Viêt-Nam: La tragédie indochinoise
257 pages
Français

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Viêt-Nam: La tragédie indochinoise , livre ebook

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Français

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Description

Ce texte, écrit en 1931 par Louis Roubaud, fut publié à l'heure du consensus colonial des "années de Vincennes". Modèle du genre du reportage qui intègre l'urgence du politique à l'émotion du crime, il est à la fois un récit de voyage, un reportage critique sur la misère de la population du Viêt Nam et la revendication des colonisés de l'Indochine française, mais aussi une enquête sur les mouvements anticoloniaux et leur répression.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2010
Nombre de lectures 196
EAN13 9782296700987
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

VIET NAM
COLLECTION
AUTREMENT MÊMES
conçue et dirigée par Roger Little
Professeur émérite de Trinity College Dublin,
Chevalier dans l’ordre national du mérite, Prix de l’Académie française,
Grand Prix de la Francophonie en Irlande etc.


Cette collection présente en réédition des textes introuvables en dehors des bibliothèques spécialisées, tombés dans le domaine public et qui traitent, dans des écrits de tous genres normalement rédigés par un écrivain blanc, des Noirs ou, plus généralement, de l’Autre. Exceptionnellement, avec le gracieux accord des ayants droit, elle accueille des textes protégés par copyright, voire inédits. Des textes étrangers traduits en français ne sont évidemment pas exclus. Il s’agit donc de mettre à la disposition du public un volet plutôt négligé du discours postcolonial (au sens large de ce terme : celui qui recouvre la période depuis l’installation des établissements d’outre-mer). Le choix des textes se fait d’abord selon les qualités intrinsèques et historiques de l’ouvrage, mais tient compte aussi de l’importance à lui accorder dans la perspective contemporaine. Chaque volume est présenté par un spécialiste qui, tout en privilégiant une optique libérale, met en valeur l’intérêt historique, sociologique, psychologique et littéraire du texte.

« Tout se passe dedans, les autres, c’est notre dedans extérieur,
les autres, c’est la prolongation de notre intérieur. »
Sony Labou Tansi


Titres parus et en préparation :
voir en fin de volume
Louis Roubaud


VIET NAM
la tragédie indochinoise

suivi d’autres écrits sur le colonialisme


Présentation d’Emmanuelle Radar


L’HARMATTAN
En couverture :
Photo de Louis Roubaud à sa table de travail,
publiée dans Frédéric Lefèvre, « Une heure avec Louis Roubaud
reporter et romancier : de Viet Nam à Christiane de Saigon »,
Les Nouvelles littéraires , 520 (1 octobre 1932), p. 1.


© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-12069-3
EAN : 9782296120693

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
INTRODUCTION par Emmanuelle Radar
Écrits récents d’Emmanuelle Radar

« La (non)représentation d’Angkor, indice de (dés)illusion coloniale », Cahiers de la SIELEC , 6 : Le Désenchantement colonial , éd. Jean-François Durand, Jean-Marie Seillan et Jean Sévry, Paris : Kailash, 2010, p. 399-424
« Oorlog en kolonie : Roland Dorgelès en de Franse protestliteratuur », Armada , 52 : Bloed en rozen. De literaire verbeelding van de Groote Oorlog (2008), p. 81-91
« L’"inceste patriphore", ou la relation fille-père dans La Favorite de dix ans de Makhali-Phāl », in Les Relations familiales dans les littératures françaises et francophones des XX e et XXI e siècles , éd. Murielle Lucie Clément et Sabine van Wesemael, Paris : L’Harmattan, 2008, p. 27-37
« La Voie royale : spectacle et hors-champ de l’aventure coloniale », Revue André Malraux Review , 35 : Malraux et les valeurs spirituelles du XXI e siècle (2008), p. 48-67
« Indochina », in Imagology : A Handbook on the Literary Representation of National Characters , éd. Manfred Beller et Joep Leerssen, Amsterdam, Rodopi, 2007, p. 183-186
« Le Coup de lune : un "anticolonialisme" féminin », Traces [Liège, Centre d’Études Georges Simenon], 16 : Georges Simenon et l’Afrique. Des reportages sur l’Afrique à la recherche d’un nouvel humanisme (2005), p. 45-62
En collaboration avec Ieme van der Poel, « Het Menschelijk tekort van André Malraux », Armada , 41 : Honderd jaar Wereldbibliotheek. 1905-2005 (2005), p. 62-72
INTRODUCTION
« Viet Nam ! Viet Nam ! Viet Nam ! » ; c’est par ces cris poignants poussés à deux pas de la guillotine coloniale, que le grand reporter Louis Roubaud commence le récit de son enquête Viet Nam : la tragédie indochinoise (1931) {1} . C’était le 17 juin 1930, à Yen Bay, une des garnisons françaises du Nord de l’actuel Viêt Nam. Louis Roubaud y était ; il a assisté aux exécutions capitales de treize colonisés qui avaient osé porter les armes contre les Français ; « treize fois [il] entendi[t] ce cri » que jamais il n’oubliera (p. 3 ci-dessous). Ce « Viet Nam ! » est d’autant plus choquant qu’il fut proféré en guise d’ultime revendication anticoloniale ; il témoigne d’une page tragique de l’histoire de l’Indochine française.
Si le journaliste s’est trouvé à Yen Bay en juin 1930, c’est parce que les événements des 9 et 10 février 1930 – des mutineries de plusieurs garnisons françaises dont Yen Bay, des bombes lancées à Hanoï dans des lieux du pouvoir colonial – ne donnèrent lieu qu’à de « courte[s] dépêche[s] » ou à des « câblogrammes assez laconiques » et que les causes officiellement invoquées, les « mécontentements locaux » et la « propagande communiste », ne pouvaient le convaincre (p. 7). Le manque d’attention des officiels, de la presse et de l’opinion publique est justement ce qui incite le journaliste à « aller recueillir sur place quelques informations sur la situation politique de [la…] colonie asiatique » (p. 8).
Ce qu’il y découvre, et qu’il dévoile à ses lecteurs, c’est tout d’abord la misère du peuple : « dans les usines et […] les champs. […] [Il a] trouvé devant [lui] le visage osseux de la fée misère » (p. 117). C’est aussi l’attitude injuste des coloniaux qui l’a frappé ainsi que leur méprisant refus de reconnaître des droits aux colonisés ; cette « opposition blanche qui, tantôt violente, tantôt sournoise, se manifest[e] sans trêve dans la presse, dans les associations, sur la place publique » (p. 170). Au fil des chapitres se révèle la violence des relations entre coloniaux et colonisés : des grèves pacifiques sont réprimées dans le sang, des villages sont bombardés par l’aviation française, des ouvrières battues à mort, des tirailleurs se mutinent et assassinent leurs commandants français. L’interprétation que donne Roubaud de la situation politique contredit les discours officiels : il ne s’agit ni de mécontentements locaux, ni de propagande communiste, mais d’« indépendance », « l’éviction des Français demeur [ant] le désir constant, le but premier de tous les révolutionnaires, avoués ou inavoués, de ce pays, quelle que soit leur nuance politique » (p. 133). Les actions révolutionnaires ne sont pas le fait des seuls intellectuels ; le peuple y participe et il faut constater que « le mouvement révolutionnaire d’Annam a une tête et un corps ! » (p. 80). En outre, cette révolte ne date pas d’hier. Dès la conquête il y eut résistance ; elle se fit d’abord au nom de l’Empereur d’Annam, mais en 1930 ce sont les communistes qui prennent la relève des nationalistes de Yen Bay vaincus par le pouvoir colonial. Les techniques changent : « sur la route de la révolution […] ce ne sont pas les mêmes chevaux qui accomplissent tout le parcours », mais il s’agit bien de la même révolte (p. 145).
Misère, injustice, mépris, violence, indépendance… sont des faits que l’on dissocie les uns des autres, alors que, assure Roubaud, ils doivent impérativement être analysés de consort si l’on veut comprendre la tragédie indochinoise.
Le texte que nous rééditons ici est à la fois un récit de voyage, un reportage critique sur la colonie et une enquête sur les partis anticoloniaux de l’Indochine : sur le parti nationaliste, organisateur des mutineries de février 1930, et sur le parti communiste – fondé par Nguyễn Ái Quốc, le futur Hồ Chí Minh – à l’origine des grèves qui se succédèrent la même année {2} . Par son reportage, Roubaud force le lecteur à considérer la colonie à partir d’un nouveau cadre tracé par le cri « Viet Nam ! ». Car c’est lui qui ouvre et clôture le récit ; présidant la lecture et justifiant l’enquête et sa narration, il représente la « scène énonciative » {3} . Cette sc

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