Les derniers jours de Gerardo Varcel
65 pages
Français

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Les derniers jours de Gerardo Varcel , livre ebook

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Description

"Comme la plupart des gens qui font plus attention à eux-mêmes qu'aux autres, Gerardo Varcel n'était pas très physionomiste. Lorsque, le jeudi précédent, il avait lui-même signé la lettre de licenciement de Roberto Mendía, c'est le visage d'un autre qu'il avait en tête.


Faut-il être distrait.


Subitement, Varcel saisit sa méprise : cet homme inconsolable qui l'empêchait de lire tranquillement son journal, était Roberto Mendía, le responsable informatique du Service Production. Varcel l'avait toujours confondu avec Alberto Mendez, patron du Service Après-Vente.


Roberto Mendía, Alberto Mendez : on n'a pas idée d'embaucher deux personnes avec le même nom, ou presque.


Quand on était venu lui demander la tête de Roberto Mendía, Varcel avait pensé à Mendez et s'était empressé d'accepter : Alberto Mendez était un proche de son adjoint détesté. Une trop belle occasion.


Forcément, il avait dû être surpris, Roberto."

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 27 février 2003
Nombre de lectures 47
EAN13 9782818804018
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

...
Olivier Nordon
Les derniers jours de Gerardo Varcel
PDG à Guatemala-City
Pour Luce
(Et à Pedro Camacho)
infos/nouveautés/catalogue :www.maxima.fr
192, bd Saint-Germain, 75007 Paris Tél. : + 33 1 44 39 74 00 - Fax : + 33 1 45 48 46 48
© Maxima, Paris, 2003.
ISBN : 978 281880 401 8
Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptations réservés pour tous pays.
Cette œuvre est protégée par le droit d’auteur et strictement réservée à l’usage privé du client. Toute reproduction ou diffusion au profit de tiers, à titre gratuit ou onéreux, de tout ou partie de cette œuvre, est strictement interdite et constitue une contrefaçon prévue par les articles L 335-2 et suivants du Code de la Propriété Intellectuelle. L’éditeur se réserve le droit de poursuivre toute atteinte à ses droits de propriété intellectuelle devant les juridictions civiles ou pénales
Couverture
Titre
Copyright
Lunes - lundi
Martes - mardi
Miércoles - mercredi
Jueves - jeudi
Viernes - vendredi
Sábado - samedi
Domingo - dimanche
Lunes lundi
– Il était environ 23 heures. Le caféLa Mužnecaétait plein à craquer. La fumée empêchait de voir à trois mètres. On a commandé deux margaritas. Il fallait parler fort à cause du bruit. Pablo et moi, on a le même âge, trente-neuf ans. Ça fait une paye qu’on se connaît. On en finit même par se ressembler. Surtout ce soir : tous les deux avec la moustache soigneusement taillée et des Ray-Ban noires. L’air sympathique, quoi. Personne n’a prêté attention à nous. Deux amis qui vont boire un coup ensemble un soir dans un bar, ça ne se remarque pas. Deux hommes tout...
La voix vibrante de Gabriel Chavez troublait l’obscurité de la chambre. Comme tous les matins de la semaine à 6 heures, le radio-réveil s’était animé et avait commencé à parler. Gerardo Varcel s’était alors levé d’un bond et, dans le noir, avait couru vers la commode à l’autre bout de sa chambre. C’est là qu’il avait placé le radio-réveil. Loin de son lit pour se contraindre à se lever. D’autant qu’il devait faire vite. Il ne voulait pas que la voix du célèbre speaker deRadio-Zócaloréveillât sa femme. Il n’avait pas éteint complètement la radio. Il en avait baissé simplement le son et, nu dans la chambre sombre, debout devant la commode, avait écouté jusqu’à la fin laChronique criminelle du Palais de Gabriel Chavez. Gabriel Chavez...
Quand je suis arrivée au bureau ce lundi, je compris bien vite que Varcel n’était pas seul : de longues plaintes incertaines sourdaient au travers des portes matelassées du bureau du patron. Gémissements ? râles ? sanglots ? cris ? soupirs ? Je ne voulus pas prendre le risque d’entrer. Je connais bien l’animal. Ça fait vingt ans que je travaille avec lui. On entre sans frapper, pensant qu’il est assis à son bureau en train de travailler et on tombe sur autre chose… On a vite fait de mettre tout le monde dans une situation embarrassante. Je laissai donc sur mon propre bureau le second café de Varcel. Celui de 8 h 55 que je lui apporte chaque jour en même temps que son journal avec une régularité de montre suisse.
En une heure, l’homme qui n’avait pas rendez-vous n’avait parlé que durant cinq minutes. Les cinq premières. Ensuite il s’était mis à pleurer sans qu’il lui soit possible de s’arrêter. Gerardo Varcel tendait kleenex sur kleenex au malheureux sans plus savoir quoi dire pour le réconforter. Une demi-heure encore passa avant qu’entre deux souffles, Varcel ne comprît l’origine du désespoir de cet homme qui pleurait dans son bureau. La veille au soir, en rentrant chez lui, celui-ci avait trouvé sa lettre de licenciement. C’est une raison recevable pour pleurer, pensa Gerardo Varcel, qui dans le même temps se demandait pourquoi personne ne l’avait tenu au courant des problèmes de ce garçon. Bien qu’il fût sur le fond indifférent à ceux-ci, Varcel faisait partie de ces gens qui ne peuvent réprimer une compassion ponctuelle et volatile lorsque le hasard les confronte aux malheurs des autres. Tout juste s’il ne pleurait pas, lui aussi. Il essayait désespérément de resituer l’homme qu’il avait en face de lui...
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