’autre le volet concret des « applications de cette science, mettant en œuvre des matériels (ordinateurs) et des logiciels » 2 .
L’informatique est donc une science des ordinateurs, de leur usage et de l’information qu’ils traitent, stockent, transforment ou distribuent. Et l’Homme là-dedans ? Tout allait bien au siècle de l’information ; on a même créé des sciences pour l’aider, pour qu’il s’y repère, qu’il la gère, la transforme, ou l’interprète. Mais aujourd’hui celle qui nous entoure, qu’elle soit industrielle, de gestion, de santé ou plus largement sociale et culturelle, est d’une telle complexité qu’elle envahit, et à vouloir libérer souvent aliène. Cette complexité est telle qu’il devient urgent de rapprocher non plus l’Homme de l’information, mais sa pensée et son cerveau du sens, des entrelacs et des structures multiformes, évolutives et continuellement auto-enrichies qui fondent la connaissance.

Deux phénomènes se sont imposés dans ces dernières années. Le premier correspond à la rupture des barrières disciplinaires dans le monde social, industriel, et dans les entreprises de haute technologie. Le second est celui de l’ouverture de l’offre des produits manufacturés à des classes d’utilisateurs jusqu’ici écartés de la technologie. Les nouveaux marchés qui en sont issus amènent à prendre en compte cette nouvelle majorité de clients, investisseurs ou usagers potentiels ; celle de l’homme tout venant. Ainsi devient-il nécessaire de donner accès au plus grand nombre, peu, pas ou mal préparé à l’usage des outils informatiques, à leur maîtrise et à la compréhension utile de leurs produits informationnels. L’enjeu économique guide la recherche et adapte la technique, et l’on voit apparaître de nouvelles machines, de nouveaux usages, et de nouveaux clients pour orienter chaque jour des développements vers la piste des ordinateurs transparents de demain.

Cette problématique a émergé il y a quelques années dans l’aéronautique et le spatial. Elle a pénétré progressivement les grands domaines de la santé, de l’industrie ou des services, dans l’automobile, les télécommunications et la téléphonie, l’informatique nomade, l’édition des produits éducatifs, culturels ou ludiques. Parallèlement, on est chaque année confronté à la baisse du nombre des candidats aux carrières scientifiques et techniques, alors que les exigences d’usagers non spécialistes mais qui investissent ou s’intéressent à l’ensemble des champs de la technologie, obligent à une mutation des équations simples du passé. La société est tenue au passage vers le plus grand nombre et à la mise à disposition du non scientifique d’informations spécialisées pour un accès potentiel direct à la connaissance tout-venant. Les avions devront demain se piloter comme se conduisent les voitures, les téléphones s’utiliser comme de simples prolongements de la voix, leurs écrans permettre la lecture des bibliothèques universelles, et les automobiles devront gérer l’absurde complexité de la signalétique et des réseaux pour un usager naïf, distrait ou diminué, en lui permettant de téléphoner en se garant toutes seules, et ne plus craindre les accidents sur des routes trop ou mal fréquentées.
Cette mutation technologique, économique et sociale a été prise en compte par les sciences et technologies de l’information et de la communication autour d’un pôle multidisciplinaire qui associe sciences cognitives, informatique et automatique. Ce pôle est nommé « cognitique » par analogie à l’ « informatique », sa proche parente. Comme elle, à ses débuts, elle tâtonne, mais s’organise chaque jour pour perfectionner sa théorie, ses réalisations et ses productions transversales dans un monde pourtant traditionnellement disciplinaire.

Le mot cognitique a connu des fortunes diverses. Excellemment défini à l’origine par Jean-Michel Truong, il a fait l’objet d’un dépôt légal en 1983 3 . L’auteur définit ainsi une « discipline scientifique et pratique technique, branche de l’informatique, qui a pour objet l’acquisition et la représentation formelle des connaissances et des modes de raisonnement, en vue de leur simulation à l’aide d’ordinateurs ». La cognitique a ensuite été malheureusement confondu à la science de la cognition, et en 1999 le mot a été utilisé par des linguistes, des neuroscientifiques et des informaticiens pour lancer entre Paris et Lyon un ambitieux programme du Ministère de la Recherche. Parallèlement à la science académique, les applications se sont imposées, et s’est ouvert à Toulouse, dans le berceau historique qui vit naître Concorde et Airbus , le premier institut européen consacré à l’ingénierie cognitive et à la cognitique industrielle 4 .
En 2002, la Commission du Titre a inscrit la cognitique comme discipline d’ingénieur 5 , et elle est apparue sur les listes du vénérable Conseil National des Ingénieurs et Scientifiques de France 6 . C’est l’année suivante que, dans le bassin industriel du sud-ouest de la France s’est ouverte la première école nationale d’ingénieurs en cognitique. Elle s’est développée sous la forme d’un institut pluridisciplinaire à vocation européenne, sous l’égide de grands groupes industriels de la métallurgie 7 , de l’électronique et des systèmes embarqués.

Aujourd’hui, dans la conjonction de la recherche universitaire et de l’innovation industrielle, la cognitique se définit comme « science et technique du traitement automatique de la connaissance ». Elle s’insère dans le vaste domaine de l’informatique et des technologies de l’information, en prenant en compte les dimensions du biologique et du social, de la gestion et des humanités. Petite fille de la cybernétique, elle en adopte les paradigmes qui lui permettent d’aborder la complexité de son objet d’étude : la connaissance. Elle se structure en réseaux de compétences et s’ancre dans les théories de l’auto-organisation et la description des programmes ou des artefacts cognitifs.

Elle place l’ordinateur, cette machine métallique et électronique à classer et à recomposer le monde, au centre de son action et des développements qu’elle mobilise dans tous les champs de la connaissance, de sa maîtrise ou de son appropriation par l’Homme du XXI ème siècle. Cet artefact à penser, souvent mal et différemment du cerveau, parfois bien mieux et souvent de manière plus fiable,

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