Fiertés de femme noire
210 pages
Français

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Fiertés de femme noire , livre ebook

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Description

« Très sensible à la condition féminine, toujours, avant et surtout après mon séjour parisien. Si j'avais dit ce que je pensais réellement, j'aurais dressé tous les hommes de la Martinique contre moi. Fervente chrétienne, ce fut le choc des Negro spirituals à Paris (1930). Ayant perçu, avant les hommes, la nécessité d'une solidarité raciale, j'ai aussi voulu sensibiliser les femmes à la chose sociale et à la fierté noire, avant-guerre, dans de nombreuses publications puis en Martinique ». Paulette Nardal

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 04 janvier 2019
Nombre de lectures 2
EAN13 9782336860374
Langue Français
Poids de l'ouvrage 9 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

FIERTÉS DE FEMME NOIRE
Entretiens/Mémoires de Paulette Nardal

Philippe Grollemund

Philippe Grollemund

Préface Christiane Éda Pierre

FIERTÉS DE FEMME NOIRE Entretiens/Mémoires de Paulette Nardal

FIERTÉS DE FEMME NOIRE
Entretiens/Mémoires de Paulette Nardal

Philippe Grollemund

Philippe Grollemund

Préface Christiane Éda Pierre

FIERTÉS DE FEMME NOIRE
Entretiens/Mémoires de Paulette Nardal

Philippe Grollemund

Philippe Grollemund

Préface Christiane Éda Pierre

FIERTÉS DE FEMME NOIRE Entretiens/Mémoires de Paulette Nardal

FIERTÉS DE FEMME NOIRE
Entretiens/Mémoires de Paulette Nardal

Philippe Grollemund

Philippe Grollemund

Préface Christiane Éda Pierre

Fiertés de femme noire
© L’Harmattan, 2018
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
www.editions-harmattan.fr
ISBN : 978-2-343-16043-6
EAN : 9782343160436
Philippe GROLLEMUND

Fiertés de femme noire
Entretiens/Mémoires
de Paulette Nardal

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Du même auteur

Droits et recours individuels des personnes handicapées , Juris éditions
(département Dalloz), Février 2012, 207 p.

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Préface

J'ai eu souvent des longues conversations avec ma tante, Paulette NARDAL, au moment de mes études musicales avant mon départ pour le conservatoire à Paris, puis lors de mes fréquents retours dans l'île, ensuite, au cours de ma carrière. J'ai retenu l'honneur et la nécessité d'être fière de ma famille noire alors que je portais, le plus haut possible, mes ambitions artistiques. Ces discussions, faites dix ou quinze ans après son retour en Martinique montraient qu'elle n'avait rien perdu de sa foi dans cette fierté noire qui l'avait envahie depuis ses années parisiennes et qui avaient fortement animé son action féministe avant l'heure dans le cadre, notamment de son mouvement « Le Rassemblement féminin ». La musique était son terrain constant et favori d'exalter la fierté noire, notamment avec ce groupe dont elle assurait le dynamisme, la « Chorale Joie de Chanter ». J'étais très motivée de porter l'excellence de l'art du chant dont elle m'avait communiqué, avec ma mère, la force de mon ascendance noire.
Comme elle l'avoue elle même, dans les propos qu'on lira cidessous, c'était un signe du destin qu'un jeune « z'oreilles », l'ayant découverte, ait pu recueillir ses souvenirs un peu estompés par la
fatigue due à son infirmité et son âge. Sa fierté de femme noire a bien subsisté malgré toutes les vicissitudes qu'elle a pu rencontrer, que ce soit le handicap suite au naufrage de son bateau en 1939 ou bien les résistances de la société coloniale d'alors, fiertés d'une étoile noire et lumineuse.
Christiane Eda Pierre
Septembre 2018

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Introduction

Au cours de l'année 1972, après l'avoir entendue en concert, je participe à la chorale « La Joie de Chanter ». Les répétitions se déroulent rue Schoelcher, (en face de ce qui était alors la DDASS, mais aussi, anciennement l'Etat Major où mon père était officier – 1958/1961), dans un appartement d'une vielle dame qui, sa jambe reposant sur un tabouret, assistait aux répétitions. Je finis par comprendre son rôle et son importance, fondatrice de ce chœur, mais surtout, « Marraine de la Négritude », première étudiante noire en
Sorbonne en 1921 (j'ai pu récupérer – via un ami – la photo de la couverture de son dossier d'inscription aux Archives Nationales).
C'est ainsi que, ensuite, j'ai entrepris de recueillir son témoignage, ce qu'elle a fait volontiers, m'accordant sa confiance.
Ces entretiens se sont déroulés sur environ deux ans, à l'aide, à l'époque, d'un petit magnétophone, propos oraux que j'ai immédiatement retranscrits à la main.
Paulette NARDAL était alors âgée de 78 ans, et sa santé était délicate. Mais ramener ses souvenirs à la conscience lui rendait son énergie, et de nombreux souvenirs revenaient par association d'idées au moment où elle parlait.
Dans le même temps, je faisais des recherches aux archives départementales pour retrouver les nombreuses publications locales qu'elle avait dirigées ( La Femme dans la cité , notamment), et ellemême m'a confié des photocopies de documents qu'elle avait conservés.
Ces propos et souvenirs démontraient une grande curiosité intellectuelle, de l'humour, des convictions très affirmées, surtout pour tout ce qui touchait à sa fierté de femme noire.
Son séjour parisien a duré 18 ans, durant lesquels elle a beaucoup milité à cause et en faveur des droits des noirs, au moment, à Paris, où
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des noirs américains exposaient vigoureusement leurs conceptions et leurs prétentions. De là est née, grâce à elle et à ses sœurs - le fameux salon de Clamart, banlieue où elle a longtemps habité - le mouvement ultérieurement appelé « Négritude », initié par la Revue du Monde Noir et développé ensuite par la trinité CÉSAIRE, SENGHOR et Léon DAMAS, entre autres.
C'était aussi le temps de Joséphine BAKER et la vogue des « revues nègres ». Paulette NARDAL s'est vu proposer de poser pour des portraits, femme noire exposée, alors, que dans le même temps, elle militait par la plume et les tournées pour les droits des noirs, notamment à la suite de l'invasion de l'Ethiopie par l'Italie en 1935.
Sa silhouette était remarquable (Gilbert Gratiant, poète martiniquais, vivant à Paris, ne l'avait-il pas qualifié de « Vénus hottentote »... ?), mais son verbe et ses écrits plus encore.
Partie en congé en Martinique en 1939, elle voulut rejoindre Paris après la déclaration de guerre, mais son navire fut touché par une torpille allemande (16 octobre 1939). Elle fut dramatiquement sauvée, mais grièvement blessée en sautant dans le canot de sauvetage. Elle a été soignée pendant un an dans un hôpital anglais (Plymouth), également bombardé par les Allemands, et malgré le pessimisme des médecins, parvint à survivre néanmoins. Elle ne doit qu'à son énergie indomptable d'avoir pu continuer à vivre et à militer. Quoique très affaiblie, elle relança ses activités en Martinique, en 1940, à un moment où la société créole était encore coloniale. Son action féministe, sociale et culturelle rencontra de nombreuses résistances alors. Ses grandes difficultés physiques trouvèrent un refuge pas toujours compréhensif auprès de ses sœurs, elles aussi revenues de France, et de ses parents qu'elle affectionnait plus que tout.
Ses découvertes parisiennes, qu'elle nommait « la fierté noire » l'ont puissamment aidé à supporter fatigue et douleurs dues à son naufrage et ses blessures.
Je lui téléphonais souvent, soit au Morne Rouge (commune du nord de la Martinique, derrière la Montagne Pelée, très humide) où elle était en repos dans la maison familiale, soit à Fort-de-France où elle se sentait revivre avec les émissions de radio et les répétitions nécessaires pour l'enregistrement du premier disque de la chorale (1974).
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Outre sa déambulation difficile, une surdité la gagnait, mais avec
beaucoup d'énergie et d'à propos, elle rectifiait les chants en répétition.
Toujours sensible au devenir des femmes, lisant beaucoup de journaux (locaux), elle se préoccupa devant moi des collaboratrices féminines d'un nouveau périodique ( Inter Antilles )
Un peu plus tard, elle venait de lire dans Le Naïf un article contre l'une des vedettes du spectacle parisien « Hair », jeune fille martiniquaise dont le tort avait été de lâcher ces quelques mots « J'aime bien la musique antillaise, mais... » L'article y décelait de méprisantes arrière-pensées à l'égard de la musique locale, de l'art local, de la personnalité antillaise.
Haussant les épaules et en ironisant « Il est bien temps qu'ils en parlent, de la personnalité antillaise, oui, il est temps ! » Elle faisait évidemment allusion aux efforts qu'elle et ses sœurs avaient déployés depuis une trentaine d'années pour réhabiliter la musique des Noirs et celle des Antillais, efforts peu suivis jusqu'à présent, malgré la
chorale, malgré les conférences, malgré ses nombreux articles, malgré ses propres compositions. « Il est certain, reconnaissait-elle, que les temps ont changé ; on accept

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