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Description
Sujets
Informations
Publié par | Le Lys Bleu Éditions |
Date de parution | 22 novembre 2019 |
Nombre de lectures | 7 |
EAN13 | 9791037702166 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0020€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
François Djè
Florence et moi…
Roman
© Lys Bleu Éditions – François Djè
ISBN : 979-10-377-0216-6
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce livre est dédié à tous ceux qui ont émigré au moins une fois dans la vie.
Introduction
Anne TRÉPANIER
Une histoire extraordinaire et pourtant simple : un petit prince envoyé sur une autre planète pour faire réfléchir ses semblables, ça vous dit quelque chose ? Entre Abidjan et Florence a grandi un garçon, un apprenti agriculteur, un enfant de chœur, un jeune homme talentueux et ambitieux, un homme d’affaires, un amateur de musique country et un modèle d’intégration et d’élégance. Un récit évocateur de bien des réalités qu’ont connues tous ceux qui ont eu à changer de monde, de classe sociale et de pays. Avez-vous votre billet ?
Anne TRÉPANIER est professeur agrégée à l’École d’études autochtones et canadiennes et du département de français de l’université Carleton à Ottawa. Elle a assuré la révision linguistique de cet ouvrage.
Chapitre I
Le petit Djè
Maman Marie fut transportée d’urgence à la maternité d’Adjamé « 220 logements ». Quelques heures après, à 6 heures 30 minutes précises, je lançai mon premier cri comme pour dire : « vous m’avez dérangé, j’étais si bien, là, dedans, protégé et étendu dans mon “berceau”… Ahi ! Mais quand même ! Ma tête, ahi ! Vous êtes en train de tourner mon cou à trois cents degrés, vous me faites mal ! Je veux retourner à ma place, là-dedans où j’étais, je vous en prie, laissez-moi y retourner ! »
Finalement, on me tira avec délicatesse et me voici né ! C’était le 24 janvier 1974.
« Bienvenue au monde ! » m’ont dit les sages-femmes. « Je vous remercie. » J’avais pleuré pour avoir été retiré de mon « berceau ». La sage-femme me prit par les pieds et Crac ! Me tourna la tête en bas. J’avais pleuré encore plus fort et quand elle me porta vers la poitrine de ma mère, qui me prit dans ses bras ; alors je cessai de pleurer. J’étais étendu sur la poitrine de ma mère, ma tête entre ses seins. J’avais pensé d’être encore dans son ventre. Ses mamelles étaient très douces. J’ouvris mes yeux pour les voir et petit à petit je levai ma tête vers l’être humain qui venait à peine de me donner la vie. Mes yeux s’ouvrirent de plus en plus et je vis pour la première fois le visage de ma mère ! Je lui fis un sourire pour lui dire « merci de m’avoir donné la vie, merci, ma déesse ! »
Maman Marie m’accoucha sans grande douleur, moi qui fus le fruit de son troisième accouchement. On me nettoya, on m’habilla et on me mit dans le berceau dans une autre salle de l’hôpital. Je voyais encore flou et j’entendais très peu. Arriva le moment de prendre le lait du sein. Quelle émotion de goûter mon premier repas ! Ma mère mit son mamelon dans ma bouche. Le goût était différent par rapport à ce que je mangeais quand j’étais encore dans son ventre. Je bus le liquide, puis j’avalai de nouveau… Ce fut mon tout premier petit-déjeuner !
Avec nous, dans la salle d’accouchement, il y avait une autre femme, c’était la voisine de lit de ma mère. Elle était étendue sur le lit, fatiguée et encore éprouvée par le travail. Elle se confia à ma mère en lui disant que son accouchement avait été très douloureux. « Je suis désolée », lui dit ma mère, « nous les femmes nous souffrons en chaque circonstance, même pour donner la vie ; c’est la loi divine de la nature. » La dame était seule sur son lit, sans son nouveau-né.
« Madame, votre bébé… comment va-t-il ? » lui demanda ma mère. « Oh ! Pour l’instant, je n’en sais rien, mais j’espère qu’il se porte bien, il est encore en traitement dans l’autre salle », répondit la dame. Elle félicita ma mère pour avoir accouché d’un beau garçon. Puis elle lui demanda « Comment l’avez-vous appelé ? » « Il s’appelle François et il est mon troisième enfant », répondit ma mère. Et la dame d’ajouter : « mon mari s’appelle aussi François. Ceux qui portent ce nom sont des personnes généreuses. Ce bébé sera un enfant tranquille, il ne créera pas trop de problèmes, il sera aussi très intelligent et affectueux. » Première prophétie sur moi ? Ma mère remercia la dame en lui disant : « Que Dieu entende vos paroles. Le nom François a été emprunté au meilleur ami de mon mari qui s’appelle François. En hommage à la grande amitié qui lie les deux hommes, mon mari a décidé de donner ce nom à l’un de ses fils. » La conversation entre les deux femmes était devenue amicale.
Arriva le moment des visites et peu de temps après, je rencontrai les autres membres de ma famille. J’aurai connu mon père, quelle émotion !
Papa Victor provient de la famille Djè de la tribu Gouro, un des peuples les plus anciens de Côte d’Ivoire. Le peuple Gouro est un groupe ethnique du centre-ouest de la Côte d’Ivoire appartenant au groupe linguistique Mande du sud et est installé sur les rives du fleuve Bandama. Les Gouros sont particulièrement connus pour leurs masques traditionnels, vraiment très colorés. L’histoire nous dit que le peuple Gouro n’a jamais connu de règne et qu’il ne pratique que la chefferie. Le chef du village est appelé « Diili » ou « duuti ».
Suivant la tradition gouro, mon père n’assista pas à l’accouchement. Dans beaucoup de pays africains, le père ne doit pas être présent à l’accouchement parce qu’il est entendu que ce serait un risque pour l’homme de perdre l’attirance sexuelle envers sa femme. L’accouchement est ainsi considéré comme une « affaire de femmes ». En Occident, au contraire, la présence du père au moment de l’accouchement est fréquente. Le père peut également couper le cordon ombilical. Mon père, lui, resta en dehors de la salle d’accouchement.
Les premiers visiteurs à entrer dans la salle furent les parents de l’autre parturiente, la voisine de ma mère. La première personne parmi ses parents à l’embrasser fut une femme, rapidement suivie d’autres parents. Ma mère et moi recevions quatre visiteurs : ma tante, l’amie de ma mère, ma sœur de quatre ans mon aînée et mon père. C’étaient les seules personnes autorisées à entrer en salle.
La sage-femme, accompagnée par un médecin, s’approcha de la voisine de ma mère pour lui donner les nouvelles de son nouveau-né. La sage-femme lui dit : « Madame Akissi, comment allez-vous ? Le travail n’a pas été facile, c’est vrai ? » Akissi répondit avec la tête, en souriant «&