Montpellier 1950-2000

José Lagorce

Description

Année après année, José Lagorce déroule les événements majeurs qui ont marqué l’évolution montpelliéraine depuis les années 1950 jusqu’à l’an 2000. Qu’il s’agisse de choix économiques, culturels, architecturaux ou de transports, Montpellier s’impose durant ces décennies comme un acteur régional incontournable. La ville intègre la modernité à son patrimoine, innove pour créer un ensemble harmonieux, une vie culturellement active et ouverte. Elle s’appuie sur ses pierres séculaires et regarde l’avenir sans jamais renier son passé. Montpellier, la ville où « il fait bon vivre »?

Partez à sa découverte dans ces pages captivantes et superbement illustrées.
Sociologue et anthropologue de formation, José Lagorce écrit depuis quelques années déjà romans, poèmes, récits historiques, articles et scenarii de bandes dessinées. Montpelliérain d’adoption, il pose un regard curieux et tendre sur une ville fascinante.

Sujets

• Histoire de France
• Montpellier
• Ville
• France

Informations

• Publié par: Editions Sutton
• Date de parution: 01 juin 2015
• Nombre de lectures: 25
• EAN13: 9782813817020
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Les années 1950

« Nous naissons tous fous. Quelquesuns le demeurent. »Cette phrase de Beckett illustre la décennie… Une jeunesse qui meurt sur les différents théâtres de guerre, une jeunesse qui vit au rythme du rock, un monde qui aspire à changer et que quelques « fous » parviendront à transformer.  Cette décennie est un véritable creuset où se mêlent les ingrédients des grands bouleversements qui se préparent pour les vingt années à venir.  Alors que les puissances poursuivent leurs guerres et que s’abat, peu à peu, le rideau de fer, les signes avantcoureurs de profondes mutations s’annoncent. La planète se complexifie : l’Est et l’Ouest se font face alors qu’Alfred Sauvy désigne ce« tiersmonde » qui, par le jeu des indépendances, fait son appari tion sur la scène internationale. Tandis qu’on s’affronte en Corée, en Algérie et en Indochine, les ÉtatsUnis se voient confrontés à une femme qui refuse de se lever : Rosa Parks (1955).  En France, l’abbé Pierre se révolte, l’Europe se construit. Pendant ce temps, les Français vont voirLe Petit Monde de Don CamilloouTouchez pas au grisbiet se révoltent avec James Dean dontLa Fureur de vivretoute une géné inspira ration. Les moins sages d’entre eux iront écouter Brassens… L’ours n’est pas encore tonton Georges maisGare au gorille. Bradbury, Asimov, Beckett écrivent la décennie qui s’écoule tandis qu’Alain Bombard traverse l’Atlantique.  Dans ce monde qui se reconstruit, se bat et se réinvente, Montpellier joue à la belle endormie. Du haut de sa colline, elle semble insensible aux mutations qui s’annoncent. Peu industrialisée – à peine une trentaine d’usines –, elle vit de ses rentes foncières, de sa vigne, du commerce. Cette impression d’endormissement masque une autre réalité : la ville prépare son avenir. Touchée par les migra tions rurales, elle ne développe pas d’industries mais accentue encore sa tertia risation, asseyant peu à peu son rôle de capitale régionale. Montpellier, durant les années 1950, est une ville de province, une ville bourgeoise…

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W 1 illie S 9 mith , 5 0 « le l ion » , joueà m ontpellier

William Henry Joseph Bonaparte Bertholoff Smith, dit Willie « The Lion » Smith, se produit à Montpellier le 16 janvier 1950.

Un événement de taille « Fracassant coup de tonnerre dans un ciel serein[…],pulvérisation d’instru- ments », écritLe Midi libredu 14 janvier. On s’attend à un malheur. Dans la ville encore endormie, dans les salles de la belle bourgeoise du sud, au cœur des théâtres où viennent voir et se faire voir les notables, c’est un événement de taille.

The Lion Il faut dire que l’homme n’est pas n’importe qui. The Lion, le pianiste du premier disque de blues enregistré (Crazy Blues, 1920), l’homme qui inspira un double hommage à Duke Ellington (Portrait of the LionetThe Second Portrait of the Lion), le jazzman au chapeau melon et au large cigare a quitté New York et Atlantic City pour venir jouer en France.  L’artiste afro-américain est le signe avant-coureur de ces années de dyna- misme culturel qui s’annoncent sur les rives du Lez. Par son jazz puissant et dyna- mique, il bouscule, interroge, électrise. Dans un Montpellier qui respire encore le passé, The Lion ouvre les fenêtres, aère les vieilles ruelles, réveille les pierres et accé- lère les rythmes cardiaques.

Une révolution musicale Le jazz s’installe en France, amené dans les bagages de l’armée américaine, et n’en repartira plus. La venue de Willie Smith à Montpellier fait partie de ces événements qui dépassent le simple cadre musical. C’est une transformation qui s’opère : un vent de liberté et d’émancipation accom- pagne le jazzman, mais également une certaine défiance face à une Amérique que même le général de Gaulle considère avec

circonspection. Pour Montpellier, c’est un événement majeur. Joueur de talent, inspi- rateur des plus grands, Willie Smith attire du monde.  Si, à Paris, on danse depuis les années 1930 sur de lanègre »,« musique c’est, pour la capitale héraultaise, le pre- mier signe d’ouverture sur l’extérieur de l’immédiat après-guerre. La ville connaît les premières influences de la présence américaine en France à travers sa musique.

l eSannéeS 1 Un grand jazzman LeMidi libre précise :« Nous n’aurions 9 garde de nous fier à certain genre de publicité américaine qui parle des musi- 5 ciens dans les termes où elle lancerait un nouveau moteur et met toujours en avant l’idée de record. » Heureusement, nous prévient le journal, Hugues Panassié, cri- 0 tique et producteur de jazz français, voit en ce musicien l’un des meilleurs interprètes de jazz.  Willie Smith est peut-être le signe que la culture et la musique deviendront les moteurs de la cité.

Mais aussi… Un lycée s’installe caserne Joffre

La citadelle de Montpellier, e devenue au XX siècle la caserne Joffre, accueille le nouveau lycée en 1947. L’emménagement et le transfer t des élèves se terminent en 1959.  Les anciennes struc- tures scolaires n’étant plus adaptées aux besoins

de la ville, cette caserne représente le lieu idéal de par sa capacité d’accueil.  L’ensemble scolaire amorce alors une lente mutation. Il regroupe peu à peu, dans la même enceinte, un gymnase, une piscine, un campus, un lycée et un collège.

Aujourd’hui, la cité sco- laire Joffre – collège, lycée et classes prépa- ratoires aux grandes écoles – occupe 15 hec- tares et constitue, au cœur de Montpellier, un élément du patrimoine architectural et histo- rique de la ville.

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