Crises et changements de société
316 pages
Français

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Crises et changements de société , livre ebook

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Description

A travers un long cheminement historique l'auteur nous invite à comparer les crises du passé et celles que nous traversons, et nous en propose une interprétation originale : les bouleversements que nous vivons seraient comparables aux diverses périodes de rupture qui se sont produites tous les cinq siècles depuis le début de l'expansionnisme romain en Europe.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2012
Nombre de lectures 49
EAN13 9782296480742
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1350€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Crises et changements de société Les grandes ruptures dans l’histoire de l’Empire romain à nos jours
Chemins de la mémoire nouvelle série
Cette nouvelle série d’une collection qui fut créée par Alain Forest est consacrée aux travaux concernant le domaine historique des origines à nos jours.
Déjà paru Bernard Suisse,La mandarinade,2011. Julien Cain, un humaniste en guerre, tome 1 : « lettres 1914-1917 ». Introduction, notes et postface par Pierre- André Meyer, série : « XXème siècle », 468 pages.
Pierre Bezbakh CRISES ET CHANGEMENTS DE SOCIÉTÉ Les grandes ruptures dans l’histoire de l’Empire romain à nos jours L’Harmattan
DU MÊME AUTEUR La société féodo-marchande,Anthropos(1983) Inflation et désinflation, La Découverte (1986, dernière édition 2011) Les Europes d’avant l’Europe,Les compacts, Bordas (1992) Histoire des socialistes français,Bordas (1994),Larousse (2005, nouvelle édition) Dictionnaire de l’économie,(co-directeur),Larousse (2000, dernière édition 2011) Petit Larousse de l’Histoire de France, Larousse (2003, dernière édition 2011) Histoire de l’économie, des origines à la mondialisation,Petite encyclopédie Larousse (2005, deuxième édition 2008) Photographie de couverture: Laurène Norgeot et Dominique Parnaud© L’Harmattan, 2011 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-55821-2 EAN : 9782296558212
Introduction
Quelle est la nature de la crise que nous traversons ? S’agit-il d’une simple crise financière comme le capitalisme en a connu de nombreuses dans son histoire ? Est-elle due simplement à l’excès de spéculation de quelques banquiers irresponsables, que la "moralisation" du capitalisme permettra d’éviter dans l’avenir ? S’agit-il de la banale phase dépressive d’un cycle ordinaire, dont le capitalisme a toujours su sortir, en y puisant à chaque fois des forces nouvelles ? Si c’est le cas, le capitalisme libéral mondialisé qui s’est imposé depuis le début des années 1980, pourra reprendre sa marche en avant et apporter au monde dynamisme et prospérité, sur les cendres presque éteintes des systèmes collectivistes ou simplement dirigistes que l’on a connu durant le vingtième siècle. Mais l’on peut aussi penser que la récente crise financière, la stagnation économique et la nouvelle montée du chômage dans les pays dits "du Nord", sont l’expression d’une crise plus profonde. Ces phénomènes se combinent en effet à une crise énergétique et une crise alimentaire, à une crise des finances publiques, à une crise écologique liée au problème du réchauffement climatique, à une crise sociale avec l’émergence d’une nouvelle pauvreté dans les pays riches et l’accroissement des inégalités partout dans le monde, à une crise de confiance dans l’avenir, et aussi à une crise des institutions politiques, en Europe en particulier… Comme ces problèmes sont liés les uns aux autres et ne trouvent pas de solutions dans le cadre de la société actuelle, cette crise multiforme ne remettrait pas simplement en cause les fondements du capitalisme, mais annoncerait l’entrée prochaine dans une autre société. Pour trancher entre ces deux interprétations, on ne peut se contenter d’une analyse des phénomènes de court terme. Durant ces dernières années, nous avons en effet traversé des phases de pessimisme (lors de l’explosion de la "crise des subprimes", du risque de faillite des banques, de l’effondrement des marchés financiers, de la hausse du prix du pétrole et des produits alimentaires, de la récession mondiale…), suivies du retour de l’optimisme (dû au sauvetage des banques, à la remontée des cours boursiers, à la légère reprise de l’activité, au ralentissement de la hausse du chômage…).
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Tous ces signes contradictoires rendent rigoureusement impossible une projection vers l’avenir. Il n'est pas non plus facile de trouver une réponse claire en observant ce qui s'est passé durant une période plus longue, car l’histoire est faite de ruptures permanentes qui débouchent sur des événements imprévus. Qui s’attendait en 1900, alors que le monde semblait entrer dans une sorte d’"âge d’or" pacifique, où l’on découvrait la "fée électricité", l’automobile, l’aviation, le cinéma…, et où le sort des plus pauvres s’améliorait, qu’éclaterait quelques années plus tard un long conflit sauvage entre les peuples les plus "civilisés" de la planète ? Qui pensait, durant les "années folles" laissant croire que la guerre mondiale enfin achevée était la "der des ders", qu’allait se produire la crise de 1929 provoquant un effondrement économique sans précédent dans l’histoire du capitalisme, et une explosion du chômage ? Qui imaginait que cette crise, combinée aux frustrations de l’Allemagne vaincue, allait peu de temps après faire basculer ce pays dans la barbarie nazie, et le monde dans un second conflit encore plus sanguinaire que le premier ? Qui avait prévu, durant cette guerre, la réconciliation de ceux qui s’étaient violemment combattus (la France et l’Allemagne, les États-Unis et le Japon…), et que le monde connaîtrait trente années de forte croissance et d’enrichissement général ? Qui s’attendait à la rupture brutale du milieu des années 1970, plongeant le monde dans une nouvelle crise, et débouchant sur le rejet du "keynésianisme" au profit de politiques économiques dites e "néo-libérales" ? Et bien rares enfin furent ceux qui, à l’aube du XXI siècle, osaient dénoncer la nouvelle logique du capitalisme et annoncer la crise que nous traversons. Si l’étude du court terme et même du dernier siècle ne permet pas de prévoir les crises, de comprendre leur nature et les conditions de leur dépassement, ce n’est qu’en se plaçant dans une perspective historique longue, que l’on peut discerner les grandes ruptures qui remettent en cause les fondements d’une société, et tenter de découvrir les contours de celle qui est en gestation. Cette démarche nous montrera que l’on peut distinguer, dans l’Histoire de l’Occident à l’origine de la mondialisation actuelle, cinq grandes périodes, de cinq siècles chacune : celle durant laquelle s’est e constitué progressivement l’Empire romain, allant du début du V à la er fin du I siècle avant J.-C. ; celle de l’ordre impérial romain, qui s’est e effondré en occident à la fin du V siècle de notre ère ; celle allant e ensuite jusqu’à la fin X siècle, qui vit la société féodale européenne
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s’organiser à partir des ruines de l’empire romain ; celle de l’épanouissement puis de la crise de la société féodale qui durera elle e e aussi environ cinq siècles (X - XV siècle). Aujourd’hui, nous nous trouvons au terme d’une nouvelle période de cinq siècles, ce qui accrédite l’hypothèse selon laquelle les phénomènes qui se sont produits durant ces dernières décennies annoncent l’entrée dans une nouvelle société. La question qui se pose, bien sûr, est de savoir quelle en sera la nature : s’agira t-il d’une société capitaliste ou socialiste, ou d’une organisation sociale s’appuyant sur d’autres principes ? Cette enquête nous amènera à ne pas nous laisser abuser par l’apparence selon laquelle ces cinq derniers siècles auraient été ceux d’une "longue marche" vers le capitalisme. Il est vrai que les comportements capitalistes, d’abord aventuriers et marchands, qui avaient commencé à percer dans les cités italiennes, flamandes et allemandes à l’époque féodale, prirent une dimension nouvelle à partir e du XV siècle. Ils préparèrent la naissance du capitalisme industriel et e financier qui se développa au XIX siècle et qui acheva sa e mondialisation à la fin du XX siècle, avec l’absorption de la partie du monde (dont la Russie et la Chine), qui lui avaient jusque là résisté. On pourrait donc penser que la crise actuelle ne serait qu’une courte parenthèse et le dernier obstacle que le capitalisme ait à surmonter avant son triomphe définitif. e Mais il apparaît, à l’aube du XXI siècle, que le capitalisme a atteint les limites de son développement. En effet, son essor s’est fait par absorption et destruction de l’environnement non capitaliste dans les pays du Nord (artisanat, petite paysannerie) qui ne fournit plus de ce fait la main d’œuvre et les débouchés nécessaires à son développement. Celui-ci a aussi été rendu possible par la domination que les pays du Nord ont exercé sur les pays du Sud pendant cinq siècles : ceux-ci ont fourni au Nord des matières premières à bas prix (on a vu l’impact négatif des "chocs pétroliers" sur la croissance des pays importateurs) ; ils lui ont acheté une partie de sa production ; ils ont été des terres d’accueil pour ses capitaux en mal de placement. Or aujourd’hui le schéma s’est inversé : l’absorption des pays du Sud par le capitalisme mondialisé a provoqué des "effets boomerang" affectant l’activité dans les pays du Nord. Ces derniers sont en effet confrontés à la concurrence déloyale les "nouveaux géants" du Sud qui exportent une gamme de produits de plus en plus variés grâce à leurs très faibles coûts salariaux. Les pays du Nord, en mal de financement, sont devenus dépendants des pays du Sud. Ils accueillent également une
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partie des populations les plus pauvres que leurs pays d’origine ne peuvent ou ne veulent secourir. Cette immigration fournit de la main d’œuvre bon marché, mais pèse sur les salaires, suscite des tensions raciales et alourdit les dépenses sociales au Nord. Si ce "néo impérialisme" inversé déstabilise les économies du Nord, il provoque de graves déséquilibres dans celles du Sud, trop dépendantes des exportations, et où les inégalités internes entre secteurs bénéficiaires de la mondialisation et secteurs traditionnels tendent à devenir insoutenables. Dans ces conditions, la mondialisation qui semblait donner un nouveau souffle à l’essor du capitalisme, amplifie au contraire les problèmes. De plus, le développement en longue période du capitalisme industriel tend à épuiser les matières premières et les ressources énergétiques qui lui sont nécessaires. Il menace la survie de la planète, avec la pollution de l’air, de la mer et des sols, et avec le réchauffement climatique. Il favorise l’essor d’une agriculture d’exportation au détriment de la petite production familiale de subsistance, ce qui pose la question vitale de savoir si l’on pourra bientôt nourrir l’ensemble de la population mondiale. Et durant ces dernières années, la liberté des placements financiers et la dérégulation bancaire ont conduit à hypertrophier la sphère financière et à favoriser la spéculation, permettant de dégager des profits artificiels par le simple jeu d’écriture. Cela a pallié le manque d’attractivité des investissements industriels, dû à la vive concurrence mondiale et à la stagnation des salaires. Mais cela a aussi conduit à la crise actuelle, qui se retourne contre le système lui-même en limitant la croissance de l’économie réelle. Enfin, le recul de l’État, accusé depuis trente ans d’être une entrave à la croissance, ne peut se poursuivre : c’est son intervention rapide et vigoureuse, depuis 2007, qui a évité que la crise ne prenne une ampleur comparable à celle de 1929. Mais celle-ci a créé un nouveau problème apparemment sans solution : celui de la dette publique qui ébranle en particulier la zone euro mais aussi les États-Unis. Cette crise a fortement ébranlé la croyance dans les vertus du libre échange, dans la capacité du capitalisme à s’autoréguler et à permettre l’enrichissement de tous, ceci contrairement aux affirmations de la pensée économique libérale. Elle nous montre finalement que le capitalisme intégral n’est pas "la fin de l’Histoire". Mais la question reste posée de savoir quelle société lui succédera. La dernière Partie de ce livre tentera d'y répondre.
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Première Partie
Quatre fois cinq siècles avant le capitalisme
e e (V siècle avant J.C. - XV siècle)
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