Afrique du Sud
212 pages
Français

Afrique du Sud , livre ebook

212 pages
Français

Description

Cet ouvrage explore tour à tour la question de la commémoration, de ses ambiguités et ambivalences, de la mise en images et en mots du passé, et du rôle de l'éducation pour tenter - sans vraiment y parvenir - de compenser et de dépasser les injustices, héritage de l'apartheid.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 27 août 2018
Nombre de lectures 3
EAN13 9782140097935
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

AFRIQUE DU SUD
En 1918, à la fin de la Première Guerre mondiale à laquelle participa l’Afrique du Sud, naissait dans ce pays Nelson Mandela, icône internationale qui symbolise le combat pour la liberté des Noirs sud-africains. Sa lutte, longue et douloureuse, aboutit à cette e grande rupture dans l’histoire sud-africaine du XX siècle que constituent la fin de l’apartheid en 1990, la transition démocratique qui s’ensuivit et l’espoir de voir émerger une nation multiculturelle prospère puisant sa force dans la diversité raciale, ethnique et linguistique de sa population. En 2018, l’heure est donc au devoir de mémoire mais aussi au bilan de l’héritage laissé par Mandela. Si le discours officiel actuel met l’accent sur les progrès accomplis « d’un État au service de quelques-uns » à « un État engagé au service de tous, Noirs et Blancs », aujourd’hui plus que jamais, les fantômes du passé semblent hanter la « nouvelle » Afrique du Sud. Malaise sociétal, manifestations étudiantes contre la permanence des discriminations raciales sur les campus, montée en puissance de partis d’opposition – qui, comme les Combattants pour la liberté économique de Julius Malema, remettent en question l’idéal même d’une « nation arc-en-ciel » –, batailles mémorielles autour des grandes figures de l’apartheid ; nombreux sont les signes de tensions qui perdurent et d’un passé qui ne passe pas. Le présent ouvrage explore tour à tour la question de la commémoration, de ses ambiguïtés et ambivalences, de la mise en images et en mots du passé, et du rôle de l’éducation pour tenter – sans vraiment y parvenir – de compenser et de dépasser les injustices, héritage de l’apartheid.
Illustration de couverture : Pixabay.
Sous la direction de
Marie-Claude B
Sous la direction de Marie-Claude BARBIERet Cécile PERROT
AFRIQUE DU SUD
Mémoire, héritages et ruptures et Cécile P
AFRIQUE DU SUD
Racisme et eugénisme
Afrique du Sud
Mémoire, héritages et ruptures
CollectionRacisme et eugénisme Dirigée par Michel Prum La collection « Racisme et eugénisme » se propose d'éditer des textes étudiant les discours et les pratiques d'exclusion, de ségrégation et de domination dont le corps humain est le point d'ancrage. Cette problématique du corps fédère les travaux sur le racisme et l'eugénisme mais aussi sur les enjeux bioéthiques de la génétique. Elle s'intéresse à toutes les tentatives qui visent à biologiser les rapports humains à des fins de hiérarchisation et d'oppression. La collection entend aussi comparer ces phénomènes et ces rhétoriques biologisantes dans diverses aires culturelles, en particulier l'aire anglophone et l'aire franco-phone. Tout en mettant l'accent sur le contemporain, elle n'exclut pas de remonter aux sources de la pensée raciste ou de l'eugénisme. Elle peut enfin inclure des ouvrages qui, sans relever véritablement de l’étude du racisme, analysent les relations entre les différents groupes d’une société du point de vue de l’ethnicité. Déjà parus Lijuan Wang,»action affirmative L’École chinoise et l’« envers ses minorités, Entre égalité et reconnaissance, 2018. Hines Mabika Ognandzi,Médicaliser l’Afrique. Enjeux, processus et stratégies d’introduction de la médecine e e occidentale au Gabon (XIX -XX siècle), 2017. Gilles Teulié,Aux origines de l’apartheid, La racialisation de l’Afrique du Sud dans l’imaginaire colonial,2015. Michel Prum (dir.),Questions ethniques dans l’aire anglophone,2014. Maryse Fauvel,Exposer«Essai sur la CitéL’Autre », nationale de l’histoire de l’immigration et le Musée du quai Branly, 2014. Françoise Richer-Rossi,L’Autre et ses représentations au cinéma, 2013. Michel Prum (dir.),Comparer les diversités,2013.
Sous la direction de Marie-Claude Barbier et Cécile Perrot
Afrique du Sud
Mémoire, héritages et ruptures
Merci à Michel Prum, pour sa précieuse relecture de l’ensemble de l’ouvrage Ouvrage publié avec le soutien du laboratoire « Identités, Cultures, Territoires » (EA 337) et de l’UFR EILA de l’université Paris Diderot, Sorbonne Paris Cité © L’Harmattan, 2018 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-15455-8 EAN : 9782343154558
Introduction Marie-Claude Barbier et Cécile PerrotÀ l’occasion de la fête de la liberté célébrée le 28 avril de cette année, l’ambassadeur d’Afrique du Sud à Paris, Rapu Molekane a souligné les résonnances mémorielles de cette année e 2018 : «…2018 marque le 100 anniversaire de deux véritables 1 icônes : Albertina Sisulu et Nelson Rolihlaha Mandela, dont la contribution à notre combat pour la liberté fut aussi déterminante que courageuse. Si nous célébrons aujourd’hui ces deux phares de notre révolution, pétris d’altruisme, de dévouement et d’éthique, c’est parce que nous cherchons en permanence à suivre leur exemple et à préserver leur héritage ». Cet héritage est celui d’une lutte longue et douloureuse qui aboutit à cette grande rupture dans l’histoire sud-africaine du e XX siècle que constitue la fin de l’apartheid en 1991. Lorsque ces deux figures emblématiques naquirent en 1918, le pays s’appelait l’Union sud-africaine, formée en 1910 par la réunion de la province du Cap, du Natal et des deux républiques boers, le Transvaal et l’État libre d’Orange. La situation des Noirs y était difficile. Depuis 1913, une loi ‒ laNative Land Act avait confisqué la plus grande partie de leurs terres pour ne leur laisser que 7,3% de leur territoire. Si une ségrégationde factoétait alors déjà en place, elle devint institutionnalisée en 1948 avec la victoire duNational Partyqui promulgua des lois interdisant les mariages mixtes, classifia la population en catégories raciales et imposa une sous-éducation pour les populations bantoues. Les moindres actes de la vie quotidienne furent dès lors régis par de sinistres panonceaux délimitant les lieux et zones pour Blancs et pour Noirs. C’est dans ce contexte que commença à s’organiser la lutte anti-apartheid. La première manifestation marquante eut lieu le 26 juin 1950 quand plusieurs leaders de l’ANC, dont Nelson Mandela, Olivier Tembo et Walter Sisulu, lancèrent une grève générale pour le 1  Albertina Sisulu est l’épouse de Walter Sisulu, compagnon de route de la première heure de Nelson Mandela et elle-même grande militante anti-apartheid. 7
Freedom Day. Cinq ans plus tard, ils écrivirent la Charte pour la 2 liberté qui entraîna de nombreuses arrestations dans leurs rangs . À partir de 1962, le gouvernement renforça son arsenal répressif et Mandela, Sisulu et plusieurs autres furent condamnés à la prison à perpétuité. Mandela fut libéré en 1990 et l’apartheid complètement aboli en 1991. La rupture fut consommée en 1994 avec l’accession de Nelson Mandela à la présidence, ouvrant la voie à la nation arc-en-ciel. Un quart de siècle plus tard, le bilan de ces années est perçu différemment suivant les protagonistes. C’est en termes positifs qu’en parle l’ambassadeur Molekane : « Au cours des 24 dernières années, notre pays a progressé dans la transformation d’un État au service de quelques-uns en faveur d’un État engagé au service de tous, Noirs et Blancs. Nous sommes désormais une démocratie constitutionnelle qui garantit l’État de droit et la protection des droits de l’Homme. Nos institutions, toutes indépendantes, jouent leur rôle sans crainte et sans favoritisme ». Pour d’autres, de plus en plus nombreux, la rupture avec le passé ségrégationniste ne sera vraiment consommée que lorsque les traces du colonialisme seront totalement éradiquées. C’est la revendication centrale de la campagneRhodes must fall qui débuta sur le campus de l’université du Cap en mars 2015, exigeant le déboulonnage de la statue de Cecil Rhodes, incarnation honnie de l’impérialisme britannique, et qui s’étendit rapidement au pays tout entier, entraînant la disparition visuelle de personnages liés à la colonisation du pays. M. Molekane se veut très optimiste sur l’état actuel du pays : « Depuis l’élection de notre nouveau président, Cyril Ramaphosa, au début de cette année, à l’issue d’une transition sans heurts, nous sommes entrés dans une période positive et même d’euphorie. La communauté internationale regarde à nouveau notre pays avec attention et de manière positive, ce qui est une forme de reconnaissance pour la manière dont nos nouveaux dirigeants se sont engagés dans la lutte contre le cancer de la mauvaise gouvernance, de la corruption et du mépris de l’État de droit ». Et il vante « l’esprit de renouveau, d’unité et 2  Un interminable procès s’ensuivit qui se termina néanmoins en 1961 par l’acquittement de tous les inculpés. 8
d’espoir qui s’est emparé du pays », tout en reconnaissant que beaucoup reste à faire : « Notre principal défi reste désormais le développement socio-économique et l’application de ces droits à la majorité pauvre et noire de ce pays […] » qui souffre de « trois plaies que sont la pauvreté, le chômage et les inégalités ». Pourtant cette évocation d’une période d’euphorie ne résiste pas au fait que l’intronisation du nouveau président et les commémorations diverses autour du centenaire de la naissance de deux grands noms de la lutte anti-apartheid ne se déroulent pas, tant s’en faut, dans un pays apaisé. Si l’apartheid a officiellement pris fin depuis plus d’un quart de siècle, aujourd’hui plus que jamais pourtant, les fantômes du passé semblent hanter la « nouvelle » Afrique du Sud. Manifestations étudiantes contre la permanence des discriminations raciales sur les campus, montée en puissance de partis d’opposition qui, comme les combattants pour la liberté économique de Julius Malema, remettent en question l’idéal même d’une « nation arc-en-ciel » et déclarent que désormais « l’heure n’est plus à la 3 réconciliation, l’heure est à la justice » , batailles mémorielles autour des grandes figures de l’apartheid ; nombreux sont les signes de tensions qui perdurent et d’un passé qui ne passe pas. Le présent ouvrage explore tour à tour la question de la commémoration, de ses ambiguïtés et ambivalences (articles de Gilles Teulié, Patricia Crouan Véron), celle du rôle de l’éducation dans le dépassement – plus ou moins réussi d’ailleurs – des tensions du passé (articles de Claude Carpentier et Camille Proust) ainsi que celle de la mise en images et en mots du passé (articles de Camille Martinerie, Annael Le Poullennec et Bernard Cros, de Richard Samin et de Rim Makni Béjar). Il fait écho à ce titre à des questions actuelles qui font l’objet entre autres du programme du Capes d’anglais 2018-2020. Si 2018 est une année commémorative en Afrique du Sud, elle l’est également en Europe où nous célébrons la fin de la Première
3  Julius Malema,draftText of the debate on the Economic Freedom Fighters’ resolution on Expropriation of Land Without Compensation, National Assembly, Tuesday, 27 February 2018. http://www.politicsweb.co.za/documents/full-transcript-of-debate-on-effs-motion-on-ewc. 9
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents