Cézanne et Zola
144 pages
Français

Cézanne et Zola , livre ebook

-

144 pages
Français

Description

Avril 1886. Cézanne reçoit l'OEuvre, le dernier roman de Zola. La dédicace tient en quatre mots : "A mon ami Cézanne". Pourquoi cet envoi va-t-il marquer le terme de leur amitié ? Pourquoi Zola s'est-il emparé de la vie de son ami dans ce livre ? Pourquoi le dépeindre comme un "génie" raté, ce peintre héros de son roman qui ressemble tant à Cézanne ? C'est à la recherche des secrets de ces deux génies que s'est employé l'auteur de ce livre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2013
Nombre de lectures 9
EAN13 9782336324913
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Gérard VERGEZ
Cézanne et Zola
Aimer, c’est dire la vérité ?
Cézanne et Zola
© L’Harmattan, 2013 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Parishttp://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-01184-4 EAN : 9782343011844
Gérard VERGEZCézanne et Zola Aimer, c’est dire la vérité ?
À
Dominique Besnehard
« Amour et vérité doivent marcher ensemble. On les sépare et ils meurent ».
L’écrivain a souri, satisfait de cette sentence. Elle lui est venue dans la nuit en relisant, comme il en a l’habitude, son livre lors de sa parution. Au moment d’inscrire la phrase comme dédicace de l’envoi qu’il fait à Paul Cézanne, il hésite, puis renonce. Il se décide pour plus simple et même lapidaire.
« À mon ami Cézanne » s’étale maintenant sous le titre « L’Œuvre », Roman d’Émile Zola.
Mais Zola n’est pas homme à laisser perdre, comme on dit dans notre Midi. Il copie la phrase sur son carnet de notes, toujours à portée de la main. Aussitôt terminé, il lâche un ordre à son intention, sonore et impératif :
« Au travail, bon sang, Émile ! C’est l’heure ! »
7
L’ordre était aussi impératif que le coup de tonnerre qui a retenti dans le ciel de Médan. Ce signe prémonitoire de la nature, cette tempête a éclaté plusieurs jours après dans la tête d’un homme que depuis longtemps, moi Achille, j’admirais envers et contre tous. L’éclair qui strie la Sainte-Victoire, c’est le début du récit que m’a fait Cézanne. Il attendait que les premiers rayons du soleil éclairant sa montagne « envahissent ses sens. » Il meublait cette attente en lisant le livre de Zola à la lueur d’une bougie. Je laisse la parole à mon ami. - Un éclair effrayant, et tu sais, Achille, qu’il en faut beaucoup pour me faire de l’effet. Tu ne vas pas me croire, c’est tout le contraire qui s’est produit. Il m’a bouleversé, ce putaing d’éclair, comme s’il annonçait l’apocalypse. Et il ne se trompait pas. Voilà le pourquoi de ma décision : me raconter à toi. Ensuite, promis, je t’écouterai en silence. Je t’ai choisi, toi, Achille, parce que logiquement tu devrais être une boule de souffrance et que tu as décidé d’être le contraire : une bouffée de chaleur pour certains, et pour moi en particulier. Seul, toi avec tous tes malheurs, tu peux comprendre le récit de ces quelques jours que j’ai vécus. Des jours effrayants.
Effrayant. C’est le mot de Cézanne, mis à toutes les sauces. Mais le plus souvent, c’est la vie qui est effrayante, pour lui. Une diversion, avant de poursuivre, la dernière, je vous le promets : un aveu. J’ai comblé parfois dans
8
le récit de Paul quelques trous que sa pudeur avait creusés. Et cela, grâce à une proximité, je dirai même à une intimité, que Cézanne n’a jamais devinée, et surtout qu’il n’aurait pas acceptée. Il détestait, c’est son expression, « qu’on lui mette le grappin dessus ». Bon, maintenant c’est lui qui parle. Promis ! - Et puis tu me connais, d’un seul coup j’ai décidé que cet orage, il ne ferait que passer, et qu’il ne gâterait pas mon plaisir de lire les mots d’Émile qui racontaient notre jeunesse. Je me régalais tellement que je les lisais à voix haute : « Ils avaient douze ans à peine qu’ils savaient nager et c’était une rage de barboter au fond des trous où l’eau s’amassait, de passer des journées entières, tout nus à se sécher sur le sable brûlant, à vivre dans la rivière sur le dos, sur le ventre. » - J’ai levé les yeux du livre et constaté que maintenant avec l’aube la Sainte-Victoire faisait briller la rivière à mes pieds. Le bonheur, Achille, la joie ! Une idée s’impose : je cherche dans les cartons adossés au chevalet une esquisse. Mes « baigneurs » que je tente de peindre depuis des années en creusant la mémoire de mon adolescence. Mon aquarelle offre un ciel bleu violacé. Des bandes noires figurent des arbres. Mes baigneurs sont à peine esquissés. Ils sont nus. Ma main s’immobilise avant de dessiner. Je regarde. L’aquarelle évoque le paysage, là,
9
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents