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Description
Sujets
Informations
Publié par | Le Lys Bleu Éditions |
Date de parution | 12 juin 2019 |
Nombre de lectures | 3 |
EAN13 | 9782851135759 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0020€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Laurent Duvernay
Et si j’avais fait ce qu’on m’a demandé ?
Témoignage
© Lys Bleu Éditions – Laurent Duvernay
ISBN : 978-2-85113-575-9
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle .
Je tiens à remercier ma femme Sylvie pour son soutien, mes filles Laure et Justine pour leur compréhension. Je tiens également à présenter mes excuses à mes parents et mon frère pour les avoir tant délaissés.
Chapitre I
Réminiscence
Juillet 2012, je suis là, à une centaine de mètres du lieu du drame. Pour le moment, j’arrive à maîtriser mes émotions.
Sylvie, ma femme, qui m’accompagne et me soutient dans ma démarche, semble émue et j’arrive à percevoir une pointe d’inquiétude dans son regard.
L’endroit n’a pas changé, bucolique, avec les mêmes chants d’oiseaux, le même bruissement de feuilles dans les arbres et ce petit courant d’air qui rafraîchit mon visage.
Passé ce moment plutôt agréable, je suis instantanément rappelé à l’ordre et j’ai l’impression de revivre l’instant tragique.
Tout me revient, le moment est crucial dans ma rédemption.
Ne pas craquer, pas maintenant, il me reste encore trop de chemin à parcourir.
Pour l’instant, je suis serein, j’arrive à maîtriser mes émotions, malgré le flot d’images qui commencent à refaire surface.
Après tant d’années, tout ce que j’avais cherché à oublier et à enfouir revient comme ça, comme si c’était arrivé hier.
La mémoire a cette faculté de faire ressurgir ce qu’on a refoulé et oublié durant tant d’années.
Je descends le petit chemin qui serpente, ma femme me suit, elle ne sait pas si elle doit me soutenir ou rester à distance, cette distance à laquelle je l’ai tenue durant tant d’années.
Les images du passé viennent se superposer sur celles de l’instant présent, comme un calque à l’identique et rien n’a changé.
Les odeurs de l’été avec son lot de couleurs sont les mêmes.
J’explique à ma femme, je montre l’endroit, je pointe les détails, puis j’avance, comme il y a 31 ans.
Je passe ce dernier petit virage sur la droite pour finalement arriver sur le lieu du drame et soudain le silence.
Ce silence de plomb qui vous laisse seul avec votre pensée et votre conscience. Ce silence qui cloue l’instant, qui fige le temps et qui devient très vite insupportable.
Ma femme ne dit rien, mais le peut-elle ?
L’émotion est trop grande et je craque.
J’essaie de lui expliquer mais les mots se mélangent et le récit est confus.
Comment peut-elle comprendre ce qui s’est joué là il y a 31 ans…
Chapitre II
L’insouciance
Juillet 1981, cela fait 1 an que j’habite dans la Nièvre.
À vrai dire, je ne me rappelle plus comment était cet été, peut-être chaud et ensoleillé comme la plupart des étés.
En tous cas, c’est mon premier été dans ma nouvelle région, loin de la banlieue, loin de la Seine Saint-Denis et loin de Saint-Ouen, ma ville natale.
Saint-Ouen, ville ouvrière, où je suis né en 1963 et où j’ai grandi car mes parents, qui ont quitté la Saône-et-Loire s’y sont installés « Loin de la terre où ils sont nés ».
Ma mère travaillait à la perception, mon père aux HLM.
Issus tous les deux du monde rural, ils avaient émigré à la capitale pour raisons professionnelles.
Ils étaient militants communistes, avaient été de toutes les manifestations de toutes les grèves et de toutes les revendications sociales.
Ils ont fait mai 68 sur les barricades, gazés et matraqués par les C.R.S.
Ma mère avait le permis de conduire, à une époque où la bienséance voyait plutôt les femmes à la cuisine derrière les fourneaux.
C’était une battante qui n’a jamais tenu sa langue dans sa poche.
Elle avait repris des études à l’École Nationale Supérieure du Trésor pour devenir percepteur, inspecteur du Trésor pour être précis. Encore une fois, les femmes n’étaient pas légion dans ce giron.
Mon père était du genre taiseux, élevé à la dure dans une ferme. Son action militante au sein du P.C. était importante et j’allais souvent avec lui le dimanche matin, dès 5 h, livrer l’Huma-Dimanche, avec l’estafette bleue. J’étais fasciné par mon père car il conduisait la porte ouverte, avec juste une petite chaîne en guise de sécurité. Il maniait les piles de journaux avec aisance, une dans chaque main et une autre sous chaque bras alors que moi, je peinais à en soulever rien qu’une.
Et puis mon père jouait au foot. Il était gardien de but. Il était très spectaculaire, c’était mon idole. Plus tard, j’ai essayé de l’imiter et d’atteindre son niveau de voltige et de témérité.
Mes parents n’étaient pas sévères, ils étaient justes. Ils m’ont inculqué des valeurs, des vraies et c’est pour cela que malgré les tentations de quitter le droit chemin, je ne me suis pas beaucoup écarté et quand je l’ai fait je n’en étais pas fier.
Je suis très fier de mes parents, leur militantisme et leur droiture sont des modèles que je n’ai très certainement pas égalés, notamment en ce qui concerne les luttes sociales et l’engagement politique.
Leur éducation a participé à ma construction et peut-être évité le pire.
Et puis il y avait mon frère, qui me faisait vivre un enfer.
Il est plus jeune que moi de 5 ans et nos bagarres, que je gagnais aisément étaient arbitrées par mon père et là je perdais.
Nous n’avions pas beaucoup de points communs et les divergences étaient nombreuses.
Plus tard, nous nous sommes retrouvés.
Par la suite, j’ai partagé ma chambre avec un oncle, Gilbert qui au fil des années sera comme un grand frère pour moi.
En y réfléchissant bien, j’ai très certainement été aussi pénible avec lui que mon frère l’a été avec moi.
Malheureusement, ce couple que formaient mes parents n’a pas tenu dans le temps, mais ils ont pris soin de faire passer notre bien-être à moi et mon frère avant leurs intérêts. Ils n’ont prononcé leur séparation qu’après nous avoir permis d’avoir des situations.
Mon frère et moi n’avons pas trop souffert de cette séparation car nous étions déjà adultes.
Je n’ai manqué de rien et mon enfance a été heureuse.
Jusqu’en juin 1980, j’ai suivi une scolarité plutô