Georges Pancol
258 pages
Français

Georges Pancol , livre ebook

258 pages
Français

Description

Georges Pancol (1888-1915) est l'une des figures de la « génération perdue », selon l'expression de Michel Suffran, de jeunes écrivains originaires de la région de Bordeaux dont beaucoup de représentants ont disparu dans la Grande Guerre. Il avait commencé au début de l'année 1914 une carrière de haut-fonctionnaire en tant qu'élève administrateur au Gouvernement général à Hanoï. Lettres d'Indochine et de France, est un récit intime et circonstancié des deux dernières années de sa vie. À mi-chemin entre un journal de voyage et des mémoires improvisés, ces Lettres nous font découvrir un Georges Pancol jusque-là inconnu.

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Informations

Publié par
Date de parution 20 février 2019
Nombre de lectures 5
EAN13 9782140114502
Langue Français
Poids de l'ouvrage 18 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Lettres d’Indochine
r
Lettres de France
 Lettres
Pierre Savinest docteur en droit et diplômé de l’Institut d’études politiques de Bordeaux. Il est l’auteur d’une biographie de Gabriel Frizeau et d’un essai sur la guerre de 14-18 dont Georges Pancol est l’un des protagonistes.
Avec les contributions deNicolas BarbeyetHenri Cambon.
Sous la direction de
Sous la direction de Pierre Savin
Georges Pancol Lettres d’Indochine et de France
Lettres d'Indochine et de France
Georges Pancol
Sous la direction de Pierre Savin
Georges Pancol
Lettres d’Indochine et de France
DU MÊME AUTEUR Georges Pancol,– Journal – Lettres Poèmes , préface de Paul Tuffrau, Éditions Sansot, R. Chiberre, Éditeur, Paris, 1923. Georges Pancol,Réédition sous le titreJournal intime, lettres à la fiancée, poèmes,préface de Michel Suffran, Éditions Opales, Bordeaux, 1996. En couverture : Léon BUSY, Polytechnicien, a été intendant militaire en Indochine et au Tonkin (1898-1917) puis photographe du Gouvernement général de l’Indochine (1922-1931). Au cours de la mission qu'il a effectuée en 1914-1915 pour les Archives de la Planète, il aurait pu rencontrer Georges Pancol qui a été mobilisé dans les derniers mois de l’année 1914 dans le poste avancé du 10° régiment d’infanterie coloniale de Haïphong situé à Hongay et qui décrit à plusieurs reprises les paysages de la baie d'Along dans ses lettres. Léon Busy – La baie d’Along [Trois officiers de l'infanterie coloniale, sur les rochers de la « Limace» et du « Crapaud», entre Hon-gai et « Port Perceval»], Baie de Ha-long, Tonkin, Indochine [actuel Vietnam], avril 1915. Autochrome 9 X 12 cm, inv. A 5587 © Département des Hauts-de-Seine, musée départemental Albert-Kahn © L’Harmattan, 2019 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-16253-9 EAN : 9782343162539
Nous connaissons de Georges Pancol les textes publiés en 1923 par ses parents aux Éditions Sansot à Paris. Il s’agit d’un livre mythique car il se présente comme un objet éditorial hors du commun, édité dans un petit nombre d’exemplaires, ce qui en fait sa rareté, par un éditeur 1 parisien de qualité mais plutôt confidentiel . Illustré dès la page de garde d’une très belle gravure d’Henri Casalis, artiste bordelais ami de Pancol, figurant la vue du Panthéon depuis la rue de l’Épée de Bois assortie de la mention « Mille neuf cent treize, chez Georges Pancol », cet ouvrage porte comme seul titre, sans nom d’auteur, sur une couverture chamois,Virginy – Tombe 556. Ce titre fait allusion à l’endroit où Georges Pancol est tombé le 25 septembre 1915. À une quinzaine de kilomètres se trouvent Valmy et son Moulin où se déroula la célèbre bataille, cent vingt-trois ans auparavant presque jour pour jour. La page de garde porte des informations plus explicites puisque, outre le nom de l’auteur, il est indiqué un autre titre : Poèmes – Journal – Lettres, textes écrits entre l’année 1909 et l’année 1914 pour l’essentiel. Pour concevoir leur livre d’hommage, Jean et Alice Pancol s’étaient adressé à Paul Tuffrau, l’un des condis-ciples de leur fils au Lycée de Bordeaux. Tuffrau était normalien, agrégé de lettres classiques, il avait fait toute la guerre comme officier en première ligne dans l’infanterie, et il avait écrit au fil des jours des articles publiés dans les journaux, les « Carnets d’un combattant », dont les histo-riens et critiques spécialistes de la période s’accordent à reconnaître l’intelligence et l’objectivité. Le récit de l’élaboration de cette anthologie fait l’objet de la seconde partie du présent ouvrage. La correspondance présentée aujourd’hui constitue une partie moins connue, voire méconnue, des écrits du jeune écrivain. Elle fut publiée dans les mois qui ont suivi sa mort 1  Editions Sansot – R. Chiberre, Editeur, 7, rue de l’Eperon, Paris.
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par la revue de la Société Philomathique de Bordeaux sur la proposition de Jean Pancol, qui était membre du conseil d’administration de cette vieille institution bordelaise. Elle rassemble des lettres adressées à sa famille entre le mois de mars 1914 et le mois de septembre 1915, période qui recouvre d’une part sa première affectation comme admi-nistrateur des colonies en Indochine, que l’on écrit alors « Indo-Chine », et d’autre part son séjour dans les tranchées de Champagne où il est mobilisé comme officier d’infan-terie. Il s’agit d’un ensemble de 78 lettres qui se répartissent, à peu près par moitié, entre celles qui concernent le séjour indochinois, dont 9 lettres ont été envoyées durant une mission en Chine, et celles qui sont envoyées du front. Une dernière lettre, qui émane du gouverneur général du Tonkin après la mort de Pancol, figure en annexe. 1 Est-ce parce qu’elle a été publiée pendant la guerre , ou parce que le sujet n’a pas paru suffisamment intéressant, en tout cas elle est restée à ce point confidentielle que ni Paul Tuffrau, qui a rédigé la préface de l’anthologie de 1923, ni Michel Suffran, auteur de l’ouvrage consacré aux jeunes écrivains girondins qu’il a appelés la « génération perdue », n’y font allusion. De ce fait, par un curieux effet dû à la chronologie des publications, il en est résulté une inversion des perspectives qui fait apparaître le jeune Pancol, romantique, tourmenté et hésitant devant la vie, comme étant celui de la maturité, alors que la transformation de la personnalité inhérente à l’entrée dans la vie active et surtout la responsabilité de commander des hommes dans le feu des combats, vont révéler un homme sûr de lui et désireux de s’engager activement dans la vie de la cité. C’est dire tout l’intérêt que représentent ces lettres pour faire mieux connaître l’homme Pancol et évoquer une destinée qui 1  En huit livraisons séparées les unes des autres au cours de la période de mars 1916 à novembre 1918.
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s’annonçait brillante et qui fut interrompue brutalement dans le premier conflit mondial. * Quelques repères biographiques Georges Pancol est né à Villars-en-Pons, au sud de Saintes en Charente-Maritime, le 7 juin 1888, dans la propriété de ses grands-parents maternels, La Malterrière. Il n’y a pas vécu, mais il y a passé des vacances pendant son enfance et en a gardé des images et des sensations que l’on retrouve dans son Journal et dans les lettres à son amie anglaise. Il a été sensible en particulier au charme du jardin dont il fait une description très évocatrice de son style, avec des mots choisis pour leur précision et leur simplicité :« C’était un jardin large et clos, plein d’arbres fruitiers, de treilles puissantes et de fleurs parfumées, un jardin silencieux et charmant. Les poiriers greffés avec soin se dressaient à l’inter-section des allées ; deux rangs de vignes, muscat et chasselas blancs ou roses, jalonnaient le mur et l’allée centrale ; des cerisiers, des noyers, des pêchers, peuple puissant et séculaire, croissaient épars au milieu des plantes potagères ; à gauche de la maison, plusieurs rangs d’abricotiers et quelques framboisiers. Sur le mur courait un épais diadème de lierre murmurant et fleuri avec un nombre infini d’abeilles, de guêpes et de frelons tapageurs qui 1 bavardaient tout le jour. »Sa mère, Alice Verneuil, appartenait à une vieille famille protestante implantée depuis longtemps dans cette région qui fut très tôt acquise aux idées de la Réforme. Le frère d’Alice, Albert Verneuil, propriétaire du Domaine de 1 Poèmes-Journal-Lettres, Ed. Sansot, 1923, p. 3.
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Conteneuil, près de Cozes, est connu comme ayant joué un rôle actif dans la reconstitution du vignoble après la crise du phylloxera et les enfants d’Albert eurent aussi une forte implantation dans l’histoire de la viticulture locale. L’un d’entre eux, le plus jeune, Jacques Verneuil, fut député puis sénateur de la Charente-Inférieure pendant près de trente ans et assuma des responsabilités au bureau interprofessionnel 1 du Cognac . La Malterrière elle-même était le centre d’une activité viticole dont Pancol se souvient lorsque, se promenant à Paris en 1911, il passe devant les chais d’un marchand de vin :
« J’ai senti les futailles où le vin a séjourné : ça m’a rappelé la vieille maison où je suis né, en Charente. C’est un pays plat où il y a partout des vignes, à perte de vue. C’est triste et laid, mais autour de la maison il y avait quelques arbres qu’on appelait des bois. J’étais petit et les bois étaient profonds. La cour était fermée d’un côté par les chais, assez vastes parce que la récolte était toujours abondante. Ils sentaient fort ; ils étaient obscurs, avec des cuves profondes, de hautes et larges silhouettes de tonneaux le long des murs, et d’étroits passages, côtoyant l’abîme sombre des cuveaux et des foudres, qui étaient des montagnes. On s’aventurait prudemment dans ces chemins tortueux, rabroués par les parents qui s’en apercevaient. On entendait les bruits du 2 pressoir, les ordres, les appels ; et le vin coulait à flots. »
Georges Pancolpassa toute son enfance et son adolescence à Bordeaux où son père, Jean, est « courtier de grains ». Ses parents habitent 12, rue Margaux, un immeuble où résident également ses grands-parents paternels, et l’une de ses
1  L’un des frères ainés de Jacques, Jean Verneuil, né le même mois que Georges, avec qui ce dernier montait des pièces de théâtre et des récitations poétiques à La Malterrière, fut tué sur le Chemin des Dames en 1917. Il est assez émouvant de constater que les deux cousins, presque jumeaux, eurent le même destin. 2 Poèmes-Journal-Lettres, Ed. Sansot, 1923, p. 147.
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1 tantes, mariée avec un bordelais . Le père de Jean, avait souhaité rejoindre ses enfants lorsqu’il avait arrêté son exercice de pharmacien à Camarès, « le pays d’origine des Pancol, presque de vieux cévenols, protestants depuis des centaines d’années à travers les persécutions », écrit Alice 2 Pancol à Paul Tuffrau . Dans le mystère que représente pour chaque individu le savant mélange de son hérédité, il est possible que chez Georges Pancol, la sévérité cévenole l’ait emporté sur la riante douceur saintongeaise. Dans les différents textes qu’il a écrits sur son ami, Paul Tuffrau dresse en effet le portrait d’un adolescent à la personnalité riche et complexe mais marquée par le « goût des tristesses métaphysiques, des émotions pures et nobles » et par un pessimisme foncier. On pourrait être tenté de faire l’hypothèse, en faisant référence à Maurice Barrès que Pancol aimait beaucoup, que ce tempérament était peut-être le résultat d’un certain déracinement à Bordeaux, loin de la Saintonge de la lignée maternelle et du Rouergue de sa famille paternelle. Après le baccalauréat Georges Pancol est étudiant à Bordeaux, on ne sait pas dans quelle discipline, et il fréquente à cette époque un petit groupe d’amis plutôt artistes dont font partie notamment le peintre Roger Bissières ainsi que Jean-Raymond Guasco qui deviendra 3 journaliste . Il aurait pu croiser François Mauriac qui habitait également rue Margaux et Jacques Rivière, le futur directeur de la Nouvelle Revue Française, dont les parents étaient installés rue de la Devise, deux rues proches dans le 1  La famille Valette. Son cousin, Ernest Valette, qui a fait également l’Ecole Coloniale, l’accueillera au début de 1914 à Hanoï. 2  Lettre du 5 août 1919 (cf. p. 195). 3  Sur cette camaraderie avec Bissière et Guasco, voir le récit autobiographique intitulé « L’atelier de la rue Dalon », page 213. Ironie du destin, Jean-Raymond Guasco et Georges Pancol sont morts lors de la même offensive le 25 septembre 1915, sur le même front de Champagne, l’un à Souain, l’autre à Massiges.
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