Le corps, entre sexe et genre
166 pages
Français

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Le corps, entre sexe et genre , livre ebook

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Description

Tenter de sortir du dilemme naturel/construit, autrement dit du carcan catégoriel que constitue le couple sexe/genre, tel est l'enjeu de cet ouvrage. A partir de problématiques féministes et post féministes en biologie, en philosophie et histoire des sciences comment penser les conflits tant épistémologiques que politiques générés par les rapports de pouvoir au principe de l'historicité des corps.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2005
Nombre de lectures 50
EAN13 9782336281568
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Bibliothèque du féminisme
Collection dirigée par Oristelle Bonis, Dominique Fougeyrollas, Hélène Rouch
publiée avec le soutien de l’Association nationale des études féministes (ANEF)

Les essais publiés dans la collection Bibliothèque du féminisme questionnent le rapport entre différence biologique et inégalité des sexes, entre sexe et genre. Il s’agit ici de poursuivre le débat politique ouvert par le féminisme, en privilégiant la démarche scientifique et critique dans une approche interdisciplinaire.
L’orientation de la collection se fait selon trois axes : la réédition de textes qui ont inspiré la réflexion féministe et le redéploiement des sciences sociales ; la publication de recherches , essais, thèses, textes de séminaires, qui témoignent du renouvellement des problématiques ; la Traduction d’ouvrages qui manifestent la vitalité des recherches féministes à l’étranger.
Le corps, entre sexe et genre

Elsa Dorlin
Hélène Rouch
Dominique Fougeyrollas-Schwebel
Nous remercions l’Université Paris 7-Denis Diderot et le RING (Réseau interuniversitaire et interdisciplinaire national sur le genre) pour l’aide qu’ils ont apportée au CEDREF (Centre d’enseignement, de documentation et de recherches pour les études féministes) dans l’organisation de la journée d’étude « Entre sexe et genre, où est le corps ? » qui s’est tenue à Paris le 19 novembre 2004 dans les locaux de l’université. Nous remercions également l’Université Paris 7-Denis Diderot de son soutien financier à la publication issue de cette journée.
www.librairieharmattan.com harmattan 1 @wanadoo.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr
© L’Harmattan/Cahiers du Cedref , 2005
9782747596053
EAN : 9782747596053
Sommaire
Bibliothèque du féminisme Page de titre Remerciements Page de Copyright Introduction Les corps des pratiques : politiques féministes et (re)constructions de « la nature » « Avarice épistémique » et économie de la connaissance : le pas rien du constructionnisme social Biopolitique du genre La gestion des corps : genre, images et citoyenneté dans les campagnes contre le trafic des femmes La gestation, paradoxe immunologique de la dualité Des mères-chimères ? Echange materno-fœtal et transformation de la notion d’individu Les Blanchisseuses. La société plantocratique antillaise, laboratoire de la féminité moderne Ouvrages parus dans Bibliothèque du féminisme
Introduction
La majorité des textes présentés ici sont issus de la journée d’étude « Entre sexe et genre, où est le corps ? » organisée le 19 novembre 2004 par le CEDREF / Université Paris 7 - Denis Diderot.
Cette journée prolongeait le séminaire « Genre et science » qui s’est tenu pendant trois ans (2000-2003), au cours duquel nous avons essayé de renouer avec une interdisciplinarité qui, après avoir fait les beaux jours du passage des années 1970 aux années 1980, s’est quelque peu perdue avec l’institutionnalisation des études féministes et leur rattachement, là où c’était possible, aux différentes disciplines constituées. Nombre de chercheuses se sont retrouvées isolées et empêchées de développer ces problématiques - notamment en mathématiques, en physique et en biologie mais aussi en histoire et en philosophie des sciences, bien que ces dernières aient intégré récemment quelques thématiques féministes.
Le séminaire a permis à des chercheuses (en sciences exactes et expérimentales, en sciences humaines et sociales) et à des praticiennes de la médecine, de confronter leur parcours, tant professionnel que personnel, avec leurs engagements féministes. Au fil de ces séances, force a été de constater que la recherche française faisait le grand écart avec celle des pays anglo-saxons à laquelle nous l’avons comparée (Cahiers du CEDREF, « Genre et Science », 2003).
L’objectif de la journée d’étude était de revenir, au vu des aboutissements théoriques actuels, sur la question de la matérialité du corps, question qui à la fin du séminaire se posait avec insistance : comment faire émerger des problématiques qui lui donneraient sens, qui permettraient d’échapper au verrouillage de la pensée opéré aussi bien par l’opposition naturel/construit (découlant de l’opposition essentialisme/ matérialisme) que par l’affirmation « rien n’est naturel, tout est construit ».
En effet, le débat sur la distinction entre sexe (biologique) et genre (social), sur l’utilisation du concept de genre pour rendre compte d’un rapport de domination, et sur la construction-déconstruction du sexe biologique qui s’en est suivie, a amené à des positions de plus en plus abstraites de la matérialité des corps.
L’utilisation des catégories de sexe et de genre, telles que définies par les théories féministes, matérialistes ou postmodernes, a empêché de penser le corps en dehors de ces catégories et entraîné une forme de recouvrement, d’oubli, voire un déni du corps. Pour les matérialistes, et nous pensons ici aux travaux essentiels de Christine Delphy (avec le concept de genre), de Colette Guillaumin (avec le concept de sexage) et de Nicole-Claude Mathieu (avec le concept de sexe social), le rapport de domination détermine un antagonisme qui finit par reconduire inévitablement une bicatégorisation des hommes et des femmes en deux groupes homogènes définis par une anatomie, métonymie des corps. Pour les postmodernes, comme Judith Butler, la catégorie de sexe est une catégorie discursive et les corps, qui subissent les prescriptions normatives tant au niveau des discours que des pratiques, n’en sont plus que la répétition rituelle et incarnée.
Il nous a paru nécessaire d’interroger d’abord de quelle façon les procédures de construction/déconstruction du sexe biologique, telles que les ont menées des biologistes, des philosophes ou des historiennes des sciences, traitaient du corps. A partir de cet état des lieux, le statut et la place du corps dans le jeu à deux du sexe et du genre se révèlent problématiques : si le sexe n’est plus qu’une construction socio-historique, c’est-à-dire du genre, et rien d’autre que du genre, toute tentative pour sauvegarder le sexe d’une totale dénaturalisation, notamment de la part des biologistes, doit-elle être renvoyée à un réalisme naïf? Comment traiter alors le malaise et l’angoisse qui saisissent devant cette déréalisation du corps et de la nature ?
Une manière d’y échapper est d’affirmer que les technologies du sexe amènent à sortir de la bicatégorisation du sexe et du genre, et donc de toute catégorie : les corps sont ainsi appréhendés non plus à travers une catégorisation de sexe, mais à travers la sexuation technicienne des corps : ils sont tout autant corps-machines que corps fantasmés et/ou vécus.
Une manière, au contraire, de ne pas y échapper, est de se confronter à la réalité des violences exercées contre les femmes. Mais la réification du couple sexe/genre peut aussi rendre le corps plus que jamais présent : corps réduit à de la chair meurtrie, mutilée. Ainsi, même dans le cadre d’une campagne féministe contre la violence faite aux femmes, la puissance sidérante des images semble, plus que le discours, inévitablement renvoyer les femmes à des représentations stéréotypées de victimes soumises et avilies.
Peut-être faut-il aussi cesser de considérer les corps comme des objets passifs, notamment sous l’œil scrutateur et le scalpel invasif d’une science totalitaire au service de la domination masculine. La façon dont les corps — tels qu’ils sont actuellement appréhendés par les sciences biologiques et médicales — résistent aux constructions figées de la bicatégorisation des sexes, les déjouent et permettent d’autres constructions, mérite de retenir l’attention et constitue un des enjeux d’une véritable épistémologie féministe.
Enfin, dans le cadre d’une analyse des catégories de la connaissance comme catégories de pouvoir, une généalogie des féminités pourrait montrer que la matérialité des corps est dans leur historicité. Cette démarche permettrait d’analyser comment les dispositifs de la domination ont eux-mêmes travaillé les corps dans leur plasticité : la médecine du XVIII e siècle, venue à l’aide de la politique esclavagiste, a ainsi lit

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