Mes années 62

Alain Michaud

Description

Ce récit est un témoignage sur l'histoire des relations franco-algériennes à la fin des années 80. Le narrateur a vécu cette période troublée, riche en bouleversements politiques, au coeur même des services de coopération de l'ambassade de France à Alger. il y découvrira les parties cachées de la comédie diplomatique, les petits arrangements entre amis, les complaisances, les intérêts et les ambitions personnelles trempées au bain des passions idéologiques. Un tableau dont le cadre débordera l'histoire des deux nations pour éclairer plus largement le commerce séculaire d'un occident imbu de ses valeurs avec les terres et les peuples africains.

Sujets

• Algeria
• Algérie
• Témoignage
• Afrique subsaharienne
• Récit
• Témoin
• Autobiographie
• Harmattan Littérature

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 05 mars 2019
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9782140115837
• Langue: Français

Extrait

AlainM ICHAUD

Mes années 62

Les tribulations d’un attaché d’ambassade français en Algérie

Mes années 62 Les tribulations d'un attaché d'ambassade français en Algérie

Alain M ICHAUD M ES ANNEES 62

Les tribulations d'un attaché d'ambassade français en Algérie

© L’Harmattan, 2019 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-16967-5 EAN : 9782343169675

... L'arbre sent ses racines plus qu'il ne peut les voir, mais il en évalue la grandeur à la vigueur de ses branches visibles (...) Lorsque l'histoire sert la vie passée de telle sorte qu'elle empêche la vie présente de se poursuivre et de se développer, lorsque le sens historique ne conserve plus, mais momifie la vie: alors l'arbre dépérit progressivement, au rebours du processus naturel, depuis la cime jusqu'aux racines... Nietzsche De l'utilité et des inconvénients de l'histoire Considérations inactuelles II

En définitive tout se résumait à une question de point de vue. Il suffisait de sortir du cadre de la pensée, de cette forêt sauvage de représentations et d’images indomptées, de ce qu’elle charriait de regrets et d’humeurs noires, pour que la lumière revienne enfin. A vrai dire j’y parvenais parfois. Mais la chose ne durait jamais bien longtemps. Quand j’arrivais à m’extraire de ce cercle vicieux qui m’emprisonnait, il y avait toujours une force mystérieuse, une force centripète pareille à un monstrueux élastique, qui me ramenait brutalement au centre de moi-même, prisonnier des mêmes sentiments, des mêmes peurs, des mêmes insatisfactions, générant les mêmes inquiétudes. Ce jeu m’épuisait et je n’y voyais aucun remède. Un beau jour, par le plus grand des hasards, alors que je déambulais dans la ville, je fus attiré par une terrasse de café dont une des tables en fer forgé, située à l’écart des autres, bénéficiait de l’ombre d’un grand arbre planté quasiment à ses pieds. Je choisis une chaise confortable, de celles qui possédaient des accoudoirs et étaient cannées de gros liens de plastique rouge assez souples. Je la positionnai dans l’axe de la rue tout en gardant la possibilité, en me tournant légèrement de côté, de suivre son mouvement dans la longue courbe qui menait à la cathédrale et dont on distinguait, en levant cette fois-ci plus franchement la tête, le curieux dôme qui ressemblait à une cheminée de centrale nucléaire. Ce point de vue constituait une merveilleuse incitation à la réflexion en embrassant la totalité des contradictions historiques du pays auxquelles j’étais confronté. Mais il eut surtout le pouvoir de m’apporter des instants de paix

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