Le gouvernement des villes

Vincent Hoffmann-Martinot

Description

Comment peut-on comparer la politique urbaine à l'échelle internationale ? Quels sont les principaux acteurs et les mécanismes les plus significatifs qui la structurent et qui conditionnent ses variations ? D'où sont issus les principaux modèles existants de gouvernement urbain ? Dans quelle direction s'orientent les réformes en cours ou mises en oeuvre, et à partir de quels changements sociétaux et politiques ? Cet ouvrage répond à ces questions, en s'efforçant d'intégrer une perspective socio-historique.

Sujets

• Institut d'Études Politiques de Paris
• Science politique

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 juin 2007
• Nombre de lectures: 37
• EAN13: 9782336268408
• Langue: Français

Extrait

9782296031623
Le gouvernement des villes
Une comparaison internationale

Vincent Hoffmann-Martinot
Logiques politiques
Collection dirigée par Yves Surel

Créée en 1991 par Pierre Muller, la collection « Logiques politiques » a pour vocation principale de publier des ouvrages de science politique, ainsi que des livres traitant de thématiques politiques avec un autre angle disciplinaire (anthropologie, économie, philosophie, sociologie). Elle rassemble des recherches originales, tirées notamment de travaux de doctorat, ainsi que des ouvrages collectifs sur des problématiques contemporaines. Des séries thématiques sont également en cours de développement, l’une d’entre elles visant à publier des ouvrages de synthèse sur les systèmes politiques des États-membres de l’Union européenne.
Dernières parutions
Jean-Baptiste HARGUINDÉGUY, La frontière en Europe : un territoire ? Coopération transfrontalière franco - espagnole , 2007.
Catherine NEVEU (sous la dir.), Cultures et pratiques participatives. Perspectives comparatives, 2007.
Bruno PALIER, Yves SUREL et al., L’Europe en action : l’européanisation dans une perspective comparée, 2007.
Stéphane CADIOU, Stéphanie DECHEZELLES et Antoine ROGER (sous la direction de), Passer à l’action : les mobilisations émergentes , 2006.
Taoufik BEN MABROUK, Le pouvoir d’agglomération en France : Logiques d’émergence et modes de fonctionnement, 2006.
Fabrizzio CANTELLI (sous la direction de), Les constructions de l’action politique, 2006.
Corinne DELMAS, Instituer des savoirs d’Etat, 2006.
Ronald HATTO, ONU et maintien de la paix : propositions de réforme. De l’Agenda pour la Paix au rapport Brahimi, 2006.
Xavier BEBIN, Pourquoi punir ? L’approche utilitariste de la sanction pénale, 2006.
Sylvain CREPON, La nouvelle extrême droite, enquête sur les jeunes militants du Front National, 2006.
Guilhem BRUN, L’agriculture française à la recherche d’un nouveau modèle, 2006.
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Logiques politiques AVANT-PROPOS COMPARAISON INTERNATIONALE ET POLITIQUE URBAINE LE RENOUVELLEMENT DE LA DÉMOCRATIE URBAINE LA MODERNISATION DU GOUVERNEMENT URBAIN FRANÇAIS : UN PAS EN AVANT, DEUX PAS EN ARRIÈRE PARTICIPATION POLITIQUE ET ÉLECTIONS MUNICIPALES DÉMOCRATIE DES PARTIS OU DES CITOYENS ? LA RELATION POLITICO-ADMINISTRATIVE BIBLIOGRAPHIE
AVANT-PROPOS
Cet ouvrage constitue un plaidoyer en faveur du développement de la comparaison des systèmes politiques urbains. Il synthétise une série de recherches et de travaux conduits depuis les années quatre-vingt au CERVL-CNRS de Sciences Po Bordeaux, l’un des premiers centres de recherche spécialisé dans l’analyse de la politique et des politiques publiques territoriales.
Fondé par Albert Mabileau en 1966, ce laboratoire fut ensuite dirigé par Jacques Palard, Claude Sorbets, puis l’auteur de cet ouvrage, en orientant de plus en plus ses priorités de recherche vers la comparaison internationale de la politique locale et urbaine, principalement en Europe et en Amérique du Nord. Nous avons essayé de rassembler ici les principaux résultats de recherches comparatives portant sur des dimensions clés de l’espace politique urbain, construites à partir d’interrogations simples et fondamentales : comment peut-on comparer la politique urbaine à l’échelle internationale ? Quels sont les principaux acteurs et les mécanismes les plus significatifs qui la structurent et qui conditionnent ses variations ? D’où sont issus les principaux modèles existants de gouvernement urbain ? Dans quelle direction s’orientent les réformes en cours ou mises en oeuvre, et à partir de quels changements sociétaux et politiques ?
Il ne s’agit donc pas d’offrir un traité recensant de manière systématique l’ensemble des questions et opérations de recherche consacrées aux multiples facettes de la politique urbaine, mais de sélectionner et de présenter plusieurs angles d’approche de cette réalité fascinante et en pleine évolution que constitue la politique au sens de politics dans la ville, en s’efforçant d’intégrer une perspective socio-historique.
Alors même que ce champ de recherche a mobilisé de nombreux politologues européens, comme Peter John (2001) et Patrick Le Galès (2003) depuis une vingtaine d’années, on compte fort peu d’études comparatives générales dans la science politique francophone. Nous espérons que cet ouvrage contribuera utilement à combler ce déficit. Outre nos collègues du CERVL et d’autres équipes françaises de recherche, il nous faut remercier les nombreux experts spécialisés qui ont régulièrement alimenté et partagé nos intuitions, hypothèses et analyses, et notamment Bas Denters (Université de Twente), Harald Baldersheim, Francesco Kjellberg et Lawrence E. Rose (Université d’Oslo), Terry N. Clark (Université de Chicago), Oscar W. Gabriel, Angelika Vetter et Melanie Walter (Université de Stuttgart), Mike Goldsmith (Université de Salford), Peter John (Université de Manchester), Dominique Joye et Daniel Kübler (Université de Lausanne), Fred Lazin (Université Ben Gourion, Beet Sheva), Annick Magnier (Université de Florence) Poul Erik Mouritzen (Université du Sud du Danemark), Hank V. Savitch (Université de Louisville), Jefferey Sellers (Université de Californie du Sud, Los Angeles), Harold Wolman (Université George Washington) et Hellmut Wollmann (Université Humboldt, Berlin).
COMPARAISON INTERNATIONALE ET POLITIQUE URBAINE
Ce chapitre s’ordonne autour d’une interrogation majeure : selon quelles conditions et avec quels effets la politique urbaine occidentale connaît-elle un processus de transformation depuis l’achèvement de la période de croissance continue de l’après-guerre, soit depuis la fin des années soixante-dix ?
Par politique urbaine, on entend l’ensemble des institutions, normes et pratiques politiques de type pluraliste et concurrentiel existant à l’échelle de la ville occidentale. Mais raisonner en termes de politique et de démocratie urbaine ne va pas encore aujourd’hui nécessairement de soi, dans un pays comme la France où l’autonomie du « local » a longtemps été niée ou incomprise, entraînant jusqu’à une date somme toute récente le délaissement des objets locaux et régionaux par la plupart des politologues.
Afin de dissiper tout malentendu, le concept de démocratie n’est pas entendu ici dans son acception plus ou moins utopique, celle d’un régime politique où l’ensemble des citoyens seraient en mesure de participer effectivement aux décisions collectives et de contrôler directement et en permanence les gouvernants. Cette vision idéaliste, se référant implicitement et de manière superficielle aux exemples suisse et nord-américain, imprègne de nombreuses analyses contemporaines dénonçant la distanciation croissante entre les citoyens et la classe politique. Loin de cette conception normative, nous nous intéressons, dans une perspective comparable à celle de Robert A. Dahl (1971 ;1982), aux démocraties urbaines telles qu’elles existent et fonctionnent – certes imparfaitement – dans les pays occidentaux contemporains, caractérisées notamment par des élections libres et concurrentielles, le pluralisme des forces politiques et sociales, et l’alternance gouvernementale.
La science politique, la politique territoriale et la politique comparée apparaissent comme des disciplines-carrefours, puisqu’elles empruntent aussi bien à l’étude des forces et comportements politiques qu’à l’analyse des organisations, des politiques publiques, et à la sociologie électorale.
Les comparatistes ou apprentis-comparatistes sont parfois enclins à accumuler toujours plus de connaissances sur un nombre toujours plus important de cas, de cultures ou de systèmes politiques. Bienheureux, semble-t-il relativement, le chercheur qui parvient à demeurer attaché sa vie durant à un objet clairement délimité, une formation politique déterminée, un syndicat, ou une ville moyenne. Il pourra en devenir le spécialiste incontesté, l’expert reconnu par tous, véritable propriétaire régnant sur son domaine. Avec plus ou moins de bonheur, on tentera d’éviter ces deux principaux écueils que sont d’une part la tentation d’un universalisme débordant, aboutissant soit à gommer les différences soit à les énumérer à l’infini, et d’autre part l’hyper-spécialisation.
Depuis nos premières recherches du début des années quatre-vingt jusqu’à présent, la ligne directrice de nos interrogations a porté sur les processus complexes de décentralisation des sociétés occidentales entraînant une reconfiguration des systèmes politiques territoriaux. Même si elle fut interprétée comme une ratification de transformations déjà à l’œuvre depuis de nombreuses années 1 , la « grande affaire » du premier septen