Tourisme sexuel et relations conjugales en Thaïlande et en Malaisie
274 pages
Français

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Tourisme sexuel et relations conjugales en Thaïlande et en Malaisie , livre ebook

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Description

"Tu me ramèneras une petite Thaïlandaise ?" est la réflexion qu'on a le plus adressée à l'auteur lors de son départ sur le terrain thaïlandais. Tout est dit : la représentation fantasmée des Thaïlandaises, leur objetisation, leur disponibilité. Ce livre montre comment, par le biais des hiérarchies de genre, de classe et de "race", les acteurs occidentaux et orientaux revalorisent leur capital économique, culturel, social et symbolique : les interactions amoureuses mondialisées se font instrument de valorisation du capital et moyen de redéfinir les hiérarchies sociales.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2015
Nombre de lectures 40
EAN13 9782336380742
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Points sur l’Asie
Points sur l’Asie
Collection dirigée par Philippe Delalande
Dernières parutions
Marie-Liesse LEFRANC, L’Inde, « pharmacie du Sud ». Son rôle en matière de santé mondiale et commerce international , 2015.
Peh BUNTONG, Le développement socio-économique au Cambodge, 2013.
Camille LAPORTE, L’aide au développement en Corée du Nord. Efficacité et évaluation , 2012.
Antoine MAIRE, La Mongolie en quête d’indépendance . Une utilisation stratégique du développement minier, 2012 .
Frédéric BERAHA, Apprendre de la Chine et s’y orienter , 2012.
Anna OWHADI RICHARDSON, Les Instituts Pasteur du Vietnam face à l’avenir. Alexandre Yersin à l’heure d’internet , 2012.
Olivier van INGELGEM, L’agriculture sud-coréenne , 2012.
Tierry GUTHMANN, Précis de politique japonaise, 2011.
Yvonne CAPDEVILLE, Dominique LEVESQUE, La Faculté des Sciences d’Orsay et le Vietnam. De la solidarité militante à la coopération universitaire (1967-2010), 2011.
Antoine MALINAS, La lutte des sans-abri au japon , 2011.
Claude HELPER, La Dénucléarisation de la Corée du Nord et la Succession de KIM Jong-il, dans le contexte géopolitique et de sécurité en Asie-Pacifique , 2010
Mathieu BARATIER, Les Chinois aujourd’hui , 2010
Carla DI MARTINO, Le Pakistan, islam et modernité. Le projet de Benazir Bhutto , 2010.
Vincent GREBY, Le nouveau Népal. Le pari d’une utopie , 2010.
Raoul Marc JENNAR, Trente ans depuis Pol Pot. Le Cambodge de 1979 à 2009 , 2010.
Thierry GUTHMANN, Shintô et politique dans le Japon contemporain , 2010.
Raphaël GUTMANN, Entre castes et classes. Les communistes indiens face à la politisation des basses castes , 2010.
Changxing ZHAO, L’enseignement non gouvernemental en Chine , 2009.
Lionel BAIXAS, Lucie DEJOUHANET, Pierre-Yves TROUILLET, Conflit et rapports sociaux en Asie du Sud , 2009.
Maja A. NAZARUK, La prostitution en Asie du Sud-Est , 2009.
Anne BUISSON, Alphabétisation et éducation en Inde , 2009.
Titre
Marion Bottero










Tourisme sexuel et relations conjugales en Thaïlande et en Malaisie
Copyright























© L’Harmattan, 2015
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-73085-1
INTRODUCTION
« Ici c’est moi qu’on envie pour la richesse de mon mari. Chez vous c’est lui, pour la beauté et l’exotisme de sa femme. » Cette réflexion d’une jeune Malaisienne récemment mariée à un Anglais, bien que pertinente et représentative de la perception de ces relations dans les divers pays concernés, mérite d’être questionnée et dépassée. L’homme blanc serait recherché pour son argent, la femme asiatique pour sa sensualité exotique. Mais quels désirs, quels besoins, quelles démarches se cachent réellement derrière cette acception première ? Que motive l’attrait pour l’autre étranger ?
Avec le développement des moyens de transport, des échanges commerciaux, des nouvelles technologies de communication et la popularisation du tourisme, les interactions sexuelles et/ou amoureuses entre Occident et pays en développement deviennent de plus en plus nombreuses et banales. Que ce soit en Asie, en Europe de l’Est, en Amérique du sud ou en Afrique, par l’intermédiaire d’Internet, d’agences matrimoniales, du tourisme de masse ou du tourisme sexuel, de nombreux hommes occidentaux décident d’aller rechercher dans le lointain ce qu’ils ne trouvent plus dans le proche. Ma recherche aurait ainsi pu se dérouler sur un tout autre continent, dans n’importe quel pays en développement. Les rapports de genre, la représentation de soi et de l’autre auraient été tout autres. Mais la structure demeure la même : à travers les hiérarchies de genre, de classe et de « race 1 », les acteurs occidentaux et orientaux tentent de revaloriser leur capital économique, culturel, social et symbolique. Afin de mettre en évidence que l’attrait de l’autre est ainsi socialement construit et empreint de pouvoirs et de dépendances, j’ai choisi comme « cas particulier du possible » 2 les relations amoureuses entre Occidentaux et locaux en Malaisie et en Thaïlande. Ce terrain de recherche apporte le double intérêt de l’éloigné et du grossissant. Les couples interculturels mettent en exergue les rapports de pouvoir et les techniques de valorisation du capital présents dans toute forme de relation intime. Ils permettent de faire ressortir certains problèmes sociaux modernes en Occident comme la crise des identités sexuées ou la modernité liquide 3 .
Mes recherches ont débuté en Thaïlande. J’ai été intriguée, lors de mon premier séjour dans ce pays, par le nombre très important de couples mixtes et leur visibilité. Des couples de quelques jours, semaines ou mois, formés dans un contexte de tourisme et/ou de prostitution, exagéraient les marques d’affection et les « indices » d’une relation dans l’espace public – à travers des contacts physiques comme se donner la main, se toucher, se prendre dans les bras, s’embrasser… Il s’agit en effet d’attitudes peu courantes et souvent proscrites dans le pays 4 . Quelques années plus tard j’ai eu l’opportunité d’aller enseigner le français dans le pays voisin, la Malaisie. Ceci m’a permis d’effectuer une comparaison en questionnant l’incidence de la culture, de l’histoire, de la religion et des classes sociales sur ces relations amoureuses.
Je m’attarderai plus particulièrement sur les échanges ambigus, souvent stigmatisés et assimilés à de la prostitution. Ces échanges mettent en scène des partenaires inégalement dotés socialement et économiquement. Ce sont les couples composés d’une femme thaïlandaise et d’un homme occidental qui incarnent le plus nettement ces inégalités et ces caractéristiques. Les autres schèmes relationnels me serviront davantage de comparaison afin de questionner l’incidence du sexe, de la classe sociale, de la nationalité et de l’appartenance culturelle sur le type de relations qui va s’instaurer entre les acteurs. Bien évidemment il existe des relations qui ne comportent pas entre les partenaires ce différentiel d’âge et de classe mais cet idéal-type est particulièrement intéressant car il met en exergue les rapports de pouvoir.
1. Conditions sur le terrain et place de la chercheuse
Le territoire thaïlandais occupe la partie centrale de la Péninsule indochinoise. La capitale, Bangkok, située dans la région du Centre – la région la plus peuplée de Thaïlande – constitue mon premier terrain ethnographique. S’ajoute à ce terrain, une ville de plus petite taille située dans le nord du pays : Chiang Mai.
Le territoire malaisien est quant à lui divisé en deux parties : un territoire continental ou péninsulaire, où mon terrain ethnologique est basé, qui s’étend de la frontière avec la Thaïlande au nord jusqu’à Singapour au sud ; un territoire insulaire ensuite qui couvre tout le nord de l’île de Bornéo. Kuala Lumpur, située au centre de la côte ouest, est depuis 1896 la capitale des Etats malais ; elle est devenue celle de l’ensemble du pays au lendemain de l’indépendance. Cette ville a profité d’un essor économique et démographique fulgurant ces vingt dernières années. Au milieu du 19 e , siècle Kuala Lumpur était encore majoritairement de la jungle 5 . Elle constitue, avec la ville de Penang 6 , située au nord de la côte est, près de la frontière thaïlandaise, mon terrain ethnographique malaisien 7 .
Cette recherche est basée sur des entretiens longs effectués avec 69 couples mixtes, mais également sur des entretiens plus courts ou informels avec d’autres couples mixtes, ainsi qu’avec des personnes occasionnellement engagées dans ce type de relations ou intéressées par ces liaisons ou faisant partie de l’entourage des couples 8 . J’ai privilégié les interviews semi-dirigées, relativement longues – 45 minutes à une heure 30 en moyenne. Mais beaucoup d’informations complémentaires m’ont été apportées lors de discussions informelles avec ces couples et leur entourage, avec les étudiants à qui j’enseignais le français, avec mes amis, mes voisins et voisines, ou les masseuses et « filles de bars » de mon quartier.
J’ai choisi

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