Impressions d Ouzbékistan
128 pages
Français

Impressions d'Ouzbékistan , livre ebook

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128 pages
Français

Description

Par une vision kaléidoscopique, furtive, riche en sensations, l'auteure ranime l'Ouzbékistan oublié du début des années 2000. Ce sont autant d'images étonnantes, d'un autre monde et comme d'un autre âge qui sont ici rapportées dans toute la variété de leurs couleurs. Avec cet ouvrage, vous vous laisserez autant emporter par la Grande Histoire, le long de la Route de la Soie, qu'imprégner par les scènes de rue et de marché quotidien.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 décembre 2018
Nombre de lectures 2
EAN13 9782140108716
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Danielle Boulaire
Impressions d’Ouzbékistan Kaléidoscope
Les impliqués É d i t e u r
Impressions d’Ouzbékistan
Kaléidoscope
Les Impliqués Éditeur Structure éditoriale récente fondée par L’Harmattan, Les Impliqués Éditeur a pour ambition de proposer au public des ouvrages de tous horizons, essentiellement dans les domaines des sciences humaines et de la création littéraire.
Déjà parus
Mirallès (Pierre),Villes en morceaux. Carnets de voyage illustrés, 2018. Dorgandie (Nathalie),Via Podiensis. La guerre ou le chemin des étoiles, 2018. Sehi Bi (Hermann),Déhizéa, Témoignage de vie, 2018. Joumaa (Hussein),L’héritier successeur, L’imam Zein Al-Abidine (ps),2018. Zeif (Colette),Les yeux verts, 2018. Meye-Me-Ndong (François-De-Paul),Se préparer au mariage au Gabon. Ce qu’il faut savoir avant toute union traditionnelle, civile ou religieuse, 2018. Patin (Bertille),Tempête dans les loges. Conflits entre robes, 2018. Pelou (Pierre),Dialectique du point et de la virgule, 2018. Messika (Liliane),Chroniques entre rage et rire. 2017-2018, 2018. Kharmoudi (Mustapha),L’autre prophète, (Al-Mutanabbi), Roman historique,2018.
Ces dix derniers titres de ce secteur sont classés par ordre chronologique en commençant par le plus récent. La liste complète des parutions, avec une courte présentation du contenu des ouvrages, peut être consultée sur le site : www.lesimpliques.fr
Danielle BoulaireImpressions d’Ouzbékistan
Kaléidoscope Les impliqués Éditeur
De la même auteure
La Désencraudeuse, une sorcière d’aujourd’hui, en collaboration avecGeneviève Yver, Stock 2/ Voix de femmes Au Point d’Épine, éditions Rhubarbe. Une Année dans les Nuages, LibrécritLa Maison du Bon Sourire, LibrécritPonts d’ici et d’ailleurs, LibrécritUne année avec le Rouge, éditions du Petit Pavé
© Les impliqués Éditeur, 2018 21 bis, rue des écoles, 75005 Paris www.lesimpliques.fr contact@lesimpliques.fr ISBN : 978-2-343-16463-2 EAN : 9782343164632
Février 1999Paris-Roissy. J’attends mon avion pour Tachkent, Ouzbékistan, où je pars pour un premier séjour de six mois. Arrivée de l’avion en provenance de Francfort. Les passagers qui en descendent sont essentiellement des « hommes d’affaires ». Ce qu’on appelle ainsi. Costume foncé impeccable malgré le voyage, chemise claire, cravate, chaussures noires. Air important. Marche décidée. C’est le début de l’ère des téléphones portables. Chacun actionne le sien dès le premier pied posé hors du sas. Plus personne ne sort ? Ah si, en voilà encore trois, qui se suivent à la queue leu leu. En premier, le même que les précédents, à part son gros ventre. Derrière lui, un jeune en pull blanc. Il a les mains derrière le dos et tient un casque de moto. Bizarre façon de voyager en avion. Mais ses mains – je le vois quand le casque se déplace – sont menottées. Il approche Alors je vois autre chose : il est tout ficelé, d’une grosse corde en nylon blanc. Comme son pull, c’est pourquoi je ne l’avais pas remarqué avant. Il marche d’un air dégagé, approche encore : ses pieds aussi sont entravés, de la même corde blanche, mais assez librement pour lui donner la possibilité de marcher sans que rien n’y paraisse, de loin.
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Il a un regard ferme et presque désinvolte. Enfin, en troisième position, un autre jeune, dont le costume rappelle celui des hommes d’affaires. Mais il porte un sac à dos plutôt déglingué, et une boucle d’oreille. Est-il le compagnon du premier, ou du deuxième ? Tous les trois fendent la foule un moment étonnée, un très court moment. Je n'en saurai pas plus. C’est ainsi, sous le signe de l’étrange, que commence mon voyage en Ouzbékistan. Je me fais alors la promesse de décrire, au cours de mon séjour, toutes les scènes que je rencontrerai, qui attireront mon attention pour une raison ou une autre, toutes les choses vues que je voudrai ne pas oublier et faire partager, des instantanés de la vie courante différents de mon quotidien. De l’Ouzbékistan, qui n’était pas encore une destination touristique, je ne savais presque rien. Que c’était en Asie Centrale, que c’était une ancienne république soviétique, et c’est à peu près tout. Dans mon entourage, c’était pire encore : Tachkent, c’est où, ça ? En Sibérie ? Au Japon ? Au Danemark ? Seul un nom évoquait quelque chose : Samarcande. Un nom qui fait rêver, une ville dont on sait à peine qu’elle existe vraiment, qu’elle n’est pas une légende comme le pays des Mille et Une Nuits. Voir Samarcande ! J’allais voir Samarcande !
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Je m'étais documentée à grande vitesse. En quelques jours, j’en avais appris beaucoup. Quand on a une motivation forte… J’avais vu qu’on parle encore le russe, surtout en ville, et me suis dépêchée d’assimiler l’alphabet cyrillique et quelques rudiments de la langue, afin de ne pas débarquer totalement béotienne. * J'arrive pour travailler dans une petite école fondée par des expatriés français pour leurs enfants et ceux qui veulent suivre un enseignement en langue française. Elle comporte une classe de maternelle, deux de primaire, quatre de e secondaire. Je suis chargée du français : en classe de 6 , e quatre élèves, deux Français, deux Égyptiens, en 5 une e Française, en 4 une Française, en 1ère, un Franco-Anglo-Égyptien. Le soir, deux Ouzbeks qui vont à l’école américaine dans la journée. La charge ne sera pas trop lourde. Les parents sont employés d’Ambassades, de l’Institut d’Études sur l’Asie Centrale, de l’Unesco ou bien chez Thomson, Bouygues, … Je fais la connaissance de mes collègues, trois autres Françaises, avec lesquelles je ferai nombre de voyages dans le pays et les pays voisins, un jeune Algérien, brillant mathématicien, une Russe, titulaire d’un doctorat en physique et plusieurs Ouzbeks à des postes de secrétariat ou d’entretien. Tout le monde est francophone et le contact est très agréable. L’école est installée dans une grande villa de plain-pied, avec une cour bordée d’arbres. Murs blancs, portes bleues. Les classes sont les anciennes pièces de la maison, le faible nombre des élèves dans chaque classe donne un petit air intime tout à fait agréable.
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En revanche, l’immeuble où je vais habiter est sinistre. Les murs lépreux, la cour de terre battue qui doit être un vaste champ de boue par temps de pluie, les canalisations rouillées et à vif, les portes d’entrée en fer peint de couleur indéfinissable, les escaliers de ciment aux marches tout ébréchées… On ne peut pourtant pas dire qu’il soit sordide, son état provient de son ancienneté, probablement de la mauvaise qualité des matériaux, à coup sûr de l’absence de réparations. Les dégradations ne sont pas le fait de mauvaises volontés : pas de tags, pas de saletés. Les murs et les escaliers sont propres, autant que faire se peut. Mais je n’imagine pas une seule de nos cités HLM en France, au fond des pires banlieues, dans cet état : tout de suite, on crierait au scandale. Je le dis sans esprit polémique et je sais bien qu’on ne peut comparer que ce qui est comparable. Ici, malgré leur haine des Russes, je crois que la plupart des Ouzbeks sont prêts à reconnaître que leurs anciens occupants leur ont fourni quatre murs et un toit, du chauffage et l’électricité, de l’eau froide et même de la chaude, du gaz pour se chauffer et faire cuire les aliments. Et en effet, on a tout ça et on s’en étonne presque. Dès que j’entre dans l’appartement qui m’est attribué, quel contraste ! Il vient d’être refait à neuf, c’est une grande chance. Ce n’est qu’un studio mais la pièce est grande. Le plafond très élevé s’orne d’un beau lustre en cristal. Deux des murs vert pâle sont décorés au pochoir : en haut c’est une large frise de fleurs dorées et rouges ; verticalement, des colonnes délimitent des motifs de fleurs et arabesques dorées. Deux tapis de fabrication industrielle couvrent presque complètement les autres murs. Deux autres du même genre couvrent en partie le plancher de bois peint de
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couleur ocre foncé. Un cinquième enfin couvre le dossier du canapé. Dans la vitrine du buffet, vaisselle de porcelaine et de cristal. Je comprends qu’il ne faut pas s’en servir, c’est juste pour faire beau. Je me promets de l’utiliser néanmoins. Il n’y a qu’un seul couteau. Je réclame, on me dit que c’est normal : c’est pour préparer la cuisine, et, tout étant coupé en petits morceaux, on n’en pas besoin pour manger, ça évite que les disputes de fin de repas tournent mal. Bon, je vais en acheter. Beaucoup de bouquets de fleurs artificielles sur les autres meubles, un panier fait de pommes de pin et contenant des fleurs, artificielles aussi. Je sens que je vais me plaire dans ce lieu. Certes le chauffage est absolument excessif et on ne peut fermer les radiateurs : ils s’arrêteront à la date officielle, le er 1 avril. Si on ouvre la fenêtre, on reçoit le vacarme et la poussière du boulevard. Une de mes collègues françaises bénéficie d’une grande villa. Au mur de sa salle de séjour, un très grand tapis de laine tissée, aux couleurs criardes : le portrait des propriétaires. Ils nous regardent quand nous mangeons à la grande table placée juste en dessous. Difficile cohabitation… Je préfère mon studio. * Dans la rue on peut acheter des pains cuits dans un foyer en terre de forme circulaire: ce sont de larges galettes plates sans levain, plaquées directement contre la paroi du four. On les appellelipiochka, elles sont tellement délicieuses que j’en mange la moitié avant d’arriver chez moi.
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