Les monuments de Paris sous la Troisième République : contestation et commémoration du passé
283 pages
Français

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Les monuments de Paris sous la Troisième République : contestation et commémoration du passé , livre ebook

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Description

La Troisième République fut marquée par un enthousiasme pour les statues commémoratives. Le choix des événements et des héros représentés, tout comme l'oubli de certains autres, aide à solidifier un régime et les idées qu'il représente. Ce livre propose une lecture de l'ensemble des monuments de la troisième République dans un contexte double : celui d'un gouvernement tentant d'effacer le souvenir de la Commune et celui des familles de victimes cherchant à commémorer leurs morts et réclamant la République comme la leur.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2010
Nombre de lectures 751
EAN13 9782296251595
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1200€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les monuments de Paris
sous la Troisième République :
contestation et commémoration du passé
Histoire de Paris
Collection dirigée par Thierry Halay

L’Histoire de Paris et de l’Ile-de-France est un vaste champ d’étude, quasiment illimité dans ses multiples aspects.
Cette collection a pour but de présenter différentes facettes de cette riche histoire, que ce soit à travers les lieux, les personnages ou les évènements qui ont marqué les siècles.
Elle s’efforcera également de montrer la vie quotidienne, les métiers et les loisirs des Parisiens et des habitants de la région à des époques variées, qu’il s’agisse d’individus célèbres ou inconnus, de classes sociales privilégiées ou défavorisées.
Les études publiées dans le cadre de cette collection, tout en étant sélectionnées sur la base de leur sérieux et d’un travail de fond, s’adressent à un large public, qui y trouvera un ensemble documentaire passionnant et de qualité.
A côté de l’intérêt intellectuel qu’elle présente, l’histoire locale est fondamentalement utile car elle nous aide, à travers les gens, les évènements et le patrimoine de différentes périodes, à mieux comprendre Paris et l’Ile-de-France.

Dernières parutions

Hubert DEMORY, Auteuil et Passy. De l’Annexion à la Grande Guerre , 2009.
Françoise BUSSEREAU-PLUNIAN, Le temps des maraîchers franciliens. De François 1 er à nos jours , 2009.
Jean-Marie DURAND, Heurs et malheurs des prévôts de Paris , 2008.
Jérôme FEHRENBACH, Une famille de la petite bourgeoisie parisienne de Louis XIV à Louis XVIII , 2007.
Michel SURUN, Marchands de vin en gros à Paris au XVII e siècle. Recherches d’histoire institutionnelle et sociale , 2007.
Juliette FAURE, Le Marais , promenade dans le temps , 2007.
Bernard VESPIERRE, Guide du Paris médiéval , 2006.
Jacques MARVILLET, Vingt ans d’urbanisme amoureux à Paris , 2005.
Pierre ESPERBE, Des histoires de Paris , 2005.
Christian LEBRUMENT, La guerre de 1870 et la Commune , 2005.
Hubert DEMORY, Auteuil et Passy. De la révolution à l’annexion. 2005.
Janice BEST


Les monuments de Paris
sous la Troisième République :
contestation et commémoration du passé


L’Harmattan
© L’HARMATTAN, 2010
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-11413-5
EAN : 9782296114135

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Remerciements
Je tiens à remercier mes assistantes de recherche Nicole Corbett, Stephanie Patterson, Hillary Rose, et Jennifer Young sans qui je n’aurais jamais pu terminer mes recherches dans la Bibliothèque Historique de la Ville de Paris, la Bibliothèque Administrative de la Ville de Paris, et la Bibliothèque Nationale de France. Nicole, Stephanie, Hillary, et Jennifer m’ont aidée à retranscrire les débats à la fois passionnants mais volumineux du Conseil municipal de Paris touchant aux monuments que j’examine dans ce livre. Elles m’ont également accompagnée lors de mes nombreuses excursions à travers Paris à la recherche de monuments à photographier. J’ai apprécié leur bonne humeur et la patience avec laquelle elles m’ont aidée et m’ont tenu compagnie. J’espère que, grâce à ce projet de recherche, elles ont découvert une ville de Paris que la plupart des touristes ne voient jamais.

Pat O’Neill a lu plusieurs versions du manuscrit et tous les chapitres ont bénéficié de ses commentaires et conseils. Pendant que je faisais des recherches dans différentes bibliothèques, Pat est allé repérer et photographier plusieurs monuments à ma place. Dans certains cas, je l’ai envoyé chercher des monuments qui n’existent plus et il ne s’en est jamais plaint. Nous avons photographié ensemble les différentes statues de Jeanne d’Arc dont il est question au chapitre 4, et encore d’autres monuments un peu partout dans Paris. Sans son soutien, son sens de l’humour et ses encouragements, ce livre n’aurait jamais vu le jour et c’est à lui que je dédie ce travail.

Je remercie le Conseil des recherches en sciences humaines du Canada qui m’a accordé une subvention pour la préparation de ce livre. J’ai également bénéficié d’une subvention de l’Université Acadia pour les phases initiales du projet. À ma collègue du département d’histoire, Leigh Whaley, un grand merci également pour ses conseils et encouragements.
Introduction
Depuis la Révolution de 1789 et jusqu’à nos jours, plusieurs régimes successifs en France ont utilisé l’espace public afin de contrôler le sens donné aux événements historiques. Les noms des rues, les monuments, les statues des « grands hommes » entourent les citoyens français de symboles dont le but est de leur rappeler le passé glorieux afin de créer une identité culturelle collective qui ne remet pas en question ses origines. La structure narrative générée par ces symboles publics a cependant des lacunes significatives. Car bien qu’il soit commun de trouver des plaques et des monuments indiquant les endroits où des soldats sont tombés défendant la France lors des première ou deuxième guerre mondiales ou qui identifient les maisons de divers peintres, poètes, compositeurs, et hommes d’état célèbres, la ville de Paris ne porte presque aucune trace des 25 000 à 30 000 hommes, femmes, et enfants qui perdirent la vie lors des massacres de la Commune de 1871 – la plus grande insurrection dans l’Europe moderne avant celle de Varsovie en 1943 – 1944. {1}
La Troisième République qui suivit directement ces massacres fut marquée par un enthousiasme sans précédent pour les statues commémoratives. Environ 150 statues furent érigées à Paris entre 1871 et 1914 par rapport à seulement 26 entre 1814 et 1870. {2} La plupart de ces monuments servaient à commémorer les « grands hommes » et les grands événements du passé. Peu faisaient référence aux événements récents, la statue allégorique de la Défense de Paris , placé au rond-point de la Courbevoie, ou Mil-huit-cent-soixante-et-onze ou l’Année terrible de Paul Cabet en étant quelques exceptions notables.
Durkheim souligne le rôle intégratif et unificateur du monument commémoratif et des rituels qui y sont associés : cérémonies d’inauguration, défilés, dépôt de fleurs, etc. (Durkheim 503 – 550). La reconnaissance publique d’un individu exemplaire constitue un hommage consensuel à des accomplissements généralement reconnus, un hommage autour duquel les citoyens individuels peuvent réaffirmer leurs liens communs avec leurs concitoyens et leur mémoire collective. Agulhon relie l’histoire du monument commémoratif en France à l’évolution vers la démocratie : « La statuomanie en France a fait un bond en avant chaque fois qu’une révolution libérale a substitué un régime laïque, optimiste et pédagogique à un régime de contrainte, de tradition et d’autorité » (Agulhon 143). Cependant, comme ces analyses des monuments de la Troisième République le démontreront, la commémoration des grands du passé n’impliquait pas toujours une mémoire collective commune et faisait souvent resurgir les divergences dans la société et différentes interprétations du passé.
Tous ces monuments publics {3} , je maintiendrai, ont des histoires à raconter, montrant l’importance de cette période au point de vue de la création des mythes fondateurs de la nouvelle République. Les gouvernements qui se sont succédé à la Troisième République ont bien compris l’importance idéologique de cet ensemble de statues. Le gouvernement de Vichy, par exemple, décréta en 1941 l’enlèvement de tous les monuments et statues en alliage cuivreux qui n’étaient pas de caractère « indubitablement » artistique. Quatre-vingts des 150 statues de la Troisième République disparurent, parmi lesquelles un grand nombre de personnalités associées avec la Révolution et la lutte pour la démocratie. Plus récemment, sous les Quatrième et Cinquième Républiques, certaines de ces statues furent remplacées ou restaurées, notamment celles de Condorcet, Voltaire, et Rousseau.
Ma théorie générale est que pendant les périodes d’instabilité politique, les monuments dans les espaces publics deviennent des lieux de débats idéologiques passionnément contestés. Pendant les premières années d’un nouveau régime, plusieurs factions rivalisent pour la légitimité. La commémoration du passé est un moyen efficace de gagner le contrôle du présent, et de la façon de penser : « Public monuments not only reflect but also co

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