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Description
Sujets
Informations
Publié par | Le Lys Bleu Éditions |
Date de parution | 12 avril 2019 |
Nombre de lectures | 1 |
EAN13 | 9782851135636 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0020€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Jonathan Saadoun
Von Papen
Un moraliste machiavélique
Roman
© Lys Bleu Éditions – Jonathan Saadoun
ISBN : 978-2-85113-563-6
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle .
Introduction
Depuis plus de 70 ans, le monde s’interroge sur les raisons de la montée au pouvoir d’Adolf Hitler. Il paraît surprenant de voir comment un petit Autrichien sans talent est arrivé à prendre le contrôle du gouvernement allemand. Sur ce point-là, on ne peut que blâmer les carences de la démocratie allemande, l’arrivisme de certains hommes politiques, de l’antisémitisme latent du peuple allemand.
Hindenburg président de la République de Weimar nomme Hitler chancelier le 30 janvier 1933 alors qu’il éprouvait un mépris sans faille pour ce caporal bohémien. Ce geste politique de nature suicidaire paraît incompréhensible pour une grande majorité d’Européens d’aujourd’hui. Pourtant pour l’époque, ce choix s’inscrit dans une longue descente aux enfers. Il paraît en quelque sorte logique. L’Allemagne perd la Grande Guerre, son territoire est amputé, la crise économique gangrène la société. De plus, les élites allemandes converties au nationalisme se sont repliées sur elles-mêmes. Elles semblent séduites par un populisme agressif et nostalgique de l’Empire bismarckien et wilhelmien.
Plongée dans l’abîme, l’Allemagne sombre. Le traité de Versailles du 28 juin 1919 a humilié l’Allemagne et les Allemands. Sans armée, sans colonies, occupée partiellement, endettée par de lourdes réparations de guerres, la nation allemande a été jugée comme le bouc – émissaire du continent européen. La révolution spartakiste de Rosa Luxembourg avait effrayé la bourgeoisie allemande à tel point que la gauche allemande s’était compromise avec des groupuscules nationalistes violents (corps francs). Sur le plan économique, la crise de 1929 a fragilisé l’économie allemande ultra dépendante des fluctuations de l’économie américaine. Des millions d’Allemands se retrouvent au chômage. Des politiciens incapables vont favoriser par leur inaction des groupes ultranationalistes et fascisants comme le Parti nazi d’Adolf Hitler. Ce peintre raté, ancien clochard des rues de vienne, décide de se lancer en politique afin de mettre en œuvre ses projets machiavéliques. Hitler a toutefois un certain talent oratoire, il sait captiver l’attention d’une foule en détresse en diffusant l’espoir d’une vie meilleure tout en propageant de la haine nauséabonde contre les Juifs. Utilisant les médias et soutenu financièrement par des lobbys financiers et capitalistes, Hitler émerge sur la scène politique.
Au début des années 1930, Hitler est proche idéologiquement de Hugenberg et de Von Papen. Ces trois ténors de la droite nationaliste allemande partagent le même diagnostic sur leur chère patrie : remise en question du traité de Versailles, remise en question des réparations de guerre, haine des communistes. Pourtant celui qui va desserrer le verrou démocratique, c’est Franz Von Papen. Ultra-réactionnaire, catholique de droite, Von Papen va tout faire pour faire nommer Hitler chancelier du Reich au mépris de sa Grandeur personnelle.
Cet aristocrate est considéré par les spécialistes comme l’homme le plus responsable de la montée au pouvoir d’Hitler. Cette biographie a pour but de dresser le portrait d’un personnage qui a la plus lourde responsabilité dans l’accession au pouvoir du führer. Il s’agit d’une biographie politique et personnelle qui va tenter d’expliquer comment un aristocrate catholique sombre dans l’alliance avec des fascistes.
Première partie
Un aristocrate allemand
Franz Von Papen est né en octobre 1879 en Westphalie dans la petite ville de werl. Cette petite cité germanique se trouve à la frontière entre la Rhénanie-du-Nord et la Westphalie. Cette région d’Allemagne a appartenu successivement aux ducs de Saxe, aux Archevêques de Cologne, à l’Empire français et à la Prusse. Elle est donc marquée par une certaine idée de la féodalité mais aussi du catholicisme. C’est un bastion du conservatisme allemand.
Deuxième de la famille, Franz Von Papen est le fils de Friedrich Von Papen et d’Anna Steffens. Issu d’une famille catholique, il est le représentant d’une minorité religieuse. Les guerres de religion avaient fortement divisé l’Allemagne depuis le XVIème siècle. Un moine allemand, Martin Luther avait dévoilé la décadence et l’opulence de l’Église catholique. Dans un pays catholique depuis Charlemagne, Luther choque les consciences. Avec le scandale des indulgences, Luther en 1517 attaque directement le cœur du catholicisme. Excommunié par le Pape, banni de l’empire des Habsbourg par Charles Quint, Martin Luther a suscité l’admiration des intellectuels de l’ouest de l’Allemagne, d’une certaine partie de l’aristocratie qui ne supportait plus le poids de la papauté. En revanche, une certaine noblesse et une grande paysannerie bavaroise ont rejeté avec force un homme aussi controversé. Les guerres de religion avaient été terribles pour le peuple allemand : une guerre de Trente Ans au XVIIème siècle qui a secoué une grande partie de l’Europe occidentale. Par ces clivages, certaines identités surgissent comme le sentiment saxon, bavarois ou prussiens. À la naissance de Franz, les Protestants influencent la société de leurs idées. Pourtant les Catholiques forment un tiers de la population et sont très présents dans le sud du pays mais aussi en Westphalie. À la naissance de Von Papen, la religion est aussi un clivage social. En effet, les élites industrielles sont protestantes et militent pour une séparation de la religion et de l’État. Ces bourgeois du XIXème siècle ont mis en avant le chemin de fer, la sidérurgie, la métallurgie. Les banques fleurissent ainsi que les usines. Par ailleurs, la noblesse prussienne est majoritairement protestante. La paysannerie est majoritairement catholique. En Rhénanie, en Bavière, la bourgeoisie et la noblesse sont de souche catholique. Peu satisfait des transformations sociales et industrielles de l’Allemagne, cette élite catholique rejette le capitalisme et une certaine décadence morale. Il est vrai que la bourgeoisie parvenue n’avait pas bonne presse chez ces catholiques conservateurs et rigoristes. Une certaine nostalgie de la ruralité est visible. Jadis divisée en 38 nations à l’issue du congrès de Vienne de 1815, l’Allemagne est réunifiée depuis 1871. Elle formait un empire allant de l’Alsace jusqu’à la Prusse. Le Reich allemand était l’une des trois grandes puissances du continent avec des colonies et une industrie puissante. La noblesse d’empire était constituée des Junkers (propriétaires terriens) comme un certain Otto Von Bismarck. Friedrich Von Papen fait partie de ces élites. C’est un propriétaire terrien, un baron comme l’Allemagne en connaît beaucoup en Westphalie. Chez les