Pour une géographie vraiment partagée
55 pages
Français

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Pour une géographie vraiment partagée , livre ebook

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Description

Comment se fait-il que d'aussi nombreux intellectuels, personnalités des médias, politiciens, élites de la France, étalent autant leur a-géographie, y compris beaucoup de ceux qui devraient promouvoir la géographie ? S'appuyant sur des dizaines d'exemples, ce petit livre, sorte de bêtisier géographique de nos dirigeants, ne laisse pas d'inquiéter au moment où la mondialisation, la transition écologique, l'aménagement des territoires, le développement des pays pauvres, le problème de l'eau, la lutte contre le réchauffement climatique, les questions de migrations devraient au contraire donner une vigueur nouvelle à cette discipline méconnue et parfois maltraitée.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 04 février 2020
Nombre de lectures 9
EAN13 9782336892856
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4ème de couverture
Titre
Jean-Michel Dewailly






Pour une géographie vraiment partagée


Essai sur l’a-géographie des élites
Copyright


Du même auteur
Tourisme et loisirs dans le Nord – Pas-de-Calais. Approche géographique de la récréation dans une région urbaine et industrielle de l’Europe du Nord-Ouest , Lille, Société de Géographie de Lille, 2 t., 1985.
Tourisme et aménagement en Europe du Nord , Paris, Masson, coll. Géographie, 1990.
Géographie du tourisme et des loisirs , Paris, SEDES, coll. Dossiers des images économiques du monde, n° 15, 1993 (avec E. Flament) (traduit en italien).
Récréation, re-création : tourisme et sport dans le Nord-Pas-de-Calais , Paris, L’Harmattan, Coll. Tourismes et sociétés, 1997 (dir., avec C. Sobry).
Les littoraux, espaces de vie , Paris, SEDES, coll. Dossiers des images économiques du monde, n° 23, 1998 (avec E. Flament. Coord. A. Gamblin).
Le tourisme , Paris, SEDES, coll. Géographie, 2000 (avec E. Flament).
Tourisme et souci de l’autre. En hommage à Georges Cazes , Paris, L’Harmattan, Coll. Tourismes et sociétés, 2005 (dir., avec R. Amirou, P. Bachimon, J. Malezieux)
Tourisme et géographie, entre pérégrinité et chaos ?, Paris, L’Harmattan, Coll. Tourisme et sociétés, 2006.
Chroniques d’un géographe enragé , Suresnes, Les Éditions du Net, 2014
Grands voyageurs à Tamatave (Madagascar) : Flacourt, Mayeur, Ellis, Grandidier, Sibree, Gallieni, Decary , Paris, L’Harmattan, 2016 (avec Y. Decary)

© L’Harmattan, 2020
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.editions-harmattan.fr
EAN : 978-2-336-89285-6
Dédicace

Aux méritants géographes de ma famille, passés, présents et à venir, et parfois sans le savoir






« Chaque pays a son ange gardien. C’est lui qui préside au climat, au paysage, au tempérament des habitants, à leur santé, à leur beauté, à leurs bonnes mœurs, à leur bonne administration. C’est l’ange géographique »
Valéry Larbaud (Jaune, bleu, blanc )
Introduction
Il paraît que les Français ignorent leur géographie. Assertion difficile à vérifier. Elle contient sans doute une part de vérité, mais cette ignorance est-elle plus prononcée ou plus manifeste que celle des Américains, des Allemands ou des Chinois ? On peut s’interroger, quand on voit le président Donald Trump s’imaginer que les États-Unis pourraient se maintenir à perpétuité dans un splendide isolement, une majorité de Britanniques penser qu’ils ne sont pas en Europe ou certains croire que cette dernière pourrait imperméabiliser ses frontières face aux migrations africaines, toutes attitudes qui ne témoignent pas spécialement d’une appréhension appropriée des réalités géographiques contemporaines. Ne s’agirait-il pas plutôt, pour nos compatriotes, de ce genre d’affirmation qui consiste à se glorifier d’une faiblesse ou d’un manque pour mieux faire ressortir que, de toute façon, on arrive à les surmonter sans dommage particulier ? L’expression d’une nation-matamore qui peut fort bien se passer, n’est-ce pas, de ce qui, au demeurant, n’a guère d’utilité ?
Quelles que soient les raisons que nous puissions avoir de nous autoflageller collectivement en matière de géographie, ce qui me saute aux yeux plus vivement depuis quelques années, c’est que ce sont surtout les élites (ou au moins une partie décisive d’entre elles) qui me semblent de moins en moins avares d’étaler leurs lacunes géographiques, de témoigner, en somme, de ce que j’appellerai ici leur a-géographie, leur absence de connaissances, de culture basique, de vocabulaire, de pratiques, de réflexes géographiques, à un niveau qu’on serait pourtant en droit d’attendre de la part de gens qui ont d’éminentes fonctions dans notre société, et qui sont même souvent en situation d’influencer puissamment notre quotidien, voire de décider de notre sort. Et c’est sur ce constat que je me suis décidé à écrire cet opuscule, en espérant qu’il en piquera certains membres au vif, au-delà de l’aspect parfois homéopathiquement partisan ou gentiment ironique des pages qui suivent. Car il s’agit d’un sujet grave, fondé sur des faits réels. Si ceux qui nous gouvernent, nous informent, nous poussent vers l’avenir ne savent plus maîtriser des repères de base dans l’espace qu’ils sont censés développer, lui-même au sein d’un espace encore plus complexe, on peut craindre, comme dit l’humoriste, de ne plus savoir où l’on va mais d’y aller tout droit.
Il n’y a donc pas lieu d’incriminer toute une population de faiblesses parfaitement justifiables, sinon justifiées, alors que c’est pour une simple fraction de privilégiés qu’elles sont particulièrement injustifiées. Si la référence fréquente à l’ignorance des Français en géographie recèle donc quand même bien une part de vérité, jusqu’à quel point et pour quelles raisons ? « Ils ont tué l’histoire-géo » affirme L. Wetzel (2012). Permettez-moi de penser qu’ils ont encore plus tué la géographie que l’histoire, comme la suite voudrait vous le démontrer.
Ma longue fréquentation des milieux géographiques n’a pas apaisé mon envie de comprendre pourquoi, quand on se déclare « géographe », on passe presque automatiquement pour une bête curieuse : « Professeur d’histoire et géographie, voulez-vous dire ?
– Non, géographe. Enseignant-chercheur en géographie.
– Mais comment peut-on être géographe ? Il n’y a plus de terres inexplorées à découvrir. Ça ne sert à rien, la géographie. Que peut-on encore chercher en géographie qui ne soit déjà connu ? Et puis j’ai oublié mes sous-préfectures ! »
À ce stade, il me faut avouer mes torts. Je fais en effet partie d’une corporation qui n’a jamais vraiment réussi, malgré de méritoires efforts et quelques beaux succès, à s’affirmer comme indépendante et incontournable. Je suis donc complice, sinon collaborateur actif, d’un échec collectif. On en reparlera. Et depuis longtemps, je me chagrine constamment de voir la géographie si malmenée dans notre société, et cela par le fait de ceux qui devraient, sinon contribuer à sa meilleure utilisation, au moins ne pas la dévaloriser et savoir s’en servir d’une façon correcte. Je m’adresse ici beaucoup plus à ceux qui ont pourtant, en principe, largement étudié la géographie et la malmènent, qu’à ceux qui la « produisent », la diffusent, la vulgarisent, souvent mal récompensés de leurs efforts, ou simplement passés à la trappe parce que trop dérangeants. Je ne parle pas de la géographie « savante » des géographes purs et durs, plutôt de la géographie courante, partie de la culture générale, avec des exigences un peu plus élevées quand on prétend parler en spécialiste sur certains sujets. Là aussi, il faut éviter les amalgames. Mais j’ai fini par collecter les « perles » de nos élites, qui alimentent les réflexions que je voudrais vous confier.
Ce livre n’a rien de systématique ni de scientifique. Il repose simplement sur des constats que, au jour le jour, je n’ai pas pu ne pas faire. Livre partial, sans doute, car j’ai simplement collecté, au fil des pages lues, des émissions regardées ou entendues, d’observations qui crèvent les yeux, une telle quantité de bêtises, de taille variable mais bêtises quand même, que je ne peux m’empêcher de m’interroger sur le sens de cette accumulation. Et livre qui passe sous silence tout le bien qu’on a pu dire de la géographie, et toute la bonne utilisation qu’on a pu en faire, ce qui mérite d’être reconnu mais ne sera pas mon objet. Livre partiel aussi, car je m’en suis vraiment tenu, au fil des ans, à ce qui me tombait sous la main, sans recherche particulière. Il y a sûrement encore beaucoup d’autres pépites ailleurs, qui n’ont pu servir à alimenter mes cogitations. Livre injuste, du coup, avec quelques « dégâts collatéraux » qu’on me pardonnera, j’espère. Car, évidemment, c’est dans mes lectures ou émissions plus habituelles, donc censées être « préférées », que j’ai pu surtout glaner le florilège qui a suscité mes réflexions. « Qui aime bien châtie bien », dit-on. Il est certain que mes observations sont issues de ce que j’ai davantage fréquenté. Or, je ne suis pas masochiste au point de ne fréquenter que ce qui me déplaît. Mais c’est pourtant ce qui m’a le plus retenu pour son intérêt qui, paradoxalement, semble davantage désigné à la vindicte populaire.
Cet opuscule n’est pas une thèse. Il n’est écrit contre rien ni ad personam , sauf ceux qui ne font aucun effort

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