La république au cur
236 pages
Français

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La république au cur , livre ebook

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Description

En janvier, douze élèves de l'Internat d'excellence de Sourdun ont lu et commenté avec l'auteur les actes du séminaire qui s'était tenu à l'Assemblée nationale treize jours après les attentats du13 novembre. Ceux-ci ont impacté l'ensemble de la jeunesse française mettant davantage de pesanteur dans leurs vies qui s'esquissent. La gravité des propos de ces jeunes femmes sur l'horreur des attentats et leur lucidité sur leurs conséquences incitent à tenir bon. Ce récit-kaléidoscope est à l'image de notre République et du monde qui l'environne : une mosaïque davantage qu'un miroir lézardé.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 juin 2016
Nombre de lectures 4
EAN13 9782140012037
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
Abdel AÏSSOU











La République au cœur

Douze lycéennes face aux attentats de novembre 2015
Copyright
























© L’Harmattan, 2016 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris
www.harmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-76439-9
Dédicace

Pour Luisa
Citation

La jeunesse est le dos au mur. Le sang qui a coulé, le fait que ce sont des enfants qui ont été tués… Les mots ne peuvent pas rendre compte de ce qu’on ressent. La question est de ne pas rester sur l’émotion et de voir le présent et l’avenir. Voir ce que tout ça signifie.
Rencontre avec Kateb Yacine, Paris, 29 octobre 1988.
Sommaire
Couverture
4 e de couverture
Titre
Copyright
Dédicace
Citation
Sommaire
C’est ici que j’ai ouvert les yeux – Préface, Bernard Chambaz
D’une blessure à une autre – Introduction, Abdel Aïssou
Assemblée nationale, 26 novembre 2015, au cœur de la République
Témoigner pour comprendre
Comprendre pour agir
Agir pour rester ensemble
Une République à vivre
Douze lycéennes face à la barbarie
Notre France, Notre République
Dire sa filiation
Ecrire et décrire. Douze lycéennes en quête d’auteurs
En parlant en écrivant, avec Bernard Chambaz et Benoit Heimermann
Exil et mémoire de soi, avec Valérie Toranian
Un genre de malaise, avec Anne Akrich
Et après ?
Conclusion – Un roman familial
La République au cœur. Appel du 17 novembre 2015
Bibliographie
Remerciements
Adresse
Préface Bernard CHAMBAZ C’est ici que j’ai ouvert les yeux
Un lundi de janvier, nous sommes allés avec mon ami Benoît Heimermann, dans sa belle voiture bleue, et par une splendide journée d’hiver, bien froide, le ciel pâle au-dessus du plateau briard, vers Sourdun. Le trajet est simple. On sort de Paris par l’autoroute, on tourne à droite après le château d’eau, et on arrive devant l’Internat d’excellence. C’est là que nous avons rencontré douze élèves qui ont lu et commenté les actes du séminaire qui s’était tenu, un après-midi, dans la salle Colbert de l’Assemblée nationale treize jours après le 13 novembre.
L’association Le Collectif – qui avait lancé l’appel La République au cœur – était à l’initiative de cette rencontre pensée comme un séminaire plutôt qu’un colloque, même s’il s’agit bien de parler ensemble, de façon collective, à savoir « ce qui nous rassemble ». Il est vrai que séminaire sous-entend pépinière et que les élèves de Sourdun étaient invités à y participer. En tout cas, on ne peut manquer d’apprécier cette volonté d’animer ce qu’on nomme, parfois un peu abstraitement, le débat citoyen. Ici toutefois les délibérations sont placées sous l’égide d’une citation de Martin Luther King qui nous va droit au cœur, toujours si juste, relevant d’un principe d’espérance. « Ensemble nous devons apprendre à vivre dans la fraternité ou ensemble nous sombrerons dans la folie ». Au-delà de la sollicitation de témoignages, il va de soi que ces impressions ne pouvaient pas ne pas être assorties de commentaires qui sont aussi la part de conscience qui les fonde.
J’ai donc lu, à mon tour, les actes de cette rencontre. J’ai été impressionné par l’ensemble qu’ils dessinent et plus particulièrement touché par un certain nombre de propos.
Le plus formidable à mes yeux est l’anecdote rapportée par le cardiologue Mohammed Ganhem qui rend visite à une patiente après une opération et la patiente lui demande « quand est-ce que le médecin arrive ? » Il lui répond alors, avec un grand sourire, c’est essentiel, que c’est lui et qu’en prime il est le chef du service. Dans un autre registre, Jean-Marc Adjovi-Boco – qui fut un défenseur lensois intraitable avant de lancer une association vouée à la formation de jeunes footballeurs – rappelle à qui veut bien l’entendre qu’il s’agit de « faire du foot passion un moteur d’éducation ». A sa suite, j’ai entendu Marc Lavoine fredonner le poème d’Apollinaire Sous le pont Mirabeau coule la Seine qui reste un des sommets de la langue française mais où résonne, après coup, la tristesse du 17 octobre 1961 qu’on ne peut pas oublier. Et puis j’ai été content de lire les paroles de Jacques Dorfman quand il dit, avec franchise, que s’il ressent de la tristesse il ne ressent pas de peur ; une telle affirmation me semble très importante car c’est sans doute le meilleur moyen de ne pas céder, à rien ; et il constate que « la religion prend beaucoup, beaucoup, d’espace dans la vie publique » ; bien entendu, la foi relève de la sphère privée et, à mon avis, ne pas être croyant, c’est-à-dire être athée, n’empêche ni d’avoir autorité à évoquer la question ni d’avoir une bonne connaissance des textes sacrés. C’est le merveilleux Kateb Yacine qui disait joliment mais sans prendre de gants que l’islam, comme toute religion, ne se faisait pas avec des bonbons et des roses.
A l’ouverture de la troisième séquence, j’ai été surpris par la mention de l’attentat qui a endeuillé l’université de Garissa. 147 étudiants assassinés par un groupe islamiste. Je me suis dit, un plus grand nombre encore que le 13 novembre, et je me suis demandé qui s’en souvenait. Et, tout à coup, je me suis posé la question. Où ? Oui, non seulement je ne me rappelais pas vraiment les circonstances, mais j’étais incapable de répondre avec certitude à la question. Où ? Eh bien, c’était au Kenya, et c’était le 2 avril 2015, entre Charlie et le Bataclan, mais la mémoire est sélective.
Par ailleurs, je n’ai pas été surpris que Francis Dubrac, le président du MEDEF 93, chef d’une entreprise de trois cents salariés, qui habite dans la cité des 4000, mette à si juste titre l’accent sur la question du travail ; et je n’ai pas été surpris davantage par les nuances apportées par Mohamed Douhane, commandant de police, qui reconnaît toute l’importance de la question du travail, oui, pour des raisons de justice sociale, mais suggère qu’il ne faut pas s’y limiter si on veut saisir le terreau de la radicalisation. Et puis quand Stéphanie Bataille cite un proverbe africain, « Si t’avances tu meurs, si tu recules tu meurs, alors pourquoi t’avances pas ! », je repense à ces vers, encore plus graves, rappelés par Tahar Djaout, peu avant qu’il ne soit assassiné à Alger par le Front Islamique du Salut, au printemps 1993. « Si tu parles, tu meurs ! Si tu te tais, tu meurs ! Alors parle et meurs ! »
A la fin de cet après-midi, Abdel Aïssou a formulé ce vœu pressant de « penser autrui » et je suis sûr que nous sommes nombreux à nous dire que penser autrui c’est en même temps penser soi-même. Cela dit, l’objectif est d’agir – afin de revivifier le tissu social, tenter de redonner un peu de lustre au politique sinon à la politique.
C’est donc à Sourdun que nous avons rencontré les lycéennes, dans ce bâtiment qui abrita naguère un régiment de hussards. Le hasard, plus souvent qu’on ne croit, fait bien les choses. Les hussards noirs de l’école de la République l’ont magnifiée, cette école, mais, parfois à leur corps défendant, ils ont également contribué à préparer une génération à la guerre, à perpétrer cette grande boucherie barbare de 14-18. Ce sont donc les propos de ces douze jeunes filles pendant notre rencontre et davantage encore les textes qu’elles ont écrits que je trouve épatants. On ne peut pas toutes les citer ni tout aborder. Vous le lirez vous-même. Vous y verrez au passage l’amour qu’elles prodiguent à l’école et à l’enseignement qui leur est dispensé. Je voudrais néanmoins en retenir quelques pépites qui brillent aussi par leur dimension, je dirais volontiers, littéraire.
Ainsi, pour commencer, Ben-Vinda, née ailleurs, dit de but en blanc : « Mais mes premiers souvenirs, eux, sont nés ici ». A la limite, tout est déjà dit. Nous nous définissons aussi par nos souvenirs, par le paysage dans l

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