Jeanne éloge de la bonté

Raoul R. Francis

Description

Qui est Jeanne ? La grand-mère paternelle de l'auteur, qu'il a bien connue, que personne n'a cherché à comprendre, tant elle était effacée, laissant l'impression de ne pas être à sa place et de s'en excuser, cachée derrière un sourire d'une grande bonté. Née à Angoulême en 1901, elle a traversé le XXe siècle en toute discrétion, sans laisser de traces, témoin cependant de l'histoire d'une famille dont le nom est resté attaché à la faïencerie créée au siècle précédent par Alfred Renoleau. Dans cette chronique, les voix se mêlent sans se confondre : celle du mémorialiste, celle du moraliste et celle du romancier, composant un personnage qui n'est jamais fixé, même dans les photographies où son maintien est énigmatique.

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Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 06 février 2019
• Nombre de lectures: 1
• EAN13: 9782140112690
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 8 Mo

Extrait

Qui est Jeanne ? La grand-mère paternelle de l’auteur, qu’il a bien connue, que personne n’a cherché à comprendre, tant elle était effacée, laissant l’impression de ne pas être à sa place et de s’en excuser, cachée derrière un sourire d’une grande bonté. e Née à Angoulême en 1901, elle a traversé le XX siècle en toute discrétion, sans laisser de traces, témoin cependant de l’histoire d’une famille dont le nom est resté attaché à la faïencerie créée au siècle précédent par Alfred Renoleau. Dans cette chronique, les voix se mêlent sans se confondre, celle du mémorialiste, celle du moraliste, celle du romancier, composant un personnage qui n’est jamais fixé, même dans les photographies où son maintien est énigmatique.

Crâne

Tête d’affiche

À Corps défendant

Ràoul R. Fr ancis

Jeanne Éloge de là boNté Chronique familiale

Jeanne

Raoul R. Francis

Jeanne

Éloge de la bonté

Chronique familiale

Du même auteur Tête d’affiche, roman(L’Harmattan, 2016) A Corps défendant, roman(L’Harmattan, 2017) Crâne, roman(L’Harmattan, 2018) Trame trouée, album 2016-2018 (à publier) © L’Harmattan, 2019 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-16686-5 EAN : 9782343166865

A ma femme, A Bruno, Baptiste, Bérangère, Jade

A ma mère, à France, A ceux de ma génération, mes sœurs, René-Marie et mes autres cousins, A madame Roux, Qui m’ont apporté leur précieux témoignage.

«Ma grand-mère attendait constamment demain. Le jour qu’elle vivait n’avait plus de forme. Seul, demain promettait la consistance des choses vraies, la renaissance du monde matériel, si suave à ceux qui ont perdu la paix du cœur, cette reconstruction des choses ordinaires qui est le signe du pardon de Dieu. Jusqu’au jour où demain fut le jour de sa mort. Quelle surprise quand elle s’est enfin posée sur une terre solide, brusquement embrassée de ce qu’elle avait perdu et éperdument cherché!»

Jean Giono, Mort d’un personnage

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Un bec de perroquet

Il l’avait demandée en mariage et elle avait accepté. L’armistice était tombé le jour de ses dix-sept ans. On avait dit que des hommes, il n’y en avait plus beaucoup, enfin des valides, parce que des estropiés, des gueules cassées, il suffisait de se rendre à l’hospice de Beaulieu, d’y jouer aux infirmières ou aux visiteuses pour en découvrir, et des pas ragoûtants. Le fils des Aulard, ceux qui tenaient la mercerie en bas de la rue de-Clérac-à- Sillac, il avait perdu aux Eparges ses deux bras et une jambe. On lui avait remis une citation longue comme ça. Avec ses béquilles en bois placées sous ses aisselles, il tenait debout comme un berger landais sur des échasses. Déjà qu’il avait la tête rentrée dans les épaules, il ne restait plus grand-chose à croquer. Coiffé de son casque, revêtu de la capote Poiret réglementaire, on aurait dit un uniforme placé sur un cintre, offert en vitrine aux chalands. Joseph, lui, était intact. Il avait quinze ans de plus qu’elle et une belle moustache. La guerre l’avait épargné, il l’avait traversée comme une fleur, rappelé dès les premiers mois en tant que chef d’entreprise, d’une entreprise réquisitionnée pour participer à l’industrie de l’armement. Elle ferait des robinets en grès cérame pour la poudrerie nationale. Sain de corps et d’esprit, il se retrouvait veuf en 1920 avec deux enfants, une fillette de sept ans et un bébé que sa mère avait abandonné en couches. Et elle, qu’avait-elle de mieux à faire? Ses études avaient été écourtées, elle ne les poursuivrait pas jusqu’au

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