L exil français de Don Carlos, Infant d Espagne (1839-1846)
320 pages
Français

L'exil français de Don Carlos, Infant d'Espagne (1839-1846) , livre ebook

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320 pages
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Description

Ce livre est le premier ouvrage historique consacré à la vie de l'Infant Don Carlos de Bourbon (1788-1855), prétendant malheureux au trône d'Espagne et fondateur du carlisme (l'extrême droite espagnole du XIXe siècle). S'appuyant sur des archives, dont une partie était restée jusqu'ici inédite, ce livre contribue à une meilleure connaissance de l'histoire de l'Espagne et de la France à l'époque du roi Louis-Philippe.

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Informations

Publié par
Date de parution 15 avril 2015
Nombre de lectures 46
EAN13 9782336375281
Langue Français
Poids de l'ouvrage 10 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1400€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Il retrace l’influence du parti légitimiste dans la France d’avant 1848, son  puis à son fils le prétendant
Chemins de la Mémoire
Alain Pauquet
L’exil français de Don Carlos, Infant d’Espagne
(18391846)
e Série XIX siècle
L’exil français de Don Carlos, Infant d’Espagne
(1839-1846)
Chemins de la Mémoire Fondée par Alain Forest, cette collection est consacrée à la publication de travaux de recherche, essentiellement universitaires, dans le domaine de l’histoire en général. Relancée en 2011, elle se décline désormais par séries (chronologiques, thématiques en fonction d’approches disciplinaires spécifiques). Depuis 2013, cette collection centrée sur l’espace européen s’ouvre à d’autres aires géographiques. Derniers titres parus : SARINDAR-FONTAINE(François),Jeanne d’Arc, une mission inachevée,2015. LOUISA.), (Abel Marchands et négociants de couleur à Saint-Pierre de 1777 à 1830 : milieux socioprofessionnels, fortune et mode de vie, Tome 1 et 2,2014. e PREUX(Bernard),siècle en Franche-Comté,Enfance abandonnée au XVIII 2014. EMMANUELLI(Francois-Xavier),Un village de la basse-provence durancienne : Sénas 1600 – 1960,2014. NAGY(Laurent),La royauté à l’épreuve du passé de la Révolution (1816-1820). L’expérience d’une monarchie représentative dans une France postrévolutionnaire, 2014. GOSSEJean), (Albert Le surprenant manuscrit de Lyon : Roland Furieux (1607),2014. FOLLAIN(Antoine),Blaison Barisel, le pire officier du duc de Lorraine,2014. LARRAN (Francis),Pisistrate à contretemps.Itinéraires anachroniques d’un tyran athénien,2014. MANGOLTE(Pierre-André),La guerre des brevets, d'Edison aux frères Wright, 2014.ALOUKO(Ange Thierry),La politique étrangère de Willy Brandt,2014.Ces dix derniers titres de la collection sont classés par ordre chronologique en commençant par le plus récent.La liste complète des parutions, avec une courte présentation du contenu des ouvrages, peut être consultée sur le site www.harmattan.fr
Alain PAUQUET L’EXIL FRANÇAIS DEDONCARLOS,INFANT D’ESPAGNE(1839-1846) L’Harmattan
DU MÊME AUTEUR La société et les relations sociales en Berry au e milieu du XIX siècle, L’Harmattan, 1998, 526 pages Une histoire de la citoyenneté politique en France. Trente documents d’archives du e XVIII siècle à nos jours. L’Harmattan, 2014, 166 pages© L’Harmattan, 2015 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-05846-7 EAN : 9782343058467
Introduction : le carlisme et son miroir français Si le carlisme a représenté un courant politique influent en Espagne pendant au moins un siècle (en gros de 1833 à 1936), en tant que mouvement conservateur, il a connu également un écho important en France. Relayé au XIXe siècle par la droite royaliste, surtout dans la 1 fraction extrême de celle-ci , il a incarné ce que pouvait être au-delà des Pyrénées la résistance du vieux monde, ce monde ancien où dominaient le respect des coutumes locales et régionales, l’attachement aux traditions catholiques et l’acceptation des hiérarchies au profit d’une noblesse riche mais réputée bienveillante à l’égard des petites gens. Le carlisme fut en effet une forme de résistance contre la modernité. Et d’abord la modernité diffusée par l’Etat espagnol, dont la centralisation croissante ne cessa de se renforcer au cours du XIXe siècle, un Etat certes « libéral » dans ses principes mais qui demeura longtemps autoritaire dans son fonctionnement. L’affrontement de ces deux mondes, l’ancien et le moderne, et qui s’est terminé par la victoire du second a pris des formes variables selon les pays européens. En Espagne, la lutte a été très longue en raison d’une évolution économique et sociale particulièrement lente aggravée par la perte des colonies d’Amérique. De sorte que l’affrontement s’est éternisé et il a connu son paroxysme à l’occasion de trois guerres civiles dénommées «les guerres carlistes» : 1833-2 1840, 1846-1849, et 1872-1876. Ces guerres civiles ne couvrent pas à elles seules l’étendue des rebellions carlistes. Entre 1840 et 1846 se sont produites des révoltes locales, sporadiques, tout comme entre 1849 et 1872, avec des tentatives de soulèvement sans lendemain comme en 1860. Il sera question des deux premières guerres dans ce livre car elles sont étroitement liées à l’histoire de Don Carlos (Carlos V pour ses partisans) et celle de son fils aîné Don Carlos-Luis (Carlos VI). Quant 1 Il faut rappeler qu’après la chute de Charles X en juillet 1830, les partisans du roi déchu étaient appelés aussi « carlistes » 2 Il est assez curieux de constater l’oubli quasi-total qui entoure ces guerres civiles au profit de la guerre qui ravagea l’Espagne au XXe siècle, entre 1936 et 1939.
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à la troisième guerre carliste, elle sort de notre sujet pour des raisons chronologiques. A cette époque où la France était plus sensible à l’actualité espagnole qu’elle ne l’est de nos jours, ces guerres ont profondément marqué l’opinion française et d’autant plus qu’à ce moment la France balançait elle aussi entre deux mondes et deux régimes politiques, la royauté et la république, mais elle privilégiait déjà le règlement des conflits par les élections plutôt que par les coups d’état ou la guerre civile comme cela se pratiquait en Espagne. La première guerre carliste est contemporaine de la première décennie de la Monarchie de Juillet et la France s’y est directement impliquée, en partie militairement, mais surtout diplomatiquement. Depuis l’époque napoléonienne, la France se sentait très concernée par les «affaires d’Espagne» : Napoléon y avait renversé les Bourbons en 1808, mis son frère Joseph sur le trône avant que la révolte monarchiste de tout un peuple ne l’oblige à battre en retraite en 1813. Dix ans plus tard, sous Louis XVIII, la France était de nouveau intervenue militairement en Espagne, mais cette fois-ci elle avait été mandatée par les puissances européennes au Congrès de Vérone afin d’y rétablir la monarchie absolue menacée par les libéraux (1823). Il convient donc de remettre cette première guerre carliste dans la perspective des relations étroites entre les deux pays, mais en même temps, de relations qui ne se situaient pas tout à fait sur un pied d’égalité. Après 1830, en effet, la France de Louis-Philippe, devenue le porte-drapeau du libéralisme européen depuis la révolution des Trois Glorieuses, « parrainait » la libéralisation de la monarchie espagnole. En même temps, elle constituait du fait de son poids démographique et de son expansion notamment en Algérie, une puissance forte face à une Espagne frappée par la perte de ses colonies d’Amérique, le déclin de son rayonnement, la stagnation socio-économique et une dette abyssale. Nos deux premiers chapitres seront consacrés à la formation du carlisme et à la première guerre qu’il provoqua au cours des années 1830. On ne sera pas surpris d’y apprendre que la question de la stabilité politique en Espagne était une préoccupation majeure du roi Louis-Philippe et des gouvernements français de la Monarchie de Juillet et que cela les avait conduits à s’opposer au carlisme, fauteur de guerre civile et source de régression politique. Après la défaite de
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l’armée carliste, l’exil forcé de son chef, Don Carlos (Carlos V) en France entraîna un supplément de tension autour de cette question. Le prétendant fut «interné» selon le terme de l’époque, en fait assigné à résidence sous surveillance policière à Bourges, entre 1839 et 1845. Quiconque connait le célèbre roman d’Alexandre Dumas,Le comte de Monte-Cristose souvient de ce court passageoù la Bourse de Paris est subitement mise en émoi par la nouvelle de l’évasion de Don Carlos : «Le roi Don Carlos a échappé à la surveillance qu’on exerçait sur lui à Bourges et est rentré en Espagne par la frontière de Catalogne. Barcelone s’est soulevée en sa faveur». Nouvelle démentie le 3 lendemain par leMoniteur, ancêtre de notre journal officiel . Comme Balzac ou Eugène Sue, Alexandre Dumas publia son récit en feuilleton et ce fut dans leJournal des Débats1844 et janvier entre 1846, les derniers épisodes étant offerts aux lecteurs à un moment où Don Carlos ne résidait plus en France mais en Italie. Malgré cet écho littéraire qui montre à quel point l’opinion française d’alors était sensible à la question du carlisme et de la politique espagnole et tenue informée par la presse de l’époque, le sujet de l’exil de Don Carlos en France n’avait jamais fait l’objet d’une étude approfondie. Cet exil assorti de l’immigration de milliers de réfugiés carlistes a été considéré comme un fait mineur de l’histoire de la Monarchie de 4 Juillet au regard de la Question d’Orient, de la conquête de l’Algérie ou des aspects socio-économiques liés à l’industrialisation. Il nous semble pourtant qu’il offre un chemin de traverse permettant de revisiter utilement les évènements de cette époque et de contribuer à une meilleure connaissance de la vie politique et sociale ainsi que des relations diplomatiques européennes, en particulier franco-espagnoles et franco-britanniques. Nous nous sommes efforcé dans ce livre de procéder à une analyse thématique de ce séjour et de ses péripéties. Celles-ci incluent le séjour à Bourges du fils aîné de Don Carlos, jusqu’en septembre 1846, l’infant don Carlos-Luis (devenuCarlos VI) dont la fuite passa relativement inaperçue car l’on était en plein dans la préparation des 3 Ce passage du roman qui appartient à la 2e partie fut publié en novembre 1844. 4 Il n’est pas abordé dans la monumentale et remarquableHistoire de la Monarchie de Juilletvers 1884-1892 par P. Thureau-Dangin. Quant aux historiens du publiée XXe siècle qui ont traité de cette période, ils l’évoquent très peu.
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célèbres « mariages espagnols ». Mariages qui impliquèrent toute la diplomatie européenne et provoquèrent la rupture de la première Entente Cordiale. Au-delà de tout ce qui témoigne de la vie quotidienne et du climat politique de l’époque, on découvrira dans ce livre l’étude de la situation des combattants carlistes réfugiés en France, celle des liens entre ces derniers et le parti légitimiste français, et une évocation de la vie de sociabilité menée par les Infants (dont la princesse de Beira, épouse de Don Carlos). On y trouvera également des analyses concernant ce moment quotidien et indispensable qu’était la promenade chère aux oisifs de ce temps, ainsi que la pratique du tourisme et du thermalisme naissants, à l’occasion des cures thermales et des voyages de cette famille princière. Enfin, deux chapitres traiteront de leurs relations avec l’Eglise et l’Etat, ou pour être plus précis, avec l’archevêché de Bourges et la préfecture du Cher. Quelques pages seront consacrées à la deuxième guerre carliste malgré le fait qu’elle ait eu lieu postérieurement à l’exil français de Don Carlos. Quant à la troisième guerre carliste, nous avons déjà dit plus haut qu’elle sortait de notre sujet. Il convient néanmoins dans cette introduction d’en dire brièvement quelques mots dans la mesure où elle paraît représenter à la fois le « chant du cygne » et le point de départ de ce qu’on pourrait appeler la postérité et la mythologie du carlisme. Dans les années 1872 à 1876, c’est le petit-fils de Don Carlos, le duc de Madrid, appelé lui aussi 5 Don Carlos (ouCarlos VII) qui provoqua le soulèvement armé d’une partie des espagnols. Pour finir dans la débâcle au profit de son cousin Alphonse XII, monté sur le trône après l’échec d’une première république. Il est intéressant d’observer le décalage d’évolution des mentalités politiques entre la France et l’Espagne à ce moment. Lorsque se déclencha la troisième guerre carliste au-delà des Pyrénées, la France sortait d’une brève mais violente guerre civile, celle du printemps 1871 entre les républicains rouges de la Commune de Paris et la
5 Il était également le neveu par alliance d’un autre prétendant célèbre, «Henri V», le comte de Chambord, sa mère Marie-Béatrice de Modène étant la sœur cadette de la comtesse de Chambord.
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majorité royaliste dont les députés siégeaient à Versailles. Au cours des années suivantes, la majorité des français décida peu à peu de se rallier à la solution d’une république modérée : les élections de 1876 consacrèrent la victoire des républicains, et trois ans plus tard, celle d’une démocratie (presque) apaisée. A l’inverse, en Espagne, le soulèvement carliste, même vaincu en 1876, contribua par sa durée de quatre années au maintien d’une répression souvent brutale et d’une monarchie au fonctionnement semi-autoritaire. Reconstruit à des fins de prétentions dynastiques, celles du duc de 6 Madrid Carlos VII et de ses héritiers désignés , le souvenir de cette troisième guerre est devenu ensuite, et comme il arrive souvent, une véritable mythologie politique au service de la perpétuation de la tradition carliste. Pieusement entretenue par certains monarchistes espagnols et français à partir de la fin du XIXe et jusqu’en plein XXe siècle, cette tradition conduisit en 1920 l’écrivain Pierre Benoît à choisir le thème de la troisième guerre carliste pour cadre de son 7 troisième roman dont le titre est «Pour Don Carlos» . Quoique puisse laisser croire ce titre, il ne s’agissait pas pour cet autre romancier à succès (mais bien oublié aujourd’hui) qu’était Pierre Benoît de célébrer un roi sans couronne, ni de prétendre publier un manifeste politique. Cette guerre civile espagnole qu’il saisit vers 1875, sert de toile de fond à un authentique roman et de prétexte à une suite d’aventures. L’un des héros du roman est un jeune noble français, Olivier de Préneste, fraîchement nommé sous-préfet à Villeléon (nom inspiré de la petite ville de Mauléon). Enlevé par deux guérilleros carlistes, il est amené à s’engager dans la guerre pour Don Carlos (ici,Carlos VII) dans les provinces basques espagnoles aux côtés d’un autre aristocrate français nettement plus âgé que lui et prêt à en découdre pour défendre ses convictions ultra-royalistes. La suite lui fait rencontrer une jeune femme intrépide, sorte de pasionaria de la cause carliste et une intrigue amoureuse se noue. Mais l’échec de l’insurrection l’année suivante, en 1876, en sonnera le glas et le roman de Pierre Benoît finit devant Biarritz annonçant des soulèvements futurs à la façon d’un éternel retour. 6 A savoir la famille de Bourbon-Parme qui revendique encore aujourd’hui les droits à la couronne d’Espagne issus de Carlos VII, ce dernier ayant épousé en premières noces la princesse Marguerite de Parme, par ailleurs nièce du comte de Chambord et arrière petite-fille de Charles X. 7 Paru chez Albin Michel en 1920.
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