Robert Lacoste (1898-1989)
320 pages
Français

Robert Lacoste (1898-1989) , livre ebook

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320 pages
Français

Description

Son rôle de premier plan dans la lutte syndicale, ses responsabilités au Conseil général de la Dordogne, sa proximité avec Jean Moulin propulsent Robert Lacoste sur le devant de la scène politique. Après les événements du 6 février 56, il devient le "ministre de l'Algérie". Cette mission marque-t-elle une rupture ou est-elle dans le droit fil de ses engagements passés ? Cette biographie est celle d'un homme complexe, aux prises avec les grandes questions du temps, la guerre, la paix, l'Europe, l'émancipation des peuples colonisés.

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Publié par
Date de parution 01 septembre 2010
Nombre de lectures 0
EAN13 9782296258792
Langue Français
Poids de l'ouvrage 17 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Robert Lacoste (18981989)
© L’Harmattan, 2010 5-7, Rue de l’école-PolyTechNique ; 75005 PàRis
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-12077-8 EAN : 9782296120778
Pierre BranaetJoëlle Dusseau
Robert Lacoste (18981989)
De la Dordogne à l’Algérie, un socialiste devant l’histoire
Des poings et des roses
Dans la même collection Albert Gazier (1908-1997). Autour d’une vie de militant Bruno Demonsais, Gavroche.Un hebdomadaire culturel socialiste de la Résistance à la Guerre froide Christelle Flandre, Socialisme ou social-démocratie ?Regards croisés français allemands, 1971-1981 Robert Chapuis, Si Rocard avait suTémoignage sur la deuxième gauche Jacques Moreau, L’Espérance réformiste. Histoire des courants et des idées réformistes dans le socialisme français Emmanuelle Jousse, Réviser le marxisme ?D’Édouard Bernstein à Albert Thomas, 1896-1914 Gilles Morin et Gilles Richard (dir.), Les Deux France du Front populaire.Chocs et contre-chocs Claire Marynower, Joseph Begarra.Un socialiste oranais dans la guerre d’Algérie Matthieu Tracol, Changer le travail pour changer la vie ?Genèse des lois Auroux, 1981-1982
Des poings et des roses collection dirigée par Pierre Mauroy et Alain Bergounioux
conception graphique|réalisationbéatriceVillemant
illustration de couverture: Robert Lacoste, 5 mai 1958,DR, coll. L’OURS.
Introduction
Quand Robert Lacoste disparaît, les échos nationaux sont peu nombreux. Mais a-t-on idée de mourir à quatre jours du premier tour des élections municipales du 12 mars 1989 ? À moins de s’appeler Roger-Patrice Pelat, le sulfureux ami du prési-dent de la République, qui a droit, malgré la conjoncture – mais aussi parce qu’il est impliqué dans des « affaires » –, à une page entière dans les différents médias nationaux. Lacoste, lui, semble bien oublié. À moins qu’il ne soit pas de bon ton d’en parler ? Michel Rocard, symbole de cette « deuxième gauche » qui a dénoncé tant la poli-tique de Lacoste en Algérie que le ralliement à de Gaulle et qui s’est opposée à la SFIO, est alors Premier ministre. François Mitterrand s’apprête à aller rencontrer à Alger le président Chadli. La discrétion s’imposerait-elle face à ce cadavre gênant, devant ce passé trop lourd ? Car Robert Lacoste a toujours sa carte du Parti socialiste, après avoir eu celle de la SFIO pendant près de trente ans. CommeLe Figarodevait le dire avec sans doute un peu de perfidie, il est « la mémoire vivante du socialisme pendant plus d’un demi-siècle». Sa dernière carte de 1988 est signée du premier secré-taire de l’époque, Lionel Jospin… La presse nationale est donc discrète. Si une radio nationale annonce la mort de « l’homme qui symbolisa la torture en Algérie », réserve et retenue sont plutôt de rigueur. Silence aussi. C’est le cas pour leNouvel Observateur, successeur deFrance Observateur1956 et 1958, qui ne lui consacre, combattant pugnace de Lacoste entre 1 pas une ligne.Le Canard enchaîné, qui ne l’épargna pas, s’il évoque sa « politique algé-rienne [qui] provoqua tant de controverses et de drames » s’en sort avec une pirouette: « C’est lui [Lacoste] qui eut ce mot, un jour qu’on lui demandait s’il voulait pour-2 suivre « Le Canard » : “Ah, non, je ne veux pas passer pour un con” ».Libérationlui consacre quelques lignes, le qualifiant d’« un des derniers symboles du naufrage de la e IV République […] un repoussoir pour la gauche née dans les années 50 ». Le texte
7
1.Le Canard enchaîné, 15 mars 1989. 2.Libération, 10 mars 1989.
le plus long lui est consacré parLe Figaro, avec un encadré et une photo en une, puis un article en page huit, qui passe en revue sa vie, l’engagement résistant, l’assassinat du père par les Allemands, le parcours du parlementaire et du ministre de la Recons-truction, l’action en Algérie et – allusion seulement comprise de quelques connais-3 seurs – la participation au « colloque deVincennes ». L’écho régional est important, comme il est logique pour celui qui fut, outre sa carrière nationale, président du conseil général de Dordogne pendant trente ans. La presse –Sud Ouest, L’Écho de la Dordogne, Le Démocrate indépendant, La Dordogne libre – fait une large place successivement à l’annonce de la mort à Périgueux (dans la nuit du 8 au 9 mars), de l’enterrement dans son village d’Azerat le 11, puis à l’hommage qui lui est rendu en fin de mois au conseil général. PourLa Dordogne librel’enfant du siècle », journal local né à la libération, il est « (il meurt à 90 ans) et « le grand homme ». Une large place est faite au témoignage de Pierre Chaussade, ancien préfet, proche collaborateur de Lacoste à Alger, devenu 4 à sa retraite conseiller général du Buisson, qui loue l’ancien ministre . Le grand quoti-dien régionalSud Ouestest plus équilibré, même si les témoignages des « barons » de la région sont bien entendu flatteurs. Jacques Chaban-Delmas salue « le résistant de grand style […] insuffisamment apprécié » et « l’ami » ;Yves Guéna rend hommage au « patriote » qui vota contre la CED et pour de Gaulle en 1958 ; le président du conseil général, Bernard Bioulac, salue la mémoire de celui qui fut « un grand résis-tant, un grand homme d’État, un grand pacifiste ». Pourtant, dès ce premier article, Sud Ouestsurtitre « l’Algérie restera la plus grande page – et la plus douloureuse – 5 de Robert Lacoste ». Nul ne peut ignorer trois jours plus tard, lors de l’enterrement, que ce « grand de e6 la IV » a eu « un adieu sans faste » : « Aucun ministre du gouvernement actuel n’as-7 sistait aux obsèques de l’ancien ministre résident en Algérie ». Seuls en effet assistent à la cérémonie des personnalités ayant une implantation locale commeYves Guéna, UDR, député-maire de Périgueux, Alain-Paul Bonnet, MRG, député et conseiller général de la Dordogne, Bernard Bioulac, député et président du conseil général, qui prend la parole après le maire d’Azerat, Guy Bonnely, et le conseiller général du canton, Bousquet. On ne voit apparaître un représentant du gouvernement – il est vrai député du département – que lors de l’hommage rendu au conseil général, où Roland Dumas prend la parole pour évoquer le parcours de Lacoste, la Résistance – son propre père a été fusillé au même moment que celui de Lacoste – et la guerre d’Algérie où « il a assumé cette responsabilité avec la détermination et les convictions qui étaient les siennes ». Les autres discours s’empressent de développer le thème de la résistance, de l’enfant du pays, de l’homme de caractère. Lacoste ? L’homme qui gêne tout le monde… Finalement, c’estL’Écho de la Dordogne, quotidien issu de la Résistance et alors porte-parole du Parti communiste, qui est le plus incisif : « Des millions de jeunes Français furent envoyés combattre le peuple algérien […] Beaucoup y laissèrent la vie
8
3.Le Figaro, 10 mars 1989. 4.La Dordogne libre, 10 mars 1989. 5.Sud Ouest, 10 mars 1989. 6.Il s’agit bien entendu du gouvernement Rocard. 7.Sud Ouest, 12 mars 1989.
Introduction
ou furent atteints dans leur chair. La plupart ont gardé ouverte la plaie morale que leur a laissée un conflit injuste et cruel qui vit l’institution d’une répression de masse et de la torture. Robert Lacoste fut en Algérie le représentant actif de cette politique. » Et 8 l’article est titré : « Il faut aussi convoquer l’histoire ».
Nous nous retrouvons volontiers dans ce titre. Il faut convoquer l’histoire.
8.L’Écho de la Dordogne, 27 mai 1989. C’est une des cinq déclinaisons départementales deL’Écho du Centre.
Introduction
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