Médias et Féminismes
272 pages
Français

Médias et Féminismes , livre ebook

-

272 pages
Français

Description

Les médias, s'ils informent, ne servent plus à communiquer. C'est pourquoi cet essai veut répondre à une double question : comment et pourquoi les minoritaires, et les femmes en particulier, s'ils prennent parfois la parole dans le champ médiatique en créant leurs propres journaux, ne peuvent pas la garder ? Comment et pourquoi les médias majoritaires ne rendent-ils pas compte de ces points de vue de minoritaires, en particulier lors d'événements qui les concernent ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 juin 1998
Nombre de lectures 339
EAN13 9782296363120
Langue Français
Poids de l'ouvrage 10 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Médias et féminismes
Minoritaires sans parolesCollection Logiques Sociales
fondée par Dominique Desjeux
et dirigée par Bruno Péquignot
Dernières parutions
J.- YMÉNARD, Jocelyne BARREAU, Stratégies de
modernisation et réactions du personnel, 1997.
Florent GAUDEZ, Pour une socio-anthropologie du texte littéraire, 1997.
Anita TORRES, La Science-fiction française : auteurs et amateurs d'un
genre littéraire, 1997.
François DELOR, Séropositifs. Trajectoires identitaires et rencontres
du risque, 1997.
Louis REBOUD (dir.), La relation de service au coeur de l'analyse
économique, 1997.
Marie Claire MARSAN, Les galeries d'art en France aujourd'hui, 1997.
Collectif, La modernité de Karl POIANYI, 1997.
Frédérique LEBLANC, Libraire de l'histoire d'un métier à
l'élaboration d'une identité professionnelle, 1997.
Jean-François GUILLAUME, L'âge de tous les possibles, 1997.
Yannick LE QUENTREC, Employés de bureau et syndicalisme, 1998.
Karin HELLER, La bande dessinée fantastique à la lumière de ;
l'anthropologie religieuse, 1998.
Françoise BLOCH, Monique BUISSON, La garde des enfants. Une
histoire de femmes, 1998.
Christian GUIMELLI, Chasse et nature en Languedoc, 1998.
Roland GUILLON, Environnement et emploi: quelles approches
syndicales 71998.
Jacques LAUTMAN, Bernard-Pierre LÉCUYER, Paul Lazarsfeld
(/901-1976),1998.
Douglas HARPER, Les vagabonds du nord ouest américain, 1998.
Monique SEGRE, L'école des Beaux-Arts 19ème, 20ème siècles, 1998.
Camille MOREEL, Dialogues et démocratie, 1998.
Claudine DARDY, Identités de papiers, 1998.
Jacques GUILLOU, Les jeunes sans domicile fixe et la rue, 1998.
Gilbert CLAVEL, La société d'exclusion. Comprendre pour en sortir,
1998.
Bruno LEFEBVRE, La transformation des cultures techniques, 1998.
Camille MOREEL, 1880 à travers la presse, 1998.
@L'Harmattan, 1998
ISBN: 2-7384-6589-7Myriame El Yamani
Médias et féminismes
Minoritaires sans paroles
Editions L'Harmattan L'HarmattanINC
5-7, rue de l'Ecole-Polytechnique 55, rue Saint Jacques
75005 Paris Montréal (Qc) - Canada H2Y IK9A ma sœur Dalila
ma mère Marie-Luce
Ma grand-mère MarieRemerciements
out livre est l'image d'une solitude, affirme l'écrivain
américain Paul Auster. Mais c'est aussi l'image d'un plaisir,T celui de partager avec d'autres le fruit d'un travail de
recherche et d'écriture. À l'origine de cet essai, dix années de
rencontres stimulantes avec des professeurs d'université et des
chercheurs, d'expérimentation avec mes étudiantes et étudiants en
journalisme et en sociologie des femmes, de coopération avec des
journalistes, d'amitié et de solidarité avec des femmes, et d'une part
de retraite aussi. J'aimerais donc remercier tout particulièrement
ceux et celles qui m'ont encouragée à mener à terme ce projet:
Bachir Adjil, Michel Antoine, Pierre-Alain Baud, Diane Boulianne,
Agnès Boussion, Sabine Bruno, Fulvio Caccia, Lise Caron, Émilie
Castro. Mona Charabaty, Euclide Chiasson. Jacques Couturier.
Suzanne De Rosa, Jocelyne Dupuis, Christ~ane Emond, Michel
Euvrard, Anne-Marie Fortier, Ibi Galambos, Eliane Garzon, Pierre
Godbout, Gérard Grugeau, Colette Guillaumin, Françoise Guénette,
Jean-Christophe Guimo, Claude Haeffely, Marc Johnson, Danielle
Juteau, Dominique Labbé-Kohler, Josée Lambert, Lise Lambert,
Marie-Élaine Langlois, André Lemelin, Bernard Lévy, Annie Lizier,
Jean Mauduit, Katia Mayer, Al Mazlavekas, Minoo Moallem,
Panayiotis Pantazidis, Richard Parent, Jacques Paulin, Francine
Pelletier, Bruno Péquignot, Micheline Piché, Linda Pietrantonio,
Johanne Pilon, Dorice Pinet, Elspeth Probyn, Claude Richard, Denis
Roberge, Jean Robitaille, Myriam Rossignol, Lise Roy, Andrée
Ruffo, Virginie Saint-Louis, Ida Simon-Barouh, Anne-Marie Sirois,
Lynne Surette, Lamberto Tassinari, Alain-René Thibodeau,
SergePatrice Thibodeau, Danielle Tremblay, Line Turcotte, Pierre
Vallières, Maïr Verthuy, Sandra Vorano, Moufida Waer.Introduction
roire que les médias informent ou permettent de mieux saisir
la réalité sociale est à mon avis un leurre. Les médias ne
servent plus à communiquer, ils existent plutôt commeC
espaces de visibilité des institutions sociales, même s'ils donnent
l'impression de relier les individus, directement et pratiquement
instantanément, en n'importe quel point de la planète. C'est à partir
de ce paradoxe d'une information sans la communication, telle
qu'elle est pratiquée par les médias,que s'articule l'ensemble de ce
livre. Si nous sommes définitivement entrés dans «['ère du
soupçon»l vis-à-vis du travail social des médias, il serait faux de
croire qu'il en a toujours été ainsi. Une certaine forme de presse,
appelée communément presse d'opinion ou presse alternative, a
essayé à certains moments de l'histoire de communiquer avec les
membres de la cité et tente encore parfois de le faire. Elle refuse en
général de lire la réalité selon le découpage des médias
«mainstream» et veut offrir aux minoritaires une tribune ou un
média autre pour comprendre le monde qui les entoure. Seulement,
le champ médiatique actuel, avec notamment la suprématie et les
diktats de la télévision, est organisé de telle façon que ce type de
presse d'opinion est conduit à une impasse stratégique. Non
seulement la parole des minoritaires diffusée par les médias
dominants est le plus souvent discréditée, voire bafouée, mais
encore elle n'obtient pas une légitimation suffisante pour survivre
dans le temps.
C'est pourquoi cet essai veut répondre à une double question:
1
I. Ramonet, «Médias, sociétés et démocratie. L'ère du soupçon», Le Monde
diplomatique, Paris, mai 1991, pp. et 18.12 Introduction
Comment et pourquoi les minoritaires, et les femmes en particulier,
s'ils prennent parfois la parole dans le champ médiatique en créant
leurs propres journaux, ne peuvent pas la garder? Comment et
pourquoi, dans ce contexte, les médias majoritaires ne rendent-ils
pas compte de ces points de vue de minoritaires, en particulier lors
d'événements qui les concernent? Ces deux regards, indépendants
mais complémentaires, sur la parole médiatisée des minoritaires
nécessitent tout d'abord l'élaboration d'une théorie critique et
féministe de la communication pour ensuite poser les jalons d'une
analyse sociologique des médias. C'est avec les presses féministes
en France et au Québec, que cette analyse sera exploitée, en liant
l'étude de ce type de presse à un mouvement social, en l'occurrence
ici le mouvement de libération des femmes. Cette comparaison
entre deux sociétés distinctes, qui représente une approche
relativement nouvelle dans les recherches en communication,
devrait permettre de tirer des conclusions plus larges sur la
signification sociale des médias. Leur travail idéologique sera
précisément souligné par une analyse critique de la couverture de
presse de la tragédie, survenue le 6 décembre 1989 à l'École
Polytechnique de Montréal, où quatorze femmes ont été tuées par
un seul homme. Cette analyse permet entre autres de rendre
compte de la cohésion existante entre un système médiatique et un
système social qui dénigre la parole autonome des femmes et
rejette les analyses féministes des rapports de domination entre les
sexes.
Le phénomène de communication sociale, que représentent
l'émergence et le déclin des presses féministes françaises et
québécoises depuis le début des années 70, correspond, à mon avis,
à la fonction politique qu'elles tentent d'assumer. Par fonction
politique, j'entend ici le refus d'être une presse de spectacle et de
drame, la nécessité de contrer les informations émanant des médias
dominants et le souci de sortir de l'ombre l'expérience des
femmes, leurs aspirations et leurs revendications de minoritaires.
Difficile combat qui ressemble un peu à celui de David et Goliath,
comme on le verra par la suite, mais qui expliquerait pourquoi les
presses féministes, aussi bien en France qu'au Québec, en tant que politiques, ont recours à une stratégie médiatique
paradoxale, qui entraîne leur disparition. Avant d'expliciter
l'orientation théorique qui m'a amen

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