L affaire H.J.E. O Connell
345 pages
Français

L'affaire H.J.E. O'Connell , livre ebook

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345 pages
Français

Description

Administrateur de première classe des services civils de l'Indochine, considéré comme atypique et indigènophile par sa hiérarchie, Joseph O'Connell est nommé en 1914 à la direction des îles et du pénitencier de Poulo-Condore. C'est une disgrâce, le poste étant réservé jusqu'alors aux administrateurs de grade subalterne. Face à la surpopulation et aux conditions inhumaines de détention, il va entreprendre des réformes radicales sans en référer à sa hiérarchie et transformer la vocation punitive du pénitencier en colonie agricole. Brutalement déchargé de ses fonctions et ramené sans ménagement à Saigon, il est jugé par ses pairs, dégradé et mis à la retraite.

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Publié par
Date de parution 07 avril 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782140146596
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

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Extrait

Gérard P. O’Connell
L’affaire H.J.E. O’Connell Face à l'inhumanité de la détention dans le monde colonial
BIOGRAPHIES e e SérieXIXXXsiècle
L’affaire H.J.E. O’Connell
Biographies e e série XIX -XX siècle Dernières parutions Wavelet (Jean-Michel),Gaston Bachelard, l’inattendu.Les chemins d’une volonté,2019. BONA(Chantal),Camille Paris. L’aventurier d’Annam (1885-1908), 2018. BEAUNE-GRAY(Danièle),I.M. Grevs, Un historien russe à travers les révolutions (1860-1941),2017. SCHNECKENBURGER (Patrick),Joseph Stauffer, l’histoire retrouvée d’un missionnaire alsacien (1876-1952),2015.
Gérard P. O’Connell L’affaire H.J.E. O’ConnellFace à l'inhumanité de la détention dans le monde colonial
© L’Harmattan, 2020 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-19598-8 EAN : 9782343195988
A mon arrière-grand-père, Joseph O’Connell, dont j’ai découvert l’histoire dans les archives.
CHAPITRE 1 VOYAGE À CÔN DAO
Lundi 20 juillet 1998 à 8 heures 30, aéroport de Tân Son Nhut. Le gros hélicoptère MI 17 de construction russe décolle avec 24 passagers en direction de l’archipel Côn Dao, autrefois Poulo-Condore. Nadine et moi sommes les seuls européens à bord, tous les autres occupants de l’appareil sont des Vietnamiens, militaires ou fonctionnaires, et d’anciens détenus du régime du Sud-Vietnam en pèlerinage sur les lieux de leur détention, nous l’apprendrons plus tard. Le professeur Trân Viêt Ngac nous accompagne dans notre voyage. Universitaire et spécialiste en histoire contemporaine du Vietnam à l’Université deThanh PhôChi Minh (TPHCM, ex Saigon) où il enseigne, je lui avais été recommandé par Claire Phan Thi Minh Lê, lors d’un précédent voyage à Saigon en décembre 1997. Je lui avais fait part de mes recherches et remis des copies de documents d’archives concernant les lettrés du Quang Nam et du Quang Ngai condamnés et déportés au pénitencier de Poulo-Condore en 1908. Très intéressé par mes projets, le professeur m’avait proposé de m’accompagner et me servir de guide à Côn Dao. Voilà plusieurs années que j’effectue des recherches sur mon arrière-grand-père Joseph O’Connell qui fut administrateur des Services civils de l’Indochine et dont je découvris le nom au Musée de la guerre de TPHCM, gravé sur une stèle intituléeDanh Sach Cac Chua Dao« Liste des Seigneurs des îles » autrement dit, des directeurs du pénitencier de Poulo-Condore. C’était en 1993 à l’occasion de mon premier voyage de retour au Vietnam, et j’en avais été très affecté, connaissant la sinistre réputation de ce bagne. Je n’avais que très vaguement entendu parler de cet ancêtre qui était arrivé en Indochine à la fin du 19ème siècle, et dont l’existence n’était que très rarement évoquée dans ma famille, comme si un secret planait sur ce personnage. Aussi, dès mon retour en France, j’entrepris une étude méthodique de tous les dossiers le concernant, aux Archives Nationales de l’Outre-Mer à Aix-en-Provence (ANOM). En même temps, j’entrepris de rassembler tous les documents familiaux éparpillés entre plusieurs descendants de Joseph O’Connell dans le
Sud-Ouest de la France, notamment dans les Hautes-Pyrénées et dans l’Ariège. Trouver des documents dans la littérature vietnamienne fut un peu plus difficile, et l’aide de Claire Phan Thi Minh Lê, auteure sous la direction de Pierre Brocheux, d’une thèse de Doctorat sur Huynh Thuc Khang (1876-1947) intitulée :« Dans le courant des réformistes du Trung Ky sous la domination coloniale française »(Université Denis Diderot, Paris VII), me fut d’un précieux secours et me permit par la même occasion, de connaître l’opinion des Vietnamiens sur mon ancêtre. Huynh Thuc Khang était un des lettrés de l’Annam emprisonnés comme instigateurs des révoltes de 1908 contre les lois fiscales de l’administration coloniale. Comme tous les lettrés arrêtés en même temps que lui et condamnés par la cour de Hué à la strangulation ou à la décapitation, il vit sa peine commuée par les tribunaux français en une déportation au bagne de Poulo-Condore. Dans son ouvrage :« Thi 1 tù tùng thoai » (Mémoires de prison), Khang écrit : « J’ai vécu pendant 13 ans au bagne de Poulo-Condore sous huit directeurs successifs parmi lesquels seuls monsieur Cudenet et monsieur O’Connell eurent une politique remarquable vis à vis des prisonniers. Monsieur Cudenet était un personnage austère, avec lui toutes les affaires devaient être traitées selon la loi, sans parti pris ni influence, il parlait peu et était de caractère plutôt sombre. Tous ses subordonnés, depuis le gardien-chef jusqu’aux gardiensmata, lui témoignaient beaucoup de respect car il ne graciait ni le personnel ni les prisonniers fautifs. Tout devait être conforme au règlement, surtout l’alimentation et les corvées des bagnards, il était strictement interdit de frapper les bagnards, les fautes devant être légalement sanctionnées. C’est pour ça que tout était en ordre dans la prison, et qu’il y avait plus d’ordre qu’auparavant. Dès son arrivée, monsieur O’Connell mena une politique libérale vis à vis des prisonniers qu’il considérait comme innocents, comme des membres de sa famille ou des gens très chers sous sa direction. Une chose essentielle, c’est qu’au début de l’application de sa politique libérale, tous ses subalternes étaient contre lui, estimant ses réformes dangereuses, mais il était décidé dans son entreprise. Les prisonniers lui avaient attribué une bonne expression « le chat ne hait pas la souris ». 1 Huynh Thuc Khang.Thi tù tùng thoai. Editions Tiêng Dân Huê 1939. Réédition Nam Cuong Saigon 1951, 272 p.
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